B. UN ESPACE FRAGILE

1. Le risque sécuritaire

Depuis la fin de l'intervention de l'OTAN Unified Protector en octobre 2011, la Libye a connu plus d'une décennie de déstabilisation profonde sur le plan sécuritaire sans qu'une solution politique durable et concertée ne semble en mesure d'être mise en oeuvre à moyen terme pour répondre à l'état de faillite de l'État libyen. Le report de l'élection présidentielle prévue en décembre 2021 et la fragilité du cessez-le-feu conclu en octobre 2020 nourrissent une perspective d'instabilité durable pour les 1,7 M de km 2 du territoire libyen. La faillite des autorités publiques y engendre des risques majeurs sur les plans humanitaire et sécuritaire . Le territoire libyen est devenu une plaque tournante du djihadisme où le nombre d'armes en circulation est trois fois supérieur au nombre d'habitants.

En matière de sécurité, le bassin méditerranéen est également fragilisé par la persistance d'un risque djihadiste présent non seulement dans les pays de la rive nord du bassin, en lien notamment avec la question des retours des familles des terroristes partis au Levant, mais également dans les pays de la rive sud de la Méditerranée qui constitue l'un des nouveaux fronts du djihad international.

2. Le risque socio-économique

Depuis le déclenchement en 2011 des révoltes sociales du « printemps arabe », plusieurs pays d'Afrique du Nord ont connu une décennie de stagnation voire de régression économique à l'image de la Tunisie dont le produit intérieur brut (PIB) est passé de 48Md$ à 47Md$ entre 2011 et 2021.

Cette stagnation économique, qui s'explique par plusieurs facteurs liés à la difficulté de ces pays à faire évoluer leur modèle de croissance, se traduit par la persistance d'un niveau élevé de chômage. Il est supérieur à 9% dans tous les pays d'Afrique du Nord et atteint 17% en Tunisie.

Le déclenchement de la pandémie de covid-19 pendant l'année 2020 a eu pour conséquence de fragiliser encore les sociétés des pays de la rive sud de la Méditerranée où les mécanismes de socialisation des dépenses de santé sont aléatoires.

Les conséquences de la guerre en Ukraine, qui pourraient être majeures dans ces pays dépendant largement des exportations de céréales ukrainiennes, sont un nouveau facteur de déstabilisation du pourtour méditerranéen sur le plan économique et social.

3. Le risque environnemental

La Méditerranée, qui ne représente que 1% des eaux de la planète, constitue toutefois un important réservoir de biodiversité , mis en danger par la dégradation accélérée de l'environnement :

- la dégradation du milieu marin en Méditerranée est liée à plusieurs facteurs dont l'intensification du trafic maritime et du tourisme dans la région depuis les années 1970 ;

- le flux annuel de touristes est passé de 58 M de personnes en 1970 à 360 M en 2017 ;

- la pêche : le stock halieutique en Méditerranée considéré comme surexploité pour 78% des espèces présentes dans la zone.

À moyen terme, la poursuite de la trajectoire actuelle pourrait avoir d'importantes conséquences géostratégiques liées à l'augmentation des flux migratoires ou à la préservation de la sécurité alimentaire des pays de la zone.

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