État civil :
Né le 22 mars 1857
Décédé le 7 mai 1932
Profession :
Enseignant
Département :
Corse
IIIème République

Ancien sénateur de la IIIe République

Elu le 7 janvier 1912
Elu le 9 janvier 1921
Elu le 14 janvier 1930
Fin de mandat le 9 juin 1931 ( Démissionnaire )


Ancien Président du Sénat

1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

1889-1940

DOUMER (JOSEPH, ATHANASE, Paul), né le 22 mars 1857 à Aurillac (Cantal), mort le 7 mai 1932 à Paris.

Député de l'Aisne de 1888 à 1889. Député de l'Yonne de 1891 à 1896.

Député de l'Aisne de 1902 à 1910. Sénateur de la Corse de 1912 à 1931.

Ministre des Finances du 1er novembre 1895 au 29 avril 1896.

Ministre d'Etat du 12 septembre au 16 novembre 1917. Ministre des Finances du 16 janvier 1921 au 15 janvier 1922 et du 16 décembre 1925 au 9 mars 1926.

Président de la République du 19 juin 1931 au 7 mai 1932.

Nota - Paul Doumer n'ayant commencé sa carrière politique que l'année précédant la publication de ROBERT ET COUGNY, cet ouvrage ne lui consacre que fort peu de chose. En particulier, le « chapeau » est beaucoup trop étriqué eu égard à une personnalité dont on ne pouvait évidemment prévoir qu'elle deviendrait Président de la République. Dans ces conditions, il semble opportun de reprendre au départ la notice biographique.

Doumer (Joseph, Athanase, Paul) naît à Aurillac (Cantal) le 22 mars 1857, dans une vieille maison sise 54, faubourg des Tanneurs.

Son père, Jean Doumer, est alors poseur de rails à la Compagnie des chemins de fer d'Orléans. Huit mois après la naissance de son fils, il doit partir avec sa petite famille, d'abord pour Mende, en Lozère, puis pour Paris, sur la Butte Montmartre, où naît un second enfant. Mais le père meurt bientôt. Restée seule, Mme Doumer doit faire des ménages pour élever ses enfants.

Paul Doumer fréquente l'école communale de la rue Ramey, où il obtient son certificat d'études primaires. La misère est grande dans la famille ; elle oblige Mme Doumer à placer son fils à douze ans, d'abord comme coursier, puis comme ouvrier graveur dans une fabrique de médailles de la rue de Turenne.

Paul Doumer, cependant, tient à poursuivre ses études. Il le fait avec tant d'énergie tenace que, fréquentant seulement les cours du soir de l'Ecole des Arts-et-Métiers, il parvient à passer avec succès son baccalauréat ès-sciences, puis à obtenir, en 1877, alors qu'il est devenu répétiteur, une licence de mathématiques.

A cette époque, il vit dans la famille d'un de ses camarades dont le père, M. Richel, a été inspecteur primaire dans le département de l'Aisne.

Nommé en 1877 professeur au Collège de Mende - il est alors âgé de vingt ans -, il y reste jusqu'à la fin de 1879 en compagnie de l'une- des trois filles de la famille Richel, Blanche, qu'il a épousée l'année précédente, mettant en application un principe qu'il exprime dans Le Livre de mes fils : « Se marier, et se marier jeune, est le devoir ».- De leur union naîtront huit enfants, dont cinq fils.

Il est ensuite appelé à professer au collège de Remiremont, mais en 1883, il devra abandonner l'enseignement pour raison de santé.

Entre-temps, il a commencé à fréquenter les milieux du journalisme, notamment en écrivant quelques articles lorsqu'il se rendait à Paris pour y passer ses vacances. En 1880, grâce à son beau-père, il entre en relations avec l'historien Henri Martin, alors sénateur de l'Aisne, et son collègue Waddington qui lui confient le poste de rédacteur en chef du Courrier de l'Aisne. Fixé dès lors à Saint-Quentin, Paul Doumer mène une campagne très vive en faveur des idées du parti radical. La direction du journal s'en émeut bientôt à tel point qu'après la mort d'Henri Martin, Paul Doumer doit démissionner. Il fonde alors un journal beaucoup plus violent, La Tribune de l'Aisne, nettement plus orienté à gauche.

A l'occasion des élections de 1885, une longue et active campagne fait triompher toute la liste soutenue par La Tribune contre celle que patronne son ancien journal. Paul Doumer devient ainsi conseiller municipal, et ce succès incite M. Floquet, élu président de la Chambre, à prendre le jeune militant comme chef de Cabinet.

Entre temps, il collabora au Matin, au Rapide et au Voltaire.

Deux ans plus tard, un siège de député devenant vacant dans la deuxième circonscription de Laon, Paul Doumer se présente. Il est élu au deuxième tour de scrutin, le 25 mars 1888, par 42.306 voix sur 92.998 votants et 147.324 inscrits, contre 33.485 voix à M. Jacquemart, opportuniste, et 11.612 voix au général Boulanger, lequel s'était désisté en sa faveur à l'issue du premier tour.

A la Chambre, Paul Doumer siège avec la gauche radicale. Il vote notamment pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement, contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, en faveur des poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes, contre le projet de loi Lisbonne tendant à restreindre la liberté de la presse, enfin pour les poursuites contre le général Boulanger.

Lors du renouvellement du 22 septembre 1889, Paul Doumer est battu au premier tour de scrutin par Castelin, qui l'emporte par 10.386 voix contre 7.031, sur 17.949 votants. De ce fait, son mandat prend fin le 14 octobre.

Paul Doumer ne quitta pas la Chambre des Députés bien longtemps. En effet, le représentant de la première circonscription d'Auxerre, Laffon, étant décédé en cours de mandat, une élection complémentaire a lieu le 25 octobre 1890. Il s'y présente, mène à l'issue du premier tour par 6.539 voix contre 4.418 à son principal adversaire, Denormandie, pour l'emporter au deuxième tour par 7.714 voix contre 5.144, sur 13.829 votants.

Lors du renouvellement du 20 août 1893, Paul Doumer battra de nouveau le même adversaire, cette fois dès le premier tour, par 7.675 voix contre 5.756, sur 13.173 votants.

A la Chambre des Députés, il se spécialise vite dans les finances. En juillet 1894, il soutient avec Godefroy Cavaignac une proposition d'impôt sur le revenu, qui est repoussée par l'Assemblée malgré l'appui de Jaurès. En 1895, en qualité de rapporteur du budget des Colonies, il lui faut intervenir sur le projet de loi relatif au règlement provisoire de la situation financière du protectorat de l'Annam et du Tonkin et des dépenses de l'expédition du Siam. L'étude à laquelle il se livre à cette occasion fait penser à lui lorsqu'il s'agit de remplacer Rousseau, le gouverneur général de l'Indochine, qui désire rentrer en France pour se présenter aux élections sénatoriales dans le Finistère. Mais une crise ministérielle intervient, à la faveur de laquelle il entre dans le cabinet radical de Léon Bourgeois, en qualité de Ministre des Finances, le 1er novembre 1895.

Le 1er février 1896, il soumet au Parlement un projet de budget tendant à réaliser des économies considérables, à donner un nouvel élan à l'amortissement de la dette publique, à préparer la réforme de l'impôt foncier et à organiser l'assistance aux vieillards. Il prévoit également l'établissement d'un impôt global et progressif sur le revenu, destiné à remplacer la contribution personnelle mobilière et la contribution des portes et fenêtres. Ce dernier projet provoque une vive opposition à la Chambre, où il est repoussé.

Il se préoccupe encore de l'Indochine en faisant modifier, à la demande du gouverneur général Rousseau, qui est resté en place, le décret organisant le contrôle financier, texte qui tendait à réduire les pouvoirs du représentant de la France.

Ses fonctions prennent fin le 21 avril 1896, avec la chute du ministère provoquée par le refus du Sénat de voter les crédits demandés par nos troupes stationnées à Madagascar.

A la suite du décès de Rousseau, Paul Doumer se voit offrir par M. Méline, dont il s'était montré l'adversaire redoutable, le poste de gouverneur général de l'Indochine, auquel il est nommé le- 28 décembre 1896, et qu'il occupera jusqu'en 1902. Il abandonne son mandat de député le 27 décembre et se trouve bientôt remplacé à la Chambre par Bienvenu-Martin.

En Indochine, il se consacre essentiellement, avec une grande autorité, à une oeuvre d'unification. Il obtient pour le budget général une indépendance absolue et crée le corps des services civils. C'est a son influence qu'est due la disparition du vice-roi du Tonkin, dépendant de l'empereur d'Annam. Il supprime peu à peu les mandarins, les gouverneurs de province.

Il met sur pied, en 1898, une importante organisation scientifique qui élabore un programme général des voies ferrées d'Indochine. Le projet, que le Parlement approuve, prévoit entre autres la création de la grande ligne Saïgon-frontière de Chine et celle de la ligne du Yunnan. Il préside également à l'exécution d'un vaste programme de . grands travaux en vue de laquelle il avait fait voter l'emprunt nécessaire, alors qu'il était ministre des Finances. Des critiques ayant été émises au sujet de son action, il publiera, en 1905, un livre intitulé : L'Indochine française (souvenirs), dont il espère voir se dégager « une vue suffisamment précise de notre belle Indochine, une idée assez exacte de ce qu'est la colonisation, le gouvernement d'un vaste empire ». Il y évoque ainsi son oeuvre : « Dans les cinq années que j'ai passées à la tête du gouvernement de l'Indochine, il a été possible de donner à notre colonie asiatique, avec une paix profonde qu'elle n'avait jamais connue, une organisation politique et administrative rationnelle, de bonnes finances, un premier réseau de voies de communication ; l'essor économique qui en est résulté a dépassé toutes nos espérances. »

De retour en France, Paul Doumer est élu de nouveau, aux élections générales du 27 avril 1902, député de la deuxième circonscription de Laon, contre M. Fancony, socialiste, par 11.522 voix sur 17.367 votants.

A la Chambre des députés, il oppose sa candidature, en tant que radical, à celle de Dubief, radical-socialiste, pour la présidence de la Commission des finances. Il l'emporte et se voit réélire à ce poste, en 1904, à la quasi-unanimité. A cette époque, il participe notamment aux discussions sur le rachat des chemins de fer de l'Ouest et du Midi, ainsi qu'au débat sur la situation de la marine, au cours duquel il critique la politique de Camille Pelletan.

Son attitude à cette époque ne laisse pas de le mettre en butte aux vives attaques de l'extrême-gauche. Son opposition aux partisans d'Emile Combes- dont il avait fait tomber le ministère avec l'appui des radicaux dissidents- et la vigueur avec laquelle il flétrit le système des « fiches » du général André le désignent comme le candidat des modérés à la présidence de l'Assemblée. Il est élu le 10 janvier 1905, par 265 voix contre 240 à Henri Brisson, puis réélu le 9 janvier de l'année suivante, par 287 voix contre 269 à Sarrien.

Immédiatement après, il pose sa candidature à la -présidence de la République, mais il se voit battre, le 17 janvier 1906, par Armand Fallières, candidat de la gauche, lequel l'emporte par 449 voix contre 371.

Réélu dès le premier tour à l'occasion du renouvellement du 6 mai 1906, par 11.297 voix contre 3.440 à M. Camper, sur 18.841 votants, Paul Doumer est, en revanche, battu aux élections générales des 24 avril et 8 mai 1910, au deuxième tour par son adversaire, Castelin, candidat républicain indépendant, qui l'emporte finalement par 9.366 voix contre 8.280, sur 18.158 votants. Pour la seconde fois, il doit renoncer à son mandat de député de l'Aisne.

Paul Doumer redevient parlementaire le 7 janvier 1912, jour où il est élu sénateur de la Corse par 445 voix sur 776 votants et au premier tour de scrutin. Bientôt, il fait au Sénat figure de véritable expert en matière financière, mais c'est essentiellement sur les problèmes touchant l'organisation de notre armée et la constitution de notre aéronautique militaire qu'il porte alors son attention ; il fait d'ailleurs partie à la fois de la Commission des finances et de la Commission de l'armée. Au début de 1914, il se voit nommer en outre membre du conseil supérieur aéronautique militaire et membre du comité technique de l'exploitation des chemins de fer.

Survient la guerre qui va le frapper à coups redoublés, puisqu'il perdra successivement trois fils et un gendre, puis un quatrième fils qui décédera des suites de ses blessures. Mais ces coups du sort n'entameront pas l'énergie dont il fait preuve dès le début des hostilités.

En effet, en août 1914, lorsque les troupes ennemies menacent Paris, il écrit au général Gallieni, gouverneur de Paris, lui proposant de se mettre à sa disposition en ces termes : « Je sais commander; je saurai donc obéir.» Gallieni accepte cette offre à laquelle Millerand, Ministre de la Guerre, ne fait pas d'objection. René Viviani, président du Conseil, exprimant quelque appréhension quant au choix d'un homme politique aussi en vue pour assumer une telle tâche, Gallieni répond qu'il ne peut revenir sur sa décision. C'est alors que Paul Doumer se trouve en mesure d'apporter un concours des plus utiles jouant en quelque sorte le rôle d'agent de liaison entre l'Etat-major général, les services publics et le Gouvernement replié à Bordeaux, et accomplissant une oeuvre très efficace portant à la fois sur l'organisation des services, les travaux de fortification du camp retranché et la mise en train des fabrications de guerre.

Toute cette activité n'empêche pas Paul Doumer de présenter durant cette période de nombreux rapports au Sénat, ni de partir pour la Russie, chargé de mission auprès du tsar.

Du 12 septembre au 13 novembre 1917, il occupe le poste de Ministre d'Etat dans le premier Cabinet Painlevé, siégeant au comité de guerre et présidant bientôt le comité économique.

De retour au Sénat, il est élu, le 29 juillet 1918, membre de la Commission chargée de procéder à une enquête économique sur les moyens d'accroître et de coordonner les efforts de production des colonies françaises, puis, le 3 décembre de la même année, membre de la Commission chargée d'étudier les questions intéressant spécialement les départements libérés de l'invasion.

Relevons le dépôt pas ses soins, le 6 février 1919, d'une proposition de résolution tendant à la nomination d'une Commission d'enquête sur les faits de guerre et, le 18 octobre, du rapport correspondant.

Régulièrement réélu membre de la Commission de l'armée et de celle des finances, il devient rapporteur général de cette dernière en janvier 1920. Cette qualité lui vaut de présenter de nombreux rapports, en particulier ceux qui concernent le budget, mais aussi la création de nouvelles ressources fiscales, problème dont l'acuité ne fera que croître au fil des années.

Paul Doumer est réélu sénateur de la Corse au deuxième tour de scrutin, le 9 janvier 1921, obtenant 414 voix.

Une semaine plus tard, le 16 janvier, il entre dans le Cabinet Briand comme ministre des Finances, poste qu'il occupera jusqu'au 12 janvier 1922, date à laquelle, à la suite de la conférence de Cannes, Raymond Poincaré reprendra la présidence du Conseil.

Revenu au Sénat, Paul Doumer retrouve son poste à la Commission des finances, à la présidence de laquelle ses collègues le portent en juillet 1925, mais il la quitte le 16 décembre 1925, Aristide Briand l'ayant appelé de nouveau à occuper les fonctions de ministre des Finances, en remplacement de Loucheur.

La tâche est extrêmement délicate, car c'est l'heure où le franc commence à précipiter sa chute et Paul Doumer connaît les angoisses d'une trésorerie aux abois et la menace d'une fermeture des guichets. Avec la même rude franchise que celle dont fera preuve Raymond Poincaré qui bénéficiera, lui, de l'autorité d'un président du Conseil, il se met à défendre une situation des plus critiques par un effort soutenu, une résistance aux surenchères, un sens des réalisations qui n'a d'égal que son mépris du verbalisme et des formules dilatoires. Il ne parviendra cependant pas à mener à bien cette entreprise et le ministère tombera au mois de mars 1926, Raoul Péret reprenant le portefeuille des finances.

Redevenu membre de la Commission des finances du Sénat le 30 mars 1926, il en retrouve la présidence au mois de novembre et ses collègues le confirment dans ses fonctions au mois de janvier suivant.

C'est à ce moment-là que la présidence de la Haute Assemblée se trouve vacante, de Selves venant d'être battu aux élections sénatoriales. La gauche démocratique radicale et radicale-socialiste présente alors la candidature de Paul Doumer qui est élu, le 14 janvier 1927, par 238 voix sur 273 votants, Albert Lebrun et Henri Chéron s'étant effacés devant lui.

La confiance du Sénat à son égard ne se démentira pas, puisqu'il en sera régulièrement réélu président le 12 janvier 1928, le 10 janvier 1929, le 16 janvier 1930 et le 15 janvier 1931.

Entre temps, les grands électeurs du département de la Corse lui renouvellent leur confiance en lui confirmant son mandat de sénateur par 416 voix sur 818 votants, dès le premier tour, le 14 janvier 1930.

L'année 1931 est celle au cours de laquelle doit expirer le mandat de Gaston Doumergue, Président de la République. Le Congrès qui se réunit alors se voit soumettre plusieurs candidatures : Paul Doumer, présenté par la droite, s'oppose à Aristide Briand, soutenu par la gauche. Au premier tour, Paul Doumer recueille 442 voix, Aristide Briand 401, Hennessy 15 et Marcel Cachin 10. Briand, froissé de cet échec se retire. Paul Doumer est alors élu Président de la République, le 13 mai 1931, par 504 voix contre 334 à Pierre Marraud, candidat improvisé par ses adversaires, et 13 à Painlevé, lequel n'était pas candidat.

Le 9 juin, Paul Doumer donne sa démission de sénateur et de président de la Haute Assemblée et, le 13, Gaston Doumergue lui transmet ses pouvoirs. A cette occasion, le général Dubail lui remet le grand collier et les insignes de Grand-croix de la Légion d'honneur.

La popularité du nouveau chef de l'Etat grandit de jour en jour et se trouve peu à peu en passe d'atteindre celle de son prédécesseur. Le pays apprécie, en effet, l'exemplaire dignité de sa vie, la sûreté de son jugement au milieu de crises difficiles et son clairvoyant patriotisme.

Mais, comme il l'avait pressenti le jour même de son élection par le Congrès de Versailles, Paul Doumer n'achèvera pas son mandat. Le 6 mai 1932, au début de l'après-midi, il se rend à l'hôtel Salomon de Rothschild, 11, rue Berryer, où a lieu la vente annuelle de l'association des écrivains combattants. Là, à quinze heures quinze, il est abattu à coups de revolver par un Russe blanc, Gorguloff, qui l'accusera de se montrer trop favorable aux bolcheviks. Atteint de deux balles à la base du crâne et à l'aisselle droite, il est aussitôt transporté à l'hôpital Beaujon où il expire le lendemain, 7 mai, peu avant la fin de la nuit.

L'émotion provoquée par cet attentat est considérable et se manifeste de toutes parts. En particulier, le Sénat rend hommage à la mémoire de son ancien président au début de la séance du 2 juin et, à cette occasion, Fernand Rabier, vice-président, s'exprime en ces termes : « Nous avions pu mesurer sa passion pour le bien public, la qualité et l'intensité de son labeur, la générosité de son esprit et de son coeur.

« Admirablement préparé par ses travaux antérieurs, par les mandats et les fonctions qu'il avait déjà remplis, il avait, dès son arrivée parmi nous, une action prépondérante dans les Commissions des affaires étrangères et de l'armée. Soucieux de précision, sans cesse à la recherche du document qui allait compléter son information et que son invraisemblable et méthodique puissance de travail lui permettaient de découvrir, il n'affirmait que s'il avait la certitude et cette certitude emportait votre conviction.

« C'est à la Commission des finances que sa haute compétence devait normalement trouver à s'exercer. Il était président de cette Commission lorsque vous l'avez appelé à diriger vos travaux.

« Il fut essentiellement l'homme du devoir, de tous les devoirs. Il avait le culte de la patrie, qu'il aimait d'un amour ardent et passionné jusqu'à lui sacrifier ses enfants. »

Paul Doumer repose, non pas au Panthéon, comme la proposition en fut faite, mais au cimetière de Vaugirard, Mme Doumer ayant demandé que son mari fût enterré dans le caveau de famille, auprès de ses quatre fils morts pour la France.

Malgré son activité considérable sur le plan politique, Paul Doumer a trouvé le temps d'écrire quelques livres. Outre L'Indochine française (souvenirs) (Cf. supra) publié en 1905 et La loi militaire (1913), il convient de mentionner Le livre de mes fils.

« Les livres peuvent avoir... dans la formation morale des jeunes hommes une sérieuse influence », laquelle vient s'ajouter à l'enseignement moral et civique, lui-même complété par les leçons de la famille ; le souvenir que Paul Doumer a conservé de lectures faites entre 16 et 20 ans - qui ont eu une action réelle, sinon décisive, sur la direction de sa vie - l'incite à écrire, en 1906, un livre pour la jeunesse. « Ce sera Le livre de mes fils, le livre des jeunes gens qui arrivent à l'âge d'homme et que la vie appelle. »

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Paul DOUMER

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