État civil :
Né le 5 mai 1798
Décédé le 26 septembre 1866
Profession :
Propriétaire terrien
IInd Empire

Ancien sénateur du Second Empire

Elu le 4 mars 1853
Fin de mandat le 26 septembre 1866

Chambre des Pairs du 7 novembre 1839 au 24 février 1848

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)

avant 1889

BOISSY (HILAIRE-ÉTIENNE-OCTAVE ROUILLÉ MARQUIS DE), fils du marquis de

Boissy du Coudray, pair de France et sénateur du Second Empire, né à Paris, le 5 mai 1798, mort à Louveciennes (Seine-et-Oise), le 26 septembre 1866, était par sa mère neveu du marquis d'Aligre, aussi pair de France. Conseiller général du Cher, où il possédait de vastes propriétés, il fut appelé, le 7 novembre 1839, par ordonnance royale, à la Chambre des pairs. Il ne tarda pas à s'y faire remarquer, dit un biographe, « par un genre oratoire en opposition constante avec les convenances parlementaires établies dans la haute Chambre. » Ses opinions politiques, assez difficiles à préciser, le tenaient, pour ainsi dire, en dehors de tous les partis, et son caractère, aussi original qu'indépendant, le portait à combattre une proposition avec d'autant plus d'acharnement qu'il savait, d'avance, qu'elle réunirait la presque unanimité des suffrages. Il débuta au palais du Luxembourg en s'opposant avec une grande vivacité à un projet de loi tendant à accorder, à titre de récompense nationale, une pension à la veuve du colonel Combes.

- « La Chambre, dit-il, n'interprétera point avec sévérité ma persistance. Elle sera juste : elle y verra, la religion du devoir devant lequel aucun de nous ne recule : toujours émettre son opinion quand il juge utile qu'elle soit connue, la toujours soutenir quand il lui paraît important qu'elle triomphe, et cela alors même que, pour ses convenances personnelles et pour ses affections, il proférerait ne point élever la voix... »

M. de Boissy n'en souleva pas moins, contre lui, ce jour-là, de violentes exclamations. Vivement interrompu, depuis lors, chaque fois qu'il monta à la tribune, il ne se fit pas faute d'en user de même lorsque les orateurs du gouvernement prenaient la parole. Un jour qu'il demandait aux ministres pourquoi ils tenaient la garde nationale en suspicion, il répondit à la majorité et au président, le chancelier Pasquier : - « Je ne conçois pas qu'on ne permette pas de dire ici ce qui se dit a une autre tribune. Nous pairs de France, montrons-nous donc un peu plus conservateurs de la dignité, des prérogatives de la pairie. Deux tribunes existent, égales en droit, quoique avec des droits différents ; n'abaissons pas la nôtre, et disons donc ce qui est dans notre opinion et ce que nous croyons utile au pays. »

Il dit un jour à Guizot, qui justifiait sa politique par des raisons diplomatiques : - « A mon sens, la vérité est le moyen d'arriver plus vite au but ; la plus grande habileté, c'est la franchise. »

Adversaire des traités de 1831 et de 1834, et de la fameuse entente cordiale, dont s'applaudissait tant le gouvernement de Louis-Philippe, entre la France et l'Angleterre, il demanda la révision de la convention du droit de visite : - « Ce n'est pas, dit-il, élever une prétention imprudente qui puisse compromettre la paix. C'est, au contraire, écarter avec une sollicitude intelligente ce qui, certainement, la troublerait dans un avenir prochain. »

Il réclama aussi (1840) la suppression du gouvernement militaire en Algérie et son remplacement par un gouvernement civil : « Il est plus dangereux qu'utile de réunir tous les pouvoirs sur un seul individu. D'ailleurs, rappelez-vous, messieurs, les paroles de la couronne, rappelez-vous les promesses qu'elle a faites au pays, que la domination française ne quittera plus la terre d'Afrique. Qu'a voulu dire la couronne ? Qu'a-t-elle promis? Évidemment que l'Algérie était élevée au rang de province française. Or, si à ce titre elle est soumise à nos lois, à ce titre aussi elle a droit à être protégée par elles. Par conséquent, elle doit être protégée par l'autorité civile, tout à fait distincte de l'autorité militaire, qui n'y doit, comme en France, venir que la seconde... »

Plusieurs fois, il intervint dans les discussions sur les affaires étrangères, (pressant le gouvernement de prendre une attitude plus forme à l'égard des puissances), et sur le budget, comme dans la séance du 18 juillet 1843 :

M. LE MARQUIS DE BOISSY. - Je ne répéterai pas ce que je disais tout à l'heure des soldats malades : je sais que l'on ne s'en occupe pas. (Murmures).

M. LE CHANCELIER. - On n'use pas de pareils procédés, M. le marquis de Boissy! On n'apostrophe pas de cette manière des personnes respectables (Aux voix ! aux voix!)

M. LE MARQUIS DE BOISSY. - J'ai cité un fait; j'ai dit qu'il est scandaleux que la Chambre des pairs, un des trois pouvoirs de l'État, n'ait pas pu discuter contradictoirement le budget; voila un scandale qui portera ses fruits... (Murmures).

M. LE CHANCELIER. - Monsieur de Boissy, je dois saisir cette occasion pour vous avertir que vous n'êtes pas la Chambre des pairs tout entière, et que vous ne pouvez pas, par conséquent, parce qu'on ne vous a pas répondu, dire que la Chambre des pairs n'a pas reçu de réponse..

M. LE MARQUIS DE BOISSY. - Je maintiens ce que j'ai dit à la Chambre, qu'il y a eu discussion, mais non pas discussion contradictoire. Je répète qu'il était de la dignité de la Chambre de demander une réponse adressée non pas à moi (je me mets tout à fait en dehors, plus tard je me mettrai en avant), mais à la Chambre, sur le fait honteux que j'ai cité à savoir que nos soldats sont traînés dans des charrettes, sur de la paille fraîche, comme des animaux.

M. LE CHANCELIER. - Monsieur de Boissy, vous n'avez pas le droit de calomnier le gouvernement à ce point de dire que des soldats français sont traités comme des animaux. S'il y avait un seul endroit où cela eût lieu, la France entière se soulèverait contre une pareille indignité, etc. »

Le franc parler au marquis de Boissy avait le don d'exaspérer ses collègues, tandis que la presse et le public s'amusaient fort de ses saillies.

« Voyez plutôt, écrit un biographe. Il n'y a qu'un seul instant, la Chambre languissait, les ministres ronflaient sur leurs portefeuilles, les journalistes bâillaient sur leurs notes, quand tout à coup ce mot a retenti : Je demande la parole. Aussitôt la Chambre se réveille comme en sursaut, les ministres en font autant, et regardent avec inquiétude M. de Boissy qui s'élance à la tribune ; les journalistes se préparent à écouter de toutes leurs oreilles : on se croirait au théâtre, au dénouement d'un drame qui a mal commencé, mais qui offre une péripétie intéressante. Cependant M. le baron Pasquier dispute la parole au noble pair; mais celui-ci défend son droit contre les arguties du président... »

A la mort de son père (1840), M. de Boissy devenu marquis et maître de sa fortune, avait crée le journal le Législateur, qui n'eut qu'une existence éphémère. Comme il s'était fait, en dénonçant a la tribune tous les « scandales du jour », une sorte de popularité, il fut invité à l'approche de la révolution de février 1848, au banquet réformiste du XIIe arrondissement, et accepta l'invitation. Il posa, sans succès, sa candidature aux élections de la Constituante (avril 1848), donna une nouvelle preuve d'originalité en épousant (1851) la comtesse Guiccioli, que sa liaison avec lord Byron avait rendue célèbre, et fut appelé, après le rétablissement de l'Empire, le 4 mars 1853, au Sénat par Napoléon III, A demi rallié au gouvernement impérial, il se signala encore par de bruyantes interruptions et par quelques discours, notamment sur la question du pouvoir temporel du pape (1865), qui ne laissèrent pas d'être assez désagréables au pouvoir. Ces discours, parfois incohérents, entremêlés souvent de mots spirituels, contenaient toujours des protestations de dévoué-ment envers l'empereur, qui, par les critiques qui les accompagnaient, prenaient, peut-être en dépit de leur auteur, des airs de cruelles railleries. Il parut pour la dernière fois à la tribune du Sénat en 1866, l'année même de sa mort. Dans la discussion de l'adresse : - « Existe-t-il au monde, fit-il, quelqu'un qui soit complètement satisfait de la situation ? » Des voix nombreuses, dit le Moniteur officiel, répondirent : - « Oui, sans doute, nous sommes tous très contents.

- « Je ne le crois pas », répliqua le marquis de Boissy.

Chevalier de la Légion d'honneur, dès 1828, il avait été promu officier de cet ordre en 1856.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Hilaire-Étienne-Octave Rouillé BOISSY DU COUDRAY

Avertissement : les extraits de tables nominatives et biographies sont issus d'une reconnaissance automatisée des caractères ; merci de nous signaler toute erreur ou coquille.

Page mise à jour le

Pour toute remarque relative à cette page, veuillez contacter : anciens-senateurs@senat.fr