D. LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE, TALON D'ACHILLE DE L'UNION EUROPÉENNE ?

Les questions relatives à la propriété intellectuelle ne sont à aucun moment évoquées dans la proposition de cinquième Programme-cadre présentée par la Commission européenne. Il semble pourtant que cette question préoccupe un grand nombre des participants aux programmes de recherche de la Communauté.

Plusieurs phénomènes se conjuguent, qui conduisent certains à qualifier la Communauté européenne de " passoire technologique ". En premier lieu, la logique des programmes communautaires conduit souvent à faire travailler ensemble un grand nombre de partenaires, situation propice à l'évasion des informations.

En second lieu, la Communauté a signé des accords de coopération scientifique et technique avec de nombreux pays (non seulement les Pays d'Europe centrale et orientale, mais également Israël, l'Australie, la Suisse, le Canada...). Il n'est pas certain que ces accords offrent une réciprocité totale aux entreprises ou organismes de recherche européens qui souhaiteraient participer à des appels d'offres dans les pays partenaires.

La Communauté s'apprête à signer un tel accord avec les Etats-Unis. Là encore, il n'est pas certain que toutes les précautions aient été prises en termes de réciprocité. En outre, les règles de dépôt des brevets ne sont pas les mêmes aux Etats-Unis et en Europe, ce qui crée une certaine insécurité juridique. Enfin, certaines filiales d'entreprises américaines installées en Europe participent à des programmes communautaires. Ces sociétés estiment que, dans la mesure où elles apportent des informations provenant de leur maison-mère pour la réalisation de la recherche, elle peuvent ensuite faire bénéficier cette maison-mère des résultats de cette recherche.

L'ensemble de ces phénomènes entache la crédibilité des programmes de recherche communautaires. Le problème est réel car il risque de porter atteinte à l'excellence scientifique de la recherche communautaire. Certaines entreprises ont en effet tendance à privilégier, dans le cadre communautaire, des recherches très en amont ou des recherches annexes à leurs véritables priorités afin d'éviter la fuite d'informations. D'autres entreprises scindent leurs recherches et utilisent à la fois le cadre communautaire, Eurêka et les budgets nationaux de manière à pouvoir être seules à reconstituer l'intégralité des informations issues de ces travaux. Il existe un risque que certaines recherches essentielles ne soient pas effectuées dans le cadre communautaire si les participants ne sont pas convaincus que le contenu scientifique et technologique de leurs propositions sera protégé.

Pour l'avenir, il paraît donc nécessaire de réfléchir à l'amélioration des règles de protection des recherches effectuées dans le cadre du Programme-cadre. Il est en outre indispensable que les accords de coopération scientifique et technique passés avec des pays tiers offrent une véritable réciprocité aux organismes et entreprises de la Communauté .

Par ailleurs, les règles de dépôt des brevets sont beaucoup plus contraignantes et coûteuses en Europe que chez les principaux concurrents de l'Union. Les coûts supplémentaires s'expliquent en particulier par les coûts de traduction pour le dépôt dans tous les pays de l'Union européenne. Un effort de simplification des procédures et de réduction des coûts doit donc à l'évidence être accompli.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page