B. LA DEUXIÈME PHASE DEVRA ÊTRE ANALYSÉE AVEC SOIN

1. Les décisions prises de fin août à fin décembre 2009 sont davantage contestées

Fin août, on peut constater que la grippe a atteint moins de personnes que prévu en Argentine, en Australie, en Nouvelle Zélande, et, dans le cas dans la France métropolitaine, à La Réunion et en Nouvelle Calédonie.

Les spécialistes de la veille sanitaire savent alors que le taux d'attaque du virus a été de 10% en Argentine et non de 30 ou 40% comme on aurait pu le craindre. Ils savent aussi que 30 % des personnes hospitalisées en Australie ont eu besoin de soins intensifs, mais que le nombre de morts était moins élevé qu'annoncé, du fait de l'effet des antibiotiques et de l'aide apportée par les respirateurs aux personnes affectées par des infections respiratoires aigues. L'efficacité du Tamiflu a été prouvée, et que les résistances à ce médicament ont été peu nombreuses.

On observe également que, dans l'hémisphère Sud, les obèses et les personnes ayant un passé de difficultés respiratoires (dues à l'asthme, ou à l'immunodépression) ont davantage été sujettes aux formes graves de la grippe.

Or c'est à cette époque de la fin août que sont publiés les textes organisant la vaccination. Inspirés par le souci de vacciner les deux tiers de la population, ils sont dès leur conception trop rigides, puisqu'il est peu probable que le virus soit plus dangereux et plus virulent dans l'hémisphère Nord que dans l'hémisphère Sud.

2. Aurait-il alors fallu faire preuve de davantage de souplesse et d'adaptabilité ?

- N'aurait-il pas fallu alors prendre le temps de la décision, et profiter de la rentrée pour organiser un débat avec les professions médicales sur une mise en oeuvre adaptée, plus souple, plus évolutive du plan pandémie tel qu'il résultait de la réflexion sur la grippe aviaire ?

- N'aurait-il pas fallu, dès octobre, réviser les commandes faites aux laboratoires pharmaceutiques ? Les marchés passés le permettaient-ils ?

Il est vrai qu'il a fallu attendre fin septembre pour que les scientifiques américains disent de manière officielle qu'une seule dose de vaccin suffirait. Les autorités européennes ne l'affirmeront officiellement qu'après la mi-novembre.

Il était certes difficile de freiner le système mis en place alors que les autorités n'avaient pas de certitude sur la sécurité des médecins, sur la répartition des masques sur le territoire et sur l'utilisation correcte du Tamiflu sans dérapage de prescription.

- Ne fallait-il pas s'adapter aux réactions de la population qui considérait que la crise n'avait pas l'ampleur qui lui était présentée ?

Les sondages étaient éloquents, le ton des media également. Le constat qu'ils faisaient du caractère plus bénin du virus a donné des éléments de choix à de nombreuses personnes qui, a priori , n'étaient pas hostiles à la vaccination.

- N'aurait-il pas fallu, alors, revenir à une logique habituelle, au lieu de mettre en place un système relevant de l'exception ? De telles mesures ne sont acceptables aujourd'hui que si elles paraissent pleinement justifiées.

- N'aurait-il pas fallu gérer autrement le plan pandémie, en adaptant le niveau de réaction en fonction de l'évolution de la situation, en distinguant les mesures à envisager si la pandémie se révélait bénigne, tout en étant capable de relever le seuil de réaction en cas d'inquiétude sérieuse ?

- N'aurait-il pas fallu réassocier les professions médicales à la vaccination afin de davantage les motiver ?

Cela aurait sans doute facilité l'adhésion de la population et des professions médicales à la vaccination. Cela aurait permis d'éviter certaines rancoeurs liées à la réquisition.

- N'aurait-il pas fallu une approche pragmatique comme aux Etats-Unis où les autorités avouent que leur but était de convaincre les populations de la vaccination, et que le choix de se passer des adjuvants a été en partie construit sur la prise en compte de la défiance de la population ?

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