4. L'assurance santé aux Pays-Bas : assurance publique subsidaire avec une forte composante d'assurance privée substitutive 157( * )

Les Pays-Bas semblent être le seul pays dans l'étude menée par le CEA (et composée à partir des descriptions pour chaque pays donné de son système d'assurance santé) à ne pas oublier que l'assurance-maladie, sous une forme organisée, est très ancienne et remonte en fait, vers la fin du Moyen-âge, à la création de guildes qui offraient une aide en nature et en espèces en cas de maladie. Avec leur dissolution au 18e siècle dans le contexte révolutionnaire anti-associationniste français et européen, ce système d'aide a disparu, le vide étant partiellement comblé par des institutions caritatives à caractère confessionnel, par des employeurs conscients de leurs responsabilités sociales, par les médecins eux-mêmes qui fondèrent, à l'aide des cotisations proportionnelles aux revenus de leurs clients, des caisses de médecin, et enfin par des mutuelles agricoles ou ouvrières.

En réalité, à quelques traits près, l'évolution sur la longue période du système d'assurance contre la maladie aux Pays-Bas est celle suivie par la plupart des pays européens : les systèmes d'assurance-maladie n'ont pas jailli au 19e siècle du néant, mais les systèmes d'assurance-maladie modernes sont nés sur les décombres des systèmes traditionnels d'assurance-maladie organisés et dans les espaces juridiques laissés vacants par les interdits anti-associationnistes issus de la révolution française.

Le système d'assurance-maladie néerlandais est marqué par la complémentarité des systèmes d'assurances publics et privés et la place importante de l'assurance privée, qui reste cependant minoritaire. " 37 % de la population néerlandaise ne sont pas couverts par le système général d'assurance-maladie obligatoire qui prend en charge les soins médicaux, les produits pharmaceutiques et les soins hospitaliers. Aussi, l'assurance privée est-elle amenée à jouer un rôle important ".

Les dépenses de santé représentent environ 10 % du PNB et ne cessent de croître, malgré les décisions gouvernementales de plafonnement de la hausse à 1,3 % par an.

63 % de la population sont assurés contre la maladie au titre notamment de la loi sur l'assurance-maladie (" volet 2 "), qui a institué avant la seconde guerre mondiale une assurance obligatoire pour toutes les personnes jusqu'à 65 ans dont le salaire annuel est inférieur à un plafond légal (60 750 Nlg en 1996) ainsi que pour les personnes de 65 ans et plus en dessous d'un plafond de revenus inférieur (38 300 Nlg depuis juillet 1997). Les cotisations à ce régime général, complété par divers régimes obligatoires pour les fonctionnaires des provinces, des communes et de la police (5 % de la population) sont assises sur le revenu. A la différence des caisses d'assurance-maladie sociale du régime général, qui payent directement les frais des soins des assurés aux producteurs de santé, selon le principe du tiers payant, ces régimes publics obligatoires fournissent leurs prestations selon le principe du remboursement des frais.

32 % de la population (5,5 millions de personnes) finalement ne sont pas assurés dans le cadre d'un régime obligatoire et presque tous ont fait le choix de souscrire à une assurance privée, qui offre une couverture identique à celle de l'assurance sociale (et est également classée dans le " volet 2 ") mais est financée différemment. Les primes versées aux assurances privées ne sont pas assises sur le revenu, mais sont fonction du risque propre aux assurés et de la nature de la garantie qu'ils choisissent. Les entreprises d'assurance peuvent pratiquer la sélection du risque. Cependant les assureurs privés sont tenus d'inclure une garantie répondant aux critères définis par la loi sur l'accès à l'assurance-maladie (WTZ), en vigueur depuis le 1er avril 1986, qui fixe les règles d'acceptation, réglemente l'étendue de la couverture et le niveau des primes. Cette police est appelée " paquet standard ". Ceci revient en réalité à peu près à l'interdiction de refus du risque élevé.

L'assurance-maladie complémentaire (dite " volet 3 ") est facultative et laissée à l'initiative des assurés et des assureurs privés.

Une loi sur l'assurance " des risques exceptionnels " (AWBZ dite " volet 1 ") a été introduite récemment, créant un régime spécifique d'assurance nationale obligatoire, qui a pour objet de couvrir les traitements de longue durée et les traitements onéreux, dont le risque ne peut être supporté par les individus ou directement couvert par l'assurance privée. Il couvre l'ensemble des résidents aux Pays-Bas, ainsi que les non-résidents employés aux Pays-Bas et soumis à l'impôt sur le revenu néerlandais. Il est géré à la fois par les caisses d'assurance-maladie sociale à but non lucratif et par des assureurs privés.

En 1995, le nombre des assureurs santé privés, dont la plupart sont des mutuelles, s'élevait à 47, et celui des caisses d'assurance-maladie sociale à 27. Toutes ces institutions, publiques ou privées, sont membres de l'Association des assureurs santé néerlandais.