g) Une absence de spécialisation dans les secteurs porteurs

La France possède un tissu d'activités très diversifié et poursuit une spécialisation du type intra-branche sur des biens de qualité et de moyenne et haute technologie , qui va de pair avec des performances extérieures reposant de plus en plus sur des avantages de type hors coût . L'analyse des points forts et des points faibles du commerce français révèle un resserrement des exportations autour des biens mécaniques, électriques et chimiques qui représentent près des deux tiers du total. La progression de ces secteurs au cours des dernières décennies s'est effectuée au détriment de secteurs plus traditionnels ou de biens primaires, l'agriculture, la sidérurgie et le textile, dont la part a baissé . Ainsi, l'intensité de la spécialisation est repartie à la hausse de manière très rapide de 1995 à 2000, prolongeant une tendance entamée vers le milieu des années 1980. Cette tendance est néanmoins similaire dans l'ensemble de l'Union européenne si bien qu' en termes relatifs , l'intensité de la spécialisation commerciale reste relativement stable et tend même à décroître légèrement .

Comme le souligne un rapport du Conseil d'analyse économique sur la compétitivité (97 ( * )), les analyses récentes utilisant des données sectorielles donnent une image peu favorable de la position française dans les échanges de produits à fort contenu en technologie . Or, la concurrence porte désormais davantage sur le potentiel d'innovation et la qualité des produits que sur la compétitivité prix. Les classifications réalisées par l'OCDE démontrent ainsi que la France, mais également l'Allemagne, sont des pays de moyenne-haute technologie, car seulement 24 % des exportations manufacturières françaises appartiennent aux secteurs de haute technologie.

A court terme, cette mauvaise spécialisation a, paradoxalement, joué en faveur de la France, notamment au début du XXI ème siècle dans la mesure où elle a moins souffert que d'autres de la chute de la demande mondiale pour ces biens, tandis que ses principaux secteurs d'exportation ont mieux résisté. Toutefois, à long terme, il paraît urgent de combler cette lacune, qui s'explique pour l'essentiel par la faiblesse de la R&D : les pays consacrant plus de dépenses de recherche et développement dans l'industrie sont aussi ceux dont l'industrie exporte le plus de produits appartenant aux secteurs technologiques. A cet égard, il apparaît que les exportations européennes de produits de haute technologie vers le reste du monde sont principalement le fait d'entreprises américaines ou japonaises installées en Europe .

* (97) Compétitivité - Rapport du Conseil d'analyse économique (CAE) n° 40 - Michèle Debonneuil et Lionel Fontagné - La Documentation française - 2003.

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