F. COMPTE RENDU DE LA RÉUNION DU 4 JUILLET 2019, SUITE À LA VISITE DE STATION F LE 6 JUIN 2019

Mme Élisabeth Lamure , Présidente de la Délégation aux entreprises . - Mes chers collègues,

Je souhaiterais revenir sur le déplacement de notre Délégation à Station F le 6 juin 2019. Je ne sais pas si vous êtes tous familiers du lieu, qui reste relativement récent, il s'agit d'un « hôtel » de start-ups qui occupe 34 000 m 2 de l'ancienne halle Freyssinet à Paris, un bâtiment ferroviaire des années 20 qui a été racheté et aménagé par Xavier Niel, le créateur de Free.

Je remercie particulièrement nos collègues présentes à cette visite, Dominique Estrosi-Sassone, Anne-Catherine Loisier et bien sûr Pascale Gruny, qui a eu l'initiative de tenir in situ une table ronde sur la transition numérique des PME dans le cadre de son rapport.

Notre délégation a été accueillie par M. Louis Fleuret, Directeur général de la French Tech Central , la French Tech à Station F, qui émane du ministère de l'Économie et des Finances. En effet, si Station F est bien un projet privé, la réussite de ce campus de start-ups tient notamment au fait que sont présents sur place tous les services, autant privés que publics, dont pourraient avoir besoin les entreprises.

Au sein de la zone partenaire dans laquelle est situé l'espace French Tech où nous avons été accueillis, se trouvent donc des partenaires publics, des fonds d'investissement privés français et internationaux, des acteurs privés vendeurs de services aux entreprises (OVH pour le stockage des données sur le cloud , Amazon, Microsoft, Apple...), et également un Fablab qui permet aux start-ups de réaliser des prototypes physiques.

Depuis sa création, Station F s'est hissée au rang de dixième écosystème international pour les start-ups et de deuxième écosystème européen. Le lieu est assez impressionnant de par sa taille, puisqu'il abrite 3 000 postes de travail et près de 1 000 start-ups qui comptent de 2 à 25 personnes dans 31 incubateurs. Ces derniers ont chacun leur spécialité avec, par exemple, des incubateurs autour de l'intelligence artificielle, la cyber sécurité, les médias, la santé ou la mobilité. D'autres sont gérés par des grandes écoles, notamment à destination de leurs anciens diplômés, comme HEC ou les Mines.

Le but de ce campus est d'accompagner ces start-ups dans leur développement, en général jusqu'à des levées de fonds leur permettant d'envisager une montée en puissance plus conséquente, nécessitant des locaux propres et une équipe renforcée. Cet accompagnement permet de faire grossir l'économie de la tech en France et le réservoir d'emplois qu'elle annonce : ainsi aux États-Unis, 50 % des emplois créés le sont dans ce secteur, quand ce taux est seulement de 12 % en France.

M. Marwan Elfitesse, responsable des relations avec les start-ups à Station F, nous a indiqué que l'objectif des équipes de Station F était désormais de se concentrer davantage sur les start-ups en forte croissance pour les aider à franchir un cap. Il s'agit d'encourager la création de « licornes » ( start-ups valorisées à plus d'un milliard de dollars), la création d'entreprise étant devenue moins problématique que par le passé.

Les axes prioritaires de développement des start-ups en France se situeraient donc à quatre niveaux :

• Le premier axe concerne le besoin de talents et de personnes formées aux nouveaux métiers du numérique, ce qui rejoint la problématique plus large de la formation, évoquée par Pascale Gruny dans son rapport. Il faut aujourd'hui aller chercher ces talents à l'étranger. Il s'agit donc également d'accompagner ces mobilités en en simplifiant les modalités, ce que réalise le French Tech Visa , visa simplifié à destination des start-upers et de leurs familles qui arrivent de l'étranger, dont les premiers bénéficiaires commencent à arriver en France ;

• Le deuxième axe est lié aux limites de l'investissement. Ce problème recouvre d'une part, le manque de financement dans le secteur des innovations de ruptures ( Deep tech ) ; d'autre part, des levées de fonds françaises bien inférieures à celles recensées dans des pays comparables. Ainsi, les levées de fonds au-dessus de 20 à 50 millions d'euros sont extrêmement rares au sein de l'écosystème français, alors qu'elles sont la norme dans la Silicon Valley ou dans certains pays européens comme le Royaume Uni ou la Finlande. M. Elfitesse nous a cité l'exemple de Drivy , pépite française de la location de voitures entre particuliers récemment rachetée par Get around , sa concurrente américaine, qui avait pu bénéficier d'importantes levées de fonds aux États-Unis. Pour mémoire, cette difficulté à réaliser des levées de fonds conséquentes en France faisait partie des freins évoqués par notre collègue Olivier Cadic dans son rapport « Pour une France libre d'entreprendre », et explique pour partie le faible nombre de licornes françaises ;

• Le troisième axe concerne la nécessité de faciliter l'accès au marché pour les start-ups en créant plus de liens avec les grands groupes français, mais aussi avec l'État et les collectivités territoriales dans le cadre de leur politique d'achat public ;

• Le quatrième point concerne l'amélioration des relations avec l'administration. En effet, les start-ups , catégorie d'entreprises particulièrement hétérogène, ne sont pas organisées au même titre que les autres types d'entreprises « classiques ». Elles ont par conséquent parfois du mal à relayer leurs besoins, notamment en termes d'évolutions législatives de moyen et long termes, indissociables des changements sociétaux que leurs modèles peuvent apporter. Viennent aisément en tête les exemples de « l'ubérisation » des modèles économiques, des problématiques issues de la vente et de la protection des données ou des nouveautés comme les véhicules (vélos, trottinettes) en libre-service sans station ( free floating ) qui ont envahis nos villes --autant de sujets sur lesquels nous avons ou allons devoir légiférer, et qui sont tous issus du monde de l'innovation.

La présence à Station F de la French Tech répond pour partie à ce dernier impératif. M. Fleuret a décrit le rôle des équipes sur place comme celui de facilitateurs, autant au niveau règlementaire avec la définition de terrains d'expérimentation à destination des start-ups , qu'au niveau de la mise en relation des start-ups entre elles ainsi qu'avec les agences et institutions qui pourraient participer à leur développement. Sont ainsi régulièrement invités des organismes comme Bpifrance ou Pôle emploi dans le cadre d'ateliers proposés au plus grand nombre, mais également des organismes plus spécialisés -comme le Centre National d'Études Spatiales (CNES)- dans le cadre de rencontres plus thématiques.

Cette animation autour des besoins des start-ups est facilitée par leur organisation en incubateurs thématiques. Si nous n'avons pas pu visiter la zone où ces derniers sont situés, certaines jeunes pousses de l'incubateur Moovelab , l'accélérateur du Conseil national des professions de l'automobile (CNPA) sur le thème de la mobilité, sont venus nous présenter en quelques minutes leurs innovations. Nous avons pu ainsi rencontrer notamment les entrepreneurs de quatre start-ups innovantes :

• Antismog , une entreprise qui propose une solution de combustion plus complète du carburant pour réduire les émissions nocives des véhicules ;

• Autorigin , qui permet de lutter contre les vices cachés lors de la vente de véhicules d'occasion à partir de la plaque d'immatriculation du véhicule ;

• Hopways , une solution de covoiturage pour enfants ;

• et Tarot Analytics , qui permet l'optimisation des flottes de livraison grâce au cloud .

Ce déplacement a donc été l'occasion de lever le voile sur le monde des start-ups, qui est encore inconnu du plus grand nombre, mais aussi de discuter de la transformation numérique des petites entreprises lors de notre table ronde avec MM. Louis Fleuret et Gaultier Brand-Gazeau de la French Tech, Pierre Bonis de l'AFNIC, Romain Bonenfant, et Mme Laura Hiel de la Direction générale des entreprises, dont les comptes rendus figureront en annexe du rapport de Pascale Gruny.

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