B. UNE JEUNESSE NOMBREUSE ET UNE FORMATION ÉLEVÉE MAIS SOUVENT SANS EMPLOI

• Selon une étude réalisée par la Banque Africaine de Développement 186 ( * ) , les gouvernements du Maghreb ont fortement investi dans l'éducation au cours des 30 dernières années. Ils ont engagé plus de 5% du PIB et près de 20% du montant total des budgets nationaux dans l'éducation.

Dans le domaine de l'enseignement primaire, l'Afrique du Nord a fait des avancées importantes. Le taux net ajusté de scolarisation est passé de 80% en 1990 à 97% en 2011. L'Algérie et la Tunisie ont également enregistré des améliorations notables des taux bruts de scolarisation dans l'enseignement secondaire et tertiaire comparables aux niveaux observés dans les pays de l'Asie de l'Est. Néanmoins, les taux d'abandon par les élèves du cycle secondaire demeurent élevés : Maroc : 15%, Algérie : 13%, Tunisie : 9%.

Tableau n° 60 : Taux de scolarisation 187 ( * ) par niveau d'études

Pays

Niveau d'éducation

1970

2011

Ils ont réalisé

l'Objectif du millénaire

pour le développement n°3 relatif

à l'instauration

de l'égalité hommes/femmes

Algérie

Primaire (net)

76,0

96,0

Secondaire (brut)

11,2

100

Supérieur (brut)

1,8

32,0

Maroc

Primaire (net)

39,1

96,0

Secondaire (brut)

12,6

70,0*

Supérieur (brut)

1,4

14**

Tunisie

Primaire (net)

75,6

99,0

Secondaire (brut)

22,7

93,0

Supérieur (brut)

2,6

37,0

Mauritanie

Primaire (net)

32***

74

Secondaire (brut)

10****

27

Supérieur (brut)

3*****

5

*données 2012 **données 2010 ***données 1985 ****données 1981 *****données 1986

Source : Banque mondiale (2008: 316-19); Banque mondiale (2010a) pour les données de 2008

Carte n° 61 : Taux d'alphabétisation, population de plus de 15 ans

Tableau n° 62 : Indice de parité entre les sexes du taux brut de scolarisation par niveau d'études 188 ( * )

Pays

Niveau d'éducation

1970

1980

1990

2003

2008

2011

Algérie

Primaire (net)

0,62

0,75

0,85

0,93

0,94

0,94

Secondaire (brut)

0,41

0,65

0,81

1,07

1,08

1,04

Supérieur (brut)

0,25

0,37

0,52

1,08

1,40

1,46

Maroc

Primaire (net)

0,55

0,61

0,69

0,90

0,91

0,95***

Secondaire (brut)

0,42

0,61

0,73

0,84

0,86

0,85***

Supérieur (brut)

0,19

0,30

0,59

0,87

0,89

89 ,0**

Tunisie

Primaire (net)

0,66

0,74

0,89

1,00

0,98

0,96

Secondaire (brut)

0,38

0,60

0,79

1,05

1,08

1,03

Supérieur (brut)

0,25

0,44

0,67

1,28*

1,49

1,52

* = données de 2001, ** = données 2010, *** = données 2012

Source : Banque mondiale - Institut de statistique de l'UNESCO pour les données de (2008).

La région a aussi enregistré l'une des plus grandes augmentations du taux d'alphabétisation .

Tableau n° 63 : Taux d'alphabétisation des adultes (15+)

Pays

1970

1980

1990

2000

2003

2008

Algérie

21,5

36,6

52,9

66,7

66,9

73,0

Maroc

19,8

28,6

38,7

48,8

52,3

56,4

Tunisie

27,4

44,9

59,1

71,0

74,3

77,6

Libye

89**

Mauritanie

58**

Moyenne MOAFN

24,7

40,3

56,1

68,4

69,4*

* = Se réfère à des données de 2001, ** données 2010

Source : Banque mondiale, Institut de statistique de l'UNESCO pour les données de (2008).

• Cependant à travers les résultats de diverses évaluations internationales, l'étude montre également que les élèves du Maghreb seraient moins compétitifs au plan international. En effet, les trois pays ont obtenu des notes largement inférieures aux moyennes mondiales. Selon la Banque mondiale, leurs faibles résultats sont la conséquence des méthodes d'enseignement au Maghreb : l'apprentissage par coeur plutôt que l'analyse des problèmes à l'application des savoirs. On y ajoutera aussi la complexité liée à l'apprentissage de l'arabe classique qui est la langue de l'enseignement cependant différente de la langue parlée, à quoi s'ajoute la pratique des langues locales du monde berbère.

L'étude de la BAfD montre également que le système éducatif des pays du Maghreb n'a pas produit le personnel ayant les compétences et la formation exigées par le marché de l'emploi . « Dans l'ensemble des trois pays, il existe un excédent d'étudiants de l'université qui se spécialisent dans les « matières non techniques » et un déficit d'ingénieurs, de scientifiques et de techniciens, qui sont les éléments moteurs de la croissance économique dans d'autres régions ».

Tableau n° 64 : Répartition des étudiants de l'université par domaine d'étude, en 2003

Pays

Éducation &

Sciences

humaines

Sciences

sociales

Médecine

Études

scientifiques

& d'ingénierie

Autres

Algérie

16,4

38,2

7,1

18,0

20,2

Maroc

27,6

47,8

3,9

18,3

2,3

Tunisie

22,0

27,0

7,0

31,0

13,0

Chine

22,8

9,4

8,9

46,8

12,1

République de Corée

23,4

20,4

7,3

41,1

7,9

Source : Banque mondiale (2008:21); les chiffres présentés sont des pourcentages

Selon certains experts cités par cette étude,  « la faible propension des étudiants à poursuivre des études techniques à l'université prend sa source dans l'enseignement primaire et secondaire. Premièrement, le programme d'études accorde la priorité à l'enseignement des langues au détriment des mathématiques et de la science. Deuxièmement, le français est la principale langue d'enseignement pour les matières techniques et scientifiques et dans les programmes de formation professionnelle. Il est également la langue dominante dans les affaires. Toutefois, l'arabisation des systèmes éducatifs du Maghreb après les indépendances a entraîné la subordination de l'enseignement en français à l'arabe dans les écoles publiques , si toutefois le français est au programme ».

Ceci explique la forte demande d'enseignement en français dans les pays du Maghreb, et le développement d'une offre du secteur privé, mais cela introduit de fait des discriminations en fonction du niveau de revenu, ces filières étant payantes. Par conséquent, les barrières linguistiques empêchent les étudiants de s'engager dans les filières techniques et limitent leur qualification pour nombre d'emplois du secteur privé.

L'inadéquation des qualifications et les transitions inefficaces de l'école à la vie active ont eu pour effet l'accroissement du chômage des jeunes parallèlement à l'augmentation du niveau d'instruction (voir supra p. 85).


* 186 BAFD - Note économique - Comment lutter contre le chômage des jeunes au Maghreb - 2011 http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Publications/North%20Africa%20ch%C3%B4mage%20Fran%C3%A7ais%20ok_North%20Africa%20Quaterly%20Analytical.pdf

* 187 Les pourcentages d'enfants scolarisés sont représentés par le taux brut de scolarisation (TBS) et le taux net de scolarisation (TNS). Pour un niveau d'éducation donné, le TBS représente le nombre d'enfants scolarisés, quel que soit leur âge, exprimé en pourcentage du groupe d'âge pour ce niveau. Le TBS peut être supérieur à 100% lorsque des élèves plus jeunes ou plus vieux que l'âge officiel pour un niveau d'enseignement donné y sont inscrits. Le TNS est le nombre d'élèves du groupe correspondant officiellement à un niveau d'enseignement donné exprimé comme un pourcentage de cette même population.

* 188 Indice de parité entre les sexes (IPS) est le rapport entre la valeur correspondant au sexe féminin et celle correspondant au sexe masculin pour un indicateur donné. Il permet de mesurer les progrès accomplis sur la voie de la parité entre les sexes en matière de scolarisation et/ou d'opportunités d'apprentissage disponibles aux individus de sexe féminin par comparaison avec les individus de sexe masculin. Il est également révélateur du degré du renforcement du statut de la femme dans la société. Il est calculé en divisant la valeur d'un indicateur donné chez les individus de sexe féminin par la valeur du même indicateur chez les individus de sexe masculin.

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