Audition de M. Christian MORTIER, président de la Fédération française de reiki traditionnel (mardi 19 février 2013)

M. Alain Milon , président. - Mes chers collègues, nous recevons aujourd'hui M. Christian Mortier, président de la Fédération française de reiki traditionnel.

Notre réunion d'aujourd'hui n'est pas ouverte au public ; un compte rendu en sera publié avec le rapport.

Monsieur Mortier, me confirmez-vous que vous avez donné votre accord pour que cette audition fasse l'objet d'une captation vidéo ?

M. Christian Mortier. - En effet...

M. Alain Milon , président. - Etes-vous également d'accord pour que cet enregistrement soit éventuellement par la suite accessible sur le site du Sénat ?

M. Christian Mortier. - Je le suis.

M. Alain Milon , président. - Je précise à l'attention de M. Mortier que notre commission d'enquête s'est constituée à l'initiative de M. Jacques Mézard, qui est par ailleurs notre rapporteur.

Je vais maintenant, conformément à la procédure applicable aux commissions d'enquête, demander à M. Christian Mortier de prêter serment.

Je rappelle qu'un faux témoignage devant notre commission serait passible des peines prévues aux articles 434-13, 434-14 et 434-15 du code pénal.

Monsieur Mortier, veuillez prêter serment de dire toute la vérité, rien que la vérité, levez la main droite et dites : « Je le jure ».

M. Christian Mortier. - Je le jure.

M. Alain Milon , président. - Monsieur Mortier, ainsi que vous en avez été informé, notre audition est prévue pour durer 45 minutes. Je vous invite donc à prononcer un court exposé introductif, puis mon collègue Jacques Mézard, et les sénateurs membres de la commission vous poseront quelques questions.

Monsieur Mortier, vous avez la parole...

M. Christian Mortier. - Je suis président de l'Institut de reiki et de la Fédération française de reiki traditionnel.

Il s'agit de deux entités juridiques : l'une est un organisme de formation au reiki traditionnel ; la Fédération française de reiki traditionnel fédère quant à elle des personnes qui veulent éventuellement se mettre à leur compte ou se fédérer autour du même projet.

La formation se déroule sur un à trois ans, suivant les capacités des personnes et selon le sens qu'ils souhaitent. C'est une formation dispensée pendant des cours, soit durant la semaine, soit le week-end ou bien les deux. La Fédération rassemble elle-même les personnes souhaitant se mettre à leur compte.

La Fédération est née en 2002 et l'Institut de reiki en janvier 2000.

Nous avons toujours voulu être transparents vis-à-vis des institutions, du public et de nos partenaires, de toutes les personnes qui nous font confiance ; en 2012, nous avons reçu la qualification de l'Intelligence service qualification - Office professionnel de qualification des organismes de formation (ISQ-OPQF), nous permettant ainsi de valider notre formation professionnelle.

Par ailleurs, nous avons, depuis un an, entamé une certification ISO 9001.

Cette transparence a toujours été importante pour assurer l'autonomie des personnes que nous formons et d'autre part pour obtenir la validation d'un organisme extérieur.

M. Alain Milon , président. - Je vous remercie. La parole est au rapporteur...

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Vous indiquez dans votre documentation que le reiki est une pratique à visée thérapeutique. Pouvez-vous nous l'expliquer ?

M. Christian Mortier. - La visée thérapeutique correspond pour nous avant tout au bien-être et au confort des personnes que nous prenons en charge. Quand une personne est stressée et que nous la détendons, il s'agit d'une visée thérapeutique, qui s'inscrit bien évidemment dans un cadre non médical, non psychothérapeutique et non paramédical.

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Sur le site de votre Fédération paraît un avertissement destiné à déceler ce qui n'est pas du reiki. Pourquoi ?

M. Christian Mortier. - Je pratique le reiki depuis 1991. J'ai commencé en cabinet. Neuf années m'ont été nécessaires pour retrouver l'authenticité de cette pratique. Les personnes qui, sur Internet, prétendent pratiquer le reiki ne l'utilisent pas vraiment et donnent de cette technique une très mauvaise image de marque, voire une image déplorable au plan national. C'est pour se démarquer des autres pratiques que nous avons créé notre Fédération et notre Institut. C'est également pour cette raison que nous avons déposé un signe distinctif, « reikibunzeki », car il existe des milliers de praticiens formés en deux à trois heures et trois week-ends. Il est évident que nous ne parlons pas de la même chose. C'est d'ailleurs assez terrible...

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Je ne crois pas qu'il y ait de reconnaissance administrative de vos formations en tant que pratique thérapeutique.

M. Christian Mortier. - Non, bien sûr.

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Vous dites que beaucoup de praticiens n'ont aucune compétence pour exercer du reiki. Comment voulez-vous qu'ils ne disent pas la même chose de vous ?

M. Christian Mortier. - C'est vrai, mais cela ne nous gêne pas car nous disposons d'un référentiel de compétences qui a été qualifié. Celui-ci a débouché sur un référentiel de formation et un référentiel métier.

Entre trois ans de formation et trois week-ends, il existe une certaine différence, celle-ci portant avant tout sur la profondeur de la pratique. Le reiki traditionnel est avant tout une union de la relaxation et de la méditation. Aujourd'hui, l'une et l'autre possèdent une dimension scientifique. Un certain nombre de travaux on été menés à ce sujet, et l'on peut en voir les bienfaits.

Pour le reste, il s'agit de croyances et non de connaissances. Je connais toutes ces personnes de longue date. Les croyances, à 95 %, reposent sur le mysticisme et relèvent du domaine de la « pensée magique » mais aussi sur des déviations permanentes destinées à prendre la place du corps médical, paramédical ou psychothérapeutique. On ne s'occupe plus du tout du confort du malade -bien que certains sites Internet soient politiquement corrects. Je reçois moi-même encore aujourd'hui des plaintes contre cette forme de reiki qui cherche à se substituer au corps médical. Certaines personnes prennent voix avec les disparus, Bouddha, Jésus ou d'autres. C'est affligeant !

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Comprenez bien que c'est ce qui nous préoccupe ! Si je comprends bien, vous recevez vous-mêmes, étant donné votre pratique et votre dénomination, des plaintes de citoyens se plaignant de pseudo-praticiens du reiki qui sont dangereux et qui traitent le cancer, etc. Que faites-vous quand vous recevez de telles plaintes ?

M. Christian Mortier. - Je ne suis pas juge et partie. Si je reçois ce genre de courriers, c'est que ces personnes ne savent plus à quel saint se vouer. Souvent, je leur conseille de porter plainte. La loi est faite pour cela. En général, ils n'osent pas, ont peur de passer pour je ne sais qui ou je ne sais quoi, et nous demandent conseil. Le seul conseil que je leur donne est de porter plainte. C'est la seule chose que je puisse leur dire...

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Vous comprenez bien que c'est préoccupant...

M. Christian Mortier. - C'est le mot !

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Vous nous dites vous-même avoir constaté fréquemment ces dérives -et les constater encore aujourd'hui...

M. Christian Mortier. - Absolument ! J'ai créé un document de 76 pages pour dénoncer cette situation et je continue cette démarche avec ferveur, ces personnes n'ayant jamais pratiqué le reiki !

M. Jacques Mézard , rapporteur. - On lit sur votre site que vous intervenez dans le cadre des pathologies suivantes : cancer, sida, opérations chirurgicales lourdes. Dans quel contexte intervenez-vous ?

M. Christian Mortier. - Il s'agit de dispenser du bien-être et du confort du malade. S'il n'existe pas de pathologie, il s'agit d'une simple relaxation. Si la personne est atteinte d'une pathologie, nous demandons l'établissement d'un diagnostic précis par un praticien médical, avant de nous occuper du bien-être de la personne, qui va se relaxer dans le temps présent et jouir d'un meilleur potentiel intérieur ; elle va trouver ses propres ressources et son autonomie face à sa maladie, subir moins d'effets secondaires -c'est en tout cas ce qu'elle nous dit.

Mme Catherine Génisson . - C'est complémentaire...

M. Christian Mortier. - Complémentaire, oui, sûrement, mais ce n'est pas une pratique médicale complémentaire.

Mme Catherine Génisson . - C'est une prise en charge complémentaire...

M. Christian Mortier. - Oui. Nous ne voulons pas nous substituer au corps médical. Nous n'en avons d'ailleurs pas les moyens. Il s'agit d'améliorer le confort du malade.

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Il y a donc le bon reiki et le mauvais.

M. Christian Mortier. - Disons qu'il y a le reiki et certaines personnes y substituent d'autres choses...

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Travaillez-vous avec des établissements hospitaliers ?

M. Christian Mortier. - Oui, nous travaillons depuis bientôt neuf ans en oncologie pédiatrique, dans le service du docteur Delépine, à Garches et, depuis un an environ, à Lariboissière, dans le service du Pr Baranger.

M. Jacques Mézard , rapporteur. - L'avez-vous demandé ? Ce sont les chefs de service ou l'administration de l'hôpital qui ont frappé à votre porte ?

M. Christian Mortier. - Ce sont des soignants, qui à l'époque me connaissaient, qui ont demandé à ce que je rencontre les chefs de service. J'ai accepté. Le reiki est avant tout un accompagnement, une relation d'aide, qui permet de se relaxer, mais aussi d'être bien dans le temps présent, d'aller rechercher ses potentiels naturels, de retrouver ses couleurs, de donner parfois du sens à sa maladie et de soulager les douleurs.

Les chefs de service ont demandé à m'entendre afin d'être sûrs que cela ne pouvait causer de mal. Ils ont estimé que cela pouvait faire au contraire du bien ; cela fait maintenant neuf ans que nous sommes dans ces services.

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Votre intervention fait-elle également du bien à la sécurité sociale ?

M. Christian Mortier. - Il s'agit de bénévolat : c'est donc très mal payé !

M. Jacques Mézard , rapporteur. - N'avez-vous pas de convention avec l'hôpital ?

M. Christian Mortier. - Nous avons des conventions avec Lariboisière en tant que bénévoles.

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Il existe cependant une convention ?

M. Christian Mortier. - Il y en a une à Lariboisière, mais pas dans les services du docteur Delépine.

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Faut-il que les patients demandent votre intervention ou faites-vous une démarche directe auprès d'eux ?

M. Christian Mortier. - C'est le corps médical qui demande si le patient désire pratiquer de la relaxation. Le personnel passe le matin pour savoir si nous pouvons intervenir ou non. Il faut bien sûr qu'il s'agisse d'une demande des personnes ou des familles dans le cas des enfants. Il faut aussi que les médecins soient d'accord, car ce n'est pas toujours possible.

On nous appelle toutes les semaines, vers 11 heures, pour nous indiquer le nombre de patients intéressés -cinq, quinze, ou vingt. Nous venons alors avec des bénévoles et pratiquons. Nous redemandons néanmoins aux personnes si elles souhaitent une séance. C'est une règle pour nous, à l'hôpital ou en cabinet. Il faut que la demande soit formulée. Ce n'est pas nous qui allons vers les personnes...

M. Jacques Mézard , rapporteur. - On voit sur votre site que vos formations ont été prises en charge par des organismes comme Pôle Emploi, ou des entreprises comme Renault, Air France, SANOFI. Est-ce toujours le cas aujourd'hui ?

M. Christian Mortier. - Oui. Cela représente à peine 10 % de notre chiffre d'affaires. Nous avons un tarif « Pôle Emploi » ou « Fonds de Gestion des Congés Individuels de Formation » (FONGECIF), mais consentons également 60 % de réduction aux personnes ayant peu de moyens, afin de leur permettre de pratiquer.

M. Jacques Mézard , rapporteur. - A combien s'élève une formation ?

M. Christian Mortier. - Son coût est de 3 010 euros, soit 17 euros de l'heure environ, ramené à 1 200 euros pour les personnes ayant des difficultés.

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Une fois formées, ces personnes peuvent-elles pratiquer en se prévalant de la formation que vous leur avez apportée...

M. Christian Mortier. - Oui...

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Vous êtes une université à vous seul !

M. Christian Mortier. - Nous n'avons pas cette prétention ! Nous cherchons seulement à bien faire notre travail et à recevoir la validation des institutions qui nous font confiance, comme les hôpitaux ou Pôle Emploi. Nous sommes en quelque sorte des artisans...

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Il y a de tout chez les artisans ! Vous ne fabriquez donc pas d'auto-entrepreneurs...

M. Christian Mortier. - Non.

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Combien formez-vous de personnes chaque année ?

M. Christian Mortier. - Environ une centaine...

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Arrivent-ils tous à en vivre ?

M. Christian Mortier. - Non. Certaines personnes ne se mettent à leur compte que cinq ans après. D'autres exercent en plus de leur travail, de manière à s'assurer un complément de revenus. Certaines veulent réaliser des consultations et se former. Le travail de relaxation et de méditation permet à la conscience de s'ouvrir. Les gens apprécient beaucoup le fait qu'il s'agisse d'une pratique qui donne du sens. Certains travaillent dans les bureaux, d'autres sont ingénieurs, éleveurs de chevaux, policiers, infirmières, médecins, ostéopathes et veulent acquérir une meilleure approche de leur métier.

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Avez-vous des relations avec les autres pratiques non conventionnelles comme la kinésiologie, la naturopathie, le biomagnétisme, l'ondobiologie ?

M. Christian Mortier. - Nous n'avons aucune relation avec ce genre de pratiques. Je ne les connais d'ailleurs pas. Nous ne travaillons pas de la même façon : je ne fais aucun diagnostic, contrairement à certaines autres techniques. Personnellement, je n'ai aucun rapport avec celles-ci et ne souhaite pas en avoir !

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Vous n'établissez donc pas de diagnostic...

M. Christian Mortier. - Non : nous sommes une pratique non médicale et non conventionnelle. Je ne vois d'ailleurs pas comment nous le pourrions. Cela me paraît invraisemblable !

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Sur votre site, on voit que cette pratique permet d'aider à la gestion du stress et de la somatisation. Comment pouvez-vous savoir que vous avez affaire à une douleur psychosomatique ?

M. Christian Mortier. - Si la personne est un peu stressée, nous pratiquons une relaxation ; si elle se plaint du dos, par exemple, nous refusons d'intervenir sans diagnostic médical.

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Ne considérez-vous pas dangereux de permettre à une centaine de personnes par an de se livrer à ces pratiques non conventionnelles -même si l'on peut considérer qu'elles ne font pas de mal, ce qui n'est manifestement pas votre but ?

M. Christian Mortier. - C'est un risque. C'est une question que je me suis posée...

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Même s'ils sont électriciens ou professeurs, ce n'est cependant pas pour autant qu'ils peuvent, après quelques dizaines d'heures de formation, avoir le type de relations que vous décrivez avec ce qu'il faut bien appeler des « patients »...

M. Christian Mortier. - Je préfère le terme de « consultants ». A la moindre pathologie, nous exigeons un diagnostic médical. En cas de trouble psychologique, nous demandons une ordonnance du psychiatre avant de prendre les personnes en charge. Généralement, il n'existe pas de contre-indications à la relaxation et à la méditation dans ce domaine...

Nous sommes intransigeants à ce sujet. Si les gens que nous formons sortent de cette éthique, ils savent qu'ils ne pourront pas compter sur la Fédération.

Faire partie de la Fédération exige un suivi ; celui-ci est assuré par des supervisions régulières. Si les gens ne s'y soumettent pas, ils ne peuvent plus faire partie de la Fédération.

M. Jacques Mézard , rapporteur. - Comment une consultation se déroule-t-elle ?

M. Christian Mortier. - Une consultation dure environ une heure, parfois deux. Le consultant nous explique son attente et nous dit comment il nous a connus. Il est important de connaître sa démarche, sa demande. Nous lui demandons ce qu'il attend de nous, afin de déterminer s'il souhaite ou non une pratique magique ou en dehors de la réalité, à laquelle nous ne pouvons répondre. Nous lui conseillerons dans ce cas d'aller plutôt consulter un psychiatre, mais ne le prendrons pas en charge.

Si la demande du consultant correspond à la pratique du reiki traditionnel, nous lui expliquons la manière dont nous allons procéder. Il s'allonge ; nous posons les mains sur lui d'une certaine façon, en l'effleurant à peine. C'est le principe de la méditation. Il s'agit d'agir sur douze points précis. Au cours de cette relaxation-méditation, le consultant va s'abandonner à lui-même et rechercher en lui ses propres ressources. Quand il est détendu, un peu moins stressé, il fait appel à ses potentiels naturels, qui reviennent. Il peut alors faire face, donner du sens, avant toute chose. L'être humain dispose d'un certain nombre de ressources à cet égard !

Une fois la séance terminée, nous lui demandons comment celle-ci s'est déroulée et quel a été son ressenti, afin d'établir un lien dans sa vie.

M. Alain Milon , président. - La parole est aux commissaires...

Mme Catherine Deroche . - En cas de pathologie, vous demandez en fait au médecin s'il n'existe pas de contre-indications à la pratique du reiki. Quelles pourraient-elles être ?

M. Christian Mortier. - C'est ce que nous souhaitons savoir et nous ne pouvons le déterminer par nous-mêmes. Cela rassure le consultant, qui pose la question à son médecin.

Mme Muguette Dini . - Combien de personnes compte la Fédération ?

M. Christian Mortier. - Deux cents personnes environ suivent des cours ; les professionnels sont une quinzaine.

Mme Muguette Dini . - Quelle est la moyenne des séances et quel en est le prix ?

M. Christian Mortier. - On laisse au consultant le choix de revenir ou non. On ne sait pas le nombre de séances nécessaires pour régler le problème. Si les séances lui font du bien, il revient régulièrement. La moyenne est d'une à deux fois par mois. La séance d'une heure est facturée environ 60 euros.

Mme Muguette Dini . - Attendez-vous une formalisation du contenu de votre formation ?

M. Christian Mortier. - A quel niveau ?

Mme Muguette Dini . - Attendez-vous une reconnaissance encadrée de votre Institut ?

M. Christian Mortier. - Ce serait avec plaisir. Nous bénéficions déjà d'une première qualification professionnelle émanant de la Fédération de la formation professionnelle. Cela permet à notre formation de recevoir une validation extérieure. Pour nous, c'était extrêmement important. Peut-être voulez-vous parler d'une reconnaissance par l'Etat ?

Mme Muguette Dini . - Comment attester avoir répondu à un certain nombre de critères et être un véritable professionnel du reiki ?

M. Christian Mortier. - Je possède une formation de sophrologue analyste. J'ai travaillé avec David Servan-Schreiber sur les pratiques comportementales et cognitives. J'ai consacré par ailleurs 25 ans de ma vie à la méditation. Je sais donc de quoi je parle. Il faut posséder du savoir, du savoir-faire et du savoir être. C'est la le référentiel de compétences. Je souhaite donc bien évidemment aller plus loin : de quelle façon, je ne sais pas...

Mme Catherine Génisson . - Peut-on, après avoir bénéficié d'une formation, pratiquer le reiki sur soi-même ?

M. Christian Mortier. - On peut pratiquer le reiki sur soi-même pour se relaxer, par exemple. Entre deux séances, c'est parfois utile... Nous cherchons cependant à autonomiser les personnes en leur donnant des exercices pour leur permettre, entre deux séances, d'aller plus loin. Cela ne remplace pas une pratique professionnelle, mais c'est une aide incontestable.

Mme Catherine Génisson . - Vous avez évoqué vos relations avec David Servan-Schreiber. Vous nous l'avez déjà dit, mais pouvez-vous nous confirmer qu'à aucun moment ce que vous proposez ne se substitue à un traitement de médecine traditionnelle ?

M. Christian Mortier. - Absolument !

Mme Catherine Génisson . - Découragez-vous les consultants d'abandonner leur traitement allopathique ?

M. Christian Mortier. - Je les encourage au contraire à continuer ! Nous sommes sur ce point extrêmement vigilants. On sait très bien que, lorsque les personnes vont un peu mieux, elles désirent arrêter leur traitement. Cela fait partie du contrat que nous passons avec eux : si jamais ils ne prennent plus leurs médicaments, nous ne pouvons continuer à les recevoir. Nous ne pouvons manquer de nous en apercevoir. Je précise bien qu'il s'agit d'une aide pour pouvoir prendre ses médicaments et avoir moins d'effets secondaires. Je leur dis d'ailleurs, de manière un peu simpliste, que lorsqu'ils n'auront plus mal à la tête, le médecin arrêtera de leur prescrire de l'aspirine !

Les gens veulent très souvent arrêter la prise de médicaments à cause des effets secondaires. Quand ceux-ci s'amenuisent ou disparaissent, cela ne leur pose aucun souci. C'est en tout cas dans notre contrat !

Mme Catherine Génisson . - Vous êtes entré dans des services d'oncologie pédiatrique qui ont pignon sur rue. Cette relation s'est-elle directement établie entre les chefs de service et vous-même ou y a-t-il eu une consultation plus institutionnelle de la Commission médicale d'établissement (CME) ?

M. Christian Mortier. - D'après ce que je sais, la relation s'est établie dans le cadre du service. Je ne sais pas si les choses sont allées plus haut.

Mme Catherine Génisson . - C'est donc un accord de gré à gré...

M. Christian Mortier. - En effet. J'ai mis trois mois pour entrer dans ce service. L'oncologie pédiatrique est un domaine assez difficile. Les parents sont très demandeurs. Le personnel soignant également, car le stress est très important. D'un commun accord, nous avons tenté une expérience de quelques mois. J'ai travaillé avec tous les membres du service -psychologue, médecins, infirmières, etc.- Le système que nous avons mis en place fonctionne très bien.

Mme Catherine Génisson . - A partir de quel âge peut-on pratiquer le reiki chez un enfant ?

M. Christian Mortier. - A partir de quatre ans, quatre ans et demi.

Mme Catherine Génisson . - Peut-on faire de la méditation à cet âge-là ?

M. Christian Mortier. - Non, nous posons uniquement les mains sur l'enfant, ce qui l'apaise, grâce à notre propre travail intérieur. Il rentre en lui-même, s'endort alors qu'il ne dormait plus.

M. Stéphane Mazars . - Comprenez-vous pourquoi la commission d'enquête a souhaité vous entendre ?

M. Christian Mortier. - C'est moi qui l'ai demandé ! Dans le marasme que connaît le reiki, nous n'existons plus alors que ce n'est pas le cas ! Je tenais donc à être auditionné par la commission d'enquête et je vous remercie de m'avoir reçu.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page