· Intervention de M. Jacques PELLETIER, sénateur, ancien ministre de la Coopération
Merci. Je me contenterai de quelques mots car, d'une part, l'on m'a demandé d'être bref et d'autre part, Mme Lazerges et M. de Villepin ont déjà tout dit et cela de la meilleure façon qui soit.
Ne m'en veuillez pas car je reste toujours inhibé par mon passage au ministère de la Coopération et j'ai du mal à séparer démocratie et développement. J'estime qu'il ne peut y avoir de vraie démocratie sans un bon développement ni de vrai développement sans bonne démocratie. Comment voulez vous que s'instaure, dans des pays où la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, une démarche citoyenne ? Ce n'est tout simplement pas possible ! Ces populations ont d'autres préoccupations : pouvoir survivre et s'alimenter tous les jours.
Nous devons donc concentrer nos efforts sur le développement. Ce n'est qu'une fois ce problème de développement résolu que nous pourrons aider les pays auxquels nous nous intéressons à promouvoir l'État de droit. L'État de droit est une priorité essentielle. État de droit signifie : justice, administration fiscale, Cour des comptes, décentralisation, collectivités locales, développement des associations et des syndicats, création d'un médiateur de la République, création d'un code des investissements qui soit favorable aux entreprises, fonctionnement correct du parlement, élections transparentes, pouvoir législatif, pouvoir de contrôle. Dans ces domaines, naturellement, la coopération interparlementaire entre le Nord et le Sud est une excellente chose. Nos techniques parlementaires, nos expériences, nos processus électoraux - même s'ils sont critiqués - ne sont pas si médiocres que cela et peuvent profiter aux démocraties naissantes - notamment en Afrique, en Europe de l'Est et dans certains pays d'Asie et d'Amérique centrale.
Je voudrais terminer en faisant trois observations.
Premièrement, je crois que l'Assemblée nationale et le Sénat doivent s'unir, encore davantage qu'ils ne le font aujourd'hui, pour mettre en commun leurs moyens et leurs compétences au service de la démocratisation et du renforcement des parlements dans le monde. De même, il faut davantage associer certains parlements francophones (Québec, Belgique, Suisse), ainsi que certains parlements de l'Union européenne - on a parlé de l'Allemagne et de l'Espagne. Ces exemples méritent d'être multipliés : les tâches sont nombreuses et doivent être bien réparties, sous peine de se faire concurrence comme j'ai pu le constater, malheureusement, souvent en Afrique, du temps où j'étais ministre de la Coopération.
Deuxièmement, vous savez qu'ont régulièrement lieu des rencontres interparlementaires, qui rassemblent des représentants de tous les parlements du monde, qu'ils soient démocratiques, moins démocratiques ou peu démocratiques. Notre tâche est d'ailleurs de faire en sorte que les parlements les moins démocratiques le deviennent davantage. Ces échanges sont en mesure de favoriser cela. Je pense néanmoins qu'une réunion annuelle serait amplement suffisante.
Troisièmement, Mme Rivasi parlait de l'importance des groupes d'amitié. Je partage son avis. Ces groupes d'amitié nous apportent une connaissance réciproque des hommes et des pays. Ils permettent aussi de faire passer un certain nombre de messages au plan diplomatique, sachant que nous entretenons des relations avec le ministère des affaires étrangères.
Néanmoins, il faut aller plus loin. Chaque groupe d'amitié devrait, pour être vraiment efficace, déboucher soit sur un jumelage (qui donne un caractère populaire aux échanges), soit sur des projets de développement (financés par le ministère de la Coopération ou le ministère des affaires étrangères). Les groupes d'amitié, qui se multiplient, méritent, à ce titre, tous nos encouragements. Je vous remercie.