IV - DU CLONAGE REPRODUCTIF ANIMAL AU CLONAGE THÉRAPEUTIQUE HUMAIN

Dans l'avis n° 54 du 22 avril 1997 qu'il a établi au sujet du clonage reproductif à la demande du Président de la République, le Comité consultatif national d'éthique soulignait la nécessité d'une distinction entre le clonage reproductif aboutissant à la naissance d'êtres humains et le clonage non reproductif qui recouvre lui-même deux sortes de techniques déjà usitées ou envisageables :

« - la production et la culture de cellules d'origine embryonnaire ou adulte qui ne peuvent donner lieu par elles-mêmes à la constitution d'un embryon. Ces techniques, couramment pratiquées et très précieuses pour la recherche diagnostique et thérapeutique, posent des problèmes éthiques qui ne diffèrent pas fondamentalement de ceux qu'ont déjà conduit à traiter d'autres aspects de la recherche biomédicale [...]

« - la production d'embryons dont le développement serait arrêté à un stade plus ou moins précoce pour obtenir des cellules immuno-compatibles à des fins de thérapie cellulaire ».

Nous aborderons plus en détail, dans la deuxième partie de ce rapport, les ressources thérapeutiques considérables attendues des cellules souches pluripotentes présentes dans l'embryon à son premier stade de développement. L'interconnexion du clonage en vue d'obtenir des cellules souches et la mise en culture de ces cellules permettraient d'obtenir pour chaque malade une collection spécifique de ses propres cellules immunitairement homogènes. Citons là encore l'avis n° 54 du CCNE :

« La possession de cellules embryonnaires génétiquement et donc immunologiquement identiques à celles du receveur faciliterait considérablement les greffes et renforcerait très vraisemblablement leur efficacité [...]. Le clonage par transfert de noyaux provenant d'un organisme adulte pourrait permettre de préparer, en quelques mois, de telles cellules en cas de besoin. Dans ce scénario, un embryon serait créé, utilisant un ovocyte receveur et le noyau d'une cellule somatique de la personne malade [...]. Il s'agirait ensuite de cultiver cet embryon ex vivo puis, au bout de quelques jours, de mettre en culture des populations de cellules dont la différenciation pourrait être induite in vivo et qui pourraient ainsi être utilisées pour la greffe. »

L'objectif est donc, dans cette hypothèse, non de parvenir au développement d'un être humain mais d'obtenir, à partir des cellules somatiques d'un patient, les cellules souches dont la différenciation contrôlée permettrait de traiter l'affection dont il est porteur sans provoquer de phénomène de rejet. La technique est bien la même dans les deux hypothèses : reproduction non sexuée d'entités génétiquement identiques. La finalité diffère : création, dans le premier cas, d'un organisme complet, dans le second, de lignées cellulaires, le passage obligé étant, en l'état actuel de la science, le développement préalable d'un embryon in vitro.

Les insuccès fréquents rencontrés dans le clonage animal reproductif compromettent-ils les chances du clonage thérapeutique ? Jean-Paul RENARD fonde un avis contraire sur le fait que la faible efficacité du clonage résulte avant tout d'une mortalité foetale élevée. « Pourquoi, alors, ne pas chercher à mieux tirer parti de cet embryon cloné dont les cellules peuvent apparemment s'engager normalement dans une première voie de différenciation ? Au lieu de viser l'obtention d'un développement à terme, tentons d'orienter les cellules embryonnaires, qui sont capables de multiplication active, dans une voie de différenciation donnée pour en faire des cellules nerveuses, des cellules épithéliales de peau, des précurseurs de cellules osseuses. » 28

Cet optimisme ne fait pas l'unanimité au sein de la communauté scientifique. A titre d'exemple, le professeur EDWARDS met l'accent sur les facteurs épigénétiques incontrôlables qui risquent de compromettre la normalité des cellules obtenues par clonage somatique. Nous aurons l'occasion de revenir, dans les développements consacrés aux cellules souches pluripotentes, sur les débats que suscite, tant sous l'angle de la faisabilité technique que de l'acceptabilité éthique, une méthode dont la mise au point nécessitera encore, en tout état de cause, plusieurs années de recherche.

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