4. Au Japon, le rôle protectionniste du système de distribution

Par ailleurs, au Japon le système de distribution joue un rôle protectionniste.

Ce point a été souligné par M. Guy de Place, président de Digital Electronics Corporation, filiale de la société française Schneider Electric, dont la délégation a visité les locaux le 21 avril 2006. M. Guy de Place a indiqué que si les concurrents japonais de Digital Electronics Corporation possédaient leur propre réseau de distribution, sa société était obligée de recourir à des distributeurs indépendants. Il a considéré que cette caractéristique du marché japonais rendait difficile pour les entreprises, en particulier étrangères, d'entrer sur un marché.

Cette situation est à l'opposée de celle que l'on peut observer en France. En France en effet, l'équilibre des rapports entre producteurs et distributeurs constitue un facteur aggravant, la grande distribution agissant en partenaire de la délocalisation. Lorsque le prix est de façon caricaturale le déterminant de l'achat, l'arbitrage des grandes surfaces en faveur de produits délocalisés a fatalement tendance à s'accroître.

5. Une évolution récente : la multiplication des accords de libre-échange

Les accords de libre-échange sont autorisés par l'OMC, sous la dénomination d'accords régionaux de commerce ( Regional Trade Agreements ). Dans le cas des accords de libre échange entre pays développés, la base juridique est l'article XXIV du GATT, qui fixe les conditions auxquelles doivent satisfaire de tels accords.

Le Japon et la Corée n'ont pas une tradition d'accords de libre-échange. Cependant, la conclusion, en 2002, d'un accord de libre-échange à l'horizon 2010 entre la Chine et l'ANASE 44 ( * ) , les a conduits à infléchir cette politique.

a) Dans le cas du Japon, la conclusion d'accords de libre échange à partir de 2002

Le Japon a conclu plusieurs accords de libre-échange :

- en janvier 2002, il a signé l' « accord entre le Japon et la République de Singapour pour un nouveau partenariat économique » (JSEPA), qui est entré en vigueur en novembre 2002 ;

- le 17 septembre 2004, il a signé un « accord sur le renforcement du partenariat économique » avec le Mexique ;

- puis il a conclu des accords avec trois Etats de l'ANASE : la Thaïlande, les Philippines et la Malaisie.

Il est en train de négocier des accords avec la Corée, l'Indonésie (qui fait partie de l'ANASE), le Chili, et l'ANASE elle-même, avec laquelle il constitue déjà un forum commercial régional, au sein de l'ANASE+3 (ANASE, Japon, Corée, Chine).

Les négociations nippo-coréennes semblent dans l'impasse, non seulement à cause des produits agricoles (côté japonais), mais également sur certains dossiers industriels (côté coréen). Dans le cas de l'ANASE, l'objectif est d'obtenir un accord d'ici mars 2007.

Le Japon prévoit en outre de lancer prochainement des discussions avec l'Australie, l'Inde, la Suisse, le Vietnam, l'Afrique du Sud et les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Un accord avec la Chine n'est pas officiellement envisagé, bien que certains y soient favorables 45 ( * ) .

En avril 2006, le ministre japonais de l'Economie a annoncé que le Japon allait prochainement proposer à quinze pays partenaires d'Asie et du Pacifique de lancer à partir de 2008 des pourparlers visant à mettre en place une zone de libre échange (ZLE). L'établissement de cette ZLE constituerait la première étape de la création de la Communauté économique d'Asie de l'Est. La volonté de régionalisme s'inscrit dans le cadre de la « nouvelle stratégie économique mondiale » du Japon. L'initiative japonaise a notamment pour but de contrecarrer l'influence de la Chine dans la région et de renforcer le leadership régional de Tokyo. Elle s'appuie également sur une demande de plus en plus pressante des milieux d'affaires japonais, industriels notamment, favorables à la signature d'accords de libre échange avec les principaux pays partenaires.

Le Japon souhaite toutefois que les produits agricoles fassent l'objet d'un traitement spécial, afin de protéger ses agriculteurs.

A titre d'illustration, le graphique ci-après indique l'impact qu'auraient différents accords de libre échange, selon un économiste japonais. Comme cela est généralement le cas pour de tels accords, l'impact sur le PIB serait modeste. Ainsi, un accord avec la Chine n'augmenterait le PIB japonais que de 0,5 point au total, « une fois pour toutes ».

Impact potentiel de divers accords de libre-échange sur le PIB réel du Japon

(en points de PIB)

Source : Kawasaki Kenichi, « The Sectoral and Regional Implications of Trade Liberalization », novembre 2004

* 44 L'association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE, ou ASEAN selon l'acronyme anglo-saxon), fondée en août 1967 à Bangkok, rassemble dix Etats : le Brunei, l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande, le Laos, la Birmanie, le Cambodge, le Vietnam. Elle a plus de 500 millions d'habitants.

* 45 Tel est le cas en particulier de M. Kwan C. H., membre de l'Institut Nomura de recherche sur les marchés de capitaux, rencontré par la délégation le 20 avril 2006.

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