C. LA PAUVRETÉ COÛTE CHER À LA SOCIÉTÉ

1. Un difficile exercice d'estimation

Le coût total de la pauvreté est plus élevé que ne le pense un grand nombre de personnes. Si le coût direct de la pauvreté est mesurable, qu'il s'agisse du montant des aides sociales ou des différentes politiques mises en place pour lutter contre le phénomène, son coût indirect est bien difficile à quantifier : manque à gagner sur la consommation, moindres recettes fiscales, conséquences de la pauvreté sur la santé, voilà autant d'éléments qui montrent que, en ne réglant pas les problèmes de pauvreté à la source, la collectivité dépense beaucoup d'argent à la mauvaise place.

2. L'exemple canadien

C'est au Canada que l'évaluation du coût indirect de la pauvreté a fait l'objet de travaux suffisamment précis pour pouvoir en mesurer la portée. Dans un rapport datant de 2011 97 ( * ) , le Conseil national du bien-être social canadien estime que les conséquences de la pauvreté coûtent annuellement 25 milliards de dollars, alors qu'il n'en faudrait que la moitié pour que tous les Canadiens puissent vivre au-dessus du seuil de la pauvreté . L'office canadien en conclut que le fait d'investir dans l'élimination de la pauvreté engendre moins de coûts que de la laisser persister.

L'organisme cite comme exemple les coûts élevés associés à l'itinérance : refuges, banques alimentaires, soins de santé, services policiers, frais juridiques. À Calgary, une place dans un refuge pour itinérants coûte annuellement 42 000 dollars au gouvernement et l'hébergement en prison ou en hôpital psychiatrique s'élève à 120 000 dollars par personne. Or il ne faut que 15 000 dollars par an pour subventionner une place dans un logement supervisé et la moitié pour un logement à prix modique. Le Conseil national relève que, pour une personne incapable de payer une amende de 150 dollars, les frais d'incarcération s'élèvent à 1 400 dollars.

Par ailleurs, les familles qui ne peuvent se payer des médicaments se rendent plus souvent aux urgences, l'un des services de santé les plus onéreux.

Plus prosaïquement, les personnes en situation de pauvreté contribuent aussi moins à l'économie. Un individu dans l'incapacité de se loger ou de manger à sa faim doit dépenser beaucoup d'énergie simplement pour survivre. Il lui est plus difficile de chercher un emploi, de reprendre des études ou d'entreprendre une formation pour améliorer sa situation.


* 97 Le sens des sous pour résoudre la pauvreté - Automne 2011.

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