Audition de Didier LOMBARD

Directeur général des stratégies industrielles

Ministère de l'Industrie

Résumé : Le réseau majeur en matière de commerce électronique est aujourd'hui le Minitel qui représente à lui tout seul plus que la totalité du commerce électronique se pratiquant sur les autres réseaux ; il faut donc garder, malgré ses défauts, ce capital précieux et faire en sorte, plutôt que d'organiser une alternative brutale au Minitel, d'aménager des passerelles entre ce dernier et Internet ; parmi les freins au développement de l'utilisation d'internet, reste le problème de la sécurité des transactions : celle-ci est tout à fait fondamentale pour faire réellement démarrer le commerce électronique ; un des nouveaux métiers qui devrait apparaître rapidement à cet égard est celui de « tiers de confiance » ; nous travaillons à la mise en valeur des fonds patrimoniaux, d'une richesse inouïe ; de même, invitons les administrations à se mettre sur le réseau, ainsi qu'à mettre à disposition du public un certain nombre de formulaires administratifs d'usage courant ;

1. Internet et le Minitel : nous sommes un peu intoxiqués par les américains pour ce qui concerne le « retard » de la France dans l'utilisation d'Internet ; en fait, ce discours ne correspond pas complètement à la réalité car, quand vous regardez le volume de commerce électronique qui a été chargé sur le Minitel, c'est aujourd'hui beaucoup plus que la somme de tout ce qui s'échange sur les réseaux à travers le monde; donc, en fait, le réseau majeur en matière de commerce électronique, c'est, pour le moment, le Minitel ; on a donc en France un capital , qui est ce parc Minitel, mais également « le parc d'usagers simples », ceux qui savent s'en servir ; c'est un « plus » ; je ne voudrais donc pas que l'on développe à toute vitesse une stratégie alternative basée sur Internet sans raccord avec la situation Minitel, et puis qu'on abandonne ces services à un vieillissement du genre « fin de la première chaîne » ; parce que je crois que ce serait là un appauvrissement par rapport aux usages qu'on a déjà introduits ;

2. Pour Internet , je pense qu'il y a une voie qui consiste à mettre en place des accès particuliers à tout ce qui tourne autour des réseaux, et consistant à faire en sorte qu'il y ait une passerelle d'accès sur les serveurs Minitel à partir des réseaux Internet de façon à ce qu'on puisse récupérer à la fois les serveurs, les usagers ; bref, faire une opération de transfert globale du patrimoine, une migration ; il suffit de sortir de France pour se sentir handicapé de ne plus pouvoir avoir accès aux serveurs que l'on utilise quotidiennement, pour se rendre compte « qu'on les a » ; certes, ils sont vieux, lents, ils ont tous les défauts, mais ils existent ;

3. Parmi les freins au développement d'Internet, en dehors des problèmes de terminaux, il y a l'insécurité des transactions ; je pense d'ailleurs qu'un des nouveaux métiers qui va apparaître est celui d'intermédiaire entre le demandeur et l'offreur ; c'est le tiers de confiance : dans le nouveau système, l'usager va avoir besoin d'un tiers qui soit capable de lui garantir la respectabilité de celui d'en face ; puis il va également vous garantir que le paiement va bien partir au bon moment et servir à ce pourquoi il est destiné ; le sujet « tiers de confiance » est donc fondamental pour faire démarrer le commerce électronique parce que je connais tout un tas de clients potentiels qui attendent des liaisons sécurisées dans tous les sens du terme; ce sujet nous passionne donc et nous sommes en train de regarder si on ne peut pas susciter quelques candidatures pour faire ces métiers avec l'idée qu'ils pourraient servir en fait « d'assureur » entre le client et le fournisseur ;

4. L'enseignement : les problèmes sont d'équipements , qui sont lourds, de raccordement , pour lequel on a tout un débat sur le tarif des interconnexions ; je pense personnellement que, derrière tout cela, il y a le sujet de la motivation des enseignants , et de leur formation ; nous avons en mémoire les échecs passés : les micros mis en place étaient peu adaptés, ont été laissés dans des coins, non utilisés ; il se trouve que, dans les expérimentations que l'on a lancées il y a deux/trois ans, on avait des petits clubs d'enseignants passionnés qui se sont mis en réseau, qui sont accros du système et qui utilisent les NTIC d'un point de vue pédagogique ; je ne suis pas trop inquiet sur le fait que, à l'époque où nous vivons, on arrivera à motiver les enseignants et à faire en sorte qu'ils ne rejettent pas le système ;

5. Les entreprises : nous pensons qu'elles auraient intérêt à utiliser cet outil à la fois pour améliorer leur information mais aussi pour pouvoir participer à des appels d'offre, se présenter,...nous sommes donc en train de préparer une mesure-type pour les aider dans leur première approche du sujet Internet ; on les subventionnerait pour analyser l'intérêt pour elle de se mettre sur le réseau et se faire faire une page Web avec des offres commerciales plus ou moins élaborées;

6. Le grand public : on retombe sur des sujets classiques tel que celui de l'équipement des foyers, comment faire en sorte que les gens achètent plus de micro-ordinateurs multimedia , comment faire pour qu'ils aient accès à ces nouveaux matériels plus simples qui vont bientôt apparaître sur le marché,...je crois qu'à l'automne, il faut que des mesures soient effectives ; sur l'équipement, on peut imaginer tout ce qu'on veut ; on peut faire comme aux Pays-Bas où l'Etat a mis en place des mesures de telle façon que, lorsque les industries investissent dans les systèmes informatiques, elles ont des dégrèvements d'impôts ou des aides différentes , en fait des aides indirectes ; il faut cependant bien garder à l'esprit qu'en France, l'élément discriminant auquel on ne prête pas assez attention et qui détermine l'attitude d'achat (ou pas), est l'obsolescence du matériel ; de toute façon, vous n'arriverez pas à avoir des machines stabilisées ;

7. Les contenus : nous travaillons sur des sujets tels que la mise en valeur des fonds patrimoniaux , puisque que la Culture est propriétaire de fonds absolument fantastiques ; de même, il faut développer les contenus offerts par les musées scientifiques et techniques ; au ministère de l'industrie, nous achetons des licences , à Microsoft ou à d'autres, pour 100, 200, 300 postes ; c'est payé, une fois pour toutes ; cela se négocie bien sûr : nous ne payons pas 300 fois la licence de base ; d'une façon générale, nous estimons que tout un tas de choses pourrait être mis à disposition sur Internet : les formulaires administratifs, d'usage courant...tout ce qui est actuellement sur Minitel ; les rapports de l'usager normal avec l'administration, je ne vois pas pourquoi on ne les fournirait pas sur Internet ; mettre les administrations sur le réseau procurerait des gains de productivité et de fonctionnement, cela permettrait de faire sauter des barrières administratives ;

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