B. LA DÉCENTRALISATION RÉUSSIE DES CREPS N'A PAS ENCORE PERMIS D'ASSOCIER TOUS LES ACTEURS LOCAUX

1. Des départements insuffisamment associés au fonctionnement des CREPS

Les régions sont les premières concernées par les CREPS depuis les transferts intervenus le 1 er janvier 2016 du foncier et des missions d'accueil, d'hébergement, de restauration et de maintenance. La région Grand Est qui dispose de 3 CREPS a ainsi mené une réflexion stratégique qui a abouti à la signature de conventions d'objectifs en novembre 2018. Mais ces réflexions n'accordent pas une place significative aux autres collectivités présentes sur le territoire national. Cette situation se retrouve au niveau national pour l'ensemble des CREPS qui semblent fonctionner dans une relation limitée à la région et à l'Etat.

Les relations entre les départements et les CREPS apparaissent en particulier réduites. Le département de Saône-et-Loire évoque par exemple « un soutien prévu aux sportifs individuels pouvant fréquenter le CREPS » .

Le département de l'Aveyron indique que ses actions de formation concernent essentiellement les éducateurs sportifs ; or, ces actions relèvent d'un partenariat avec le mouvement sportif au niveau départemental. L'Aveyron n'a donc pas d'interactions avec les CREPS y compris en matière de haute performance et d'aide à la performance .

Le département de Haute-Saône explique qu'il n'interagit pas avec le CREPS car « il n'y a pas de CREPS sur notre territoire 16 ( * ) » . Le département du Haut-Rhin déclare également qu' « il n'existe à ce jour aucune interaction entre les CREPS du Grand Est 17 ( * ) et le département du Haut-Rhin » . Il en est de même pour l'Aube, l'Aveyron, la Creuse, le Lot-et-Garonne et la Somme ainsi que pour la Sarthe laquelle « n'a pas aujourd'hui de relation avec le CREPS des Pays de la Loire (Nantes) ».

Certains départements en zone urbanisée peuvent développer leur propre structure alternative aux CREPS . C'est le cas du Val d'Oise qui est propriétaire d'un équipement structurant, le Centre départemental de Formation et d'Animation Sportives du Val d'Oise (CDFAS). Compte tenu de cet équipement propre « le département interagit modérément avec le CREPS de Chatenay-Malabry (CREPS d'Île-de-France) si ce n'est par le biais d'une convention de partenariat visant à fixer des éléments de « bonne entente » voire de « non concurrence » entre ces deux entités. Le département via le CDFAS satisfait totalement ses propres besoins (comités, sport de haut niveau...) inhérents à l'utilisation du site ».

Les réponses au questionnaire indiquent que les CREPS n'ont pas nécessairement une audience régionale, ils restent liés à leur territoire de résidence, métropolitain ou départemental .

Plus étonnant encore, les coopérations entre un CREPS et son département de rattachement peuvent être également très limitées. Le département du Bas-Rhin indique en effet qu'il « n'a que très peu de contacts avec le CREPS de Strasbourg » . Le département des Hauts-de-Seine est représenté au conseil d'administration du CREPS d'Île-de-France mais cela ne semble pas donner lieu à des actions menées en commun.

A contrario , des coopérations peuvent aussi exister comme dans les Landes où « au titre d'une convention avec le département propriétaire du site, le CREPS Nouvelle Aquitaine dispose d'une antenne (formation BPJEPS) au sein de l'Académie du surf à Soustons » .

Un autre exemple de coopération concerne le département de l'Allier qui va contribuer aux futurs travaux de rénovation des équipements du CREPS Auvergne-Rhône-Alpes/Vichy. Chaque année, le département verse une subvention de fonctionnement au CREPS dans le cadre du financement du centre de formation de la JAVCM (Jeanne d'Arc Vichy - Clermont - Métropole), club de basket-ball évoluant en Pro B.

L'absence de liens entre CREPS et départements n'est donc pas irrémédiable.

2. Des régions dépourvues de CREPS en attente d'une évolution des moyens et des missions

Trois régions - la Bretagne, la Corse et la Normandie - ne disposaient plus de CREPS au moment de la décentralisation opérée en 2015 et n'ont donc pu bénéficier du dynamisme consécutif à la régionalisation de ces structures engagée par la loi NOTRe.

La collectivité de Corse indique que : « le CREPS de Corse, situé à Ajaccio, a fermé ses portes en janvier 2010 à la grande incompréhension des acteurs. Il semblait en effet à l'époque tout à fait étonnant de priver le territoire insulaire d'un service public reconnu par tous les acteurs comme indispensable » . Les collectivités de l'île ont de ce fait créé une régie autonome, le Centre du Sport et de la Jeunesse de Corse. Le CSJC « assume toutes les missions d'un CREPS du réseau national en y apportant une perspective plus large » indique la collectivité de Corse qui souhaite par ailleurs que la structure puisse à nouveau « piloter le haut niveau comme les CREPS le feront ailleurs » .

La région Bretagne rappelle pour sa part que le CREPS a disparu en 2010 pour laisser la place à un Campus organisé sous forme de GIP 18 ( * ) . Le Campus est opérateur dans 4 secteurs : le sport de haut niveau, la formation, la recherche fondamentale et appliquée ainsi qu'un centre de ressources sport-santé, et l'accueil des stages.

Le CREPS d'Houlgate a fermé en 2009 avant de rouvrir en 2010 sous format associatif en tant que Centre sportif de Normandie (CSN) avec la région comme chef de file. La région préside le CSN, est propriétaire du site d'Houlgate, met des personnels à disposition et verse une subvention d'équilibre. La gouvernance a évolué cette année avec la transformation en GIP associant le CROS et l'État. La région souhaite maintenant « faire du CSN un levier opérationnel de sa politique sportive, avec deux objectifs complémentaires : positionner le CSN comme la structure ressource du sport et des territoires normands et renforcer et moderniser le CSN pour en faire un lieu d'excellence du sport en France » .

L'intérêt des départements pour les CREPS dans les régions qui en sont dépourvues est aussi perceptible. Le département de la Manche estime ainsi qu' « il n'y a pas de CREPS dans le département. Le CREPS le plus proche, jusqu'à sa fermeture en 2009, était celui d'Houlgate, devenu aujourd'hui Centre sportif de Normandie. La structure ayant une vocation et un rayonnement régional, le département pourrait intégrer un schéma de gouvernance » . La participation à la gouvernance ne suffit néanmoins pas à garantir les coopérations, le département de la Meurthe-et-Moselle étant représenté au conseil d'administration du CREPS sans qu'il existe de relation particulière avec le département.

L'absence de maillage territorial autour des CREPS comme les lacunes dans la couverture territoriale en métropole comme dans les Outre-mer rendent nécessaire une réflexion stratégique sur le rôle territorial des CREPS et leur partenariat avec l'ensemble des collectivités .


* 16 Le Vaucluse indique également qu'il n'a pas de CREPS sur son territoire et qu'il n'interagit pas avec le CREPS régional. La Vendée n'a pas pour sa part d'interaction avec le CREPS Pays-de-Loire. Le Loir-et-Cher n'a pas non plus de relations avec le CREPS Centre-Val-de-Loire.

* 17 La région Grand Est comprend des CREPS à Strasbourg, Nancy et Reims.

* 18 Le département du Finistère indique pour sa part qu'il n'a pas d'interaction avec le Campus Sport Bretagne.

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