CHAPITRE 3 - UNE ALLEMAGNE PLUS ADAPTÉE À LA MONDIALISATION ?

Quand on ne se fonde que sur les flux d'exportation et d'importation, le panorama de l'intégration des deux pays dans l'économie mondiale ressort comme particulièrement contrasté, faisant ressortir les performances de l'Allemagne et les échecs de la France.

L'Allemagne exporte et importe nettement plus que la France et le solde du commerce extérieur allemand est positif quand la France enregistre un déficit extérieur.

La prise en considération de cet autre vecteur de l'internationalisation des entreprises que constituent les investissements à l'étranger pourrait déjà modifier ce panorama.

En outre, une estimation plus réaliste de la contribution des exportations à la croissance notamment en Allemagne que celle offerte par les statistiques traditionnelles du commerce international atténue le contraste entre les deux pays. L'Allemagne exporte beaucoup et l'écart entre ses exportations et ses importations augmente mais les exportations allemandes créent peu de valeur ajoutée sur le territoire.

Globalement, les analyses du commerce international conduites à partir des flux commerciaux des entreprises suffisent moins encore aujourd'hui que jamais pour fonder un diagnostic sûr des forces et faiblesses d'un territoire économique.

La division internationale du travail que les flux commerciaux révélaient et dont on tirait des leçons quant aux avantages comparatifs des pays - et quant aux politiques à mettre en oeuvre - apparaît moins nettement - et les conclusions qu'elle peut inspirer en sont également brouillées - depuis que les déterminants du commerce international passent, de plus en plus, par les stratégies des firmes.

Dans une assez large mesure les déterminismes factoriels d'autrefois deviennent imprécis au point de changer probablement de nature. Ainsi, ils n'offrent plus les repères simples d'avant pour les politiques économiques.

La « fièvre exportatrice » allemande, qui n'est pas sans poser des problèmes au pays lui-même, comme on le montre à la fin du présent rapport, invite à examiner ses ressorts. Cet examen est ici conduit relativement à la France. Il aboutit à nuancer sérieusement la valeur d'exemple de l'Allemagne pour notre appareil exportateur quand ce modèle est envisagé sous l'angle de ses coûts. Mais, l'Allemagne n'est pas la seule concurrente de la France et, dans un paysage du commerce international transformé par l'intégration des économies, son exemple, ainsi que les succès des entreprises françaises d'ailleurs, donne quelques illustrations sur la logique d'avantages comparatifs que doivent emprunter les pays développés.

I. UN EXCÉDENT COMMERCIAL ALLEMAND QUI EXPLOSE FACE À UNE FRANCE QUI CREUSE SON DÉFICIT COMMERCIAL

A. UN EXCÉDENT ALLEMAND QUI EXPLOSE ET UN DÉFICIT FRANÇAIS QUI SE CREUSE...

Depuis le début des années 2000, le solde de la balance courante allemande est de plus en plus excédentaire quand les positions commerciales extérieures de la France se dégradent.

Solde de la balance courante de l'Allemagne et de la France
(en milliards d'euros)

(1) UE à 27 Source : Eurostat

1. En équivalents du PIB

L'excédent allemand a presque triplé en huit ans . Il s'élevait à 2,9 % du PIB en 2000, en 2008 il se montait à 7,1 % du PIB (+ 4,2 points de PIB). La situation a en France radicalement divergé puisque le déficit commercial, après s'être légèrement résorbé au début de la décennie a empiré continûment par la suite étant aggravé d'un facteur supérieur à 5 (de - 12,3 à - 67,7 milliards d'euros entre 2000 et 2008). Il s'élevait en 2000 à 0,9 point de PIB et à 3,5 % du PIB en 2008.

La France a donc creusé son déficit dans des proportions toutefois beaucoup moins élevées que l'Allemagne n'a amélioré son excédent.

Autrement dit, en schématisant, les relations commerciales de l'Allemagne avec le reste du monde ont entraîné une création nette de richesses dans ce pays alors que, pour la France, elles ont pesé sur la croissance économique.

Sur une période plus longue, on relève qu'après la réunification allemande le solde courant fortement positif en 1989 (+ 4,6 points de PIB) se dégrade en Allemagne pour rester en territoire négatif tout au long des années 90.

À l'inverse, pendant cette période le solde courant français de négatif dans les années 80 devient positif, culminant en 1999 puis, comme on l'a indiqué, les années 2000 sont marquées par un effet de ciseaux entre les deux pays.

Balance courante de l'Allemagne et de la France
(en points de PIB)

France

Allemagne (*)

1989

- 0,9

4,6

1990

- 1,3

3,0

1991

- 1,0

- 1,3

1992

- 0,2

- 1,1

1993

0,6

- 1,0

1994

0,4

- 1,4

1995

0,7

- 1,2

1996

1,3

- 0,6

1997

2,6

- 0,5

1998

2,6

- 0,8

1999

3,1

- 1,3

2000

1,7

- 1,8

2001

2,0

0,0

2002

1,3

2,0

2003

0,9

1,9

2004

0,6

4,6

2005

- 0,6

5,1

2006

- 0,5

6,5

2007

- 1,1

8,0

2008

- 1,9

6,6

(*) Allemagne : Ouest jusqu'en 1990 ; Allemagne total depuis 1991.

Source : OCDE

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