2. Du surendettement actif" au "surendettement passif"

Le groupe de travail a également constaté un changement dans la nature du phénomène du surendettement.

a) Le changement de nature du surendettement

Depuis le vote de la loi Neiertz, le profil des surendettés a nettement évolué. Certes, il serait inexact de prétendre que l'on est passé d'un surendettement actif, caractérisé par une accumulation exagérée de crédits eu égard aux revenus, à un surendettement passif, déclenché par l'apparition d'un événement extérieur qui affecte gravement la capacité de remboursement des ménages. La réalité est plus contrastée et mêle les deux composantes. Il ne faut ainsi pas oublier que, parmi les dossiers déposés auprès des commissions de surendettement, seuls 6,8 % présentent un endettement bancaire compris entre 0 % et 20 % des dettes totales (même si dans certaines zones géographiques où les problèmes sociaux se posent avec une particulière acuité, ce pourcentage peut atteindre 11 %, voire 15 %).

En outre, l'étude du CREP révèle que les causes déclarées du surendettement ne sont pas clairement identifiées pour environ 55 % des dossiers et évalue la part des surendettés passifs à 48 %, contre 42 % de surendettés actifs.

Toutefois, il semble que les baisses de ressources consécutives aux aléas affectant la situation personnelle des débiteurs, notamment la perte d'emploi, pèsent d'un poids significatif dans les causes de surendettement.

Ainsi, une enquête typologique réalisée par la Banque de France dans le courant de l'année 1993 faisait ressortir que le pourcentage de dossiers de surendettement lié à la perte d'emploi atteignait 40 %, alors que selon une enquête précédente, réalisée en 1991, ce pourcentage était seulement de 27 % de l'ensemble des dossiers examinés. D'autres études confirment cette évolution.

Ainsi, l'ODAS, dans son rapport, souligne que dans le département de la Savoie, la structure des causes du surendettement reste quasiment stable jusqu'en 1992 pour se modifier brusquement en 1993 : le chômage accroît son impact et représente alors plus de 40 % des causes. L'excès d'endettement à ressources inchangées ne représente plus qu'un quart des dossiers, puis un sur six en 1995.

Les statistiques fournies par certaines commissions de surendettement sur les causes de surendettement laissent également penser que le déséquilibre budgétaire familial résulte de plus en plus souvent d'un choc économique qui ne permet plus d'honorer les engagements financiers contractés dans le passé.


Commission de l'Indre

Causes du surendettement

Année 1994

Année 1995

Année 1996

Chômage

46,11%

42,85%

48,70%

Divorce/séparation

17,78%

18,98%

25,32%

Surendettement lié à la consommation

24,40%

19,71%

14,28%

Accession à la propriété

25,55%

21,17%

20,45%

Accident de la vie

15,55%

13,14%

17,21%

Perte ou faiblesse des ressources

10,55%

10,00%

7,50%

Diverses (caution, mauvaise gestion, logement onéreux...)

11,67%

16,25%

17,06%

Commission de Pontoise

Causes du surendettement

Année 1994

Année 1995

Année 1996

Chômage

38,00%

35,00%

42,00%

Maladie

17,00%

24,00%

11,00%

Séparation ou décès

21,00%

20,00%

20,00%

Suppression ou diminution des prestations sociales

1,00%

11,00%

4,00%

Causes indéterminées

22,00%

11,00%

23,00%

Total

100%

100%

100%



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