IV. L'ACTIVISME UNIVERSITAIRE HONGROIS : L'EXEMPLE DE SZEGED

Soucieuse d'approfondir son approche du pays en élargissant son analyse à une autre région que celle de Budapest, la délégation sénatoriale s'est rendue à Szeged, troisième ville du pays avec ses 170 000 habitants, centre culturel et économique du sud-est de la Hongrie situé à 170 kilomètres de la capitale, aux frontières de la Serbie et de la Roumanie, sur les bords de la rivière Tisza dans la région dite de « la grande plaine du Sud ».

Cet ancien centre monastique médiéval bénéficie aujourd'hui d'un riche patrimoine architectural homogène issu de la fin du XIX ème siècle suite à l'inondation qui a ravagé la ville en 1879. Après la première guerre mondiale, Szeged a connu une occupation militaire française, à une époque où des troubles révolutionnaires avaient cours à Budapest, avec la République des conseils de Béla Kun. La municipalité est aujourd'hui jumelée avec la ville de Nice et le département de Csongrád, dont Szeged est la capitale, a noué des partenariats avec le Conseil général du Finistère.

Établissement emblématique de la ville, l'Université de Szeged ( Szegedi Tudományegyetem ) est l'un des meilleurs établissements universitaires du pays, figurant dans le « classement de Shanghai » des 500 meilleures universités mondiales, avec 12 facultés, 27 000 étudiants et 8 000 employés. Un de ses anciens professeurs, Albert Szent-Györgyi, a reçu en 1937 le prix Nobel de médecine pour avoir isolé et identifié la vitamine C du paprika local. L'Université joue un rôle important dans la vie économique locale, avec un budget de 200 millions d'euros par an, soit 30 % de plus que le budget communal ! Elle figure également à la 52 ème place du classement Greenmetric des universités les plus vertes.

Les principaux enseignements portent sur les sciences médicales (recherche sur les systèmes nerveux), l'informatique et la physique des lasers. Le Recteur de l'université, M. Gábor Szabó, a rappelé à la délégation l'importance de la francophonie à Szeged, avec notamment l'inauguration, le 20 septembre 2013, du centre universitaire francophone.

A. LA CRÉATION D'UN MASTER FRANCO-HONGROIS EN PARTENARIAT AVEC L'IEP DE LILLE

Depuis plus de dix ans, il existe une coopération entre la Faculté de droit de Szeged et des universités et grandes écoles françaises (Nanterre, Lyon III, la filiale « Lettres et sciences humaines » de l'École Normale Supérieure de Lyon). Une étape supplémentaire a été franchie en 2013, sous l'impulsion de M. László Trócsányi, Ambassadeur de Hongrie en France et professeur de droit constitutionnel à Szeged, avec la mise en place d'une filière diplômante entre Szeged et l'Institut d'études politiques de Lille.

Le Master en études européennes a ainsi été accrédité en tant que premier Master en langue étrangère de Hongrie . Cette formation permettra aux étudiants d'obtenir à la fois le diplôme de l'Université de Szeged et celui de l'Institut d'études politiques de Lille. Les partenariats mis en place ouvriront la possibilité aux étudiants de bénéficier de bourses des gouvernements français et hongrois, de BNP Paribas et de MOL ( Magyar Olaj- és Gázipari Nyrt. ), une multinationale hongroise pétrolière et gazière. L'accord a été signé, le 23 mai 2013, à Paris et une quinzaine d'étudiants sont déjà inscrits pour l'année universitaire en cours, dont un semestre se déroulera à Lille afin de les familiariser avec la méthodologie française.

L'objectif du cursus est de proposer une formation d'excellence pour des étudiants hongrois et étrangers, principalement des étudiants originaires des Balkans et de Roumanie, avec des cours dispensés par des enseignants-chercheurs hongrois et français, et un accent particulier sur les problématiques centre et est-européennes. Il s'agit d'enseigner l'Europe en plusieurs langues à des Européens plutôt que l'enseigner en hongrois à des Hongrois. Pour la francophonie, l'enjeu est de susciter dans cette région stratégique, zone frontière de la nouvelle Europe, l'émergence d'une élite francophone et francophile sensible aux enjeux européens .

D'autres coopérations universitaires existent aussi avec l'École centrale de Marseille, l'Université d'Orléans, la faculté de médecine d'Angers, l'Université catholique de Louvain, etc. Le lycée bilingue de Szeged, Ságvári Endre Gyakorló Gimnázium, forme également une cinquantaine d'étudiants par an dans le cadre d'un cursus entièrement en français.

Cela témoigne de la vivacité de la langue française dans une zone où la francophonie ne va pas forcément de soi, à proximité des Balkans. La Hongrie est, d'ailleurs, à l'origine du « processus de Szeged » en faveur de la démocratisation de la Serbie, du Monténégro, de l'Albanie, de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine.

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