B. UNE RÉFORME PRÉOCCUPANTE

En juillet 1997, la Commission européenne a présenté sous le nom d'Agenda 2000 un document traçant les perspectives de développement de l'Union et les axes de réforme des fonds structurels qui en découlent.

De son côté, le Conseil européen d'Edimbourg a décidé de porter le budget des fonds structurels et de cohésion de 200 milliards d'Écus sur la période 1994-1999 à 275 milliards d'Écus pour la période 2000-2006, soit 0,46 % du PNB de l'Union.

Cette réforme permettra de faciliter l'élargissement de l'Union, 45 milliards étant consacrés aux nouveaux Etats membres et aux candidats à l'adhésion pendant la période préparatoire. Elle reposera sur une réduction du nombre des objectifs de six à trois, sur un recentrage vers des régions les plus en difficulté et sur une simplification des modalités de gestion.

Selon les propositions de la Commission :

Le nouvel objectif 1, destiné aux régions en retard de développement serait réservé aux régions dont le PIB par habitant est inférieur à 75% de la moyenne communautaire.

Le nouvel objectif 2 serait consacré à la reconversion économique et sociale à destination des régions subissant des difficultés structurelles telles que les zones en mutation économique, les zones rurales en déclin, les zones en crise dépendant de la pêche, les quartiers urbains en difficulté. Ils se substitueraient aux actuels objectifs 2 et 5b.

Enfin, le nouvel objectif 3 serait destiné à favoriser l'adaptation et la modernisation des systèmes d'éducation, de formation et d'emploi.

Selon la DATAR :

" il serait envisagé de réduire d'au moins 20 % le pourcentage de la population couverte par les fonds structurels, et de faire coïncider le plus possible la carte des fonds structurels à la " carte de la concurrence ". (Il s'agit de la carte des aides de la concurrence, c'est-à-dire en France, de la carte de la PAT) 6( * ) .

Au total, selon la même source, si les perspectives ouvertes pour l'Agenda 2000 sont suivies, la contribution de la France devrait s'accroître alors que la surface des zones éligibles dans l'hexagone diminuerait.

Les déclarations 7( * ) du commissaire européen Mme Monika WULF-MATHIES, qui souligne le fait que 51 % des citoyens de l'Union vivent actuellement dans des zones aidées donnent à penser que la Commission poursuivra son effort de réduction de la surface des zones aidées. Il est ainsi envisagé de ne retenir dans le nouvel objectif 1 que les régions dont le revenu moyen est inférieur de 75% à la moyenne communautaire , ce qui, sur la base des chiffres disponibles, exclurait par exemple la Corse et le Hainaut.

Le Commissaire européen a également indiqué que la Commission souhaitait faire passer le pourcentage des habitants résidant en zone aidée de 51% actuellement à un chiffre compris dans une fourchette de 35 % à 40 %. Il déclarait :

" Parfois, nous manquons de projets précis parce que les gouvernements nationaux hésitent à débloquer leurs propres contributions qui sont exigées en complément à nos versements. C'est surtout vrai pour l'objectif 2 où notre part ne dépasse en général pas 30 %, de sorte qu'il faut 70 % d'apport national. Mais, en même temps, en période de crise, les capitales mettent sur pied des programmes pour l'emploi et la part communautaire y est, en général, la bienvenue. Au total, il s'agit moins de manque d'argent que de difficultés de coordination.

En France, nous avons un problème permanent de cet ordre. Nos versements restent bloqués à la Datar, souvent pendant six mois, avant d'être mis à la disposition des autorités régionales.
" 8( * )

Votre Commission des Affaires économiques se déclare préoccupée par la perspective d'une réduction substantielle des zones aidées au titre des finances européens.

Elle appelle l'attention du Gouvernement sur les problèmes posés par la lenteur et la sous-consommation des crédits destinés à l'aménagement du territoire.

Elle recommande au Gouvernement une action volontariste pour le maintien au même niveau des crédits européens affectés aux territoires français.

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