b) Développer la recherche en matière de traitement des toxicomanies

Vos rapporteurs ont eu le sentiment, au fil des auditions, que le corps médical était parfois démuni pour traiter certaines dépendances en raison d'un manque de connaissances sur les mécanismes qui sont à l'oeuvre. De toute évidence, la réponse médicamenteuse a des limites : elle existe pour traiter la dépendance au tabac ou aux opiacés, grâce aux traitements de substitution, mais elle peine à traiter les dépendants à d'autres substances. C'est notamment le cas de l'addiction à la cocaïne dont la consommation, une fois arrêtée, donne lieu au « craving », état de manque psychologique qui conduit l'usager à chercher compulsivement à renouveler la prise de produit. Des médicaments peuvent être prescrits pour calmer cet état, mais leur efficacité reste partielle.

Il convient donc de poursuivre la recherche en matière de traitement des toxicomanies . Certains sont, sur ce point, extrêmement pessimistes, tel le professeur Michel Le Moal, qui s'est écrié devant la mission d'information : « je récuse totalement cette forme de béatitude médiocre de l'ensemble des neurosciences qui prétendent que l'on pourra régler l'ensemble des problèmes de la psychiatrie à partir des connaissances sur le cerveau [ ... ] À chaque décennie, on a pensé avoir trouvé la solution, qu'il s'agisse des neurotransmetteurs, des récepteurs ou de la transition cellulaire... En l'état actuel, il n'existe pas de médicament » (176 ( * )) .

Cette analyse, particulièrement sombre, semble partiellement fondée, dans le sens où les traitements de substitution aux opiacés constituent, aujourd'hui, le seul traitement médicamenteux disponible, ce qui laisse de côté bon nombre d'autres addictions. Mais ne peut-on espérer que des découvertes changent la donne ? Vos rapporteurs ont ainsi eu l'impression, au fil des auditions menées, que la recherche en épigénétique pouvait ouvrir des voies prometteuses pour expliquer le mécanisme des addictions. Ils ne prétendent pas définir ce que devraient être les programmes de recherche en addictologie, mais ont le sentiment que le champ reste largement ouvert et que des avancées sont encore possibles.

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L'offre de soins aux toxicomanes, certes en cours de recomposition, est donc diversifiée mais souffre de déséquilibres et d'insuffisances. Vos rapporteurs ne peuvent qu'appeler à renforcer les efforts dans ce domaine et espèrent que le futur plan gouvernemental de prévention et de lutte contre les addictions saura y accorder les moyens financiers nécessaires - qui devront être conséquents.

Pour autant, si la sortie des usagers de drogues de leur dépendance doit constituer une priorité, on ne peut ignorer tous ceux qui ont sombré dans l'addiction et n'envisagent pas encore une entrée dans le traitement. C'est ici qu'intervient la politique de réduction des risques, dont vos rapporteurs souhaitent qu'elle soit poursuivie selon une approche équilibrée et responsable.


* (176) Audition du 2 mars 2011.

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