B. QUELLES RÉPONSES AUX NIVEAU FRANÇAIS ET EUROPÉEN ?
1. Des financements annoncés qui n'apparaissent pas à la hauteur des enjeux
À l'occasion de la conférence organisée à Paris le 5 mai dernier et intitulée « Choose Europe for Science », la présidente de la Commission européenne a annoncé que l'Union européenne allait mobiliser 500 millions d'euros pour attirer des chercheurs étrangers. La France pourrait y consacrer 100 millions d'euros.
Plusieurs membres du Conseil scientifique ont déploré la faiblesse de ces sommes au regard de l'enjeu de l'attractivité des carrières scientifiques en France et plus largement en Europe, en particulier lorsque ces sommes sont ramenées au « coût » salarial annuel individuel d'un chercheur. Malgré la qualité internationalement reconnue de la recherche développée dans les laboratoires français, les conditions salariales proposées en France ne permettent pas d'attirer les chercheurs les plus chevronnés et ne le permettront pas davantage à l'avenir.
2. Concentrer les efforts sur le recrutement de jeunes chercheurs étrangers
La seule ambition raisonnable au regard des moyens disponibles est de recruter de jeunes chercheurs étrangers et de leur offrir l'opportunité de débuter leur carrière sur le sol français ou européen.
De fait, dans le domaine des SHS, le CNRS constate que ce sont avant tout les jeunes chercheurs qui sont intéressés par le fait de venir travailler en France. Un dispositif simplifié de candidature, s'inscrivant dans « Choose Europe for Science », a été mis en place, reposant, en cas de sélection, sur un cofinancement par l'agence et l'État. Dans le même esprit, une collaboration entre l'Inserm et le CNRS dans le cadre du programme ATIP-Avenir permet aux jeunes chercheurs recrutés de se voir proposer une offre complète (moyens, contrat, laboratoire, équipes).
Un consensus existe ainsi sur la nécessité de mettre en place une stratégie « active et ciblée » en direction des étudiants étrangers qui auraient souhaité s'établir aux États-Unis mais qui ne le pourront pas.
3. Mener une réflexion prospective sur la résilience du système de recherche français et européen
Plus largement, le Conseil scientifique a appelé de ses voeux un travail prospectif sur la résilience du système de recherche français et européen, Marc Sciamanna, professeur à CentraleSupélec, allant même jusqu'à évoquer la nécessité d'un « réveil dans tous les domaines scientifiques face à l'abandon d'une forme d'intelligence culturelle et technologique ».
Il s'agit notamment d'étudier et de réévaluer le système d'enseignement supérieur et de recherche ainsi que la place de la jeunesse dans les sciences.
Une étude sur les financements de la recherche privée, industrielle et technologique, que le Bureau de l'Office a souhaité inscrire à son programme de travail, contribuera à cette réflexion.
Enfin, à l'image des membres de son Conseil scientifique, l'Office tient à réaffirmer l'importance de défendre les valeurs sur lesquelles repose la science, la liberté d'expression des chercheurs et à rappeler le rôle central joué par l'expertise scientifique comme aide à la décision politique et pour éclairer l'opinion publique.