D. LE TOURISME : UN POTENTIEL IMMENSE

Avec 8 100 km de côtes dont les 2/3 sur la Méditerranée, un taux d'ensoleillement important, y compris en basse saison, et une proximité géographique de l'Europe qui constitue un marché à fort pouvoir d'achat important, les pays du Maghreb disposent d'un potentiel important. En 2010, le Maghreb a accueilli 18 millions de touristes : 9 millions au Maroc, 7 millions en Tunisie, 2 millions en Algérie et la Libye 40 000, générant plus de 9,6 milliards d'euros de recettes (6,7 au Maroc, 2,6 en Tunisie).

Dans les pays comme le Maroc ou la Tunisie qui ont misé de longue date sur le tourisme pour développer leur économie et équilibrer leur balance des paiements, le secteur représente environ 7% du PIB et 400 000 emplois directs.

En revanche, l'Algérie comme la Libye n'ont pas été en mesure de développer ce secteur d'activité pour des raisons politiques.

Ce potentiel n'a pas pour autant atteint l'apogée de son développement. L'Organisation mondiale du tourisme 193 ( * ) estime que le nombre de touristes pourraient atteindre 31 millions en 2020 et 46 en 2030, la part de marché de l'Afrique du nord dans le tourisme mondial passant de 2 à 2,5%.

- Le tourisme balnéaire peut encore être développé par une montée en gamme dans les pays ouverts comme le Maroc et la Tunisie, et par une ouverture et la création d'infrastructures dans des pays comme l'Algérie et la Libye.

- Une offre culturelle peut être proposée, voire associée à ce tourisme balnéaire reposant sur un patrimoine exceptionnel (sites antiques notamment, mais aussi architecture arabe ou ottomane), des évènements (festivals), des sites naturels (comme le désert), la possibilité de pratiquer des sports de plein air (sports nautiques, golf...).

- La diversification de la clientèle peut être poursuivie en direction de l'Europe de l'Est, de la Russie et des pays du Moyen-Orient.

Carte n° 68 : Architecture arabe

Source : cepolina.com

Chacun des pays s'est lancé dans des plans de développement pour conquérir ces nouveaux marchés.

Reste toutefois :

• à veiller à ce que cette concurrence acharnée entre les pays du Maghreb ne conduise pas à des surcapacités inutiles et coûteuses, et à maîtriser cette évolution en terme écologique.

• à assurer la stabilité politique et la sécurité qui sont les conditions sine qua none pour accueillir une clientèle touristique.

• à conduire ce développement tout en préservant l'environnement.

• à fidéliser la clientèle sur un marché très concurrentiel.

1. Au Maroc, le secteur du tourisme est déjà très développé

Le secteur du tourisme a enregistré une forte croissance et se situe à la première place dans le Maghreb :

- le nombre d'arrivées a plus que doublé entre 2001 et 2012 passant de 4 380 000 à 9 375 000 (5 millions si l'on met à part les Marocains résidant à l'étranger, dont plus des 4/5 en provenance de l'Union européenne 194 ( * ) ),

- le nombre de nuitées est passé de 11,3 à 17,5 millions,

- les investissements ont été multipliés par près de 10 passant de 1,5 à 14 milliards de dirhams,

- il représente la troisième source de devises du pays et 7,5% du PIB,

- la part du secteur touristique dans les revenus des investissements directs étrangers (IDE) a atteint 17% durant la période 2003-2010,

- le tourisme occupe la deuxième place en matière de création d'emploi (470 000 postes directs à fin 2011),

- il reste très concentré sur deux destinations phares : Marrakech et Agadir réalisent à elles seules 62% des nuitées.

Au moment où l'instabilité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ont éloigné les touristes de la région, le Maroc reste une destination touristique attractive pour de nombreux visiteurs et garde la confiance des tour-opérateurs.

Malgré cette croissance rapide, le Maroc continue à faire du tourisme l'un des moteurs de son développement économique, social et culturel.

La Vision stratégique 2020

Dans ce cadre de la Vision stratégique 2020, le Maroc a pour objectif de doubler sa capacité d'accueil par la construction de nouveaux établissements hôteliers et des centres d'estivage à même de créer 200 000 lits touristiques supplémentaires afin d'attirer annuellement 20 millions de touristes, se hissant ainsi dans les vingt premières destinations touristiques mondiales. Il escompte ainsi générer 10 milliards de dollars de recettes supplémentaires.

Tout en poursuivant un positionnement offensif sur le balnéaire 195 ( * ) , il entend devenir également un modèle de durabilité dans la région de la Méditerranée en associant davantage les territoires au développement du secteur 196 ( * ) et en diversifiant son offre (enrichissement de l'offre culturelle par la création de festivals, création d'une offre « nature », sauvegarde du patrimoine, nouvelles destinations...).

Cette stratégie s'appuie sur la politique de libéralisation du transport aérien du Maroc ainsi que sur sa stratégie offensive visant les marchés émergents en parallèle à sa présence continuellement solide dans les marchés traditionnels.

2. En Tunisie, le tourisme, pilier de l'économie nationale

Il contribue, à raison de 7%, au PIB, génère entre 18 et 20% de recettes en devises par an et couvre environ la moitié du déficit commercial. Il est également pourvoyeur de quelque 400 000 emplois directs. Il compte désormais une capacité globale de plus de 241 000 lits. Il contribue également au dynamisme d'autres secteurs économiques, tels que le transport, l'artisanat, le commerce, la restauration, les services...

Sa clientèle est principalement maghrébine (Libyens et Algériens) et européenne.

En 2012, environ un tiers des 6 millions d'entrées de non-résidents proviennent de l'Union européenne : France (17%), Allemagne (7%) et Royaume-Uni (5%). Il faut noter la domination des Libyens (32%) et d'un fort contingent d'Algériens (15%). Elle s'élargit de plus en plus vers l'Europe de l'Est (Pologne, Russie) et les pays arabes qui compensent partiellement la baisse d'entrées européennes. La France demeure le 1 er pourvoyeur de touristes hors Maghreb. En dépit d'une moindre attraction du marché, les touristes français représentent encore 1/9 des touristes accueillis par la Tunisie (1 M de personnes, contre 1,3 M avant la Révolution). L'année 2012 a été une année de reprise (+22%) après la forte baisse de 2011. L'année 2013 s'avère décevante en raison de la situation politique.

La particularité du secteur hôtelier était de fonctionner avec un tourisme de masse, presque exclusivement ouest-européen (Français, Allemands, Italiens, Britanniques), ciblé sur une clientèle de niveau moyen, ayant recours à des forfaits complets, acheminée par avion et hébergée dans des hôtels de gamme moyenne à haute (30%). Toutefois, la clientèle maghrébine fréquente peu les hôtels préférant le système de la location chez l'habitant.

Très concentré sur le tourisme balnéaire avec des séjours proposés à des coûts relativement faibles, commercialisés par les tour-opérateurs internationaux, le tourisme tunisien dispose d'un potentiel important en diversifiant son offre et en améliorant la qualité des prestations pour conquérir un nouveau profil de touristes au pouvoir d'achat plus élevé.

Les nouvelles orientations

Les acteurs du tourisme souhaitent proposer le développement de la thalassothérapie, la plaisance, le golf, la culture ou l'écotourisme et le développement des gîtes ruraux dans l'intérieur du pays. Le Fonds pour l'Environnement mondial (FEM) a d'ailleurs récemment accordé à la Tunisie un don de plus de 4 millions de dinars pour soutenir le tourisme écologique dans le sud saharien.

Les autorités tunisiennes sont déterminées à atteindre l'objectif de 10 millions de touristes d'ici à 2016.

La Tunisie essaie de redéployer son offre par la création de nouvelles zones touristiques sur 2 700 ha pour atteindre 275 000 lits, sans compter les grands projets émanant des investisseurs du Golfe.

Le tourisme intérieur ne représente que 7% du taux d'occupation des hôtels en Tunisie, un chiffre que le ministère du Tourisme envisage de faire passer à 15% dans les années à venir.

3. L'Algérie a peu développé ses infrastructures

On compte moins de 2,6 millions d'arrivées en 2012 (dont 1,6 million d'Algériens résidant à l'étranger), et un peu moins de 1 million d'étrangers dont 700 000 touristes essentiellement en provenance de Tunisie (530 000), de France (120 000), d'Espagne et d'Italie.

Le secteur réalise 6,640 millions de nuitées et emploie 420 000 personnes pour une capacité de 96 500 lits. Il représente 2,4% du PIB. Il apporte 430 millions de dollars à l'économie algérienne.

L'Algérie s'est donné pour objectif de combler ce retard.

Le secteur du tourisme algérien a un potentiel important grâce à ses plages méditerranéennes, au parc national de Djurdjura, son patrimoine culturel et historique.

Il s'agit toutefois d'un pari risqué compte tenu du retard des équipements touristiques et de la concurrence des pays voisins.

Le projet Horizon 2025

Ce projet prévoit une nouvelle dynamique d'accueil et de la gestion du tourisme en Algérie qui est présenté comme une économie alternative et, à terme, de substitution aux hydrocarbures.

L'Algérie table sur 11 millions de touristes à l'horizon 2025 .

Les pouvoirs publics ont décidé de consacrer 720 millions de dollars pour moderniser les hôtels, les spas et les bains thermaux. La capacité actuelle en lits hôteliers est de 95.000 et le programme en cours mené par le secteur privé consiste à accroître ce potentiel de 80.000.

Cette décision, arrêtée en mai 2012, procède de la volonté de mener à bien un vaste schéma directeur d'aménagement touristique, inséré dans le Schéma national d'aménagement du territoire 2025, en valorisant le potentiel naturel, culturel et historique et afin de hisser l'Algérie au rang de destination d'excellence. Il donne, pour chacune des parties du territoire national, les orientations stratégiques pour l'aménagement touristique dans le cadre d`un développement durable.

4. La Libye est en retrait

Dans le domaine touristique , la Libye dispose d'un immense potentiel, non seulement les sites archéologiques, mais aussi le désert et 2 000 km de côtes. La Libye comptait investir près de 19 milliards d'euros dans le secteur touristique à l'horizon 2015. Actuellement, la situation politique et sécuritaire ne permet pas de réaliser cet objectif.

5. La Mauritanie : un potentiel à exploiter

Avec ses plages, le désert, les oasis, les deux parcs naturels (le Banc d'Arguin et le Parc de Diawling) classés par l'Unesco au patrimoine mondial de l'Humanité et des vestiges historiques, la Mauritanie dispose d'un potentiel touristique. En 2012, la seule ville d'Atar a connu la visite de plus de 12 000 touristes venues par vols directs en provenance de Paris.

Le gouvernement s'attelle à en faire un pilier de l'économie nationale en éliminant les lacunes enregistrées au niveau des textes, en organisant le secteur, en favorisant la formation des personnels et en élaborant un plan stratégique de développement couvrant une période de 10 ans.

Toutefois, la situation sécuritaire avec le développement du terrorisme dans la zone saharo-sahélienne constitue actuellement un frein considérable.


* 193 OMT, Faits saillants du tourisme, édition 2013

* 194 France : 1,769 million, Espagne : 0,731, Allemagne : 0,199, Royaume-Uni : 0,357, Belgique : 0,255, Italie 0,196

* 195 Le Maroc a réceptionné en 2012, 6 nouvelles zones touristiques balnéaires sur 3000 ha et continue de déployer son programme d'équipement de ses côtes en stations balnéaires par des investissements soutenus en particuliers des pays du Golfe.

* 196 Huit territoires ont été identifiés pour développer des projets : http://www.smit.gov.ma/le-maroc/cadre-de-l-action-strategique

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