B. RECHERCHONS SANS ATTENDRE UNE SOLUTION A LA DÉRIVE DES RETRAITES

Si rien n'est fait, cela a été fortement souligné 232( * ) , La Poste est vouée aux déficits à progression constante (600 millions de plus par an) à compter de l'an prochain, du seul fait de l'obligation qui lui est faite d'acquitter en propre les charges de retraites de ceux de ses agents ayant la qualité de fonctionnaires.

Si l'inertie est le principe qui sur ce sujet doit guider l'action du Gouvernement, La Poste est vouée aux pertes structurelles et posera à l'horizon du prochain siècle un problème financier et social à côté duquel celui généré au cours des dernières années par la SNCF -voire même par le Crédit Lyonnais- pourrait même apparaître relativement modeste, tant son impact national est fort 233( * ) . En effet, si elle continue à être tirée vers le fond par le poids de ses charges de retraites, il ne fait guère de doute que sa dérive déficitaire sera bien plus que proportionnelle aux seules pertes issues du coût des pensions puisque, étranglée financièrement, elle ne disposera plus de moyens suffisants pour investir et se moderniser. Et ce alors même que les protections monopolistiques dont elle bénéficie encore aujourd'hui vont aller en s'amenuisant et que des concurrents redoutables commencent à s'attaquer à ses marchés traditionnels.

En bref, face à La Poste, le Gouvernement se trouve à la croisée des chemins et la question se pose de savoir s'il souhaite, pour 2003, en faire l'équivalent de France Télécom ou de la SNCF d'aujourd'hui.

Pour votre Commission des Affaires économiques et votre groupe d'études, la réponse est claire. Il ne faut pas que La Poste s'installe dans une " culture du déficit ". Avant même de définir une solution définitive, il est donc urgent d'éviter que les pertes commencent à se creuser dès l'an prochain.

1. Traitons immédiatement le problème pour 1998

a) La Poste et les postiers seront-ils sacrifiés au culte du 3 % de déficits publics ?

Pour l'an prochain, la résolution du problème économique et social que rencontre La Poste du fait de ses charges de retraites se trouve handicapée par le fait que le débours que cela entraînera pour l'exploitant autonome ne sera pas pris en compte dans le calcul des déficits publics tels que définis par le Traité de Maastricht pour vérifier que la France satisfait bien au fameux critère des 3 %.

Si tel n'était pas le cas, il y aurait à n'en pas douter, une contrainte objective forte incitant au comblement. Mais, en l'état, comment ne pas redouter que les difficultés de La Poste ne soient jugées moins prioritaires que celles d'autres comptes qui, eux, entrent dans le périmètre délimité à Maastricht ?

Un Gouvernement soutenu par une majorité parlementaire qui a été élue en critiquant la rigueur excessive que faisait peser sur les budgets publics le critère des 3 % peut-il aller jusqu'à sacrifier sur l'autel de ce critère l'intérêt d'une grande entreprise nationale et de ses personnels relevant du statut de la fonction publique ? Votre Commission des Affaires économiques et votre groupe d'études osent espérer que ce ne sera pas le cas.

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