2. LA CONJONCTURE A SUBI DE PLEIN FOUET LA PERTE DES MARCHÉS YOUGOSLAVES AVANT DE SE REDRESSER EN 1994

La perte des marchés traditionnels yougoslaves - les ventes aux cinq autres républiques représentaient 62 % du total des ventes à l'étranger - a eu pour conséquence un recul de la production : -13 % en 1992, - 4 % en 1993. Le PIB a été quasiment constant en 1993, après avoir chuté de 9,3 % en 1991 et de 6 % en 1992. En 1994, il a progressé de 4 %. L'inflation a été ramenée de 92 % en 1992 à 23 % en 1993, puis à 20 % en 1994. Le taux de chômage s'est élevé à 15,4 % en 1993, pour se stabiliser par la suite, voire légèrement diminuer. La situation a considérablement évolué entre 1990 et 1993, puisqu'en 1990, les exportations à destination des pays occidentaux représentaient 4 milliards de dollars, alors que les exportations pour les autres républiques yougoslaves s'élevaient à 7 milliards.

Le tableau ci-après permet de mieux comprendre cette évolution :

L'ÉCONOMIE SLOVÈNE DE 1990 À 1993

(chiffres en milliards de dollars)

1990

1991

1992

1993

PNB global

17,33

12,67

12,09

12,00

PNB par hab.

8.671

6.334

6.052

6.000

Var. Vol. du PNB

- 4,7 %

- 9,3 %

- 6,0 %

- 1,0 %

Dettes ext brutes

1 , 95

1,87

1,74

1,87

Serv. de la dette

-

0,34

0,39

-

Taux d'inflation

104,6 %

247,1 %

92,5 %

22,9 %

Taux de chômage

4,7 %

8,2 %

12 %

15,0 %

Recettes touristiques

-

-

0,67

0,67

Les années 1993-95 sont les années de la reprise, après la stabilisation que l'on peut observer. En 1993, le PNB s'élevait à 13 milliards de dollars avec 1 milliard d'exportations pour l'ex-Yougoslavie et 6,1 pour les autres marchés. La production industrielle avait baissé d'un tiers; elle augmente désormais de l'ordre de 10 % par an. La conjoncture européenne aide à l'amélioration de la situation.

"Le boom slovène a surpris tout le monde", comme le déclarait en août 1994 M. Joze Mencinger, ancien ministre de l'économie, et patron de l'Institut d'économie politique de Ljubljana. Les entreprises se sont réorientées avec une grande facilité : le reste de l'ex-Yougoslavie ne représentait en 1993 plus que 16 % des exportations, contre 50 % vers les pays de l'Union européenne, dont 19 % vers la seule Allemagne. Pourtant, la Slovénie ne dispose pas d'un avantage relatif au coût de sa main d'oeuvre par rapport à d'autres pays de l'Europe centrale et orientale. Le coût du travail représente 1.025 marks par mois en moyenne pour un ouvrier, charges sociales comprises, contre 662 marks pour un Hongrois, 401 marks pour un Tchèque et 367 pour un Polonais.

Il reste à Ljubljana à réussir le processus de privatisation. Cette question est au centre des divergences entre les différentes forces politiques. Il a fallu deux ans pour arriver à mettre sur pied une législation (juin 1993). Cette loi avait prévu qu'à la fin 1994, l'ensemble des entreprises aurait rejoint le secteur privé. À cette même date, plus de 70 % des salariés, soit 2.600 entreprises environ, étaient toujours employés par l'État. Alors que les dirigeants des entreprises sont tenus de présenter des plans de privatisation, seulement 500 s'étaient pliés à cette obligation en septembre 1994. De nombreux plans ont été, de manière continuelle, repoussés. Le modèle tchèque, par la distribution de bons, semble avoir marqué les dirigeants slovènes. Mais l'absence de structures capitalistiques handicape cette volonté de privatiser. Seules les entreprises étrangères - et au premier rang desquelles les entreprises allemandes - peuvent réellement investir de manière massive. A l'heure actuelle, le pays devient en quelque sorte un lieu de production complémentaire pour les entreprises allemandes, même si la République slovène n'est pas un pays à main d'oeuvre bon marché. Une plus grande privatisation donnerait un coup de fouet supplémentaire à la croissance.

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