Mme Nicole Belloubet, ministre de léducation nationale et de la jeunesse. Madame la sénatrice Evren, j’ai eu l’occasion, en répondant tout à l’heure à votre collègue Marie-Pierre Monier, de donner quelques éléments concrets sur la manière dont nous entendons étendre le bouclier de protection aux proviseurs, mais aussi à l’ensemble des personnels de la communauté éducative qui feraient l’objet d’attaques, dont je répète qu’elles sont intolérables et inadmissibles.

La laïcité est un principe fondateur de notre République. L’article 1er de notre Constitution le dit clairement : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. »

Nous ne pouvons pas tergiverser sur cette laïcité qui est une condition du vivre ensemble. C’est la règle commune à laquelle nous devons tous être attachés, particulièrement dans les établissements scolaires.

Je le dis clairement : les établissements scolaires doivent être préservés des bruits et de la fureur du monde qui les entoure, au moins pendant le temps où les élèves y sont accueillis et protégés. Tel est l’impératif auquel nous devons nous arrimer.

La loi du 15 mars 2024 à laquelle vous avez fait allusion, madame la sénatrice, encadre l’application de ce principe de laïcité dans nos établissements scolaires. Lors du colloque qui se tiendra à l’occasion du vingtième anniversaire de cette loi, j’aurai l’occasion de rappeler le fondement de ce principe et les modalités de son application dans nos enceintes scolaires.

Nous ne laisserons jamais rien passer lorsqu’il s’agit d’assurer la sécurité de nos élèves et des équipes éducatives. Comme M. le Premier ministre l’a rappelé tout à l’heure,…

M. Michel Savin. Il n’a rien dit !

Mme Nicole Belloubet, ministre. … comme le Président de la République l’affirme également, l’établissement scolaire est le lieu où l’on apprend les valeurs de la République. Tel est le principe qui nous unit.

Je serai très attentive aux préconisations formulées par les sénateurs Buffet et Lafon dans le rapport que vous avez évoqué, madame la sénatrice.

M. Max Brisson. Elles sont excellentes !

Mme Nicole Belloubet, ministre. Certaines sont sans doute déjà prises en compte, mais j’étudierai les progrès que nous pouvons faire dans leur mise en œuvre.

En tout état de cause, soyez assurée que nous sommes pleinement aux côtés de l’ensemble de la communauté éducative pour le respect des principes de la laïcité, notamment dans notre école. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI. – M. Bernard Fialaire applaudit également.)

M. le président. Nous en avons terminé avec les questions d’actualité au Gouvernement.

Notre prochaine séance de questions d’actualité au Gouvernement aura lieu le mercredi 13 mars 2024, à quinze heures.

Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à seize heures quinze, est reprise à seize heures trente, sous la présidence de Mme Sylvie Robert.)

PRÉSIDENCE DE Mme Sylvie Robert

vice-présidente

Mme la présidente. La séance est reprise.

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Équité et transparence de Parcoursup à la frontière du lycée et de l’enseignement supérieur

Débat organisé à la demande du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky

Mme la présidente. L’ordre du jour appelle le débat, organisé à la demande du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, sur le thème : « Équité et transparence de Parcoursup à la frontière du lycée et de l’enseignement supérieur. »

Je vous rappelle que le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky disposera d’un temps de présentation de huit minutes.

Le Gouvernement aura la faculté, s’il le juge nécessaire, de prendre la parole immédiatement après chaque intervention, pour une durée de deux minutes ; l’auteur de la question disposera alors à son tour du droit de répliquer pendant une minute.

Le temps de réponse du Gouvernement à l’issue du débat est limité à cinq minutes.

Le groupe auteur de la demande de débat disposera de cinq minutes pour le conclure.

Dans le débat, la parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour le groupe auteur de la demande. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K. – M. Jacques Grosperrin applaudit également.)

M. Pierre Ouzoulias, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, le 7 février 2018, on débattait, dans cet hémicycle, d’un projet de loi relatif à l’orientation et à la réussite des étudiants.

L’ambition affichée à travers ce texte était de réformer fondamentalement l’enseignement supérieur en modifiant notamment les conditions pour y accéder. À cette tribune, la ministre de l’enseignement supérieur de l’époque avait déclaré que le gouvernement auquel elle appartenait souhaitait, par cette réforme, accélérer l’élévation générale du niveau de qualification de notre jeunesse, en augmentant le nombre d’étudiants accueillis dans l’enseignement supérieur et en garantissant à tout bachelier le droit d’y poursuivre ses études.

Le dessein du Gouvernement était de refonder la « méritocratie républicaine » en donnant à chaque « lycéen où qu’il réside dans notre pays – en métropole ou en outre-mer, en milieu urbain ou dans un territoire rural –, les mêmes chances d’aller jusqu’au bout de ses capacités ». Vaste programme !

Dans la pratique, cet accès garanti à l’enseignement supérieur devait résulter de l’offre faite aux lycéens de personnaliser leur parcours d’entrée. La ministre déclarait alors que le principe de personnalisation constituerait un nouvel instrument permettant de rétablir l’égalité des chances au sein de notre enseignement supérieur.

Une plateforme informatique, dénommée Parcoursup, devait faire coïncider les choix libres des lycéens et les offres de l’enseignement supérieur. Elle devait garantir l’équité et la transparence des affectations, tout en autorisant chaque filière à gérer, par un numerus clausus, les candidatures excédant sa capacité d’accueil.

Six ans après la promulgation de la loi, il convient de nous demander si ces objectifs très ambitieux ont été satisfaits. Plus qu’un débat technique sur le fonctionnement de Parcoursup, notre groupe a considéré qu’il serait intéressant d’évaluer collectivement les conséquences globales pour les élèves des réformes conjuguées du lycée et de l’accès à l’enseignement supérieur.

Lors de l’examen du projet de loi relatif à l’orientation et à la réussite des étudiants, nombreux étaient les sénateurs qui avaient dénoncé l’erreur de méthode consistant à réformer l’accès à l’enseignement supérieur avant de modifier substantiellement les modalités de l’examen en classe de terminale. Depuis lors, les deux ministères n’ont cessé d’ajuster leurs dispositifs pour tenter de leur donner une cohérence qui n’avait pas été pensée à l’origine.

La réforme du baccalauréat et la création de Parcoursup avaient en commun de viser une diminution de l’importance des déterminants sociaux dans les facteurs de réussite des élèves.

Avant d’évaluer la mise en œuvre de cette plateforme, il faut rappeler que la France est l’un des pays de l’OCDE dans lequel la réussite des élèves dépend le plus de leur condition sociale. Ainsi, les jeunes Français ayant des parents diplômés de l’enseignement supérieur ont quatorze fois plus de chances d’atteindre ce même niveau de diplôme que ceux dont les parents ont un niveau d’éducation moins élevé, contre trois à quatre fois plus en moyenne en Estonie, en Finlande et en Suède.

C’est aussi en France que l’écart entre le taux d’emploi des diplômés de l’enseignement secondaire et celui des diplômés de l’université est le plus important. La situation économique et sociale des individus est fortement déterminée par leur niveau de diplôme, qui est lui-même fortement corrélé à l’origine sociale des parents.

Cette emprise du diplôme sur les parcours économiques est d’autant plus cruciale en France que l’accès des salariés à la formation professionnelle est restreint.

La sélection réalisée au lycée et à l’entrée de l’enseignement supérieur est souvent définitive. Comme le soulignait justement le comité stratégique dirigé par Martin Hirsch, dans son rapport intitulé Diversité sociale et territoriale dans lenseignement supérieur, remis à la ministre de l’enseignement supérieur le 8 décembre 2020, « le système français, avec ses modalités de sélection-orientation, ne pardonne guère le faux pas […]. Il amplifie, à chaque étape, les écarts et les faiblesses. Il fonctionne sur l’orientation-sélection, peu sur la réorientation. Il est organisé essentiellement par tamis, pas par passerelles. »

Reconnaissons objectivement que Parcoursup n’a pas modifié cette situation.

Les données collectées après six ans d’application de la réforme montrent que la ségrégation globale à l’entrée de l’enseignement supérieur est demeurée la même. Ainsi, la proportion de boursiers accueillis dans l’enseignement supérieur n’a pas augmenté. Concernant l’accès aux formations sélectives, les inégalités sociales restent élevées et se sont même accrues pour les filières universitaires les plus demandées. Dans ces dernières, le numerus clausus a davantage écarté les élèves des familles socialement défavorisées.

Cet accroissement de la ségrégation sociale résulte sans doute des critères retenus par les commissions d’examen des vœux.

La Cour des comptes a établi que 20 % des commissions des filières non sélectives, dites « en tension », utilisent le critère du lycée d’origine des candidats. Elles justifient cette pratique par l’importance du contrôle continu dans l’évaluation des résultats des lycéens après la réforme du baccalauréat. On peut se demander si la sélection à l’entrée de l’enseignement supérieur ne repose pas davantage sur la notoriété des établissements que sur les compétences intrinsèques des candidats.

De la même façon, il convient de s’interroger sur l’incidence du choix des enseignements de spécialité fait par les lycéens. Non seulement les critères des commissions d’examen des vœux ont eu pour conséquence de reconstituer les anciennes séries du lycée, mais les lycéennes sont moins nombreuses qu’avant à accéder aux filières scientifiques de l’enseignement supérieur.

La commission de la culture du Sénat, par la voix de notre collègue Jacques Grosperrin, vous a demandé à plusieurs reprises, madame la ministre, et récemment encore, dans le rapport d’information publié le 28 juin 2023, de prendre en compte un certain nombre de recommandations, comme la suppression du critère du lycée d’origine, un meilleur accès des boursiers à l’enseignement supérieur, une adaptation de la pratique des commissions de sélection à la nouvelle organisation du lycée et la garantie d’une meilleure lisibilité de leurs critères de sélection.

Avec votre collègue ministre de l’éducation nationale, il est grand temps que vous entendiez nos propositions pour remédier à ces problèmes dirimants, contraires aux principes d’équité et d’intelligibilité imposés à Parcoursup par la loi.

Je conclurai cette trop rapide introduction en évoquant la situation des bacheliers professionnels. En 2008, dans cet hémicycle, notre collègue Jacques Grosperrin avait très justement considéré qu’ils seraient les victimes de la réforme si les capacités d’accueil des instituts universitaires de technologie (IUT) et des sections de technicien supérieur (STS) n’étaient pas considérablement augmentées.

La situation actuelle lui a donné raison (M. Jacques Grosperrin approuve.), mais notre collègue ne pouvait pas prévoir que ces bacheliers se détourneraient de Parcoursup pour rejoindre des officines privées dont l’essor est maintenant hors de contrôle.

Nous partageons toujours l’objectif de la réforme d’accélérer l’élévation générale du niveau de qualification de notre jeunesse. À l’occasion de ce débat, il convient de nous demander si cette ambition a été satisfaite. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K, ainsi que sur des travées du groupe SER. – MM. Max Brisson et Jacques Grosperrin applaudissent également.)

Mme la présidente. La parole est à Mme Maryse Carrère. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)

Mme Maryse Carrère. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, entre les mois de décembre et de juillet, un élève de terminale compose avec un agenda très chargé. En plus des devoirs de fin de semestre, des épreuves anticipées du baccalauréat et du grand oral, nos lycéens sont confrontés aux échéances de Parcoursup : il y a tout d’abord l’inscription, la création du dossier et la formulation des vœux, puis l’arrivée des réponses, les choix et, enfin, la phase d’admission.

Pour les lycéens, ce parcours du combattant est crucial, mais combien d’entre eux sont capables de mesurer ce qui se joue pendant cette période ?

En décembre dernier, plus de 700 000 familles se sont pressées sur la plateforme pour choisir parmi les 23 000 formations proposées. Selon les chiffres publiés par Parcoursup, 93,5 % des bacheliers ayant émis des vœux ont été destinataires d’au moins une offre d’admission, soit un taux supérieur à celui de l’année passée.

Autre évolution positive, les étudiants cherchant à se réorienter disposent désormais de davantage de propositions.

Pour ce qui est de la phase complémentaire, seuls 148 bacheliers sont restés sans proposition. C’est mieux que l’année précédente, mais toujours beaucoup trop pour les familles concernées, et ce malgré l’accompagnement déterminant des élèves sans solution par des commissions d’accès à l’enseignement supérieur (CAES), dont je salue le travail.

Comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises, nous considérons que Parcoursup tient son rôle en évitant certains écueils de l’ancien système d’admission post-bac (APB), jugé à l’époque trop déshumanisé et trop complexe.

Cependant, les difficultés que rencontrent certaines familles pour accéder à l’information font que la plateforme reste insatisfaisante.

Le principe républicain d’égalité des chances, un principe fondamental auquel le groupe RDSE est très attaché, n’est-il pas remis en question lorsque 28 % des élèves se déclarent mécontents de leur sort au moment de leur admission dans l’enseignement supérieur ?

N’est-il pas également remis en question par une trop faible représentation de la diversité des territoires au sein des grandes écoles ?

Enfin, ne l’est-il pas lorsque plus des deux tiers des élèves de ces établissements sont issus de familles dont les parents appartiennent aux catégories socioprofessionnelles favorisées (CSP+) ?

Nous savons bien que, si les jeunes issus des milieux défavorisés n’accèdent pas aux grandes écoles, cela s’explique davantage par leur choix d’orientation que par leur niveau scolaire. En outre, plus de la moitié d’entre eux se retrouvent livrés à eux-mêmes lorsqu’ils doivent saisir leurs données dans Parcoursup, contrairement aux élèves des milieux favorisés dont les deux tiers sont épaulés par leurs parents.

Les choix des élèves sur Parcoursup sont façonnés par des phénomènes d’autocensure et limités par le manque d’information sur les formations. Cette situation n’est pas acceptable.

Face à ce constat, je souhaite rappeler les chiffres du sixième rapport annuel du comité éthique et scientifique de Parcoursup (CESP) sur l’offre de formation privée.

En 2023, 22 % des cursus de formation présents sur Parcoursup étaient proposés par des établissements privés. Par ailleurs, le développement de l’apprentissage public est allé de pair avec la multiplication des organismes privés, ce qui a profondément redessiné le paysage et la répartition des offres entre le public et le privé.

Il ne s’agit pas, pour le groupe RDSE, d’opposer l’enseignement public à l’enseignement privé, mais de se demander si les informations dont disposent les jeunes au sujet des différentes formations proposées sur Parcoursup leur permettent de faire un choix vraiment éclairé.

Les labels, bien trop nombreux, ne constituent pas une information suffisamment lisible pour les candidats.

La charte de Parcoursup prévoit que, en cas d’illégalité, une formation peut voir son référencement sur la plateforme suspendu. Nous appelons à une véritable effectivité des sanctions.

Madame la ministre, l’inquiétude dans les foyers, l’angoisse et le stress que peut susciter l’orientation, doivent conduire le Gouvernement à mettre en œuvre des solutions accessibles à tous et compréhensibles par tous, tout en réprimant les fraudeurs et les marchands de rêves.

Par conséquent, l’ensemble du groupe RDSE attend vos réponses sur les questions d’accessibilité, de lisibilité et de régulation de la plateforme. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE. – M. Pierre Ouzoulias applaudit également.)

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Sylvie Retailleau, ministre de lenseignement supérieur et de la recherche. Madame la sénatrice Maryse Carrère, tout d’abord, je vous remercie d’avoir souligné que Parcoursup progressait d’année en année. Cette amélioration continue est confirmée par les usagers.

Bien évidemment, les points d’attention que vous avez évoqués sont d’importance : nous les avons identifiés et nous travaillons dessus.

Pour accompagner les candidats sans solution, nous mobilisons un certain nombre de dispositifs au sein des académies, dans les territoires, et ce depuis 2018. Je rappelle qu’en juillet comme en août, tout lycéen sans solution est contacté personnellement par mail ou par téléphone, afin de se voir proposer un accompagnement. C’est ce qui nous a permis de réduire à 148 le nombre de lycéens sans solution, candidats que nous continuons d’accompagner parce que, comme vous l’avez dit, ils sont encore trop nombreux.

Agir pour l’égalité des chances, c’est aussi être attentif à la diversité sociale et territoriale. Depuis la création de Parcoursup, le taux des lycéens boursiers admis en première année a ainsi progressé de cinq points, passant de 20 % à 25 % – et nous continuons d’agir en ce sens.

La diversité des 23 000 offres de formation proposées sur la plateforme contribue à ce que les candidats les moins mobiles puissent tout de même trouver des solutions. Tel est le sens de la création des campus connectés dans les territoires ruraux, que nous valorisons sur Parcoursup pour développer une offre de proximité. Cela vaut aussi pour les territoires urbains peu favorisés.

Nous valorisons également le parcours des lycéens en cordées de la réussite. Ainsi, 96 % des 325 000 candidats concernés et présents sur Parcoursup ont reçu une proposition ; 88 % d’entre eux l’ont acceptée, soit un pourcentage en forte progression.

Enfin, madame la sénatrice, je ne peux que souscrire à votre demande d’une régulation plus forte de l’offre de formation privée. C’est essentiel pour les familles, car celles-ci se laissent parfois tromper par des offres très alléchantes en apparence, qu’elles soient proposées en dehors de Parcoursup ou sur la plateforme – nous multiplierons les contrôles pour les faire disparaître.

C’est la raison pour laquelle nous proposons un label reposant sur des critères bien définis ; nous nous donnons également les moyens de suspendre le référencement d’une formation sur Parcoursup lorsque les contrôles attestent un comportement non conforme à la charte de la plateforme. Vous pouvez compter sur nous pour poursuivre ce travail.

Mme la présidente. La parole est à M. Martin Lévrier. (M. Bernard Buis applaudit.)

M. Martin Lévrier. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, ressentir de l’appréhension au moment de choisir son orientation est un sentiment courant qu’ont en commun non seulement les lycéens, mais aussi leurs parents.

Dans cette période, les lycéens doivent prendre des décisions importantes concernant leur avenir académique et professionnel. Les parents, quant à eux, ne sont pas épargnés : ils peuvent ressentir de l’inquiétude et se demander si leur enfant choisira la bonne voie et sera en mesure de réussir ses études et sa carrière.

Avant 2018, le dispositif APB était le système principal pour l’admission dans les universités et les écoles post-bac. Dans le but de rendre le processus d’inscription plus transparent, plus humain et plus équitable, il a été remplacé par Parcoursup. Est-il nécessaire de rappeler qu’en 2017 les candidats ayant choisi comme premier vœu une licence en tension étaient départagés par tirage au sort ?

Avec ce nouveau dispositif, les démarches permettant à chacune et chacun de formuler et de suivre ses vœux sont devenues beaucoup plus claires. Car il ne faut pas l’oublier, Parcoursup est avant toute chose un outil qui a permis de donner de la visibilité à un ensemble de formations sur un seul et même site.

La plateforme est également apparue comme une petite révolution pour les élèves : elle leur a donné une liberté totale dans la formulation de leurs vœux sans avoir à les hiérarchiser – nous savons combien cela leur est cher. Cette évolution a permis de lutter contre l’autocensure dont on mesure à quel point elle peut être forte lorsque l’entourage familial n’est pas sensibilisé au monde de l’enseignement supérieur.

Et parce que j’imagine que les sujets de l’accompagnement à l’orientation et de l’égalité des chances reviendront souvent dans notre débat, je tiens d’ores et déjà à rappeler que la loi du 8 mars 2018 relative à l’orientation et à la réussite des étudiants, dite loi ORE, instaure une priorité pour les lycéens boursiers. On l’oublie souvent, mais cette mesure, tout comme la valorisation des parcours en cordées de la réussite, est un vrai levier pour lutter contre les inégalités. Cela ne règle pas tout, bien évidemment, mais c’est un progrès que Parcoursup concrétise chaque année.

Force est de constater que, dans l’ensemble, malgré les nombreux articles de presse qui portent chaque année sur les soi-disant dysfonctionnements du dispositif, les résultats sont au rendez-vous.

En témoignent les chiffres pour l’année 2023 : quelque 917 000 candidats étaient inscrits sur la plateforme, et la procédure a permis à 93,5 % des bacheliers d’obtenir une proposition d’admission dans l’enseignement supérieur. Bilan des enquêtes et des retours d’expérience, 76 % des candidats s’estiment satisfaits des réponses reçues de la part des responsables de formation et soulignent l’accessibilité de l’information, qu’il s’agisse des fiches métiers ou des procédures de sélection.

Seul bémol, la plateforme reste, en raison de la période charnière que représente pour les lycéens le moment du choix de leur orientation, une source importante de stress : ils sont en effet 83 % à considérer que la période est source d’anxiété du fait de l’approche des épreuves du baccalauréat.

La difficulté du choix fait partie intégrante de l’apprentissage. La limiter est une évidence, la supprimer serait un non-sens.

Depuis l’avènement de Parcoursup, le Gouvernement n’a eu de cesse d’améliorer le dispositif, tant en termes d’ergonomie que sur le fond, notamment en intégrant de nouvelles fonctionnalités visant à faciliter la prise de décision.

La multitude des options d’orientation disponibles peut se traduire par un syndrome d’anxiété décisionnelle, qui rend de ce fait Parcoursup indispensable, tout comme les plateformes de streaming sont incontournables si l’on souhaite regarder un film répondant à une grande variété de critères.

Cette réforme continue témoigne, madame la ministre, de votre engagement à améliorer constamment le processus d’orientation et d’admission dans l’enseignement supérieur.

Tout d’abord, une attention particulière a été portée à l’accompagnement des lycéens tout au long de leurs démarches sur Parcoursup. Des outils interactifs ont été développés pour aider les élèves à mieux comprendre les différentes filières et leurs débouchés professionnels. Des ressources pédagogiques supplémentaires ont également été mises à disposition pour soutenir les lycéens dans leur choix d’orientation.

Ensuite, une amélioration significative a été apportée à la transparence des critères d’évaluation des dossiers. Les élèves et leurs familles ont désormais un accès plus simple et plus détaillé aux éléments pris en compte lors de l’examen des candidatures, ce qui leur permet de mieux anticiper les attentes des établissements d’enseignement supérieur.

Enfin, des ajustements ont été effectués pour améliorer la fluidité et l’efficacité du processus d’admission. Des améliorations techniques ont été apportées à la plateforme pour garantir une navigation plus fluide et une meilleure gestion des candidatures. Les délais de réponse ont également été réduits pour permettre aux élèves de recevoir rapidement des réponses.

En 2023, un nouveau test d’autopositionnement pour postuler à un institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) a été intégré à la plateforme. De nouveaux chiffres sur les admissions passées et des données sur l’insertion des jeunes, notamment après un brevet de technicien supérieur (BTS), ont été publiés sur le site. Et bien que le nombre de ceux qui s’inscrivent dans ce cursus pour y poursuivre leurs études ne bondisse pas, la plateforme recense désormais toutes les écoles préparant au diplôme national d’art.

La mise à jour de décembre dernier a par ailleurs rendu plus aisée la comparaison entre les offres, en permettant notamment aux lycéens de mieux s’informer sur le contenu des formations, leur statut, le taux de pression, ainsi que sur les frais de scolarité, ce qui constitue une avancée significative pour rendre le processus d’inscription plus transparent et plus équitable.

Je crois comprendre qu’il ne s’agit pas là de l’unique amélioration. Je souhaiterais connaître, madame la ministre, les nouveautés apportées à Parcoursup pour la session 2024. Ces dernières visent-elles à répondre aux préoccupations des lycéens et de leurs familles, et à garantir une meilleure orientation des candidats dans l’enseignement supérieur ? Je vous remercie par avance pour vos éclaircissements sur ce sujet crucial pour l’avenir de notre jeunesse. (M. Bernard Buis applaudit.)

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Sylvie Retailleau, ministre de lenseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur Martin Lévrier, vous avez raison de souligner que, si les principes fondamentaux du dispositif sont restés stables, Parcoursup a évolué chaque année en prenant en compte les retours d’expérience de ses usagers.

Je veux également vous remercier d’avoir mis en lumière le travail collectif de tous ceux qui œuvrent depuis des années sur la plateforme.

En 2023, nous avons effectivement renforcé la transparence et accru la variété des informations disponibles sur Parcoursup ; nous avons aussi réduit la durée de la phase de réponse aux vœux, de sorte qu’elle soit désormais de 37 jours contre 108 en 2018.

En 2024, nous agissons avec le souci de donner plus de temps aux jeunes pour construire leur projet d’orientation – ce mot d’« orientation » résonnera particulièrement ici, je suppose – et faire leur choix.

Depuis cette année, la plateforme est ouverte aux lycéens à partir de la classe de seconde, afin qu’ils puissent découvrir le dispositif, les formations et les débouchés professionnels, et qu’ils puissent échanger en amont dans le cadre de leur stage de découverte, ainsi que par le biais d’autres outils. Il s’agit là d’une première étape qui nous permettra, à ma collègue Nicole Belloubet et à moi-même, d’aller plus loin, l’an prochain, sur la question de l’accompagnement dans l’orientation au lycée.

Donner toute sa place à l’accompagnement humain, telle est la voie que nous avons privilégiée. Nous avons également souhaité mieux valoriser les journées portes ouvertes de l’enseignement supérieur qui sont plébiscitées par les lycéens.

Les jeunes doivent choisir : nous leur permettons, cette année, de comparer plus facilement les offres de formation entre elles, notamment grâce à la possibilité de créer des favoris pour suivre leur parcours d’orientation sur une nouvelle plateforme parcoursup.gouv.fr entièrement accessible.

La priorité restera bien évidemment l’accompagnement humain des élèves par les enseignants. Comme vous l’avez noté, cette année, nous avons pris soin de séparer le temps des premiers choix sur Parcoursup du temps des révisions des épreuves du bac, précisément pour que les lycéens puissent être accompagnés tout au long du mois de juin.