SÉANCE

du mercredi 3 février 2021

58e séance de la session ordinaire 2020-2021

présidence de M. Gérard Larcher

Secrétaires : Mme Victoire Jasmin, Mme Marie Mercier.

La séance est ouverte à 15 heures.

Le procès-verbal de la précédente séance, constitué par le compte rendu analytique, est adopté sous les réserves d'usage.

Questions d'actualité

M. le président.  - L'ordre du jour appelle les questions d'actualité au Gouvernement. Notre séance est retransmise en direct sur Public Sénat et sur notre site internet. Chacun sera attentif au respect du temps, respect des uns et des autres, respect des règles sanitaires.

Crise sanitaire (I)

M. Bernard Fialaire .  - (Applaudissements sur les travées du RDSE) Votre Gouvernement gère avec responsabilité la crise du Covid, mais n'oublions pas qu'il y a des pandémies plus graves encore, obésité, diabète, sédentarité, qui sont responsables de deux millions de morts dans le monde chaque année, soit 6 % des décès.

Cette pandémie n'épargne pas la France ; le confinement comme la restriction des sorties l'aggravent en augmentant le temps passé devant les écrans. Il faut un exercice physique régulier, de multiples études le confirment.

Je plaide pour l'extension de l'expérimentation de la demi-heure d'exercice physique, en plus des cours de sport, menée dans l'Académie de Créteil. Cette séquence améliore les résultats des élèves et leur santé physique et psychique. La mesure ne coute rien ! La marche est le seul traitement de la maladie d'Alzheimer à ce jour...

Il y a urgence pour résorber la dette sanitaire et sociale de cette pandémie. Nul besoin d'être kinésithérapeute pour faire marcher un bipède ! Je ne vous demande pas de danser aussi bien la macarena que M. Blanquer... (Rires et applaudissements sur les travées du RDSE)

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé .  - Vous avez parfaitement raison, nous devons communiquer davantage en direction des Français... Les pratiques sportives nous manquent, mais n'oublions pas les pratiques invisibles comme la marche ou le vélo. Elles contribuent à la santé et au bien-être au sens de l'OMS.

Quand on dit « Restez chez vous », il ne faut pas oublier un exercice physique régulier, possible même en confinement. Je pense à des tutoriels, par exemple par des médecins du sport : certains avaient fait preuve d'imagination en la matière... Je vous promets d'évoquer le sujet à l'occasion de ma prochaine conférence de presse.

Avec Roxana Maracineanu, nous travaillons sur des forfaits ou des financements à la séance, parfois en lien avec les collectivités territoriales, pour promouvoir la pratique sportive pour les personnes souffrant de maladies chroniques et le sport-santé de demain. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

Crise sanitaire (II)

Mme Raymonde Poncet Monge .  - (Applaudissements sur les travées du GEST) En un temps record, l'humanité a disposé du séquençage complet du génome du coronavirus, parce qu'il n'y a pas eu de brevets déposés et parce que ce bien a été mis hors marché. Les grands groupes ont pu s'appuyer sur ce savoir pour lancer les recherches, soutenus par des fonds publics et des millions de précommandes. Mais les contrats ont été signés sans souci des capacités de production. Et le retour au fonctionnement du marché a signé le retour des dysfonctionnements de la concurrence.

Quand prononcerez-vous une obligation de coopérer ? Toutes les unités de production doivent être mobilisées, face aux manquements de livraison des trois grands groupes. Il faut exiger que les licences passent en licences d'office.

Le Gouvernement a le pouvoir de réquisitionner tout bien ou service, selon le code de la santé publique. Sanofi pourrait produire plus que les 125 millions de doses promises d'ici juillet, il affirmait pouvoir en produire 1 milliard pour son ancien futur vaccin ! Il pourrait passer à 600 millions de doses sur la même période. Quand allez-vous enfin passer de la plainte à l'action étatique pour que notre continent mais aussi l'Afrique et l'Asie du Sud-Est bénéficient des doses nécessaires ? (Applaudissements sur les travées du GEST)

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé .  - L'Union européenne a sécurisé 2,3 milliards de doses. À l'initiative du Président de la République, nous avons inscrit dans les contrats la notion de bien public mondial, notamment pour venir en aide aux pays qui n'ont pas la capacité de contractualiser directement avec les grands groupes industriels. Cela représente 25 % de la production pour le seul continent européen.

Quatre entreprises en France sont prêtes pour produire des médicaments et des vaccins. Toute la chaîne logistique et industrielle est mobilisée, sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

À quoi rimerait une licence d'office ? Les grands laboratoires ne refusent pas que nous utilisions les centres industriels disponibles pour produire leurs vaccins.

Quand il a fallu réquisitionner masques et gel, nous n'avons jamais failli. (Protestations à droite) Une licence serait donc contre-productive.

Accompagnons les entreprises, et donnons-leur envie de s'installer et de produire en France. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

Mme Raymonde Poncet Monge.  - À Lyon, 30 % des rendez-vous pour la vaccination ont été décommandés. Reprenez la main et créez enfin un pôle public du médicament. (Applaudissements sur les travées du GEST)

Situation d'Alexeï Navalny

M. Claude Malhuret .  - (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP) Celui qui aurait dû se trouver dans le box du tribunal de Moscou hier n'est pas Alexeï Navalny, mais Vladimir Poutine, pour tentative d'assassinat au Novitchok sur M. Navalny, pour les assassinats d'Anna Politkovskaïa, d'Alexandre Litvinenko, de Stanislas Markelov, d'Anastasia Babourova, de Sergueï Magnitski, de Boris Berezovski, de Boris Nemtsov et de bien d'autres, ainsi que pour le soutien aux sécessions de l'Ossétie ou de la Transnistrie, l'annexion de la Crimée, les cyberattaques permanentes contre les systèmes de défense des pays occidentaux.

Quand allons-nous répondre fermement à l'ex-colonel du KGB qui n'a jamais accepté la chute de l'URSS et qui n'accepte pas la démocratie ?

La condamnation du verdict par le Président de la République était nécessaire, mais il faut aller plus loin. Clément Beaune a dit tout haut ce que beaucoup d'Européens pensent tout bas : le gazoduc Northstream est une erreur majeure. Il nous livre à notre pire ennemi, va creuser la tombe de l'Ukraine et enrichir encore l'homme le plus corrompu du monde. Le temps presse : les navires russes sont arrivés sur la zone. Il est temps de convaincre l'Allemagne d'abandonner ce projet.

Laisserons-nous Alexeï Navalny croupir dans son cachot alors que Vladimir Poutine festoie dans son palais des Mille et une nuits ? (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur plusieurs travées des autres groupes)

M. Jean Castex, Premier ministre .  - Le Président de la République a condamné l'arrestation d'Alexeï Navalny et les arrestations arbitraires de ces derniers jours.

La France et l'Allemagne ont également été à l'origine des condamnations unanimes prononcées par l'Union européenne à l'égard de la Russie en octobre. Le Haut-représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l'Union, Josep Borrell, se rendra à Moscou pour les réitérer.

Les ministres des Affaires étrangères européens se réuniront prochainement pour évoquer les suites à donner à ces événements que la France condamne énergiquement. (Applaudissements sur les travées du RDPI ; M. Loïc Hervé applaudit également.)

Situation des étudiants

M. Alain Houpert .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Certains étudiants n'ont pas vu un amphi ou un professeur depuis des mois. Un sur six a décroché ; un tiers a des pensées suicidaires. Ils fréquentent la banque alimentaire.

Comment avez-vous répondu à leur détresse ? Vous avez prévu le repas à un euro, pour votre bonne conscience, et des chèques psy, stratégie du pompier pyromane. Les étudiants n'ont pas besoin de charité ni de divan, mais de retrouver leurs amphis et leurs professeurs.

M. François Patriat.  - Grâce à la chloroquine ?

M. Alain Houpert.  - Vous sacrifiez le présent avec l'économie, mais aussi l'avenir car tous ces jeunes sont les médecins, les entrepreneurs, les artistes, les dirigeants de demain. Vous sacrifiez aussi l'ascenseur social, qui est à l'arrêt. Tentez au moins de sauver l'avenir !

Quelles sont vos mesures pour que les étudiants retrouvent le chemin des facultés ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains ; M. Pierre Ouzoulias et Mme Céline Brulin applaudissent également.)

M. Jean Castex, Premier ministre .  - Si j'étais provocateur, je vous informerais que nous traversons une crise sanitaire gravissime. Les mots Covid, virus, crise sanitaire sont absents de votre question...

Pensez-vous vraiment que le Gouvernement est à l'origine de la situation dramatique de nos étudiants ? (« Il n'a pas dit cela ! » à droite)

La circulation virale et l'affluence dans les services hospitaliers sont inquiétantes, les variants se développent, tous les autres pays ont également pris des mesures de fermeture ou ont restreint l'accès à leurs établissements d'enseignement supérieur.

Que proposez-vous ? Qu'on les rouvre massivement ? Ce serait irresponsable ! (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains)

M. Albéric de Montgolfier.  - Facile !

M. Jean Castex, Premier ministre.  - Nous nous occupons des étudiants, en responsabilité. C'est un honneur, non une aumône, que de leur assurer des repas à un euro, de nous occuper de leur santé psychologique, d'organiser un retour précautionneux dans les universités.

Nous ne pouvons pas faire n'importe quoi ! Il faut être prudent. Tenir un langage de vérité et de responsabilité et prendre des décisions empreintes de la plus grande bienveillance pour la communauté des étudiants : c'est ce à quoi nous nous employons. (Applaudissements sur les travées du RDPI, ainsi que sur plusieurs travées des groupes INDEP et RDSE)

M. Alain Houpert.  - Vous avez prononcé le mot Covid... qui était bien sûr sous-jacent dans ma question. Vous avez choisi la course au vaccin pour sortir de la pandémie. Or la France, pays de Pasteur, a déclaré forfait : quel fiasco ! (Murmures indignés sur diverses travées) Le vaccin de Pfizer a été développé avec l'université de Mayence ; celui d'AstraZeneca avec celle d'Oxford.

M. le président.  - Il faut conclure.

M. Alain Houpert.  - Un Gouvernement qui sacrifie sa jeunesse n'a pas d'avenir ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Politique française d'achat de vaccins

M. Hervé Maurey .  - (Applaudissements sur les travées du groupe UC) Les déclarations récentes du Président de la République sur la vaccination ne doivent pas masquer la situation : nous avons perdu la course aux vaccins. Certains s'interrogent sur le rachat de brevets ou à la mise en place de licences obligatoires.

Dans ce contexte peu glorieux, nous avons été heureux de découvrir qu'une start-up française, Valneva, a développé un vaccin  - mais choqués d'apprendre que c'est le Royaume-Uni qui acquerra en priorité 100 millions de doses.

Pourquoi ? À cause de la très grande réactivité du Royaume-Uni, qui a fait confiance à Valneva et lui a commandé dès septembre 60 millions de doses. La France ne manifestait alors aucun intérêt à l'égard de cette entreprise et le 12 janvier dernier, le Gouvernement « concluait les discussions préliminaires »... (Applaudissements sur les travées des groupes UC et Les Républicains)

Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie .  - Je vous remercie de souligner que nous avons des vaccins en France. C'est Sanofi qui tient la corde pour en proposer un en septembre prochain, si les résultats sont là en avril. Mais il y a aussi Valneva, Oz Therapeutics et l'Institut Pasteur, qui a deux autres vaccins en développement.

Valneva n'est pas une start-up, avec ses 500 salariés et son site de production en Ecosse. Nous avons choisi de prendre les premiers vaccins disponibles sur le marché dès décembre 2020, mais nous accompagnons tous les projets. La Commission européenne vient de passer un accord avec Valneva. Je leur avais proposé un soutien à 80 %, mais l'entreprise avait préféré le Royaume-Uni.

Je préfère un tiens que deux tu l'auras en 2022. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

M. Hervé Maurey.  - Comme toujours, le Gouvernement est très content de lui. (Applaudissements à droite) Vous vous félicitez sur Twitter de « discussions nourries » en mai dernier... On comprend que Valneva ait préféré un soutien financier concret !

C'est un échec cuisant pour notre recherche française.

M. le président.  - Veuillez conclure.

M. Hervé Maurey.  - Le Gouvernement a été incapable de s'affranchir de procédures d'une lourdeur terrifiante, comme en témoigne le courrier que vous avez adressé à l'entreprise en août : un monument de bureaucratie. (Vifs applaudissements sur les travées des groupes UC et Les Républicains)

Situation du sport amateur

M. Jérémy Bacchi .  - La santé psychique des Français est gravement menacée. Le sport est un outil essentiel, un sas de décompression.

Le couvre-feu à 18 heures empêche toute pratique sportive pour des millions d'amateurs. Les clubs meurent à petit feu : plus de taxe Buffet notamment avec la défaillance de Mediapro, plus de billetterie et moins de licences. Le modèle économique est à bout.

L'interdiction des entraînements en foot amateur - alors que rien n'a changé pour le foot professionnel - est incompréhensible. De nombreux clubs renoncent à participer à la Coupe de France. Je leur exprime ma solidarité.

Des mesures doivent être prises. Comment allez-vous soutenir le sport amateur, notamment le foot ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE ; MM. Jean-Raymond Hugonet et Daniel Gremillet applaudissent également.)

Mme Roxana Maracineanu, ministre déléguée auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée des sports .  - Nous soutenons la pratique du sport amateur, qui comporte une dimension d'émancipation. Les fédérations et ligues professionnelles connaissent une année particulière, mais les objectifs de santé publique et de cohésion sociale demeurent. Les pratiques en extérieur se développent grâce à la solidarité d'associations qui ouvrent leurs équipements à des adhérents d'autres associations, lorsqu'ils ne peuvent plus s'entraîner en espace fermé.

L'État débloquera 10 millions d'euros pour les fédérations qui perdent des licenciés et 15 millions d'euros pour les associations employant des bénévoles ; les autres sont éligibles aux mesures d'aide générales et au fonds de solidarité.

Le masque sportif, travaillé avec l'Afnor, prochainement soumis à validation des instances sanitaires, nous laisse espérer un retour de la compétition en mars. (MFrançois Patriat applaudit.)

M. Jérémy Bacchi.  - Hélas, le temps presse et dans un ou deux mois il sera trop tard pour de nombreux clubs amateurs. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE)

Action européenne de sauvegarde des droits humains dans le monde

M. André Gattolin .  - Sale temps, très sale temps pour la démocratie, l'État de droit et les droits humains. Lundi, coup d'État militaire en Birmanie. Hier, à Moscou, condamnation d'Alexeï Navalny à trois ans de prison ferme dans un procès ubuesque et joué d'avance : son seul crime est de ne pas être mort empoisonné. Hier soir, la BBC diffusait un reportage sur le traitement des Ouïghours dans les camps d'internement : viols collectifs, torture, traitements dégradants. Insupportable !

Que faire au-delà des protestations officielles ? La France et l'Union européenne ne peuvent sombrer dans la pusillanimité ! Des instruments existent comme le régime européen de sanctions ciblées. Ne pourrait-il s'appliquer aux responsables de l'empoisonnement d'Alexeï Navalny ?

Quant à la Birmanie, nos accords avec ce pays ne devraient-ils pas être revus ? Il bénéficie, en effet, d'un système commercial préférentiel avec l'Union européenne dit « Tout sauf les armes », lié au respect de quinze conventions internationales que la Birmanie bafoue. Il faut rouvrir le dossier des sanctions, suspendu ces dernières années pour ne pas fragiliser le gouvernement de Mme Aung San Suu Kiy. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères .  - Votre constat est aussi le nôtre : les droits de l'homme sont de plus en plus menacés dans le monde. Nous assistons à une bataille des modèles et à la remise en cause de l'universalisme des droits de l'homme.

La France porte cette exigence dans toutes les instances internationales, notamment au Conseil de sécurité de l'ONU qui se réunit sur la Birmanie. Le Premier ministre s'est exprimé tout à l'heure sur la situation d'Alexeï Navalny.

En Birmanie, le coup d'État militaire et l'arrestation de Mme Aung San Suu Kyi minent le processus démocratique et des réformes dont nous attendions beaucoup également pour apaiser la question des Rohingyas. Nous sommes en discussion avec nos partenaires européens pour appliquer des sanctions.

S'agissant de la province du Xinjang, nous proposons d'y organiser une visite officielle du Conseil des droits de l'homme de l'ONU car, selon les autorités chinoises, il ne s'y passerait rien... Fort bien : vérifions-le au niveau international ! (Applaudissements sur les travées du RDPI)

Fermetures de classes (I)

M. Jean-Claude Tissot .  - (Applaudissements sur les travées du groupe SER) Il ne devait y avoir aucune fermeture de classe sans l'accord du maire. Certes, actuellement, les écoles ne sont pas fermées, mais le protocole sanitaire est très contraignant : sport à l'extérieur uniquement, restauration perturbée dans les cantines... Et des variants contagieux apparaissent. Comment garantir qu'à la rentrée, les élèves et les professeurs seront vaccinés ?

Dans certaines petites communes, ce sont les élus qui remplacent le personnel de la cantine ou du périscolaire ! Dans ce contexte, l'annonce de la fermeture d'une classe est un coup de massue. En Ardèche, Drôme, Savoie, vous prévoyez... zéro création de poste.

Le Gouvernement devrait signer un moratoire sur la fermeture de toute classe, de tout équipement de santé, de tribunal, gendarmerie ou bureau de poste. Il faut aussi faire des efforts sur les décharges d'heures pour les directeurs, réduire les effectifs dans les classes, les dédoubler.

Mais au minimum, reconduisez le moratoire sur toute fermeture de classe de primaire sans l'accord du maire, et ce, pour circonstances exceptionnelles. (Applaudissements sur les travées du groupe SER)

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de l'éducation prioritaire .  - Je vous prie d'excuser l'absence de Jean-Michel Blanquer. (Murmures désapprobateurs à gauche et sur plusieurs travées du groupe Les Républicains)

Le protocole sanitaire dans les écoles, et notamment les cantines, est parfaitement clair, constamment renforcé depuis le 25 janvier dernier.

Nous portons une attention toute particulière à l'école rurale. J'ai annoncé avec le ministre Blanquer, il y a quinze jours, des territoires éducatifs ruraux, destinés à renforcer les alliances éducatives. Depuis 2019, aucune école ne ferme sans l'accord du maire.

M. Jean-Claude Tissot.  - Oui, mais je vous parle des classes !

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État.  - Dans les communes de moins de 5 000 habitants, aucune classe n'a fermé sans l'accord de maire, depuis la rentrée de 2020. (On le conteste vivement tant à droite qu'à gauche.)

Malgré la baisse du nombre d'élèves - 195 000 en moins depuis 2017 - nous augmentons les moyens.

M. Jean-Claude Tissot.  - Faux !

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État.  - Nous poursuivons les dédoublements de classe en CP, CE1 et maintenant en grande section dans l'éducation prioritaire. Pas moins de 7 500 emplois ont été créés. Cela devrait vous rassurer. (Applaudissements sur les travées du RDPI ; on se récrie sur les travées du groupe SER.)

Industrie pharmaceutique

M. Jean-Raymond Hugonet .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Ma question s'adresse au ministre de l'Économie et des finances (On déplore l'absence du ministre sur les travées du groupe Les Républicains.) et porte sur la politique industrielle pharmaceutique de la France.

Les médias se sont fait l'écho, dans l'Essonne, des difficultés de la société Yposkezi, qui produit des médicaments de thérapies génique et cellulaire pour les maladies rares. Le groupe sud-coréen SK Holdings serait entré en négociations exclusives pour prendre le contrôle de 70 % de son capital.

Parallèlement, le laboratoire nantais Valneva va commercialiser à l'automne son propre vaccin contre le Covid - mais ces doses tricolores iront directement au Royaume-Uni, qui a entièrement financé les essais cliniques !

À l'heure où nous avons compris l'importance stratégique de l'industrie pharmaceutique, pouvons-nous laisser filer des pépites à l'étranger ou ignorer des acteurs comme Valneva, au moment où nous en avons le plus besoin ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie .  - Entre 2005 et 2015, la part de la fabrication de médicaments en France a été divisée par deux. Ce Gouvernement a fait de cette industrie une priorité, en créant un comité stratégique des industries de santé, en mettant en place un plan d'action de soixante mesures, dont 80 % ont été réalisés l'année dernière, en redonnant la possibilité d'investir dans les médicaments innovants - ce qui n'avait plus été fait depuis trente ans, j'en parle en connaissance de cause pour avoir travaillé à l'AP-HP.

Nous accompagnons Sanofi, qui a investi 600 millions d'euros dans une entreprise de vaccins à Marcy-l'Étoile plutôt qu'à Singapour.

Grâce à l'appel à projet lancé en juin dernier, la fabrication de trois des quatre vaccins réservés par l'Union européenne à ce stade est possible en France avec le soutien de l'État.

Il s'agit d'une industrie stratégique, et nous sommes vigilants sur les investissements étrangers : au besoin, certaines acquisitions pourront être bloquées.

Nous ferons tout pour relancer la recherche et développement et la production dans notre pays ! (Applaudissements sur les travées du RDPI ; M. Bernard Fialaire applaudit également.)

Crise sanitaire (III)

M. Jean-Jacques Michau .  - Vendredi dernier, vous avez décidé qu'un nouveau confinement ne s'imposait pas. Cette annonce a surpris, au vu des demandes des élus réclamant des mesures plus restrictives.

Lors de l'examen du projet de loi sur l'état d'urgence sanitaire, nous étions nombreux à demander une approche fondée sur la différenciation territoriale. Le confinement national n'est pas forcément adapté. D'autres solutions doivent être examinées.

Pourquoi ne pas agir en concertation à l'échelle régionale, départementale ou métropolitaine ? Pourquoi ne pas laisser une marge de manoeuvre au préfet pour assouplir ou rendre plus restrictives les mesures nationales en fonction du taux d'incidence du virus ?

Bien sûr, une règle unique peut sembler plus simple et plus lisible, mais les mesures nationales sont parfois disproportionnées dans les territoires moins touchés par l'épidémie.

M. Jean Castex, Premier ministre.  - Lesquels ?

M. Jean-Jacques Michau.  - Allez-vous envisager de recourir, dans la mesure du possible, à une gestion territorialisée de la crise sanitaire...

Mme Jacqueline Gourault, ministre.  - On n'en est plus là...

M. Jean-Jacques Michau.  - ... en associant les élus locaux à la prise de décision ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER)

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé .  - La territorialisation est la règle depuis un an dans la gestion de la crise sanitaire : en témoigne la mise en oeuvre progressive du couvre-feu à 18 heures, dans quinze départements le 2 janvier, puis dans une vingtaine d'autres le 11 janvier, en enfin dans l'ensemble du pays, quand la situation épidémique l'a exigé.

Territorialiser, c'est le bon sens, mais la mise en oeuvre est plus complexe qu'il n'y paraît. Je pense à la Dordogne, qui enregistre une augmentation de 53 % du nombre des cas, au Tarn-et-Garonne ou à la Corse, où le virus progresse. On constate que les plus contaminés sont les personnes âgées qui vivent en milieu rural. S'il y avait une règle simple permettant de prévoir là où le virus va monter, nous l'appliquerions...

La concertation est la règle. Le Premier ministre a reçu les présidents des groupes parlementaires et des associations d'élus la semaine dernière. Nous ajustons les mesures au mieux. Lorsqu'il a fallu confiner une seconde fois, le taux d'incidence et la dynamique épidémique étaient supérieurs aux seuils sur tout le territoire national. Ce n'est pas le cas pour l'instant, c'est pourquoi le Président de la République nous invite à tenir et à nous mobiliser pour limiter la circulation du virus. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

Temps de travail et de repos des militaires

M. Cédric Perrin .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) La semaine dernière, l'avocat général de la Cour de justice de l'Union européenne a plaidé pour que la directive relative au temps de travail s'applique aux forces armées. C'est une immixtion dans le fonctionnement des armées, institution régalienne s'il en est.

Nos forces garantissent l'exercice de notre souveraineté et de nos engagements internationaux. La continuité et l'efficacité de leur action imposent un mode d'organisation incompatible avec la directive.

La distinction entre service courant et activités principales est inopérante pour l'armée française, qui est professionnalisée et dont l'engagement est bien plus élevé que celui de nos partenaires. L'État protège lui-même la sécurité et la santé de nos militaires.

Il n'est pas suffisant de dire faire confiance à la sagesse de la Cour de justice, comme votre ministre délégué l'a indiqué hier à l'Assemblée nationale. Les armées attendent l'assurance que vous ne transposerez pas cette directive et invoquerez l'article 4-2 du Traité de l'Union européenne qui prévoit que la sécurité nationale est de la seule responsabilité de chaque État membre. (M. André Gattolin applaudit.)

Quelles garanties pouvez-vous nous apporter ? (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et RDPI)

Mme Florence Parly, ministre des armées .  - Je suis farouchement opposée aux conclusions de l'avocat général de la Cour de justice.

M. Jérôme Bascher.  - Nous aussi !

Mme Florence Parly, ministre.  - Même si celles-ci ne tiennent pas la Cour, nous devons y prêter attention.

La position du Gouvernement n'a pas varié. France, seul pays européen membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, exerce des responsabilités éminentes en matière de défense. Ses militaires doivent être disponibles en tout temps et en tout lieu : c'est un enjeu essentiel de défense nationale et de sécurité européenne.

Être militaire est une vocation au service de la Nation, ce n'est pas un métier comme les autres. L'indépendance de la Nation, sa capacité d'action, la protection des Français sont des sujets souverains. La sécurité de nos militaires est en jeu : ils assument des contraintes et des risques qui ne sont pas pris en compte par le droit commun.

Nous faisons confiance à la Cour de justice pour qu'elle réaffirme la pleine compétence des États membres en matière de défense et de sécurité nationales, comme le prévoient les traités. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

M. Cédric Perrin.  - Cette directive fera l'effet d'une bombe. Son application signerait la fin de notre modèle de défense, et nécessiterait d'augmenter nos effectifs de 20 à 30 000 et le budget de la Défense de 1,5 milliard d'euros... (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains ; M. Loïc Hervé applaudit également.)

Retour des trains de nuit

M. Jean-François Longeot .  - (Applaudissements sur les travées du groupe UC) Dans la continuité du plan de relance, vous avez annoncé un objectif de dix nouvelles lignes de trains de nuit d'ici 2030, autour de quatre grands corridors.

Je salue cette ambition. Rappelons qu'il y avait encore huit lignes de trains de nuit en 2015 ; à la suite du rapport Duron, seules deux lignes de nuit fonctionnent encore. Les trains de nuit sont pourtant une chance pour l'égalité d'accès aux mobilités et pour l'aménagement de notre territoire, et surtout pour la décarbonation des transports, premier secteur émetteur de CO2 en France.

Le fret ferroviaire, qui circule essentiellement la nuit, a aussi vocation à se développer. Nous attendons toujours la stratégie nationale sur ce point. Comment envisagez-vous la cohabitation entre trains de nuit, fret et nécessaires travaux de régénération d'un réseau qui est en mauvais état ? Quels sont les investissements nécessaires pour développer les trains de nuit ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC)

Mme Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la transition écologique, chargée du logement .  - Le retour des trains de nuit est une ambition forte du Gouvernement pour la desserte des territoires. (M. Loïc Hervé s'en félicite.) Nous investissons 44 millions d'euros pour rénover les 71 voitures des deux lignes existantes, Paris-Briançon et Paris-Rodez. Le plan de relance consacre 100 millions d'euros à l'ouverture prochaine de deux nouvelles lignes, Paris-Nice en 2021 et Paris-Tarbes en 2022, avec un prolongement vers Lourdes, Dax et Hendaye en haute saison. Enfin, nous développons le maillage de demain : un rapport sera prochainement remis au Parlement sur les corridors et le modèle économique pertinent. Près de dix lignes de trains de nuit pourraient voir le jour d'ici 2030.

Il n'y a pas de concurrence entre trains de nuit et fret car les travaux sur les voies servent aux deux.

Les usagers montrent un regain d'intérêt pour les trains de nuit, qui contribuent très concrètement à la décarbonation des transports et à l'atteinte de nos objectifs climatiques. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

M. Jean-François Longeot.  - Mon inquiétude porte sur les modalités de votre projet : quels investissements ? Quels tracés ? N'oublions pas nos trains d'équilibre du territoire, indispensables à la desserte des territoires les plus éloignés et ruraux. (Applaudissements sur les travées des groupes UC et Les Républicains)

Fermetures de classes (II)

M. Laurent Somon .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Répétition est source de pédagogie. Chaque année, nous apprenons les projets d'ouverture et de fermeture des classes dans le primaire et le secondaire. Mais la prochaine rentrée n'est pas ordinaire. Est-il opportun de fermer des classes dans un contexte dans lequel s'applique un protocole sanitaire exigeant ? Les conventions de ruralité ne sont pas respectées... Dans la Somme, il n'y a pas eu de réunion depuis la signature de la convention en novembre 2018 !

Le 27 mars 2020, le ministre Blanquer annonçait qu'aucune classe en zone rurale ne serait fermée sans l'accord du maire... Mais, dans la Somme comme dans le Puy-de-Dôme, les manifestations des élus locaux témoignent de leur déception face au peu de considération du Gouvernement.

En novembre 2018, à Amiens, j'ai proposé au Président de la République d'étendre le dédoublement à toutes les classes du primaire de la Somme, où le taux d'illettrisme atteint 11 %, quatre points de plus que la moyenne nationale. Proposition restée sans réponse. Quand allez-vous écouter la voix des territoires ? (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC)

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de l'éducation prioritaire .  - Le Gouvernement mène une action résolue pour faire réussir tous les élèves. Priorité est donnée à l'école élémentaire autour des savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter, respecter autrui.

Au ministère de l'Éducation nationale, nous travaillons avec les élus de tous les territoires : nous les tenons informés en amont via une boucle de communication et nous décidons ensemble. Des visioconférences sont régulièrement organisées avec les présidents d'associations d'élus.

Face à la diminution démographique dans les écoles rurales - moins 65 000 élèves - nous avons pourtant créé 2 600 emplois, pour 32,6 millions d'euros. Les taux d'encadrement ont augmenté dans tous les départements pour la quatrième année consécutive et atteignent un niveau inédit. Nous poursuivons le dédoublement des classes et la limitation du nombre d'élèves à 24, notamment en grande section.

Le plan de relance soutient nos projets pour une école rurale de qualité : cordées de la réussite, alliances éducatives, rénovation thermique des bâtiments, numérique, internats d'excellence.

M. Laurent Somon.  - Sur les 2 600 postes annoncés, 2 300 sont ciblés sur le dédoublement des classes en REP+, non en zone rurale. Donnez aux écoles de nos territoires une égalité de chances car, comme le dit Alain, « c'est presque tout que de savoir lire ». (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Conditions de détention

M. Jean-Pierre Sueur .  - (Applaudissements sur les travées du groupe SER) Le 2 octobre dernier, le Conseil constitutionnel décidait que le Gouvernement devra faire adopter avant le 1er mars prochain une disposition législative permettant à tout détenu considérant ses conditions de détention indignes de saisir la juridiction judiciaire. Nous sommes le 3 février : quand prendrez-vous cette disposition ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER)

M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux, ministre de la justice .  - Il y a deux jours, j'étais à la centrale de Saint-Maur. Comme vous, je suis particulièrement préoccupé par la condition carcérale.

La France, pays des droits de l'Homme, est régulièrement condamnée.

L'État de droit se mesure aussi à l'état de nos prisons. Voilà des décennies que nous ne sommes pas au rendez-vous de nos obligations internationales.

Je mène un plan de construction de prison...

M. Jérôme Bascher.  - Pour le prochain quinquennat !

M. Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux.  - La construction de 7 000 places est en cours, et je viens de signer un engagement.

Il ne s'agit pas d'incarcérer plus, mais d'incarcérer dignement. Je présenterai prochainement des mesures sur la condition pénitentiaire.

La prison est utile pour punir, pour mettre notre société à l'abri d'individus dangereux, mais aussi pour réinsérer - ce qui suppose une détention digne. Je rends un hommage appuyé aux agents pénitentiaires.

Nous travaillons pour nous conformer à la décision du Conseil constitutionnel ; un amendement ambitieux, dont votre commission des lois a eu connaissance, a été soumis pour avis au Conseil d'État dès le 1er décembre. Le Gouvernement est mobilisé, nous cherchons une date et un vecteur. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

M. Jean-Pierre Sueur.  - Robert Badinter disait, à juste titre, que la condition pénitentiaire est la première raison de la récidive. On n'a pas fait assez pour la détention et les alternatives à la détention.

Malgré la crise sanitaire, le nombre de détenus a augmenté de 4 000 ces six derniers mois ; ils sont des centaines, parfois en détention provisoire, à dormir sur des matelas à même le sol.

Monsieur le garde des Sceaux, je vous sais attentif à cette question. J'en appelle aussi au Premier ministre et au ministre des Relations avec le Parlement. Bousculons nos agendas, faisons un pas pour des conditions de détention plus humaines. (Applaudissements sur les travées du groupe SER)

Aide au secteur du tourisme

M. Michel Bonnus .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Le tourisme fait partie des secteurs les plus durement touchés par la crise. Dans le Var comme ailleurs, on mesure tous les jours le désarroi des professionnels. Certes, les aides sont bienvenues, mais comment repartir quand toute activité a cessé pendant dix mois ?

Le secteur est dévasté par la crise, tout ce qui entraîne une dynamique touristique est déprogrammé. Or nos entreprises supportent l'une des fiscalités les plus lourdes d'Europe. Les prêts garantis de l'État (PGE) reviendront à financer de la dette par la dette s'ils ne sont pas transformés en obligations. Le remboursement des échéances peut conduire ces entreprises à un naufrage. Il faut des mesures favorables à la trésorerie, comme une baisse de TVA ; nos entreprises ont besoin de plus de flexibilité et d'adaptabilité.

Repensons l'environnement fiscal, social et juridique. Les professionnels du tourisme et de l'événementiel ont besoin de perspectives. Pouvez-vous leur donner de l'espoir ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du tourisme, des Français de l'étranger et de la francophonie .  - La stratégie du Gouvernement est claire : réparer et préparer la reprise.

Sur le premier point, nous avons été au rendez-vous, avec 13 milliards d'euros de soutien engagés, sans compter les 3 milliards d'euros d'activité partielle ; le compteur continue à tourner tant que le secteur est entravé.

Pour préparer la reprise, il faudra aider le personnel à se former, après plusieurs mois d'inactivité. Il faudra aussi investir, alors que la concurrence entre destinations risque d'être féroce après la crise.

Au-delà des 4 milliards d'euros de mesures d'urgence, le Premier ministre a annoncé un plan d'investissement dans la montagne. Le plan de relance financera un fonds de 50 millions d'euros pour le tourisme durable, nous investissons dans le digital et la formation. Nous soutiendrons le secteur du tourisme pour rester la première destination mondiale. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

M. Michel Bonnus.  - Vous pensez à l'avenir, ce qui me rassure. Nous ne demandons qu'à travailler. Le secteur est complètement effondré. Préparons l'avenir et surtout, facilitons la reprise ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Élevage de viande bovine

M. Olivier Rietmann .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Qui a dit : « Nous garantirons des prix justes pour les agriculteurs, nous nous battrons pour une Europe qui protège et donnerons les moyens de faire face aux situations d'urgence » ? Le candidat Macron en 2017.

Pour les prix justes, c'est raté. L'espoir né de la loi EGalim a laissé la place à la désillusion. La grande distribution sort gagnante de la bataille.

Pour une Europe qui protège, on verra plus tard. L'examen du CETA au Sénat ne cesse d'être reporté est les aides de la PAC financeront surtout de nouvelles règles environnementales...

Il vous reste néanmoins une chance de tenir le troisième objectif : des moyens face à l'urgence dans laquelle se trouve la filière bovine -  2 000 éleveurs disparaissent chaque année, les prix des broutards sont au plus bas. Le Gouvernement est absent quand il faut sanctionner ceux qui contournent le plan de filière, contrôler les produits importés ou négocier nos intérêts dans le cadre du Mercosur, mais très présent pour accroître les contraintes pesant sur les éleveurs avec les propositions de la convention citoyenne pour le climat.

Face à l'urgence, quels moyens allez-vous mettre en oeuvre ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation .  - Je partage votre constat sur la filière bovine, et vous savez que je suis mobilisé.

Le Gouvernement n'est pas absent. La loi EGalim a changé l'état d'esprit et a créé la confiance (On le conteste sur de nombreuses travées.) mais certains acteurs ne respectent pas les règles. Plus la confiance est altérée, plus les contrôles doivent être renforcés.

Nous allons démultiplier les contrôles de la DGCCRF. Ils ne comprennent que cela... Nous avons créé l'adresse signalement@agriculture.gouv.fr pour tout problème de prix ou d'étiquetage anormal ; chaque signalement donnera lieu à une enquête.

La question des broutards et des jeunes bovins ne relève pas de la loi EGalim mais d'un sujet de filière : ils sont vendus quasi exclusivement à l'Italie. Dans le cadre du plan de relance, nous mettons 80 millions d'euros sur les filières, 100 millions d'euros pour l'élevage et 200 millions d'euros pour les équipements. La filière bovine doit se saisir de ce défi et diversifier les débouchés pour les broutards. Que les collectivités territoriales servent donc des jeunes bovins dans les cantines !

M. Jérôme Bascher.  - Et pas seulement du végétarien !

M. Julien Denormandie, ministre.  - Les financements sont prêts dans le plan de relance. Soyez rassurés. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

M. François Patriat.  - Très bien !

M. Olivier Rietmann.  - Plus que vos déclarations d'amour, les éleveurs attendent des preuves.

M. François Patriat.  - Elles sont là : 80 millions d'euros !

M. Olivier Rietmann.  - Le revenu moyen d'un éleveur français de bovins en 2020, c'est 650 euros par mois. Prenez des décisions fortes et courageuses, monsieur le ministre ! Ce n'est pas une question d'organisation de filière.

M. Julien Denormandie, ministre.  - Bien sûr que si !

M. Olivier Rietmann.  - Ne déchargez pas votre responsabilité sur les éleveurs. Trêve de belles paroles ; aux actes ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

La séance est suspendue à 16 h 20.

présidence de M. Roger Karoutchi, vice-président

La séance reprend à 16 h 30.