INTRODUCTION

M. ROLAND COURTEAU, SÉNATEUR

Merci Monsieur le Premier Vice-président. Monsieur le Vice-président, Monsieur le sénateur Vantomme, je vous rassure de suite. Pour la Marne et pour l'Oise, je ne pense pas que vous soyez un jour concernés par le risque tsunami, mais pour Monsieur le sénateur Claude Lise, président du Conseil général de la Martinique, je n'en dirai pas autant.

Mesdames et Messieurs, je suis heureux de vous accueillir dans les locaux de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, pour cet après-midi d'audition publique sur le degré de préparation de la France à un tremblement de terre et, le cas échéant, associé à un tsunami.

L'organisation de cette audition publique a été déclenchée par le terrible tremblement de terre qui a dévasté Haïti, le 12 janvier dernier, avec 200 000 morts, 300 000 blessés et 1 000 000 de personnes jetées à la rue par la catastrophe.

L'idée de ce colloque avait déjà germé dans ma tête, au cours de l'étude qui m'avait été confiée par l'Office sur le degré de préparation de la France à un tsunami, comme l'a rappelé Jean-Claude Etienne à l'instant. C'était en 2007, effectivement, et je m'étais alors rendu dans les Alpes-Maritimes et en Martinique, où j'avais été chaleureusement accueilli, Monsieur le président du Conseil général.

Je vous rappelle des propos très impressionnants du préfet de Martinique, à l'époque, Monsieur Yves Dassonville, me faisant remarquer qu'en cas de séisme, les premiers bâtiments à s'écrouler à Fort-de-France seraient la préfecture et certaines casernes de pompiers. C'est terriblement inquiétant. Il ne s'agit pas d'une vaine menace. Je pourrais dire la même chose de la Guadeloupe, qui a subi d'importants tremblements de terre.

Ainsi, au cours des trois derniers siècles, une vingtaine de séismes d'intensité 6 à 8 a été répertoriée. Parmi les secousses les plus violentes, celle de 1839 fut de loin la plus meurtrière. Elle détruisit la quasi-totalité des habitations de Fort-de-France.

Dans les Alpes-Maritimes, il semblerait que l'intensité des séismes qui pourraient toucher ce département ne puisse dépasser 6.0 sur l'échelle de Richter contre 7.2, je le rappelle encore, pour le séisme d'Haïti, le 12 janvier 2010.

Néanmoins, compte tenu de la concentration de population et de la vétusté des bâtiments, un tremblement de terre dans cette zone pourrait provoquer d'importants dégâts matériels et humains. C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité faire le point sur le degré de préparation de la France, face à un tremblement de terre, avec l'impression diffuse, que bien que la France soit un pays riche et développé, contrairement à Haïti, un tremblement de terre en métropole ou aux Antilles l'affecterait profondément.

En outre, la période choisie est assez opportune, puisqu'elle coïncide avec l'achèvement du Plan Séisme, mis en place par Madame Roselyne Bachelot en 2005, alors qu'elle était ministre de l'Environnement. Grâce à Monsieur Laurent Michel et ses collaborateurs, nous bénéficierons d'un bilan de ce plan et des actions spécifiques menées dans les Antilles, à travers un plan qui leur est dédié.

A côté de cette présentation institutionnelle, les troisième et quatrième tables rondes seront consacrées à l'étude concrète de deux scénarios réalistes, visant respectivement les Alpes-Maritimes et les Antilles.

Enfin, la dernière table ronde permettra aux grandes associations impliquées dans la prévention et la gestion des tremblements de terre de faire part de leurs témoignages.

L'organisation de cette audition publique a également un deuxième objectif, abordé brièvement par le professeur Etienne. Il s'agit, pour moi, d'assurer le suivi du rapport que j'ai mentionné sur l'évaluation et la prévention du risque de tsunami sur les côtes françaises en France et Outre-Mer et dont j'avais été saisi en 2005.

Je vous rappelle brièvement le contexte de ce rapport. Le 26 décembre 2004, un tsunami s'était abattu sur les côtes de l'Asie du Sud-Est, faisant près de 250 000 morts en Indonésie, mais également en Thaïlande, en Malaisie, aux Maldives, en Inde et au Sri Lanka. Pourtant, statistiquement, les tsunamis enregistrés dans l'Océan Indien ne représentent que 5 % de l'ensemble des tsunamis survenus au vingtième siècle.

La communauté internationale prenait soudain conscience qu'aucune côte n'était à l'abri de cet aléa, que si la fréquence des tsunamis est faible, ces événements peuvent avoir des conséquences dramatiques.

Sous l'égide de la Commission océanographique intergouvernementale de l'UNESCO, il fut alors décidé d'instaurer des dispositifs d'alerte permettant de protéger les quatre bassins, à savoir le Pacifique où un réseau existe déjà depuis un certain temps, l'Océan Indien, les Caraïbes et la zone Méditerranée Atlantique Nord-Est.

Compte tenu de sa vulnérabilité aux tsunamis, la France était appelée à jouer un rôle important dans la mise en place de ces dispositifs d'alerte. C'est ce que je m'étais efforcé de mettre en exergue dans mon rapport, mais également à travers mes nombreuses relances auprès des ministères concernés. Les représentants des ministères ici présents peuvent en témoigner.

Cette opiniâtreté a porté ses fruits, puisqu'un accord a été signé en 2009 avec le CEA afin d'instaurer un système d'alerte aux tsunamis en Méditerranée. A cet égard, je voudrais souligner l'implication financière et humaine du ministère de l'Ecologie et du ministère de l'Intérieur.

Néanmoins, je suis un peu comme Saint-Thomas qui ne croit que ce qu'il voit. C'est pourquoi il me paraît important, à travers ce colloque, de connaître l'état d'avancement de ce dossier en Méditerranée.

Enfin, il ne faut pas oublier les Antilles françaises qui sont également sujettes à tsunamis et où, à ma connaissance, la mise en place d'un système d'alerte efficace est beaucoup moins avancée. Je salue, à ce propos, malgré tout, le travail important réalisé par le conseil général de la Martinique.

La troisième table ronde, qui sera consacrée à cette zone, permettra une nouvelle fois de sensibiliser les décideurs politiques sur la vulnérabilité et la nécessité de prendre des mesures pour la protéger de ce type de catastrophe naturelle.

Voici Mesdames et Messieurs, brièvement résumés les objectifs de cet après-midi d'audition publique. Je voudrais vous remercier d'avoir fait le déplacement, malgré la canicule qui règne sur Paris.

J'ouvre la première table ronde consacrée à l'évaluation des risques de tremblement de terre et de tsunami en France métropolitaine et aux Antilles et je donne la parole au premier intervenant, Monsieur Pierre-Yves Bard.

PREMIÈRE TABLE RONDE

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