C. UNE SITUATION CONTRASTÉE DANS LES AUTRES PAYS

La lumière du soleil étant l'une des sources d'énergie les mieux réparties à l'échelle du globe, de nombreux pays se sont lancés à des degrés divers dans son exploitation. Cependant, les entreprises leaders ne sont pas toujours situées dans les pays où se trouvent les marchés les plus importants, ceux-ci étant déterminés par les politiques publiques de soutien (tarifs d'achat).

Ainsi, le marché est concentré dans un petit nombre de pays : sur environ 15 000 MW de puissance d'électricité photovoltaïque installés dans le monde en 2008, l'essentiel de la capacité se trouvait en Europe et plus particulièrement en Allemagne et en Espagne :

Données : Agence internationale de l'énergie, Technology Roadmap Solar photovoltaic energy, 2010 , graphique Sénat

Quatre pays avaient alors une capacité installée supérieure à 1 GW, niveau atteint en France à la fin de 2010.

La Chine, pour sa part, a mis en place des champions industriels avant de constituer un marché national important. La production de cellules photovoltaïques a été multipliée par 20 entre 2005 (100 MW) et 2008 (2 000 MW, exportés à 95 %), en réponse à la demande provenant d'Allemagne et du Japon.

Si cette situation fait dire à certains que les subventions européennes profitent aux entreprises chinoises, on peut faire observer s'agissant de l'Allemagne, comme cela a été dit lors de la table ronde du 9 mars, que ce pays achète certes des modules à la Chine, mais qu'il a vendu auparavant à ce pays des machines-outils sur lesquelles ont été fabriqués les modules.

La croissance prévisible dans les années à venir est encore phénoménale. M. Richard Loyen, délégué général d'Enerplan, estimait lors de la table ronde du 9 mars que le marché du photovoltaïque pourrait atteindre 70 000 à 120 000 MW en 2020.

D. LES PISTES POUR UN DÉVELOPPEMENT DE LA FILIÈRE

Si le développement industriel de la filière photovoltaïque française n'a pas suivi l'expansion du marché en France et dans le monde, la France ne manque pourtant pas d'atouts pour redevenir un acteur majeur du secteur. Les initiatives se multiplient sur les différentes technologies et à toutes les étapes de la chaîne de production 19 ( * ) .

Plusieurs facteurs favorables sont régulièrement évoqués.

• L'investissement des grands groupes et la structuration de la filière

Le rapport Charpin de juillet 2010 plaide pour que le Gouvernement mobilise les grands acteurs français non seulement dans le domaine de l`énergie, mais aussi dans les industries connexes (électronique, verre...) afin de traduire l'effort de R&D en investissements industriels. Ils pourraient intervenir soit directement, soit en s'appuyant sur les PME innovantes existantes, qui jouent un rôle essentiel dans le secteur.

La structuration de la filière passe également par un rapprochement entre des entreprises trop dispersées, ce qui peut se faire au niveau national ou par l'intermédiaire des pôles de compétitivité actifs dans le domaine des énergies renouvelables (Capénergies, Tenerrdis, Derbi, S2E2...).

Au niveau de la recherche, le rapport Charpin recommande également d'améliorer la coordination entre les centres de recherche amont (notamment l'IRDEP) et la recherche technologique (plateforme de l'INES), tout en renforçant les liens avec les industriels.

Enfin, un accompagnement des entreprises françaises à l'export, via Ubifrance, permettrait de compenser la faible structuration du secteur.

• Des règles pérennes pour un financement réussi

La mise en place d'un cadre réglementaire prévisible est sans doute la première des revendications. Les incertitudes sur les règles du jeu ont ainsi été présentées comme l'une des raisons du gel du projet First Solar à Blanquefort.

Les projets photovoltaïques présentent en effet la particularité de demander des investissements très importants au départ, amortis sur le long terme : le montage des dossiers requiert donc une participation des banques, qui sont réticentes à accorder des financements si le prix d'achat n'est pas connu à l'avance ou risque d'être modifié pendant le développement du projet.

Une réflexion est en cours sur la création d'un fonds de garantie qui ne bénéficierait qu'aux offres portant les certifications françaises sur l'ensemble des composants, depuis les cellules jusqu'aux installateurs.

• La constitution d'un marché national

La constitution d'un marché national est présentée par beaucoup d'acteurs de la filière comme une nécessité afin de permettre à des entreprises, notamment en amont, d'atteindre une taille critique leur permettant d'être compétitives et d'exporter : des chiffres de 800 MW par an, voire plus, sont ainsi avancés.

Le nouveau règle cadre réglementaire, en prenant en compte la charge que représenterait pour les consommateurs d'électricité un développement trop rapide compte tenu des niveaux actuels des tarifs d'achat, a fait le choix d'une « trajectoire-cible » plus modérée d'environ 500 MW par an pour l'électricité soumise à l'obligation d'achat, ce qui correspond aux objectifs du Grenelle de l'environnement.

Dans tous les cas de figure, un développement beaucoup plus important du marché national devrait survenir une fois atteinte la parité réseau, les subventions n'étant dès lors plus nécessaires. Il est toutefois nécessaire que, d'ici là, le tissu industriel français ait atteint les capacités de production et la compétitivité qui lui permettront de répondre à la demande.

• L'intégration au bâti

Le critère de l'intégration au bâti, spécificité française, est présentée par le gouvernement comme par le Syndicat des énergies renouvelables comme un atout pour l'industrie nationale. Outre ses qualités esthétiques, il lui permet de développer une compétence spécifique sur des produits à haute valeur ajoutée, dans une vision de long terme. De nombreux participants à la concertation ont toutefois remis en cause les avantages de ce critère, considérant que la surimposition, pour un effet visuel proche, offrait un coût inférieur avec moins de risques techniques.

• La certification et les labels

Comme l'indique le rapport de la commission de concertation de février 2011, la normalisation a pour effet d'instaurer un niveau d'exigence qui permet à la production d'être ensuite reconnue dans le monde entier. Un « label France » assis sur des procédures de certification et de normalisation permettrait de valoriser l'offre française. De même, la certification des installateurs donnerait au consommateur des repères pour mieux s'y retrouver dans un domaine où les acteurs sont multiples.


* 19 Un panorama des projets qui émergent en France est proposé par le pôle de compétitivité Tenerrdis et l'Ines dans leur document « Une filière photovoltaïque pour la France » de janvier 2011.

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