B. POURQUOI S'EN PRÉOCCUPER ?

1. Un enjeu de politique culturelle

Comme le PCI ne repose pas sur des éléments tangibles mais est constitué de traditions et d'expressions qui doivent être sans cesse pratiquées et recréées par des groupes humains, il est, par essence, un patrimoine particulièrement fragile . Les différents éléments du PCI peuvent mourir ou disparaître s'ils ne sont pas transmis de génération en génération .

Le PCI a longtemps été absent des politiques du patrimoine , celles-ci se concentrant exclusivement sur la protection des monuments et des collections d'objets. Or, le patrimoine ne se limite pas à ces seuls biens et inclut également des éléments immatériels. Le PCI est le reflet du caractère vivace d'une culture .

Le PCI, qui renvoie autant à des pratiques et des traditions populaires que des savoir-faire, donne à voir une image plus large et moins élitiste de la culture que celle traditionnellement soutenue par les politiques culturelles. Son intégration dans le champ des politiques culturelles constitue un moyen de reconnaître l'égalité de toutes les cultures , de redonner leurs lettres de noblesse à des pratiques populaires longtemps marginalisées, déconsidérées voire interdites 1 ( * ) , et de faire progressivement évoluer le regard porté sur la culture populaire.

Les éléments ultra-marins de PCI inscrits à l'inventaire national

GUADELOUPE

MARTINIQUE

- le gwoka (2012)

- le bouladjel (2013)

- le carnaval en kabwet à Marie-Galante (2014)

- la yole ronde
de la Martinique (2017)

GUYANE

LA RÉUNION

- le rituel du maraké (2011)

- les traditions aluku des musiques dansées et de parler en musique (2017)

- le carnaval de Guyane avec le Touloulou du bal paré-masqué (2017)

- le tembe, sculpture sur bois koti tembe , et peinture sur bois ou toile ferfi tembe (2020)

- le maloya (2009)

- le rakontaz zistoir (2017)

- la vannerie du vacoa (2017)

- les savoir-faire et la pratique des simples (2018)

- le séga de l'île de la Réunion (2020)

MAYOTTE

POLYNÉSIE FRANÇAISE

Aucun élément inscrit

Projet en cours pour inclure à l'inventaire « Les danses rituelles de Mayotte : le mbiwi, le chigoma et le maulida » (appel à projet 2019)

Ile de Tahiti

- le `Ori, pratique artistique, sociale et culturelle de Tahiti et des îles de la Société (2017)

- le matatiki, art graphique marquisien

Source : Commission de la culture, de l'éducation et de la communication

La sauvegarde du PCI entre pleinement dans le champ des politiques culturelles . Elle répond à plusieurs des objectifs assignés aux politiques publiques dans ce domaine, listés à l'article 3 de la loi n° 2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine, à commencer la promotion de la diversité de la création et des expressions culturelles . Elle constitue en effet un facteur important de maintien de la diversité culturelle. Elle permet de valoriser la richesse culturelle des territoires et d'en préserver les spécificités. Elle contribue ainsi à l'équité territoriale, ainsi qu'à l'élargissement de l'accès à l'offre culturelle. Elle est également un moyen de soutenir les pratiques en amateur et de préserver et de valoriser les métiers d'art.

La sauvegarde du PCI contribue également à la mise en oeuvre des droits culturels , dans la mesure où l'Unesco demande que les communautés dépositaires du PCI - c'est-à-dire celles qui le détiennent, le pratiquent ou le reconnaissent comme un élément de leur patrimoine culturel - jouent un rôle essentiel dans la création et la transmission de ce patrimoine et soient pleinement impliquées dans son identification et la définition de ses mesures de sauvegarde.

2. Un enjeu de cohésion sociale en interne et d'image de la France dans le monde

La reconnaissance et la sauvegarde du PCI constituent également des outils importants pour renforcer la cohésion sociale . D'une part, les activités liées au PCI contribuent à tisser du lien social. Il s'agit d'activités qui favorisent la participation et réunissent différentes générations. D'autre part, le PCI peut aider les individus à éprouver un sentiment d'appartenance à une communauté ou à la société dans son ensemble. La reconnaissance d'un élément de PCI procure un sentiment de fierté pour ceux qui le pratiquent.

L'inscription d'un élément sur l'une des listes de l'Unesco est également une opportunité de renforcer l'unité nationale . Seuls les États parties à la convention de 2003 sont autorisés à soumettre des éléments de PCI pour obtenir leur inscription par l'Unesco. Dans notre pays, c'est le ministre chargé de la culture qui a pour mission de sélectionner les dossiers de candidature présentés par la France. Même s'ils peuvent parfois être plus spécifiquement liés à un territoire, les éléments retenus véhiculent une certaine image de la France et constituent une vitrine de son patrimoine à l'international , témoignant de la richesse et de la variété de celui-ci. L'inscription sur l'une des listes de l'Unesco est un moyen de raconter l'histoire de notre pays et la diversité de sa culture. De ce fait, il apparaît important, au moment de la phase de sélection, de bien expliquer en quoi l'élément s'intègre dans l'histoire nationale afin de faciliter son appropriation par les Français dans leur ensemble.


* 1 La pratique du Maloya, qui est à la fois une musique, un chant et une danse née au temps de l'esclavage, fut ainsi interdite jusqu'en 1982.

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