D. LA RECHERCHE SUR LA GRIPPE

1. Une forte mobilisation de la recherche dont le financement doit être garanti

La réaction des pouvoirs publics en matière de recherche a été particulièrement rapide et efficace. Dès le début du mois de mai 2009, le Gouvernement a confié à l'Institut de microbiologie et des maladies infectieuses de l'INSERM la mission d'organiser la recherche sur la pandémie A (H1N1)v. Ce choix d'un organisme dont le directeur, M. Jean-François Delfraissy, n'était pas un spécialiste de la grippe, mais avait une longue expérience de la recherche sur les maladies infectieuses, était particulièrement avisé. Il a permis de disposer immédiatement de compétences importantes en matière d'organisation de la recherche et d'envisager sans a priori les sujets importants. Plus d'une vingtaine ont été retenus, pour la plupart des projets de recherche clinique comportant des modules de virologie, d'immunologie, de génétique et de sciences humaines et sociales.

Parmi ces projets, particulièrement important pour prendre la pleine mesure des effets de la pandémie et de la campagne de vaccination a été la constitution de cohortes regroupant au total 11 000 personnes. Deux cohortes sont spécialement consacrées au suivi des femmes enceintes, ce qui permettra tant de mieux comprendre les mécanismes de l'infection grippale au sein de cette population que de mesurer d'éventuelles conséquences de la vaccination. Des essais vaccinaux destinés à déterminer l'intérêt comparatif des vaccins adjuvés et non adjuvés ont également été mis en place, de même que des essais de vaccination pour les populations à risque. La compréhension fondamentale des virus, les déterminants immunologiques des formes graves ainsi que plusieurs thématiques liées aux sciences humaines sont également explorées. Le panorama des projets retenus montre que la recherche française est susceptible de se mobiliser rapidement pour tirer des enseignements à long terme d'une attaque virale et proposer les moyens d'en limiter les effets.

Ces recherches particulièrement importantes pour la préparation sanitaire de la France à l'émergence d'un nouveau risque infectieux souffrent cependant de la précarité de leurs modes de financement. Comme l'a souligné avec force M. Jean-François Delfraissy, la France a lancé des projets de recherche urgents en espérant que les moyens suivraient. Dans d'autres Etats européens, on a procédé différemment et des moyens ont été alloués d'emblée aux programmes d'urgence, par exemple en Allemagne ou en Grande-Bretagne. En France, l'absence de financement dédié a entraîné des difficultés, et obligé les responsables des projets à une multiplicité de démarches auprès d'acteurs tant privés que publics. Ici encore, distinguer une part allouée à la recherche au sein des plans pandémiques semble nécessaire. Une autre possibilité, évoquée par le directeur général de la santé, est la présélection de projets de recherche dont le financement serait assuré lors du déclenchement d'une alerte sanitaire. Cette procédure permettrait une mobilisation plus rapide des équipes. Elle pose cependant de nombreuses questions qui doivent être étudiées.

Il importe aujourd'hui de pérenniser le financement des projets menés, notamment en assurant un financement par l'Agence nationale de la recherche. La commission d'enquête attire particulièrement l'attention du ministère de la santé sur la nécessité de ne pas gaspiller les ressources déjà mobilisées en interrompant les projets avant leur aboutissement.

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