2. La stratégie Horizon 2020 risque de connaître le même sort

La stratégie Horizon 2020, adoptée par le Conseil européen du 17 juin 2010, identifie quant à elle des objectifs chiffrés en matière d'emploi, de recherche et d'innovation, de changement climatique et d'énergie, d'éducation et de lutte contre la pauvreté.

Cherchant à tirer les conséquences de la crise économique de 2008, ses auteurs constatent que l'Europe a une croissance structurellement plus faible que celle de ses principaux partenaires économiques, que les taux d'emploi y sont bien inférieurs, et que si l'interdépendance des économises est un avantage pour l'Europe, la concurrence des économies développées et émergentes s'intensifie.

Il en découle trois priorités : une croissance intelligente, fondée sur la connaissance et l'innovation ; une croissance durable et une croissance inclusive.

Les objectifs poursuivis en matière d'éducation et de recherche sont affichés : 75 % de la population âgée de 20 à 64 ans devrait avoir un emploi, contre 69 % actuellement ; 3% du PIB de l'Union devrait être investi dans la recherche et l'innovation (contre 2% actuellement, et 2,6 % aux Etats-Unis et 3,4 % au Japon) ; le niveau d'éducation devra être rehaussé, en réduisant à 10 % le taux d'abandon scolaire, qui s'élève aujourd'hui à 15 %.

De manière plus concrète, la stratégie Horizon 2020 prévoit :

- la mise en place d'un brevet européen unique et d'une juridiction unique en matière de brevets, afin que le dépôt d'un brevet en Europe coûte beaucoup plus cher en Europe qu'aux Etats-Unis, ce qui est le cas aujourd'hui ;

- la mise en place d'instruments incitatifs, y compris fiscaux, pour favoriser le niveau d'investissement du secteur privé ;

- l'accélération de la promotion des liens entre l'enseignement supérieur, l'industrie et l'innovation ;

- plus d'opportunités pour les PME qui devraient avoir un meilleur accès à la protection de la propriété intellectuelle.

La question est maintenant de savoir si la stratégie Horizon 2020, qui a pris la suite de la stratégie de Lisbonne, a plus de chance de succès.

Or ce succès est loin d'être garanti : ni son approche, ni ses objectifs ne sont vraiment différents, tandis que les moyens envisagés restent imprécis.

La mise en oeuvre de cette stratégie vient de faire l'objet d'une proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil portant établissement du programme cadre pour la recherche et l'innovation « Horizon 2020 (2014-2020) ».

Mais sera-ce suffisant, au vu de l'expérience passée ?

Les nouvelles propositions de la Commission permettront-elles de répondre à des difficultés réelles ? La tâche est complexe.

En fait, il est extrêmement difficile d'avoir une influence sur la compétitivité, d'autant plus qu'il n'y a pas de véritable politique économique européenne. La législation européenne se préoccupe plus du respect de la concurrence entre sociétés européennes que de promouvoir une réelle compétitivité des entreprises face à leurs concurrents américains ou asiatiques. La bureaucratie bruxelloise, assaisonnée à la sauce des contraintes de Bercy est sans doute l'un des freins les plus efficaces au développement de l'innovation. Les politiques économiques des Etats membres restent très différentes, tout comme la diversité de leurs structures. Il ne suffit pas de définir quelques technologies clés. Il est tout aussi insuffisant de mettre en avant les technologies diffusantes qui permettent pourtant la fluidité d'un domaine à un autre et la diffusion des résultats de la recherche.

La définition régulière de grandes orientations de politiques macroéconomiques ne peut pas se substituer à une véritable coordination des politiques économiques d'Etats qui ne le souhaitent pas vraiment. Les mentalités doivent encore évoluer.

Il faut par ailleurs restaurer la confiance des citoyens dans la science et la regagner si elle a été perdue, comme dans le cas des OGM. C'est pourquoi il est si important de ne pas répéter, pour les nanotechnologies ou la biologie synthétique, les erreurs faites pour les biotechnologies et ne pas transformer le débat OGM en controverse sur les Objets atomiquement modifiés (OAM).

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