II. RAPPORT ASSEMBLÉE NATIONALE N° 3805 (2011-2012) ANNEXE 37

Observations et décision de la Commission :

Le présent article vise à remplacer le potentiel fiscal des régions par un « indicateur de ressources fiscales » permettant de mieux apprécier les ressources fiscales dont peut bénéficier chaque région, en prenant notamment en compte les effets de la réforme de la fiscalité locale opérée en 2010.

En outre, il ajuste en conséquence les modalités de versement de la dotation de péréquation des régions, actuellement largement fondées sur ce potentiel fiscal.

I.- LA RÉFORME DE LA FISCALITÉ LOCALE A RENDU NÉCESSAIRE LA REDÉFINITION DU POTENTIEL FISCAL DES RÉGIONS

À l'occasion de la réforme de la fiscalité locale, les impositions versées aux régions ont été profondément modifiées : alors que leur taxe foncière sur les propriétés non bâties a été transférée au secteur communal, celle pesant sur le foncier bâti l'a été aux départements.

En remplacement de la taxe professionnelle, les régions se sont vues attribuer 25 % du produit de la CVAE ainsi que deux IFER pesant sur le matériel roulant et sur les répartiteurs de la boucle locale cuivre.

L'ensemble de ces mouvements ainsi que le versement de nouvelles dotations de compensation liées à la réforme elle-même (DCRTP et FNGIR) ont dû être pris en compte pour la définition d'un nouveau potentiel fiscal dès 2011.

A.- LE POTENTIEL FISCAL VISE À ÉVALUER LES RESSOURCES D'UNE RÉGION EN VUE DE L'ATTRIBUTION DE LA DOTATION DE PÉRÉQUATION

1.- La notion de potentiel fiscal est historiquement liée au pouvoir de taux des collectivités

Le concept de « potentiel fiscal » vise à évaluer, au-delà de la politique de taux menée par chaque collectivité, les ressources potentielles de chaque collectivité sur laquelle puisse se fonder la politique de péréquation, qu'elle soit horizontale (entre collectivités de même nature) ou verticale (par le biais des dotations de l'État).

Pour déterminer ces ressources potentielles indépendamment de la politique de taux, le potentiel fiscal se calcule - quelle que soit la collectivité - par application aux bases brutes locales d'un taux moyen national (TMN).

Toutefois, compte tenu de la place que les dotations de l'État aux collectivités occupent dans l'architecture des finances locales françaises, la question de l'intégration dans cette richesse potentielle de dotations dont le montant est plus ou moins figé (soit la dotation forfaitaire des régions soit les dotations de compensations de réforme votées antérieurement) s'est posée très rapidement après la création du potentiel fiscal des régions.

La création de la notion de potentiel fiscal remonte, pour les régions, à la mise en place du fonds de correction de déséquilibres régionaux (FCDR) par l'article 64 de la loi n° 92-125 du 6 février 1992 relative à l'administration territoriale de la République. Rappelons que ce fonds a été supprimé en 2004 et remplacé par la part péréquation de la DGF des régions.

Ce fonds de correction était abondé par un prélèvement progressif sur les dépenses totales des régions dont le potentiel fiscal par habitant était supérieur à la moyenne ; il était de 1 % des dépenses totales pour un potentiel fiscal supérieur de 5 % à la moyenne, de 1,5 % pour un PF supérieur de 5 % à 20 % à la moyenne et de 2 % au-delà de 20 %.

Ces ressources étaient réparties entre les régions dont le PF était inférieur de 15 % à la moyenne ; la répartition se faisait pour moitié en proportion de l'écart entre le PF de la région et celui de la moyenne nationale et pour moitié en fonction du PF superficiaire de la région.

Lors de sa suppression en 2004, il représentait près de 60 millions d'euros prélevés sur trois régions (Île-de-France, Rhône-Alpes, Alsace) au bénéfice de 13 régions.

Le potentiel fiscal était alors défini par application aux bases brutes locales des taux moyens nationaux pour les quatre impositions directes locales - la part régionale de la taxe d'habitation n'ayant pas encore été supprimée. Cette définition a ensuite évolué à de nombreuses reprises, comme le montre le tableau ci-dessous.

ÉVOLUTIONS DE LA DÉFINITION DU POTENTIEL FISCAL DES RÉGIONS

Dates

Définition du PF

Référence législative

1993-1995

- 4 taxes directes locales x TMN

Article 64 de la loi n° 92-123 du 6 février 1992 relative à l'administration territoriales de la République

1995-2000

- 4 taxes directes locales x TMN

- compensation des exonérations de fiscalité directe locale

Article 71 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement du territoire

2001-2005

- 3 taxes directes locales x TMN

- compensation des exonérations de fiscalité directe locale (y compris TH)

Article 11 de la loi n° 2000-656 de finances rectificative pour 2000

2006-2010

- 3 taxes directes locales x TMN

- compensation y compris part salaire

Article 145 de la loi n° 2005-1719 de finances pour 2006

Le tableau ci-avant démontre donc que la prise en compte de produits - résultant de compensations d'exonérations versées par l'État - dans le calcul du potentiel fiscal des régions remontre à la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire de 1995. Toutefois, ce produit a été, jusqu'en 2011, retraité de manière à être « potentialisé ».

En effet, comme l'indique encore actuellement l'article L. 4332-5 du CGCT, pour déterminer ce « produit potentiel » à intégrer dans le potentiel fiscal, il est calculé un montant correspondant au rapport entre le montant des allocations de compensation servies aux régions l'année précédente et le dernier taux voté l'année précédant la mise en oeuvre de la mesure d'exonération.

Le montant ainsi calculé est ensuite pondéré par le taux moyen national applicable à chacune des taxes ayant fait l'objet d'une exonération.

Compte tenu de la complexité de la réforme de la fiscalité locale opérée en 2010, sa prise en compte dans le calcul du potentiel fiscal des régions a été progressive : pour l'année 2011, le législateur a prévu de garder les bases et le taux moyen de taxe professionnelle retenus pour le calcul du potentiel fiscal de l'année 2010.

Pour l'année 2012, cette prise en compte a été affinée avec le remplacement de la TP par les deux IFER et 25 % de la CVAE. À ces impositions ont été ajoutées des dotations destinées à compenser les effets de la réforme de la TP, à savoir la dotation de compensation de la réforme TP (DCRTP) et les versements (ou prélèvements) à destination du fonds national de garantie individuelle des ressources (FNGIR).

2.- Ce potentiel fiscal régional entre dans le calcul de la dotation de péréquation des régions

Actuellement, le potentiel fiscal (PF) des régions n'est intégré de manière effective que dans la répartition de la dotation de péréquation des régions. Cette dotation est égale à la différence entre la DGF globale des régions et sa part forfaitaire, soit, en 2011, 183 millions d'euros dans une enveloppe globale de DGF des régions s'élevant à 5,44 milliards d'euros.

Par ailleurs, l'article 124 de la loi de finances pour 2011 a également prévu la création d'un fonds de péréquation de la CVAE, applicable aux départements mais aussi aux régions, dont les premiers prélèvements et versements interviendront en 2013.

Ce fonds de péréquation fait intervenir le potentiel fiscal des régions à deux titres :

- ne seront susceptibles d'être prélevées que les régions dont le potentiel fiscal sera supérieur à la moyenne nationale ;

- ne seront bénéficiaires que les régions dont ce même potentiel fiscal est inférieur à 85% de la moyenne nationale. Le montant reversé sera en outre fonction, à hauteur de 50%, de l'écart du potentiel fiscal régional par habitant à la moyenne nationale.

À l'évidence, la suppression du potentiel fiscal par le présent article remet en cause les modalités de fonctionnement du fonds de péréquation de la CVAE.

En tout état de cause, compte tenu des incertitudes actuelles sur le montant de la CVAE qui sera attribué à chaque région - ce qui rend impossible toute simulation sur le fonctionnement futur du fonds de péréquation - une nouvelle réflexion sur ses modalités de fonctionnement sera nécessaire à l'automne 2012.

Comme le demandent plusieurs associations d'élus, les dispositions du présent article relatives à la mise au point d'un nouvel indicateur de ressources fiscales n'ont donc pas forcément vocation à être transposées au futur fonds de péréquation de la CVAE sans qu'un nouveau travail de simulation soit réalisé dans le cadre du comité des finances locales.

a) Le potentiel fiscal détermine l'éligibilité à la dotation de péréquation

Actuellement, le potentiel fiscal des régions est déterminant pour définir à la fois les régions éligibles à la dotation de péréquation et le montant qui leur sera effectivement versé :

- la dotation de péréquation régionale est actuellement répartie entre toutes les régions (y compris l'outre-mer) dont le potentiel fiscal par habitant est inférieur d'au moins 15 % au PF moyen par habitant de l'ensemble des régions.

- cette dotation forfaitaire est répartie :

? pour moitié proportionnellement à l'écart entre 85 % du potentiel fiscal par habitant de l'ensemble des régions et le potentiel fiscal par habitant de chaque région pondéré par son effort fiscal et sa population ;

? pour moitié proportionnellement au rapport entre le potentiel fiscal moyen par kilomètre carré de l'ensemble des régions et le PF par kilomètre carré de chaque région bénéficiaire.

En 2011, onze régions ont perçu la dotation de péréquation, chiffre relativement stable depuis plusieurs années.

ÉLIGIBILITÉ À LA DOTATION DE PÉRÉQUATION DES RÉGIONS

Éligibilité DGF péréquation

2006

Éligibilité DGF péréquation

2007

Éligibilité DGF péréquation

2008

Éligibilité DGF péréquation

2009

Éligibilité DGF péréquation 2010

Éligibilité DGF péréquation 2011

Alsace

0

Aquitaine

Éligible

Éligible

Garantie sortie

Éligible

Éligible

Éligible

Auvergne

Éligible

Éligible

Garantie sortie

Garantie exceptionnelle

Bourgogne

Bretagne

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Centre

Champagne-Ardenne

Corse

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Franche-Comté

Languedoc-Roussillon

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Limousin

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Lorraine

Midi-Pyrénées

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Nord-Pas-de-Calais

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Garantie de sortie

Basse-Normandie

Haute-Normandie

Pays-de-la-Loire

Picardie

Poitou-Charentes

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Provence-Alpes-Côte d'Azur

Rhône-Alpes

Île-de-France

Guadeloupe

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Guyane

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Martinique

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

La Réunion

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Éligible

Total

13 éligibles

13 éligibles

11 éligibles, 2 garanties de sortie

12 éligibles

11 éligibles, 2 garanties de sortie

11 éligibles

Source : DGCL

b) Le potentiel fiscal régional est en outre la principale clé de reversement de la dotation de péréquation des régions

Le tableau ci-dessous retrace le potentiel fiscal par habitant et superficiaire des régions et le montant de la dotation de péréquation attribué aux régions en 2011, c'est-à-dire avant prise en compte de la dernière réforme de la fiscalité locale.

Compte tenu de la pondération respective des critères de répartition de cette dotation de péréquation, celui tenant au potentiel fiscal est donc prépondérant par rapport à l'effort fiscal ou la population.

LA DOTATION DE PÉRÉQUATION DES RÉGIONS EN 2011

(en euros)

PF/hab

PF superficiaire

Effort Fiscal

Dotation de péréquation

Alsace

129,04

28 629,99

0,84

0

Aquitaine

97,67

7 513,45

1,22

24 993 014

Auvergne

101,95

5 259,32

1,48

0

Bourgogne

104,09

5 400,69

1,19

0

Bretagne

92,39

10 695,78

1,10

21 516 497

Centre

107,34

6 941,20

1,09

0

Champagne-Ardenne

110,64

5 781,87

1,04

0

Corse

77,31

2 698,51

0,38

24 746 624

Franche-Comté

112,78

8 101,93

1,20

0

Languedoc-Roussillon

89,18

8 410,76

1,65

27 239 295

Limousin

93,44

4 085,48

1,53

20 927 707

Lorraine

109,73

10 934,96

0,94

0

Midi-pyrénées

94,83

5 935,43

1,56

30 213 174

Nord-Pas-de-Calais

99,03

32 106,92

1,37

0

Basse-Normandie

103,98

8 675,51

1,36

0

Haute-Normandie

128,79

19 089,61

1,10

0

Pays-de-la-Loire

99,99

10 940,75

0,98

0

Picardie

101,39

9 965,56

1,24

0

Poitou-Charentes

93,96

6 381,27

1,01

17 966 495

Provence-Alpes-Côte d'Azur

111,08

17 275,14

1,15

0

Rhône-Alpes

126,06

17 647,87

0,84

0

Île-de-France

163,94

159 123,26

0,54

0

Guadeloupe

65,04

16 049,80

1,09

3 812 740

Guyane

48,06

126,17

1,03

1 962 453

Martinique

67,64

23 849,29

0,97

3 008 426

La Réunion

59,07

19 071,13

0,86

6 924 549

Source : DGCL

B.- LA SOLUTION PRÉVUE EN 2011 POUR TIRER LES CONSÉQUENCES DE LA RÉFORME FISCALE

1.- Une solution prudente repoussée à 2012

Les montants indiqués dans le tableau ci-dessus ont été calculés à partir d'un PF régional qui, en 2011, n'a intégré aucun des effets de la suppression de la TP.

Cette adaptation a été repoussée à 2012 par l'article 183 de la loi de finances pour 2011 selon lequel les impositions à prendre en compte seront :

- la composante de l'IFER sur les entreprises de réseaux relative au matériel roulant utilisé sur le réseau ferré national pour des opérations de transport de voyageur. Rappelons que cette composante est répartie entre les régions en fonction du nombre de sillons-kilomètres réservés l'année qui précède l'année d'imposition par les entreprises de transport ferroviaire auprès de RFF ;

- la composante de l'IFER sur les entreprises de réseaux relatives aux répartiteurs principaux de la boucle locale cuivre et aux équipements de commutation ;

- une fraction égale à 25 % de la CVAE ;

Le produit de ces impositions est éventuellement augmenté des montants versés au titre de la dotation de compensation de la réforme TP et ajusté des versements (positifs) au fonds national de garantie individuelle des ressources (FNGIR).

Notons à cet égard que l'article 183 de la loi de finances pour 2011 comporte une ambiguïté sur la prise en compte ou non des prélèvements opérés à destination du FNGIR : celui-ci précise en effet que le potentiel fiscal d'une région « est majoré des montants prévus aux 1.3 et 2.3 de l'article 78 » de la loi de finances pour 2010, c'est-à-dire des montants de la DCRTP et du FNGIR, rédaction qui laisse entendre que seuls les montants en majoration du FNGIR sont pris en compte. Toutefois, conformément à ce qu'indiquait d'ailleurs le Rapporteur spécial l'année dernière, le potentiel devait également intégrer les montants prélevés, et c'est ainsi que les simulations du groupe de travail du Comité des finances locales (CFL) ont été réalisées.

Cette adaptation votée à l'automne dernier par notre Assemblée n'a pas posé de problème particulier, dans la mesure où elle semblait tirer au plus juste les conséquences de la réforme de la fiscalité locale. En outre, en l'absence de données précises sur les montants de CVAE versés en 2011 et de cadre précis sur la territorialisation de la CVAE, sur les éventuels versements au titre de la DCRTP ou du FNGIR, il était impossible d'avoir une idée claire des conséquences pratiques de ces dispositions.

2.- Des effets pervers non perçus l'année dernière

Depuis le vote de la loi de finances pour 2011, les premières simulations qui ont pu être réalisées avec ce potentiel fiscal rénové ont mis en évidence des effets pervers qui n'ont pas été évalués l'année dernière. Ce travail préliminaire a justifié la mise en place d'un groupe de travail du CFL qui a rendu ses travaux au cours du mois de juin 2011 (formalisant les principales recommandations qui ont servi à bâtir le présent article.)

Le tableau ci-dessous met en évidence les écarts qui auraient été enregistrés dans le calcul du PF et par conséquent dans le montant de la dotation de péréquation en conservant la définition du potentiel fiscal telle qu'arrêtée dans la loi de finances pour 2011.

LES EFFETS DU POTENTIEL FINANCIER VOTÉ EN LFI 2011

(en euros)

PF/ hab 2011

Rang

PF/hab 2012 simulé

Rang

Écart PF 2012/
PF 2011 (en %)

Île-de-France

163,94

1

89,13

21

- 45,84

Alsace

129,04

2

108,43

15

- 15,98

Haute-Normandie

128,79

3

149,43

1

16,02

Rhône-Alpes

126,07

4

106,70

16

- 15,38

Franche-Comté

112,78

5

130,71

7

15,90

Provence-Alpes-Côte d'Azur

111,09

6

113,19

13

1,90

Champagne-Ardenne

110,65

7

114,97

12

3,90

Lorraine

109,74

8

100,07

19

- 8,81

Centre

107,35

9

122,19

10

13,83

Bourgogne

104,09

10

108,67

14

4,40

Basse-Normandie

103,99

11

138,64

4

33,32

Auvergne

101,96

12

131,96

6

29,43

Picardie

101,40

13

124,45

9

22,73

Pays-de-la-Loire

99,99

14

104,11

18

4,12

Nord-Pas-de-Calais

99,04

15

138,44

5

39,79

Aquitaine

97,67

16

116,67

11

19,45

Midi-Pyrénées

94,83

17

139,30

2

46,89

Poitou-Charentes

93,97

18

99,61

20

6,00

Limousin

93,44

19

138,77

3

48,50

Bretagne

92,39

20

105,07

17

13,72

Languedoc-Roussillon

89,19

21

125,02

8

40,18

Corse

77,31

22

66,69

22

12,13

Martinique

67,65

23

77,20

23

14,13

Guadeloupe

65,05

24

62,38

24

- 4,11

La Réunion

59,08

25

57,13

25

- 3,30

Guyane

48,07

25

50,21

26

4,45

Source : DGCL

L'un des effets les plus marquants concerne l'Île-de-France qui devient l'une des régions dont le potentiel fiscal est le moins élevé tandis que le Limousin passe de la 19 ème place à la troisième.

Ce bouleversement dans la hiérarchie des potentiels fiscaux s'explique par le remplacement, dans le calcul du potentiel fiscal, de la taxe professionnelle par la CVAE et les IFER, donc d'une imposition résultant d'une politique de taux neutralisée dans le calcul du potentiel fiscal par deux impôts dont les taux sont nationaux et sont donc pris en compte dans le calcul du potentiel fiscal comme des produits.

II.- LA SOLUTION PROPOSÉE PAR LE PRÉSENT ARTICLE

Les bouleversements présentés ci-dessus n'étaient, à l'évidence, pas acceptables et nécessitaient que l'ouvrage soit remis sur le métier très rapidement après le vote de la loi de finances pour 2011

À cet effet, le Comité des finances locales a, une fois de plus, joué un rôle prospectif en explorant plusieurs pistes alternatives.

A.- VERS L'ÉLABORATION D'UN NOUVEL INDICATEUR FISCAL DES RÉGIONS

1.- L'abandon de la piste d'un élargissement des ressources fiscales prises en compte

Par parallélisme avec les réformes envisagées du potentiel financier des départements et du bloc communal, les travaux du groupe de travail du CFL ont d'abord consisté à explorer l'élargissement du panier de ressources prises en compte pour le calcul du potentiel fiscal des régions.

En effet, le potentiel fiscal est aujourd'hui calculé à partir de près de 7,3 milliards d'euros de ressources fiscales sur les 22 milliards d'euros de ressources de fonctionnement perçues par les régions en 2009.

Les régions disposent en effet de ressources importantes provenant des certificats d'immatriculation ou de la TIPP modulable. Les régions disposant d'un pouvoir de taux dans ces deux domaines, le produit fiscal afférent aurait dû être transformé en potentiel par l'application aux bases locales d'un taux moyen national. Cette piste s'est toutefois heurtée à des difficultés pratiques : la localisation des bases est complexe s'agissant de la taxe sur les cartes grises et la prise en compte de la TIPP sous forme de potentiel suppose de connaître, pour chaque région, la part de recettes fiscales provenant du diesel et du supercarburant, information manifestement très complexe à obtenir aujourd'hui.

Pour l'Île-de-France, il était proposé de prendre en compte des ressources complémentaire par la taxe sur les bureaux compte tenu de sa nature non affectée ; en revanche, la redevance pour création de bureaux et le versement transport ont été écartés en raison de leur affectation.

LA TAXE SUR LES BUREAUX EN ÎLE-DE-FRANCE

Régie par l'article 231 ter du code général des impôts, la taxe sur les bureaux est annuelle, assise sur la surface de construction des locaux à usage de bureaux de plus de 100 m 2 , des locaux commerciaux de plus de 2 500 m 2 , des locaux de stockage de plus de 5 000 m 2 et, depuis la dernière loi de finances rectificative pour 2010, des surfaces de stationnement de plus de 500 m 2 annexées à chacune de ces catégories de locaux.

Outre l'extension de la taxe aux surfaces de stationnement (+ 19 millions d'euros), la dernière loi de finances rectificative pour 2010 a prévu une mise à jour du zonage fiscal (+ 39 millions d'euros), la suppression partielle de la dérogation pour les entreprises installées dans les communes bénéficiant de la DSU (+ 38 millions d'euros) et une revalorisation de près de 40 % des tarifs (+ 140 millions d'euros).

Au total, l'ensemble de ces mesures devrait augmenter le rendement de la taxe sur les bureaux de 236 millions d'euros ; compte tenu du plafonnement de la part de ce produit revenant à la région, l'ensemble de ces mesures devrait conduire à accroître le montant versé à la région de 160 millions d'euros à 18 millions d'euros, le solde étant versé à la Société du Grand Paris (après prélèvement, jusqu'en 2013, d'un préciput de 95 millions d'euros au bénéfice de l'ANRU).

LA REDEVANCE SUR LES BUREAUX EN ÎLE-DE-FRANCE

Régie par les articles L. 520-1 et suivants du code de l'urbanisme, la redevance sur les bureaux en Île-de-France est assise sur la construction des mêmes locaux que la taxe annuelle, à l'exception des surfaces de stationnement.

La dernière loi de finances rectificative pour 2010 a également permis la modernisation de cette redevance, à travers la modernisation du zonage et la revalorisation des tarifs d'environ 40% ; le produit attendu de cette modernisation est de 60 à 80 millions d'euros (soit un doublement du rendement avant réforme).

Toutefois, le cumul des augmentations de tarifs liés à des changements de zones et à l'augmentation générale de 40% a conduit le législateur, à l'initiative du Rapporteur général, à prévoir, dans la première loi de finances rectificative pour 2011, un mécanisme de lissage sur plusieurs années des augmentations de tarifs applicables aux communes qui ont changé de zonage. Ce lissage est également applicable aux locaux nouvellement intégrés au 1 er janvier 2011 dans le champ de la redevance, à savoir les locaux commerciaux et les locaux de stockage.

Enfin, pour l'ensemble des régions, il était en outre proposé de prendre en compte l'ensemble de la dotation forfaitaire.

Au total, le nouveau potentiel fiscal aurait été calculé à partir de 13,5 milliards d'euros de ressources fiscales soit près du double du montant actuel. Si cette solution semblait meilleure que celle prévue en LFI pour 2011, elle aurait occasionné également des bouleversements puisque le Limousin, l'Auvergne et la Picardie seraient arrivées en tête du classement (alors qu'elles sont respectivement 19 ème , 12 ème et 13 ème dans le classement actuel).

LES EFFETS D'UN POTENTIEL FISCAL ÉLARGI

(en euros)

PF 2011

PF/hab 2011

Rang

PF 2012 simulé

PF/hab
2012 simulé

Rang (Métropole)

Alsace

237 062 070

129,04

2

426 741 839

232,29

9

Aquitaine

310 369 054

97,67

16

650 347 736

204,66

17

Auvergne

136 810 227

101,96

12

343 593 372

256,06

3

Bourgogne

170 564 577

104,09

10

390 537 810

238,34

7

Bretagne

291 009 988

92,39

20

607 002 000

192,72

19

Centre

271 754 705

107,35

9

574 159 394

226,80

12

Champagne-Ardenne

148 049 224

110,65

7

323 381 327

241,69

6

Corse

23 422 526

77,31

22

55 318 239

182,59

21

Franche-Comté

131 270 348

112,78

5

285 552 042

245,33

4

Languedoc-Roussillon

230 251 248

89,19

21

574 033 290

222,35

14

Limousin

69 217 618

93,44

19

204 412 904

275,96

1

Lorraine

257 489 447

109,74

8

510 108 750

217,40

16

Midi-Pyrénées

269 159 717

94,83

17

654 855 681

230,73

10

Nord-Pas-de-Calais

398 578 275

99,04

15

939 961 357

233,56

8

Basse-Normandie

152 596 404

103,99

11

326 897 793

222,77

13

Haute-Normandie

235 132 662

128,79

3

444 380 747

243,41

5

Pays-de-la-Loire

350 998 874

99,99

14

661 027 993

188,32

20

Picardie

193 326 634

101,40

13

499 730 897

262,11

2

Poitou-Charentes

164 697 663

93,97

18

306 617 260

174,94

22

Provence-Alpes-Côte d'Azur

542 433 209

111,09

6

1 083 411 212

221,88

15

Rhône-Alpes

771 180 969

126,07

4

1 390 718 905

227,34

11

Île-de-France

1 911 431 572

163,94

1

2 365 026 964

202,85

18

Guadeloupe

26 135 502

65,05

24

40 231 105

100,13

Guyane

10 539 750

48,07

26

16 788 019

76,56

Martinique

26 902 007

67,65

23

45 461 555

114,31

La Réunion

47 748 777

59,08

25

72 396 832

89,57

Source : DGCL

2.- Vers un indicateur resserré des ressources fiscales

La solution finalement privilégiée par le groupe de travail, formalisée dans le premier paragraphe du présent article, consiste au contraire à apprécier la richesse des régions en ne retenant qu'un nombre limité de ressources fiscales que l'on pourrait qualifier de « vivantes » ou de « dynamiques » : la CVAE et les IFER, la taxe sur les cartes grises et la TIPP modulable. Sont donc exclues les ressources figées comme la part forfaitaire de la DGF des régions, la DCRTP, le FNGIR (hormis les montants pris en minoration) et les compensations d'exonération.

a) Le maintien de la prise en compte de la CVAE et des deux IFER

? Conformément à l'article 1599 bis du CGI, chaque région reçoit 25 % du montant de la cotisation sur la valeur ajoutée perçue dans les communes de cette région aux taux uniforme de 1,5 % de cette valeur ajoutée . D'après l'article 1586 octies du CGI, la valeur ajoutée est, en principe, imposée dans la commune où le contribuable la produisant dispose de locaux ou emploie des salariés exerçant leur activité plus de trois mois.

Toutefois, lorsqu'un contribuable dispose de locaux ou emploie des salariés exerçant leur activité plus de trois mois dans plusieurs communes, cette valeur ajoutée est répartie entre les communes au prorata, pour le tiers, des valeurs locatives des immobilisations imposées à la cotisation foncière des entreprises et pour les deux tiers au prorata de l'effectif qui y est employé, sachant que les effectifs des établissements industriels sont pondérés par 2.

Compte tenu de l'incertitude s'agissant du montant que les communes percevront au titre de la CVAE en 2011, il est par conséquent impossible d'indiquer à ce jour de manière définitive quels seront les montants versés aux régions.

? Seront en outre intégrés dans le calcul de cet indicateur le produit des deux IFER régionaux :

- l'IFER sur les entreprises de réseaux relative au matériel roulant utilisé sur le réseau ferré national pour les opérations de transport de voyageurs , assise sur le matériel roulant utilisé l'année précédant celle de l'imposition selon les tarifs suivants. Rappelons que le produit de cette imposition est ensuite réparti entre les régions en proportion du nombre de sillons-kilomètres réservés l'année précédente auprès de RFF ;

IFER SUR LE MATÉRIEL ROULANT FERROVIAIRE DESTINÉ AU TRANSPORT DE VOYAGEURS

(en euros)

Matériel roulant

Tarif

Engins à moteur thermique

Automoteur

30 000

Loco motive diese1

30 000

Engins à moteur électrique

Automotrice

23 000

Locomotive é1ectrique

20 000

Motrice de matériel à grande vitesse

35 000

Engins remorqués

Remorque pour le transport de voyageurs

4 800

Remorque pour 1e transport de voyageurs à grande vitesse

10 000

Source : code général des impôts.

- l'IFER sur les entreprises de réseaux relative aux répartiteurs principaux de la boucle locale cuivre et aux équipements de commutation , au tarif de 2,40 euros par ligne en service pour la boucle locale cuivre et 6 350 euros par unité de raccordement d'abonné et 70 euros par carte d'abonné.

Les produits de ces deux IFER ayant fait l'objet d'un reversement aux régions en avril 2011 sont retracés dans le tableau suivant.

LE PRODUIT DES IFER RÉGIONAUX EN 2011

(en euros)

IFER matériel roulant

IFER répartiteurs boucle locale cuivre

Total IFER

Île-de-France

53 444 721

14 440 418

67 885 139

Champagne-Ardenne

6 797 402

1 583 764

8 381 166

Picardie

13 687 897

2 078 154

15 766 051

Haute-Normandie

4 095 451

2 067 732

6 163 183

Centre

14 860 551

3 119 163

17 979 714

Basse-Normandie

3 010 495

1 824 452

4 834 947

Bourgogne

19 977 779

2 096 226

22 074 005

Nord-Pas-de-Calais

12 388 721

4 059 500

16 448 221

Lorraine

10 048 731

2 637 290

12 686 021

Alsace

6 858 921

2 008 078

8 866 999

Franche-Comté

3 640 193

1 374 497

5 014 690

Pays-de-la-Loire

10 481 787

4 332 325

14 814 112

Bretagne

6 781 145

4 009 740

10 790 885

Poitou-Charentes

6 312 865

2 185 598

8 498 463

Aquitaine

8 667 373

4 043 145

12 710 518

Midi-Pyrénées

7 549 591

3 594 857

11 144 448

Limousin

2 811 652

964 192

3 775 844

Rhône-Alpes

26 805 005

7 615 402

34 420 407

Auvergne

3 696 381

1 729 299

5 425 680

Languedoc-Roussillon

8 721 456

3 321 111

12 042 567

Provence-Alpes-Côte d'Azur

12 213 083

6 446 577

18 659 660

Corse

0

414 190

414 190

Guadeloupe

0

447 265

447 265

Martinique

0

453 339

453 339

Guyane

NC

NC

La Réunion

NC

NC

Total

242 851 200

76 846 314

319 697 514

Source : Association des régions de France (ARF)

b) L'intégration de la taxe sur les cartes grises et de la TIPP modulable

? Le a) du premier paragraphe du présent article conduit par ailleurs à intégrer dans le calcul de l'indicateur de ressources fiscales des régions le montant de la taxe sur les certificats d'immatriculation des véhicules perçue en application de l'article 1599 quindecies du CGI dont le produit a été transféré aux régions par la loi de finances pour 1983 en contrepartie du transfert de compétence de l'État en matière de formation professionnelle.

Cette taxe est exigible lors de l'immatriculation des véhicules délivrés dans le ressort territorial de la région.

Le taux unitaire de la taxe est fixé par cheval-vapeur par une délibération de chaque conseil régional, sans que la loi n'encadre de quelque manière que ce soit ces taux unitaires. Le montant de la taxe est ensuite établi en proportion de la puissance fiscale de chaque véhicule, sachant que le taux unitaire est divisé par deux pour :

- les véhicules utilitaires d'un poids supérieur à 3,5 tonnes et de moins de 10 ans ;

- les tracteurs non agricoles et de moins de 10 ans ;

- des motocyclettes et de moins de 10 ans ;

- pour tous autres les véhicules ou carrioles de plus de dix ans (utilitaires ou non).

Le taux unitaire est en outre réduit des trois quarts pour les trois premières catégories mentionnées ci-dessus lorsque les véhicules ou carrioles ont plus de 10 ans d'âge.

D'après le dernier rapport de l'Observatoire des finances locales, le produit total de cette taxe serait en 2009 de 2 milliards d'euros. Les tarifs ont été votés, au cours de cette année 2009, en progression pour 7 régions, tendant ainsi à réduire les inégalités de tarifs entre régions. Le tarif moyen s'établit en 2010 à 34,70 euros par cheval-vapeur.

LE RENDEMENT DE LA TAXE RÉGIONALE SUR LES CARTES GRISES

(en millions d'euros)

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

1 431

1 536

1 832

1 939

1 961

2 000

1 800

Source : Observatoire des finances locales, rapport 2011

? Ce même a) du premier paragraphe intègre par ailleurs dans le calcul de la richesse potentielle le produit de TIPP résultant de la modulation que les conseils régionaux peuvent opérer sur le tarif de la TIPP depuis le 1 er janvier 2007.

Le dispositif de modulation des tarifs de TIPP par les régions

L'article 52 de la loi de finances pour 2005 a prévu qu'à compter de 2006, les charges transférées aux régions par la loi du 13 août 2004 leur seraient compensées par l'attribution d'une part du produit de la TIPP déterminée par l'application d'une fraction de tarif non plus à l'assiette nationale de la TIPP mais à une part régionale de cette assiette.

Ces assiettes régionales ont été déterminées dans le cadre de la loi de finances pour 2006 afin de fixer les fractions de tarifs permettant d'obtenir le montant du droit à compensation des régions. Une nouvelle détermination de ces fractions est opérée dans l'article 10 du présent projet de loi afin d'ajuster le produit de TIPP revenant à chaque région à leur droit à compensation.

En outre, les autorités françaises ont, depuis 2004, entrepris de permettre l'application d'un niveau de taxation différencié pour le gazole et l'essence sans plomb dans le cadre de la décentralisation, ce qui supposait une négociation avec les autorités communautaires dans la mesure où la TIPP est une accise dont la réglementation relève en grande partie de la législation communautaire.

Dans une décision du 25 octobre 2005, le Conseil de l'Union européenne a autorisé la France à pratiquer des tarifs réduits de TIPP, ces tarifs pouvant faire l'objet d'une différenciation d'une région à l'autre sous plusieurs conditions, notamment que les taux réduits demeurent supérieurs aux minima imposés par les directives communautaires et que les réductions de tarifs ne soient pas supérieures à 3,54 euros par litre d'essence et à 2,30 euros par litre de gazole.

L'article 84 de la loi de finances rectificative pour 2005 a concrétisé le dispositif de réduction différenciée en trois phases :

- il a majoré les tarifs de TIPP concernés à concurrence de la moitié de la variation autorisée par l'Union européenne, soit 1,77 €/hl de supercarburant et 1,15 €/hl pour le gazole ;

- il a précisé que ces tarifs peuvent subir une réfaction, dont le montant, à compter de 2006, serait égal à 1,77 €/hl de supercarburant et 1,15 €/hl pour le gazole. La majoration a donc été neutralisée par l'État lui-même ;

- enfin, il prévoit qu'à compter de 2007 les régions peuvent modifier le montant de la réfaction soit en y renonçant en tout ou partie, soit au contraire en l'augmentant dans la limite d'un plafond. Ce plafond résulte de deux encadrements :

? d'une part, les régions ne peuvent faire varier leur tarif régional de TIPP qu'à concurrence du niveau de la fraction de tarif de TIPP qui leur a été attribuée en compensation (encadrement national) ;

? d'autre part, le tarif régional de TIPP ne peut augmenter ou diminuer plus que du montant de la réfaction initiale opérée par l'État afin de respecter in fine les valeurs limites fixées par l'Union.

Précisons enfin que la Commission a adopté, le 13 avril 2011, une proposition de directive modifiant la directive du 27 octobre 2003 et restructurant le cadre communautaire de taxation des produits énergétiques et de l'électricité, dont on a pu se demander si elle ne remettrait pas en cause ce dispositif de modulation régionale.

Le point 14 de l'exposé des motifs de cette proposition directive confirme cependant qu'il « convient d'autoriser la France à appliquer, dans certaines régions, des taux de taxation générale de la consommation d'énergie plus élevés que les taux nationaux » compte tenu « de la nécessité de renforcer la capacité financière des régions dans le processus de décentralisation ». La Commission rappelle toutefois qu'il convient de veiller à l'égalité de traitement des sources d'énergie concurrentes.

L'article 18 du projet de directive précise donc que le niveau de taxation appliqué par une autorité régionale ne doit pas excéder plus de 15% du niveau de taxation national. En l'état actuel du droit, les dispositifs français sont très loin d'atteindre ce seuil, dans la mesure où, en ajoutant la présente modulation et celle issue de la loi Grenelle II, l'augmentation possible est de 2,50 euros par hectolitre pour chacun des deux carburants, ce qui représente environ 6 % du tarif national pour le gazole (42,84 euros par hectolitre) et environ 4 % du tarif national pour le super (60,69 euros par hectolitre).

Le tableau ci-après indique les produits issus de cette modulation de TIPP en 2010, le total s'élevant à près de 590 millions d'euros.

LE PRODUIT DE LA MODULATION RÉGIONALE DE TIPP

(en euros)

Modulation (gazole)

Produit de la modulation (gazole)

Modulation (super)

Produit de la modulation (super)

Produit total

Île-de-France

1,15

50,07

1,77

18 684 872

69 392 748

Champagne-Ardennes

1,15

12,49

1,77

3 253 725

15 744 208

Picardie

1,15

14, 26

1,77

4 320 870

18 582 143

Haute-Normandie

1,15

14,73

1,77

5 007 363

19 745 384

Centre

1,15

22 202 399

1,77

7 341 840

29 544 239

Basse-Normandie

1,15

12 313 440

1,77

4 376 290

16 689 730

Bourgogne

1,15

15 538 702

1,77

5 631 411

21 170 113

Nord-Pas-de-Calais

1,15

25 166 986

1,77

7 496 587

32 663 574

Lorraine

1,15

15 668 388

1,77

5 785 817

21 454 205

Alsace

1,15

13 437 957

1,77

5 796 254

19 234 211

Franche-Comté

1,15

9 884 336

1,77

3 098 769

12 983 105

Pays-de-la-Loire

1,15

30 788 250

1,77

10 277 084

41 065 334

Bretagne

1,15

26 314 084

1,77

8 953 309

35 267 393

Poitou-Charentes

0

0

0

0

0

Aquitaine

1,15

26 725 489

1,77

9 275 686

36 001 175

Midi-Pyrénées

1,15

21 363 415

1,77

8 024 028

29 387 443

Limousin

1,15

6 145 595

1,77

2 279 170

8 424 765

Rhône-Alpes

1,15

47 829 686

1,77

17 898 004

65 727 689

Auvergne

1,15

10 948 656

1,77

4 039 709

14 988 365

Languedoc-Roussillon

1,15

20 411 478

1,77

8 258 959

28 670 437

PACA

1,15

34 730 888

1,77

18 109 166

52 840 054

Corse

0

0

0

0

0

431 667 403

157 908 913

589 576 316

Source : DGFIP, DGDI

Le présent article n'intègre donc pas dans l'appréciation de la richesse potentielle des régions la majoration facultative de TIPP prévue par l'article 94 de la loi de finances pour 2010 (dite aussi « TIPP Grenelle ») d'un montant maximal de 1,35 euro par hectolitre de gazole et de 0,73 euro par hectolitre de super. En effet, cet article prévoit que les montants correspondants sont affectés au financement d'une infrastructure de transport durable, ferroviaire ou fluvial telle que mentionnée aux articles 11 et 12 de la loi Grenelle I, ou, depuis la loi de finances rectificative du 29 juillet 2011, au Grand Paris. En raison de cette affectation, il n'est donc pas opportun de considérer ces produits comme des ressources libres d'emploi pour la région.

c) L'exclusion de la DCRTP et du FNGIR hors prélèvement

Alors que l'article 183 de la loi de finances pour 2011 prévoyait la prise en compte de l'ensemble des versements de la DCRTP et du FNGIR, l'alinéa 5 du présent article prévoit au contraire que les seuls prélèvements opérés à destination du FNGIR sont pris en compte.

Selon les informations distillées par le Gouvernement - et en l'absence d'une véritable information du Parlement sur les montants précis de la DCRTP et du FNGIR - il semblerait que cette disposition ne vise que la seule région d'Île-de-France.

Cette mesure permet donc de corriger légèrement l'un des effets négatifs les plus évidents du mode de calcul actuel qui conduit à faire passer cette région de la 1 ère à la 21 ème place.

d) Les conséquences sur le classement des régions en 2012

D'après les simulations réalisées par la DGCL, les options évoquées ci-dessus auront pour effet de moderniser l'appréciation de la richesse de chaque région, sans pour autant bouleverser les équilibres ni arriver à des résultats contre intuitifs.

LE CLASSEMENT DES RÉGIONS EN FONCTION DU NOUVEL INDICATEUR

(en euros)

PF 2011

PF/hab 2011

Rang

PF 2012 simulé

PF/hab
2012 simulé

Rang

Alsace

237 062 070

129,04

2

181 384 406

98,73

2

Aquitaine

310 369 054

97,67

16

287 627 014

90,52

9

Auvergne

136 810 227

101,96

12

120 661 002

89,92

10

Bourgogne

170 564 577

104,09

10

156 991 705

95,81

4

Bretagne

291 009 988

92,39

20

253 315 914

80,43

16

Centre

271 754 705

107,35

9

234 777 454

92,74

7

Champagne-Ardenne

148 049 224

110,65

7

120 151 216

89,80

11

Corse

23 422 526

77,31

22

20 277 695

66,93

22

Franche-Comté

131 270 348

112,78

5

100 702 934

86,52

14

Languedoc-Roussillon

230 251 248

89,19

21

207 330 367

80,31

17

Limousin

69 217 618

93,44

19

58 981 363

79,62

18

Lorraine

257 489 447

109,74

8

190 488 498

81,18

15

Midi-pyrénées

269 159 717

94,83

17

251 174 001

88,50

13

Nord-pas-de-calais

398 578 275

99,04

15

319 015 977

79,27

19

Basse-Normandie

152 596 404

103,99

11

114 926 620

78,32

20

Haute-Normandie

235 132 662

128,79

3

179 477 781

98,31

3

Pays-de-la-Loire

350 998 874

99,99

14

311 266 112

88,68

12

Picardie

193 326 634

101,40

13

173 056 770

90,77

8

Poitou-Charentes

164 697 663

93,97

18

124 200 539

70,86

21

Provence-Alpes-Côte d'Azur

542 433 209

111,09

6

467 158 248

95,67

5

Rhône-Alpes

771 180 969

126,07

4

673 664 883

110,13

1

Île-de-France

1 911 431 572

163,94

1

1 085 010 384

93,06

6

Guadeloupe

26 135 502

65,05

24

17 243 252

42,92

Guyane

10 539 750

48,07

26

7 142 422

32,57

Martinique

26 902 007

67,65

23

17 295 262

43,49

La Réunion

47 748 777

59,08

25

41 869 241

51,80

Le tableau ci-dessus montre que six régions enregistrent des évolutions importantes dans leur classement (plus de cinq places). Ces évolutions ne se traduisent pas, pour autant, par une perte d'éligibilité mais éventuellement par un maintien de la situation antérieure (Aquitaine, Bourgogne, Île-de-France). Pour les autres, l'évolution se traduit par une éligibilité nouvelle à la dotation :

- l'Île-de-France passe de la 1 ère à la 6 ème place (et reste non éligible) ;

- l'Aquitaine passe de la 16 ème place à la 9 ème place (et reste éligible) ;

- la Bourgogne passe de la 10 ème place à la 4 ème place (elle reste non éligible) ;

- la Franche-Comté passe de la 5 ème à la 14 ème place (elle devient éligible) ;

- la Lorraine passe de la 8 ème à la 15 ème place (elle devient éligible) ;

- la Basse-Normandie passe de la 11 ème à la 20 ème place (elle devient éligible).

Ce nouveau mode de calcul limite donc les effets négatifs liés à une rénovation du potentiel fiscal.

B.- LES AUTRES AJUSTEMENTS NÉCESSAIRES SUR LES MODALITÉS DE VERSEMENT DE LA DOTATION DE PÉRÉQUATION

Les paragraphes II à V du présent article tirent les conséquences de cette modernisation de l'appréciation de la richesse de chaque région en adaptant les modalités de répartition de la dotation de péréquation :

- le 1° du IV réforme les conditions d'éligibilité à la dotation de péréquation, en prévoyant qu'elle sera versée aux régions dont l'indicateur de ressources fiscales (IRF) par habitant est inférieur à la moyenne nationale et à toutes les régions d'outre-mer ;

- le 2° du IV réforme ses conditions de répartition, qui se fera pour moitié en fonction du nouvel IRF par habitant et pour moitié en fonction de l'IRF superficiaire. En conséquence, le paragraphe II supprime du code la notion d'effort fiscal qui est désormais inutile ;

- le paragraphe III et le 3° du paragraphe IV prévoient qu'à compter de 2012, le Comité des finances locales pourra minorer le montant de la dotation forfaitaire selon un taux uniforme pour financer la progression de la dotation de péréquation d'un montant maximal de 5% par rapport à l'année précédente ;

- le 3° du paragraphe IV complète le dispositif en prévoyant un mécanisme de garantie applicable entre 2012 et 2014, selon lequel les régions éligibles ne pourront enregistrer une perte trop importante de leur dotation de péréquation ;

- le 4° du paragraphe IV prévoit enfin un mécanisme de garantie similaire ciblé sur les régions qui perdraient leur éligibilité à la dotation forfaitaire à compter de 2012 ;

- le paragraphe V plafonne à 2,5 % la progression annuelle de la quote-part réservée aux régions d'outre-mer et coordonne les dispositions relatives aux conditions de répartition de cette quote-part.

1.- Un élargissement des conditions d'éligibilité à la dotation de péréquation des régions

Sont actuellement éligibles à la dotation de péréquation les régions (d'outre-mer ou métropolitaines) dont le potentiel fiscal par habitant est inférieur d'au moins 15 % au potentiel fiscal moyen par habitant de l'ensemble des régions. Ce critère d'éligibilité permettait de répartir cette dotation entre les onze régions mentionnées précédemment.

Le potentiel fiscal étant appelé à disparaître, le présent article prévoit en toute logique que l'éligibilité à la dotation de péréquation sera évaluée à partir du nouvel IRF.

En premier lieu, la présente rédaction rend les régions d'outre-mer éligibles d'office à la dotation de péréquation, ce qui ne devrait pas modifier fondamentalement la donne dans la mesure où elles sont toutes éligibles à la dotation de péréquation sans discontinuer depuis 2006.

Le présent article ne modifie pas, en revanche, les dispositions du code prévoyant que ces régions bénéficient d'une quote-part déterminée en fonction de leur population.

En second lieu, le seuil d'éligibilité ne sera plus fixé à 85 % du potentiel fiscal par habitant moyen mais à 100 % de l'IRF par habitant moyen ; en d'autres termes, seront éligibles à la dotation de péréquation les régions dont l'IRF par habitant est inférieur à la moyenne nationale.

Le présent article exclut en outre de l'éligibilité les régions dont le produit intérieur brut par habitant serait supérieur à 1,3 fois la moyenne nationale.

Selon les résultats du groupe de travail du Comité des finances locales, cette modification du seuil d'éligibilité devrait conduire à rendre 18 régions éligibles contre 11 régions actuellement : seraient nouvellement bénéficiaires l'Auvergne, la Champagne-Ardenne, la Franche-Comté, la Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais, la Basse-Normandie et la région Pays-de-la-Loire. Aucune région ne perdrait son éligibilité à la dotation.

Cet élargissement important du nombre de bénéficiaires doit mécaniquement avoir un impact sur le montant dont peut disposer chaque région individuellement. En effet, le montant de la dotation de péréquation étant déterminé en loi de finances à partir de la différence entre le montant total de la DGF des régions et le montant de leur dotation forfaitaire. Sauf à prévoir une minoration de la dotation forfaitaire, le montant destiné à la péréquation sera donc fixe et cette enveloppe devra être partagée entre un nombre plus important de bénéficiaires.

Pour éviter une opposition frontale des régions actuellement bénéficiaires de la dotation de péréquation, le Gouvernement a donc prévu :

- une majoration de la DGF globale des régions de 13 millions d'euros, montant qui, en l'absence de disposition modifiant les conditions d'attributions de la dotation forfaitaire, ira directement abonder la dotation de péréquation ;

- des mécanismes de garantie qui devraient permettre de lisser la redistribution des montants entre régions déjà éligibles et régions nouvellement éligibles.

2.- Les modalités de répartition de la dotation de péréquation

? La dotation de péréquation est actuellement répartie :

- pour moitié en proportion de l'écart à 85 % de la moyenne nationale du potentiel fiscal par habitant de chaque région, pondéré par son effort fiscal et sa population ;

- pour moitié en proportion de l'écart à la moyenne nationale du potentiel fiscal par habitant rapporté au kilomètre carré.

? Le présent article simplifie ces modalités de répartition en prévoyant que le montant attribué est déterminé :

- pour moitié en proportion de l'écart à la moyenne nationale de l'IRF par habitant de chaque région, pondéré par sa population ;

- pour moitié en proportion de l'écart à la moyenne nationale de l'IRF ramené à la superficie.

En conséquence, le présent article supprime toute référence à l'effort fiscal des régions comme critère de répartition . Le Rapporteur spécial estime, d'une manière générale, que ce critère peut inciter les collectivités à augmenter leur pression fiscale. En outre, dans le cas plus particulier des régions, cet outil a désormais un intérêt très limité compte tenu de l'absence de pouvoir de taux sur la quasi-totalité des impositions perçues par les régions.

3.- Les pouvoirs du Comité des finances locales

? Actuellement, le code général des collectivités territoriales prévoit :

- qu'à compter de 2005, la dotation forfaitaire de chaque région évolue chaque année selon un taux de progression fixé par le CFL entre 60 % et 90 % du taux de progression de l'ensemble des ressources de la DGF ;

- par dérogation, la loi de finances pour 2011 a prévu que le montant de la dotation forfaitaire de chaque région est diminué de manière uniforme à hauteur de 0,12 % ;

- s'agissant de la dotation de péréquation, son montant est égal à la différence entre la DGF globale des régions et sa part forfaitaire.

La combinaison des deux dispositions précédentes a permis, l'année dernière, de minorer la part forfaitaire des régions de 6 millions d'euros pour augmenter d'autant la dotation de péréquation.

? Pour l'année 2012, le schéma proposé par le Gouvernement est légèrement différent dans la mesure où l'article 6 du présent projet de loi prévoit un abondement externe de la DGF des régions de 13 millions d'euros qui devrait permettre d'augmenter la péréquation sans réduire la dotation forfaitaire.

Toutefois, le présent article rend au Comité des finances locales son pouvoir d'arbitrage entre les deux compartiments de la DGF des régions en prévoyant qu'à compter de 2012, le montant de la dotation forfaitaire de chaque région est « égal au montant perçu l'année précédente, minoré le cas échéant » selon un taux fixé par le CFL. La dotation de péréquation reste, pour sa part, égale à la différence entre l'enveloppe globale et la part forfaitaire.

4.- Les mécanismes de garantie

Comme les simulations du CFL l'ont mis en évidence, la modernisation de l'outil central de répartition de la dotation de péréquation des régions ne sera pas sans incidence sur les montants qui seront distribués aux régions à compter de 2012.

Pour éviter des évolutions trop brutales qui risqueraient de bloquer la présente réforme, cet article prévoit deux mécanismes de garantie distincts :

- le premier, faisant l'objet de l'alinéa 20 , prévoit que les régions éligibles à la dotation de péréquation en 2011 (et qui le restent ensuite) ne peuvent percevoir, pour les années 2012 à 2014, une attribution inférieure à 90 % du montant perçu au titre de l'année précédente. À compter de 2015, les collectivités qui n'ont pas cessé d'être éligibles depuis 2011 ne peuvent pas recevoir une attribution inférieure à 70 % du montant perçu en 2011 ;

- le second, faisant l'objet de l'alinéa 22 , précise en outre que, lorsqu'une collectivité cesse d'être éligible en 2012, 2013 ou 2014, elle bénéficie d'une garantie sur trois ans (si elle a cessé d'être éligible en 2012), sur deux ans (si elle a cessé d'être éligible en 2013) ou sur un an (si elle a cessé d'être éligible en 2014). Cette garantie lui assure de bénéficier d'un montant égal à 90 % en 2012, à 75 % en 2013 ou à 50 % en 2014 de l'attribution perçue en 2011.

Précisons que ces mécanismes de garantie transitoires viennent s'ajouter à la garantie pérenne - et déjà inscrite dans la loi - dont bénéficient les régions perdant leur éligibilité à la dotation forfaitaire : dans ce cas, elles reçoivent une attribution égale à 50 % de l'année précédente.

D'après les simulations soumises au Comité des finances locales, le premier mécanisme de garantie jouerait de façon importante dès 2012 au profit de l'Aquitaine, de la Bretagne, de la Corse, du Languedoc-Roussillon, du Midi-Pyrénées et du Poitou-Charentes.

ÉVOLUTION DE LA DOTATION DE PÉRÉQUATION DES RÉGIONS EN 2012

(en euros)

Montant 2011

Montant 2012 simulé

Évo 2011/2012 (en euros)

Évo 2011/2012 (en %)

Alsace

0

0

0

0,00

Aquitaine

24 993 014

22 493 713

- 2 499 301

- 10,00

Auvergne

0

4 690 066

4 690 066

Entrante

Bourgogne

0

0

0

0,00

Bretagne

21 516 497

19 364 847

- 2 151 650

- 10,00

Centre

0

0

0

0,00

Champagne-Ardenne

0

4 683 471

4 683 471

Entrante

Corse

24 746 624

22 271 962

- 2 474 662

- 10,00

Franche-Comté

0

4 493 472

4 493 472

Entrante

Languedoc-Roussillon

27 239 295

24 515 366

- 2 723 929

- 10,00

Limousin

20 927 707

18 834 936

- 2 092 771

- 10,00

Lorraine

0

4 287 364

4 287 364

Entrante

Midi-Pyrénées

30 213 174

27 191 857

- 3 021 317

40,00

Nord-Pas-de-Calais

0

2 175 054

2 175 054

Entrante

Basse-Normandie

0

4 613 984

4 613 984

Entrante

Haute-Normandie

0

0

0

0,00

Pays-de-la-Loire

0

3 852 405

3 852 405

Entrante

Picardie

0

0

0

0,00

Poitou-Charentes

17 966 495

16 169 846

- 1 796 649

- 10,00

Provence-Alpes-Côte d'Azur

0

0

0

0,00

Rhône-Alpes

0

0

0

0,00

Île-de-France

0

0

0

0,00

Guadeloupe

3 812 740

3 780 893

- 31 847

- 0,84

Guyane

1 962 453

2 220 507

258 054

13,15

Martinique

3 008 426

3 726 624

718 198

23,87

La Réunion

6 924 549

7 108 144

183 595

2,65

Total

183 310 974

196 474 511

Source : DGCL, Comité des finances locales

*

* *

L'article 57 est adopté sans modification.