ANNEXE I - LES STRATÉGIES INDUSTRIELLES DES AUTRES ÉTATS176 ( * )

I. CHINE

LA POLITIQUE SECTORIELLE CHINOISE

D'un point de vue sectoriel, les politiques mises en oeuvre par le gouvernement chinois semblent relativement exhaustives : pas moins de 10 secteurs (et 23 sous-secteurs) sont cités dans le plan « China Manufacturing 2025 » (TIC, Robotique, Aéronautique, Équipement naval et maritime, Équipement ferroviaire, Automobile, Électricité, Matériel agricole, Nouveaux matériaux, Médecine). Au-delà de la maîtrise par la Chine d'un certain nombre de technologies fondamentales, le plan vise à faire du pays une puissance industrielle majeure, avec des objectifs précis de parts de marché en Chine et à l'international d'ici 2025 pour les produits de propriété intellectuelle chinoise dans certains domaines, dont en particulier les TIC.

Le 13 e plan quinquennal réaffirme les objectifs nationaux de montée en gamme du tissu industriel et de soutien massif à l'innovation , en mentionnant le rôle d'appui que doit jouer l'immense marché intérieur chinois . Le plan insiste en particulier sur le lien entre le renforcement des liens entre monde académique et monde de l'entreprise. Les fonds publics alloués à la recherche devront être davantage tournés « vers l'innovation » et ses résultats concrets ; les universités et les centres de recherche jouiront de davantage d'autonomie (appels à projets, mise en concurrence). Un système de contrôle et d'audit performant devra par ailleurs être mis en place. Des méthodes nouvelles telles que le crowdsourcing (production participative) et le crowdfunding sont également mentionnées.

La mise en oeuvre et le financement des politiques publiques incombent, au niveau du gouvernement central, à de nombreuses administrations, notamment le ministère de l'industrie et des technologies de l'information (MIIT), le ministère des sciences et des technologies (MOST), la commission nationale pour le développement et la réforme (NDRC, Ministère de la planification) ainsi que les deux grandes académies placées sous l'autorité directe du Conseil des affaires d'État (Académie des sciences et Académie d'ingénierie). Les entreprises et les organismes de recherche souhaitant bénéficier des programmes mis en place par ces administrations peuvent généralement directement candidater auprès de leurs bureaux de représentation au niveau local.

L'État chinois conçoit ainsi de nombreux programmes de grande ampleur correspondant à une stratégie de long terme (plusieurs décennies), suivie au cours des plans quinquennaux successifs . Parmi les grands plans de soutien à l'innovation, représentant des financements accumulés de plusieurs dizaines de milliards d'euros, figurent notamment le programme TORCH du MOST, lancé en 1988 et destiné au développement d'industries de pointe via la création d'incubateurs et de parcs de hautes technologies, ainsi que, davantage dans le champ de la recherche scientifique, le plan 863 visant une dizaine de secteurs de pointe tels que les biotechnologies, le spatial ou les nouveaux matériaux.

Au-delà de ces mesures budgétaires, les moyens financiers très importants alloués à la montée en gamme du tissu productif et du système d'innovation chinois se sont plus récemment orientés vers une logique de partenariat « public-privé », avec la mise en place de nombreux fonds d'investissement dédiés à l'industrie aux niveaux national et local. Parmi les plus emblématiques de ces fonds figurent notamment :

- le Fonds national pour l'industrie des semi-conducteurs (China integrated circuit industry investment fund) : lancé en septembre 2014, capital évalué à 140 Md CNY en juin 2016. Associe notamment Etat (MoF/MIIT), CDB, China Tobacco

- le Fonds national pour la fabrication avancée (China advanced manufacturing industry investment fund) : lancé en juin 2016 avec une dotation initiale de 20 Md CNY. Associe notamment Etat (NDRC/MoF/MIIT), State Development & Investment Corporation, ICBC

- le Fonds pour l'investissement dans l'Internet (China Internet investment fund) : lancé en janvier 2017 avec une dotation initiale de 100 Md CNY. Associe notamment Etat (MoF/Cyberespace administration of China), ICBC, CDB, Agricultural Bank of China

Au-delà du développement de capacités de recherche « endogènes », c'est aussi par des acquisitions massives à l'étranger que se matérialise la montée en puissance technologique de l'industrie chinoise, comme en témoignent plusieurs rachats emblématiques menés en 2016 dans des secteurs de pointe comme la robotique industrielle (achat de l'allemand Kuka par Midea, de l'américain Paslin par Wanfeng) ou la chimie fine (achat du suisse Syngenta par ChemChina).

Plus anciennement, on peut notamment évoquer le rachat en 2005 de la branche ordinateurs personnels d'IBM par Lenovo, qui a consacré l'émergence de ce dernier sur le marché mondial, ou le rachat en 2010 de la filiale véhicules personnels de Volvo par Geely auprès de Ford.

II. CORÉE DU SUD

LA POLITIQUE DÉFINIE PAR LE COMITÉ CORÉEN DE LA 4 ÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE

Présidé par le Président de la République de Corée, un comité d'État, le Comité de la 4ème révolution industrielle, visant à moderniser la structure industrielle du pays a été créé le 26 septembre 2017. Composé d'une trentaine de hauts responsables politiques et d'hommes d'affaires, il a publié le 30 novembre 2017 un plan d'action concernant 12 secteurs .

Cette politique d'innovation industrielle s'articule autour de quatre grands axes :

- mettre en place une régulation plus souple, favorable aux nouvelles industries et aux investissements ;

- développer des dispositifs de soutien basés sur la performance pour promouvoir la R&D dans les secteurs innovants ;

- établir une plateforme commune permettant la convergence des données ;

- créer une demande publique initiale pour favoriser l'émergence d'un marché sur ces nouvelles industries.

Le comité a défini un plan d'action reposant sur des innovations, d'une part, s'appuyant sur l'intelligence artificielle (IA) dans les domaines du médical, de l'industrie, de la mobilité, de l'énergie, des finances et de la logistique, ainsi que de l'agriculture et, d'autre part, dédiées à l'amélioration de la qualité de vie dans les domaines de la construction et de l'urbanisme, des transports, du bien-être, de l'environnement, de la sécurité et de la défense nationale.

III. JAPON

LA STRATÉGIE JAPONAISE EN MATIÈRE INDUSTRIELLE

Pour répondre à ces enjeux, le gouvernement a pris de nombreuses mesures.

- L' Industrial Competitiveness Enhancement Act

Adopté en 2013, l'Industrial Competitiveness Enhancement Act vise à :

- inciter les entreprises à engager des restructurations positives : des avantages fiscaux sont accordés à toute entreprise ayant un projet de restructuration pouvant permettre une augmentation de la productivité ;

- supprimer les « zones grises » des réglementations, notamment celles concernant les entreprises qui développent des produits/services innovants. En décembre 2017, plus de 120 zones grises avaient été supprimées ;

- inciter les investissements en capitaux, via des avantages fiscaux, et ce afin d'améliorer la productivité, encourager les PME... ;

- inciter les grandes entreprises à investir dans les start-up, là encore au moyen d'avantages fiscaux ;

- développer l'appui aux start-up et PME.

- L'initiative « Connected Industries »

L'initiative Connected Industries, menée par le ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie japonais (METI), a pour objectif non seulement de moderniser l'industrie mais également de faciliter et encourager le partage et l'utilisation généralisés des données grâce à la digitalisation des procédés industriels. Elle vise également à répondre aux grands enjeux sociétaux auquel le Japon fait face aujourd'hui (affaiblissement de la compétitivité industrielle, baisse du taux de natalité, vieillissement de la population, restrictions énergétiques et environnementales...) en transformant la société japonaise pour en faire une « Société 5.0 ».

À cette fin, le gouvernement japonais entend favoriser la production et la commercialisation de produits et services utilisant les nouvelles technologies (intelligence artificielle, Big data et Internet des objets) dans cinq secteurs prioritaires : la conduite autonome et les services à la mobilité ; l'industrie manufacturière et la robotique ; la sécurité des infrastructures et usines ; le Smart Life ; les biotechnologies et matériaux. Les mesures sont à la fois sectorielles (smart manufacturing, ITS, robots et drones, biotechnologies et soins médicaux) et transversales (utilisation de données, formation et augmentation du nombre d'experts en IT, cybersécurité, IA et propriété intellectuelle et standardisation).

Pour financer cette initiative, d'une part, les ministères en charge, dont le METI, disposeront, pour l'année comptable 2018, d'environ 78 Md JPY (568 M€), auxquels s'ajoutent 3,5 Md JPY (26,4 M€) pour le développement de technologies IoT/Big Data/AI permettant de répondre aux enjeux de productivité, et 13,4 Md JPY (101 M€) pour le développement de la recherche sur les technologies du futur. En 2017, la NEDO ( New Energy and Industrial Technology Development Organization ), agence de financement du METI, a par ailleurs investi respectivement 99,1 M$ et 29,1 M$ dans des projets nationaux liés au développement de la robotique et des nouvelles technologies de fabrication. Elle prévoit également, à partir de mars 2018, d'accorder des subventions à des entreprises innovantes qui concluent des partenariats pour développer des systèmes d'IA applicables à l'industrie.

D'autre part, pour stimuler le partage de données entre entreprises japonaises et encourager la coopération industrielle, le METI et le MIC prévoient d'accorder le statut de « big-data banks » aux entreprises qui travaillent sur des opérations avancées de partage de données, tout en les rendant éligibles à des allégements fiscaux. Le METI et l'ITAC ont également publié, en mai 2017, un document intitulé « Contract Guidelines on Data Utilization Rights » qui sert de référence sur les questions juridiques que soulève l'utilisation des données entre entreprises.

Le secteur privé participe de lui-même à la réalisation de cette stratégie. Des échanges réguliers sont organisés entre les acteurs de l'industrie japonais et avec le gouvernement. En outre, près de 200 « use cases » sont répertoriés par la Robot Revolution Initiative (124 pour des grandes entreprises, 64 pour des PME et 14 pour des microentreprises). À titre d'exemple, Fujitsu a mis en place une plateforme digitale de partage de données industrielles, notamment entre entreprises au sein d'une même chaîne de production (appelée COLMINA). En outre, Hitachi, Fanuc et une start-up spécialisée en Intelligence Artificielle vont créer une joint-venture pour développer les systèmes manufacturiers qui combinent l'intelligence artificielle et les technologies informatiques de pointe32.

Dès son lancement, l'initiative « Connected Industries » s'inscrivait dans un contexte international, puisqu'elle était directement inspirée des modèles allemand (Industrie 4.0) et français (Industrie du Futur). La coopération internationale, notamment le renforcement du dialogue UE-Japon sur l'économie des données, est donc perçue comme un axe majeur pour le gouvernement japonais afin de mener à bien sa révolution industrielle.

À cet égard, en janvier 2017, lors du Comité de coopération industrielle France/Japon entre la DGE et le METI, les deux pays se sont engagés à renforcer leur coopération sur les sujets IoT/Industrie du Futur en créant un groupe de travail dédié. Ce groupe de travail a permis de mieux faire connaître « l'Alliance du futur » et les synergies possibles entre la stratégie française et « Connected industries ». Il a, en outre, conduit au lancement, en 2017, d'un premier appel à projets conjoints visant à faire cofinancer, par Bpifrance et la NEDO, des partenariats technologiques entre PME françaises et japonaises liés à l'industrie du Futur et l'IoT. Le second appel à projets a été lancé en février 2018 avec pour objectif le cofinancement de 2 à 3 projets.

- L' Open Innovation et la coopération industrie-gouvernement-monde académique

Les nouvelles technologies telles que l'IoT, l'Intelligence artificielle, les Big Data, la robotique, la santé, le smart living ou les énergies nouvelles sont autant de secteurs prioritaires pour lesquels le gouvernement souhaite encourager l'open-innovation. À titre d'exemple, pour la première fois en 2016, le METI a prévu une ligne budgétaire pour les projets d'open innovation liés au développement de l'IoT (environ 3,3 Md JPY en 2016). Egalement en 2016, un livre blanc a été publié par la NEDO et le Japan Open Innovation Council, dans lequel il est fait état des insuffisances des politiques d'open innovation au Japon et qui propose certaines évolutions.

Le gouvernement et les entreprises ont décidé d'encourager les relations entre le secteur privé et académique. Depuis 2008, le METI incite à l'établissement de centres de recherche (plus de 30 centres à ce jour) rassemblant des représentants du gouvernement et des secteurs privés et universitaires.

Plus récemment, en novembre 2016, ont été adoptées des guidelines visant à tripler les investissements privés dans les universités et les centres de recherche nationaux d'ici à 2025. Le Keidanren , organisation patronale japonaise, a également publié un rapport en février 2017 fixant plusieurs priorités pour renforcer la recherche collaborative : un meilleur management des universités, une meilleure transparence des dépenses des projets conjoints, le respect de la propriété intellectuelle, la protection des secrets d'affaires, les échanges de personnels entre entreprises, universités et gouvernement.

D'autre part, des avantages fiscaux ont été mis en place pour les entreprises qui s'engagent dans des projets conjoints de R&D avec des universités ou des instituts de recherche : les crédits d'impôts sont passés de 12 % en 2014 à 30 % en 201534.

Conséquence des mesures prises depuis plusieurs années, le nombre de projets conjoints a été multiplié par 2,6 entre 2003 et 2014 et est passé de 14 700 à 19 000 entre 2009 et 2014. Les montants engagés ont également augmenté passant de 29,5 Md JPY en 2009 à 41,6 Md JPY en 2014.

De grands groupes comme Fujifilm, Sony, Sumitomo Mitsui, Hitachi Chemical ont lancé des open innovation lab , centres ouverts à tout acteur extérieur qui souhaite présenter une innovation et cherche un soutien. Néanmoins, la grande majorité des entreprises japonaises privilégient principalement le soutien aux start-up et les fonds d'investissement dédiés. Softbank a lancé un programme en 2015, visant à sélectionner des start-up prometteuses et les accompagner dans leur développement. Mitsubishi Heavy a ouvert un nouveau centre de R&D en avril 2017 afin d'attirer de nouveaux chercheurs talentueux. Plusieurs entreprises ont mis en place des Corporate Venture Capital (CVC), dont Softbank (Softbank Vision Fund - 100 Md USD), KDDI (80 M EUR), NTT Docomo (280 M EUR) ou encore Fujitsu (40 M EUR). On constate ainsi une augmentation du montant global des investissements dans les start-up (de 63 Md JPY en 2012 à 210 Md JPY en 2016) ainsi que du montant moyen consacré à un investissement dans une start-up (en moyenne de 20 M JPY en 2013 à 108,2 M JPY en 2016).

- La promotion des start-up japonaises

Le gouvernement japonais a fait de l'appui aux start-up et du développement des technologies de rupture une priorité. Plusieurs programmes ont été lancés sous le label « Venture Challenge 2020 » avec comme priorités : la formation de futurs entrepreneurs, le soutien financier à la création de start-up et la mise en place d'un cadre favorable au développement des start-up.

Le soutien de projets R&D constitue un axe phare de cette politique et ce afin d'encourager la création de start-up issues d'universités et les coopérations industrie/université.

Des agences publiques ou semi-publiques, telles que la NEDO, l'INCJ, la SMRJ, la JST, proposent par ailleurs des aides financières et logistiques à la création de start-up ou des soutiens à des projets de R&D innovants. La NEDO a ainsi mis en place trois programmes de soutien aux start-up et à l'innovation : STS, SUI, SIP12. L'INCJ réalise, quant à elle, des investissements en capital-risque dans les start-up, en particulier en phase initiale (ces derniers représentent près de 80 % de l'ensemble de ses investissements). Le nombre de projets en capital-risque a ainsi plus que quadruplé entre 2011 et 2016. La SMRJ, de son côté, met, à disposition des start-up, des structures d'incubation, des experts, des financements (via son « Venture Fund Program ») et organise des événements de « business matching ». Enfin, le MEXT, via la JST (budget de 119,2 M JPY en 2017), a lui aussi engagé des programmes de formations et de soutien financiers aux chercheurs.

Enfin, le gouvernement encourage les start-up étrangères à venir s'installer au Japon. Pour l'année 2017, le METI a rajouté une ligne budgétaire dédiée au « Global Open Innovation Hub », qui a pour but d'attirer les entreprises et les talents étrangers au Japon afin qu'elles y développent de nouvelles technologies (1,3 Md JPY). Si le gouvernement semble pour l'instant viser les entreprises de la Sillicon Valley, les pays de l'ASEAN, Israël et l'Estonie ont également été identifiées comme des terres de start-up innovantes. En outre, à la suite de l'Année de l'Innovation franco- japonaise en 2015-2016 et du CES de Las Vegas en 2017 et 2018, l'Ambassade de France au Japon a constaté plusieurs marques d'intérêt de la part des autorités japonaises vis-vis des start-up françaises. Le METI devrait par ailleurs mettre en place cette année un « Start-up Visa » national, sur le modèle du French Tech Visa, qui aura pour objet : l'appui aux start-up japonaises prometteuses, la mise en relation des start-up avec les grands groupes et autres organismes d'appui, encourager les start-up japonaises à se développer à l'étranger et attirer les start-up étrangères sur le sol japonais.

IV. ROYAUME-UNI

LES QUATRE DÉFIS TECHNOLOGIQUES DU LIVRE BLANC BRITANNIQUE POUR L'INDUSTRIE

- L'intelligence artificielle

En matière d'IA, le gouvernement britannique reprend dans sa stratégie industrielle plusieurs mesures déjà annoncées lors du projet de loi de finances 2018-19. Le gouvernement créera ainsi un fonds doté de 10 M£ pour encourager l'innovation au sein des différents régulateurs britanniques. Il investira également 9 M£ dans un nouveau centre chargé de veiller à un développement éthique des innovations dans le domaine de l'IA et des technologies axées sur les données ( Centre for Data Ethics and Innovation ). Sur les cinq années à venir, le gouvernement consacrera 84 M£ pour former 8 000 professeurs en informatique ou encore créer un centre national pour l'informatique ( National Centre for Computing ) chargé notamment de produire des supports de formation. Il travaillera également à un futur programme de formation continue ( National Retraining Scheme ) dans lequel il investira au départ 30 M£ pour créer des cours en ligne sur le numérique et 10 M£ pour concevoir des manières flexibles d'apprendre.

Un partenariat entre le gouvernement, l'industrie (CBI) et les employés ( Trade Union Congress ) visera à définir la direction stratégique et l'implantation du projet.

Comme préconisé dans l'étude menée par W. Hall et J. Pesenti, le gouvernement utilisera les concours lancés au travers de l'ISCF pour soutenir le développement d'applications innovantes dans ce secteur. La stratégie industrielle précise que le gouvernement lancera dans ce cadre de nouveaux appels à projet à hauteur de 53 M£ concernant les technologies immersives et les services. Il créera également un Conseil de l'IA formé par des membres de l'industrie chargé de coordonner les initiatives et de promouvoir le développement de ce secteur. La stratégie industrielle précise que ce conseil sera appuyé par une administration spécifique ( Government Office for AI ) qui mettra l'accent sur six secteurs d'application de l'IA : la cybersécurité, les sciences du vivant, la construction, l'industrie, l'énergie et les technologies agricoles. Cette administration travaillera avec le Digital Catapult et le fonds GovTech annoncé le 15 novembre 2017. L'Alan Turing Institute , joint-venture entre 5 universités (Cambridge, Edimbourg, Oxford, UCL, Warwick) et le conseil de recherche EPSRC deviendra un institut national pour l'IA. Le gouvernement investira 45 M£ pour augmenter d'au moins 200 le nombre de contrats doctoraux en IA d'ici 2020-21 et soutiendra la création de masters financés par l'industrie.

- La croissance verte

Dans la continuité de la stratégie pour la Croissance verte à 2030 rendue publique le 12 octobre dernier, la Stratégie industrielle retient le champ de l'économie verte comme l'un des relais de la croissance britannique, complété par la mobilité électrique objet d'un défi spécifique. Aucune annonce nouvelle n'est réalisée pour l'économie verte. Les financements sont ceux du budget 2017/18 présenté le 22 novembre dernier. Et concernant la finance verte, il est rappelé le travail lancé en septembre dernier de la « Green Finance Taskforce » qui s'appuiera désormais sur l'institution britannique de normalisation ( British Standards Institution ) et la City of London pour développer de nouveaux standards.

En revanche, deux stratégies spécifiques à venir sont annoncées concernant l'énergie : d'une part, une stratégie pour le développement des « systèmes locaux intelligents d'énergie » ( Prospering from the energy revolution program ), pour l'électricité mais également la chaleur et les transports ; d'autre part, un programme Transforming Construction dans le secteur de la construction pour intégrer l'efficacité énergétique. Également, une stratégie pour le secteur agricole sera mise en oeuvre en intégrant des considérations énergie-climat ( Transforming food production : from farm to fork ). Et la « bio-économie » (utilisation de ressources naturelles pour la production de matériaux ou d'énergie) est particulièrement citée mais sans annonce particulière.

Il s'agit également d'aborder au sein de chacun des partenariats sectoriels gouvernement/industrie (« Sectors Deal ») la réduction de la consommation d'énergie et donc la facture des industries électro-intensives. Le gouvernement réaffirme également sa volonté de développer tout en réduisant les coûts du nucléaire civil de nouvelle génération, de l'éolien en mer et de l'hydrogène. Concernant les hydrocarbures, le gouvernement continue de soutenir la production en mer du Nord et maintient son soutien au gaz de schiste tout en rappelant sa volonté de créer un régulateur ( Shale Environmental Regulator ) et d'en réduire les conséquences climatiques par l'association aux technologies de captage/stockage carbone. Les réacteurs nucléaires de faible puissance (Small Modular Reactor) ne sont pas cités.

La stratégie industrielle reprend les annonces de la stratégie pour la Croissance verte à 2030 et du Budget 2017. Les seules annonces nouvelles sont :

- le développement de systèmes locaux intelligents d'énergie ( Prospering from the energy revolution program ) ;

- le programme « Transforming Construction », sur l'efficacité énergétique ;

- la stratégie « bio-économie », destinée à promouvoir l'utilisation de matériaux bas carbone pour produire notamment de l'énergie

- La mobilité du futur

Dans la lignée des annonces faites lors du Budget 2017, la stratégie concernant la mobilité du futur insiste sur le déploiement des véhicules électriques. Le gouvernement fonde ainsi sa stratégie sur quatre priorités :

- la création d'un cadre réglementaire flexible pour encourager les nouveaux modes de transports. Cela répond à la volonté affichée par le gouvernement de voir des voitures autonomes sur les routes britanniques d'ici 2021. Toutefois, en dehors de cette annonce, aucune mesure concrète pour les voitures autonomes n'a été annoncée ;

- le développement des voitures à « 0 émission » : cette priorité s'organise autour du cadre introduit autour des derniers mois. Elle s'appuie sur le Faraday Battery Institute créé en octobre 2017 et qui vise à coordonner la R&D sur les batteries électriques. En termes de financement, elle reprend les annonces du Budget 2017 : investissement public-privé de 400 M£ dans les infrastructures de chargement et subventions de 100 M£ pour l'achat de voitures électriques. Enfin, le gouvernement annonce une stratégie à paraître dans les prochains mois sur la transition vers ces voitures à très faible émission ;

- la promotion de nouveaux services de mobilité avec la parution dans les 12 prochains mois d'une stratégie sur le futur de la mobilité urbaine ( Future of Urban Mobility ) ;

- la réflexion sur l'utilisation des données pour accélérer le développement des nouveaux services de mobilité et rendre le système de transport plus efficace.

- Le vieillissement de la population

Ce nouveau défi s'ordonne autour de quatre priorités :

- soutenir de nouveaux produits et services pour les plus âgés afin de répondre à des besoins sociaux et de saisir les opportunités : 2 Md£ de plus de 60 ans d'ici 2050 donc opportunités de marché. Le programme « Healthy Ageing » va être lancé afin de prolonger l'indépendance des personnes âgées ;

- soutenir les secteurs pour qu'ils s'adaptent à une main-d'oeuvre vieillissante en s'appuyant sur la stratégie parue en février 2017, Fuller Working Lives ;

- utiliser les données de santé pour améliorer les diagnostics et les traitements : en accord avec la stratégie de John Bell sur les sciences du vivant, le gouvernement promeut le développement de Digital Innovation Hubs au niveau régional en utilisant les données dans le cadre défini par le National Data Guardian. Un programme ( Data to early diagnostics and precision medicine ) doté de 210 M£ et visant à combiner la richesse des données avec la réalité de la santé pour aider au diagnostic et choisir les meilleurs traitements va être lancé

- aider les soignants à adapter leurs business models : à ce sujet, un livre vert va être publié sur le soin et le soutien en Angleterre.


* 176 Informations fournies par les services économiques de la direction générale du Trésor dans les États concernés.

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