C. DU GUICHET PUBLIC AU FONDS PROACTIF

Au terme d'une période de montée en charge où le FSI a pu fonctionner comme un « guichet » face à l'afflux des dossiers suscité par la crise, son action semble devoir évoluer vers une démarche de structuration des filières cohérente avec les priorités définies dans le cadre de la Conférence nationale de l'industrie.

Cette nouvelle approche implique une attitude plus « proactive » , que le directeur général du FSI résumait récemment en ces termes : « nous n'attendons pas que l'on vienne nous chercher . Aujourd'hui, nous identifions dans chaque région au sein de chaque filière les entreprises structurantes, de par leur taille ou leur rôle. Nous prenons alors contact avec elles pour étudier notre participation à leurs projets de développement. Notre objectif est souvent de favoriser les synergies entre entreprises au sein de chaque filière » 80 ( * ) .

1. Une approche globale : le FSI comme « prescripteur » de la compétitivité et du renforcement des fonds propres

Le contexte économique et de financement des entreprises a évolué depuis la création du FSI début 2009. En premier lieu, la menace prédatrice des fonds souverains étrangers , qui avait été largement débattue en 2008 81 ( * ) (notamment à la suite d'investissements dans des banques étrangères en difficultés), s'est aujourd'hui atténuée et attise moins la méfiance des Etats. La démarche d'ouverture et de partenariat promue par le Gouvernement et la CDC permet d'aborder le rôle des fonds souverains sous un angle plus constructif, le principe de réciprocité étant de nature à garantir un intérêt mutuel à la coopération.

La priorité à accorder aux PME et ETI s'est en revanche renforcée et revêt plusieurs dimensions :

- l'édification des futurs avantages comparatifs de notre pays, dans une logique de valorisation des savoirs-faires existants et d'identification en amont de filières d'avenir ;

- l'augmentation des capacités de création d'emplois au niveau régional, qui implique d'encourager le développement des grosses PME pour leur permettre d'accéder plus rapidement au stade de l'ETI, et de contribuer à la structuration des filières sectorielles par la responsabilisation des donneurs d'ordres à l'égard du réseau de leurs sous-traitants ;

- le financement privé en fonds propres par le capital-investissement ou les marchés financiers, qui fait défaut aux PME et pourrait subir l'impact récessif des réformes prudentielles en cours dans les secteurs de la banque (dispositif « Bâle III » du Comité de Bâle) et des assurances (directive communautaire « Solvabilité II »).

Dès lors, l'objectif de stabilisation et d'ancrage du capital des ETI et grandes entreprises aux mains d'actionnaires français de long terme paraît aujourd'hui moins prégnant. Le FSI doit en revanche conforter sa vocation de coordonateur et « prescripteur » (par l'effet de levier sur l'investissement privé) de l'accompagnement de PME et ETI régionales disposant d'atouts comparatifs, porteuses d'emplois et susceptibles de jouer un rôle dans la consolidation de filières .


* 80 Entretien au journal Libération du 15 avril 2011.

* 81 Cf . en particulier la table ronde organisée par la commission des finances du Sénat le 15 mai 2008 sur les fonds souverains, qui a donné lieu au rapport d'information n° 336 (2007-2008).

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