III. LA PROTECTION DU CENTRE SPATIAL GUYANAIS DE KOUROU, UNE MISSION EXIGEANTE

La première mission des forces armées en Guyane est de protéger Kourou . En 1964, le gouvernement français a décidé de se doter d'un centre de lancement d'engins spatiaux pour succéder à la base d'Hammaguir dans le Sud algérien. Le choix s'est porté sur la région de Kourou, en raison de sa proximité avec l'équateur, favorable pour les lancements vers l'Est des satellites géostationnaires, d'une vaste zone de savanes peu habitées, de conditions météorologiques favorables et d'une façade maritime largement ouverte sur l'Océan Atlantique, permettant de réaliser des lancements sur toutes les inclinaisons.

Le Centre national d'études spatiales (CNES) s'est vu confier la construction de l'ensemble du Centre Spatial Guyanais (CSG) ainsi que des principales infrastructures nécessaires au soutien de l'activité spatiale (logements, réseaux, installations portuaires, hôpital), transformant le bourg de Kourou en une ville de plusieurs milliers d'habitants. Le CSG s'étend sur 700 km², soit 1 % de la superficie de la Guyane et 40 km de bande côtière. Dès 1968, un premier lancement de fusée-sonde y était effectué et en 1970, le premier lancement de satellites avait lieu avec un lanceur Diamant.

La contribution des armées à la sécurisation du site de Kourou remonte au premier lancement de la fusée Ariane 1, le 24 décembre 1979. Cette contribution est dénommée « opération TITAN » depuis 2008 3 ( * ) . Kourou est le « port spatial » de l'Europe et constitue par conséquent un site stratégique . L'opération TITAN rythme la cadence opérationnelle des forces armées en Guyane : il s'agit de contrôler 700 km 2 , 60 jours par an, dans les trois dimensions. En 2019, le CSG a procédé au lancement de 9 fusées. La cadence de déploiement va augmenter avec Ariane 6.

En 2019, les FAG ont engagé en permanence 25 hommes/jour dans les trois milieux terrestre, aérien et maritime. Selon le calendrier des transferts et des lancements de fusée, les forces armées déploient en supplément environ 250 hommes pendant en moyenne 32 jours par an. La protection terrestre du site est principalement assurée par les légionnaires du 3 e REI. Depuis octobre 2011 et la nette augmentation de la zone de protection terrestre liée au premier vol du lanceur russe Soyouz depuis la Guyane, le 9 e RIMa contribue également à la protection du site. La marine intervient à chaque lancement dans le cadre d'une zone maritime d'exclusion, surveillée à la fois par une vedette côtière de surveillance maritime et un patrouilleur léger guyanais. Pour le volet aérien, les deux radars du centre de contrôle militaire assurent en permanence la surveillance du ciel, de manière à garantir la sécurité aérienne du centre spatial. La bulle de protection aérienne militaire doit permettre de faire face à tous types de menaces en interceptant, en déroutant, voire en neutralisant un appareil intrus.

Les déploiements TITAN sont un impératif prioritaire . L'engagement sur les autres missions dépend de TITAN. En fonction du niveau de menace et de la criticité de la charge utile, des renforts extérieurs venant de métropole peuvent être demandés, par exemple le déploiement de capacités de surveillance aérienne, de police de l'air (Rafale), de ravitaillement (C135, MRTT) et d'avions Awacs. Le dernier déploiement de cette sorte a eu lieu en 2018. En revanche, la responsabilité de la lutte anti-drones a été attribuée par délégation aux forces de sécurité intérieures (la gendarmerie). Le coût annuel est de 37 millions d'euros.


* 3 En référence au plus gros coléoptère du monde, emblématique de la Guyane.

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