4. Les rigidités persistantes du statut de la fonction publique territoriale

Enfin, le statut de la fonction publique territoriale se caractérise par des rigidités persistantes qui ne permettent pas toujours une adaptation satisfaisante des moyens en personnels à l'évolution des missions des collectivités locales, en dépit des assouplissements apportés par la loi du 27 décembre 1994.

a) Les difficultés liées au fonctionnement des institutions

Ces rigidités se traduisent tout d'abord au niveau des institutions.

1.- Les dysfonctionnements de la gestion du CNFPT

Le rapport de la Cour des comptes de 1995 a mis en évidence de graves dysfonctionnements dans la gestion du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT ), établissement public à caractère administratif doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière qui a pour mission principale la formation des personnels des collectivités territoriales.

En ce qui concerne le siège central de cet établissement, le contrôle auquel la Cour a procédé pour la période 1987 à 1992 a ainsi fait apparaître une progression excessive des effectifs (de 8 % par an en moyenne), une gestion des ressources humaines défectueuse, un absentéisme particulièrement fort, des remboursements abusifs de frais de déplacement, la faiblesse des applications informatiques, l'absence de comptabilité analytique et des coûts élevés de location immobilière.

Une situation comparable a été constatée dans les délégations régionales et les écoles dépendant du CNFPT. La Cour a notamment déploré l'insuffisance voire l'inexistence de la coordination de leurs activités par le siège.

Cette gestion défectueuse s'est traduite au niveau des résultats financiers, les dépenses s'accroissant plus rapidement que les recettes. Or, les contributions des collectivités étant limitées par la loi à 1 % de leur masse salariale, l'accroissement des charges de fonctionnement s'est effectué au détriment des missions d'enseignement et de formation professionnelle qui constituent pourtant statutairement l'activité principale du CNFPT.

Ainsi les dépenses directes de formation ne représentaient plus en 1993 que le quart des dépenses totales de l'établissement, et moins de 40 % du budget des écoles.

Le rapport de la Cour a également dénoncé les conditions d'exercice de ces missions, déplorant en particulier, outre des irrégularités dans les rémunérations des chargés de cours, l'absence d'harmonisation des programmations et des modes d'évaluation des formations dispensées dans les différentes délégations ou écoles ainsi que l'absence de toute politique de partenariat avec les écoles de formation des fonctionnaires de l'Etat comme l'Ecole nationale d'administration (ENA) ou les Instituts régionaux d'administration (IRA).

Enfin, le rapport de la Cour a constaté l'approximation des statistiques relatives à la formation, un agent ayant suivi plusieurs stages étant comptabilisé comme représentant plusieurs stagiaires, ainsi que l'impossibilité de calculer de façon fiable le coût moyen des journées de formation. Ce constat doit donc conduire à nuancer les informations présentées dans les rapports d'activité du centre, suivant lesquels environ 250 000 stagiaires, soit plus de 20 % de la population totale des agents territoriaux, seraient formés chaque année.

Lors de son audition par le groupe de travail, le nouveau président du CNFPT, M. Jean-Pierre Soisson, a d'ailleurs reconnu le bien-fondé des observations formulées par la Cour.

2.- Un recentrage en cours

Une tentative de clarification de la situation de l'établissement est cependant en cours.

Elle passe par un assainissement de la gestion prenant en compte les observations de la Cour, mais aussi par la mise en application de la réforme résultant de la loi du 27 décembre 1994, qui a prévu :

- le recentrage des missions du CNFPT sur la formation et les seules tâches de gestion justifiant d'un niveau d'intervention national ;

- la déconcentration, au profit des centres de gestion (ou des collectivités non affiliées), d'un certain nombre de compétences de gestion ou d'organisation des concours ;

- la décentralisation de l'exercice de certaines missions, ainsi que de la gestion, au niveau des délégations régionales.

La déconcentration de la gestion du CNFPT devait notamment se traduire par une réforme de l'organisation comptable, avec la création d'agents comptables spéciaux secondaires placés auprès de chaque délégué régional.

Toutefois, le CNFPT ne semble pas prêt pour cette dernière réforme, ni pour la délocalisation géographique recommandée en 1995 par le ministère chargé des collectivités locales et fondée sur une étude réalisée par M. le préfet Kaeplin.

Devant le groupe de travail, M. Jean-Pierre Soisson, tout comme M. Jean-Jacques Hyest, ont exprimé leur préférence pour le maintien d'une gestion centralisée afin d'assurer un bon fonctionnement des délégations régionales, de façon à permettre, par exemple, de renforcer la coordination de la politique immobilière.

Aussi a-t-il été décidé, par une disposition introduite au sein de la loi du 16 décembre 1996 18( * ) , de reporter la mise en oeuvre de la réforme de l'organisation comptable du CNFPT au 1er janvier 1999.

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