b) Des processus ouverts aux dynamiques potentiellement conflictuelles

Ces diverses initiatives d'intégration régionale auxquelles participe activement le Mexique, présentent, outre leur multiplicité -et leur manque de cohérence apparente- une double caractéristique.

- Il s'agit d'abord de processus qui, s'ils sont régionaux, demeurent ouverts. A la différence des initiatives antérieures, ce nouveau régionalisme américain vise à favoriser l'insertion des pays concernés -comme le Mexique- dans l'économie mondiale et à favoriser les échanges dans le cadre du nouvel ordre commercial international. Il ne s'agit plus de constituer des blocs régionaux repliés sur eux-mêmes pour se protéger contre la concurrence internationale. Les perceptions ont fondamentalement changé, malgré les crises récurrentes. Le Mexique et l'Amérique latine en général ont intégré le poids des interdépendances et visent désormais à compenser et à remédier à leur infériorité économique.

Il n'y a, dès lors, aucune contradiction de principe entre cette volonté légitime de renforcement des liens interaméricains et le développement souhaitable des relations avec les pays européens en général, et l'Union européenne en particulier.

- Il s'agit ensuite de processus très diversifiés dont les dynamiques paraissent potentiellement conflictuelles.

Bien d'autres initiatives régionales s'ajoutent à celles, déjà citées, auxquelles participe le Mexique. Le Marché commun centre-américain (MCCA), le Caricom (Communauté caribéenne), l'Aladi (association latino-américaine d'intégration) et la Communauté andine des nations -qui rassemble plus de 100 millions d'habitants et affirme une volonté politique de relance de la dynamique d'intégration régionale- en fournissent des illustrations.

Mais la plus importante, à côté de l'ALENA, est évidemment constituée par le Mercosur , entré en vigueur en 1992, qui regroupe -avec le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay- plus de 200 millions de consommateurs avec un PIB total supérieur à 1 000 milliards de dollars. Avec l'association, depuis 1996, du Chili et de la Bolivie, le Mercosur s'est doté d'une nouvelle structure institutionnelle et a établi un tarif extérieur commun. S'il conserve -à la différence de l'Union européenne- un caractère strictement intergouvernemental, le Mercosur veut avancer sur la voie d'une intégration de ses membres, à l'expansion commerciale desquels il a déjà fortement contribué.

S'il n'y a ni contradiction ni incompatibilité fondamentale entre les différentes démarches entreprises, leurs extensions respectives apparaissent néanmoins potentiellement conflictuelles , sans même parler des difficultés internes qu'elles rencontrent. C'est ce qu'illustrent déjà les aléas de la " zone de libre-échange des Amériques " . C'est ce que font apparaître aussi la coexistence et l'élargissement éventuel des deux pôles les plus cohérents que constituent l'ALENA et le Mercosur . Le Mercosur, constitué autour du Brésil, pourrait ainsi apparaître comme un axe de convergence visant à constituer un bloc autour de Brasilia face à l'ALENA. L'élargissement du Mercosur pourrait dans cet esprit viser à la création d'une zone de libre-échange sud-américaine, préalablement à toute négociation avec les Etats-Unis ou l'ALENA.

C'est dans ce cadre que doit s'inscrire le développement nécessaire des relations entre l'Amérique latine et l'Union européenne, que nos partenaires appellent de leurs voeux. C'est ainsi que le Président brésilien Fernando Cardoso a pu estimer que les liens du Mercosur avec l'Union européenne peuvent avancer plus rapidement que ceux avec l'ALENA ou avec le reste du continent américain, moins complémentaire et donc plus porteur d'affrontements d'intérêts que l'Europe. Mais le Mexique n'est pas en reste -les plus hautes autorités mexicaines l'ont confirmé à votre délégation- dans ce souci d'approfondissement de relations avec l'Union européenne qui ont subi le contrecoup de la mise en oeuvre de l'ALENA.

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