3. Fait grave, le degré de sécurité garanti par la législation, la réglementation et les contrôles dépend de la nature des produits et pas de leur dangerosité

Notre législation sanitaire est une législation éclatée, qui établit des prescriptions spécifiques pour de multiples catégories de produits. Certaines catégories de produits sont bien contrôlées, d'autres moins, d'autres pas du tout.

Il s'en suit qu'un produit appartenant à une catégorie bien contrôlée, mais présentant a priori peu de risques pour la santé fera l'objet de plus de mesures de précaution qu'un produit très risqué mais appartenant à une catégorie différente.

Ainsi, un médicament anodin pouvant être délivré sans prescription fera l'objet de contrôles plus stricts qu'un pace maker.

4. La législation sanitaire peut être utilisée comme paravent, alors que l'utilisation d'un produit dans des conditions particulières peut se révéler très dangereuse

L'existence de multiples législations rattachées à des catégories de produits présente de nombreux effets pervers.

Non seulement de plus en plus de produits présentent des caractéristiques qui en font des " produits frontières ", dont on ne sait pas très bien à quelle catégorie ils appartiennent et donc, à quelles procédures de contrôle ils doivent être soumis, mais certains produits peuvent être utilisés à des fins autres que celles qui sont prévues par la législation. Dans ce cas, le prétendu respect des prescriptions réglementaires ne protège pas contre certains risques.

Ainsi, nous avons vu que les Académies de médecine et de pharmacie ont récemment présenté un voeu concernant les différentes substances utilisées dans la phase biologique des techniques d'assistance médicale à la procréation, dont la sécurité n'est pas assurée.

Certes, ces produits sont actuellement délivrés en tant que réactifs de laboratoire et ils ont satisfait aux exigences posées par la législation sur les réactifs, mais, utilisés à d'autres fins, ils présentent des risques particuliers et non maîtrisés.

Ceci pose, d'une manière plus générale, le problème de la réglementation des conditions d'emploi des biens de santé. Si l'on excepte les greffes d'organes, il n'existe pas, même pour le médicament, d'obligation d'emploi ou d'utilisation thérapeutique d'un bien de santé dans certaines conditions. Ainsi, malgré les progrès réalisés dans le cadre des ordonnances Juppé du 24 avril 1996, qui établissent un lien entre la prescription dans le cadre des indications de l'autorisation de mise sur le marché des médicaments et le remboursement par la sécurité sociale, un médecin peut toujours, sous sa responsabilité, prescrire hors AMM et l'on peut toujours implanter un dispositif médical hors de ses conditions normales d'emploi.

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