B. LES EFFETS DE RÉALLOCATION POUR L'ASSURANCE FRANÇAISE SERONT PLUS GÉOGRAPHIQUES QUE CATÉGORIELS

L'élargissement des engagements des sociétés d'assurance lié au marché unique européen, ainsi que l'assouplissement des règles de placement qui revêtent désormais une préoccupation strictement prudentielle (de l'ordre du contrôle de solvabilité étendu) exerceront vraisemblablement un effet de diversification important des placements des entreprises d'assurance françaises.

Cette diversification se fera (et se fait déjà) au profit de titres européens en général dès la mise en place de l'euro, mais également au profit de titres de pays tiers étant donné l'effet de report international (y compris hors zone euro en Europe) exercé par l'assouplissement de la règle de congruence totale (article R 332-1-1 du code des assurances) depuis 1990 (20 % du passif en devises peuvent être couverts par des actifs non congruents c'est-à-dire libellés en une autre devise que la devise d'engagement).

Assez logiquement, les compagnies d'assurance françaises devraient profiter de la diversité des signatures (actuellement échelonnées en aaa et aa) et de l'élargissement des " spreads " sur le compartiment obligataire du marché financier européen dès lors que l'abondance de l'épargne domestique et la rareté des émissions en France limitaient le rendement de leur portefeuille obligataire. Il est cependant vraisemblable que cette diversification se fera à partir du flux de primes nouvelles et non pas sur le stock des actifs engrangés dans les portefeuilles d'assurance.

Les gestionnaires de portefeuille paraissent plus réservés sur l'importance de la diversification des placements des assurances au profit des actions dans la mesure où les règles françaises (ou l'application française des règles européennes) de garantie de rachat avec faible pénalité resteraient inchangées.

L'effet des mesures dites DSK consistant à pouvoir intégrer dans les unités de compte 141( * ) des fonds de placements à risque et des actions de sociétés non cotées, ainsi que la règle européenne limitant à 1 % la marge de solvabilité des contrats en unité de compte, dont le risque est porté par les assurés, devrait être, par conséquent, limité. On a cependant déjà enregistré en 1997 une forte croissance des contrats en unité de compte.

La règle française en matière d'actions (plafond à 65 % du portefeuille 142( * ) ) ne sera en tout cas pas contraignante à l'égard de la volonté éventuelle de diversification en actions européennes et françaises.