3. La « mongolstroïka » et la marche vers la démocratie et l'économie de marché à partir de 1990


• La chute du Mur de Berlin, la création de l'Association démocratique mongole en 1989 et les tentatives de réformes puis l'effritement de l'URSS vont induire en Mongolie un retournement complet et rapide de situation. Débute alors ce qu'il est convenu de désigner la « mongolstroïka ».

Le multipartisme est introduit en mai 1990, et des élections libres et pluralistes sont organisées en juillet 1990, mettant en présence six partis.

Le PPRM (ancien Parti communiste) sort vainqueur de ces élections (61,7 % des voix), mais il se présente alors comme un parti profondément transformé, ouvert aux réformes.

Son candidat libéral, M. Otchirbat, est élu Président de la République en septembre 1990, un Gouvernement de coalition dirigé par M. Byambasuren assurant la mise en oeuvre des premières réformes.

Au cours de 1991, la nouvelle assemblée confirme l'évolution démocratique : création de syndicats indépendants, réintroduction de la liberté religieuse, ouverture à l'Occident, transition progressive vers l'économie de

marché.

Parallèlement, les forces politiques du pays se structurent.

L'évolution la plus remarquable est l'apparition au sein du PPRM de deux lignes, l'une favorable à la poursuite des réformes, à laquelle appartient le Président Otchirbat, l'autre moins engagée mais qui tient encore les rênes du pouvoir.

Quant à l'opposition libérale, elle s'organise autour principalement du Parti national démocratique mongol (PNDM) et, dans une moindre mesure, du Parti social démocratique mongol (PSDM).

Une nouvelle Constitution, préparée depuis 1990 par une commission spécialisée, est adoptée par le Grand Khoural (Parlement monocaméral) réuni en formation constituante. Elle entre en vigueur le 13 février 1992.

La nouvelle Constitution consacre notamment le changement de nom de l'État (qui cesse d'être désigné comme une République populaire pour devenir la Mongolie) et le retour aux symboles et emblèmes traditionnels.

Elle garantit le respect des droits de l'homme, la liberté religieuse, le droit de propriété et un fonctionnement indépendant de la justice.

Une Cour constitutionnelle de neuf membres est chargée d'assurer le contrôle de constitutionnalité, donc le respect par les lois et les décrets des droits reconnus par la Constitution.


En juin 1993, le Président Otchirbat, qui a pris ses distances vis-à-vis du PPRM, emporte une victoire personnelle en parvenant à se faire réélire avec le soutien des partis démocratiques.

S'instaure alors une sorte de « cohabitation » entre un Président libérai et un Parlement encore dominé par les anciens communistes.


• Dans le même temps, cette transition démocratique rapide ne va pas sans susciter quelques hésitations au sein du PPRM, dont la ligne néo-communiste dure reste sur la défensive.

Surtout, elle plonge la Mongolie dans des difficultés économiques considérables, à un moment où l'ancienne aide soviétique s'est simultanément tarie : inflation élevée, chômage, montée de la pauvreté (notamment à Oulan-Bator), etc...

D'où la crainte exprimée par certains observateurs occidentaux, fin 1995, d'un ralentissement, voire d'un arrêt des réformes en Mongolie.

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