ANNEXE

SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE DU MOZAMBIQUE

Source : Ministère de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique - Direction générale du Trésor (octobre 2014)

Pays très pauvre et inégalitaire, comme l'atteste la grande faiblesse de son indicateur de développement humain, le Mozambique dispose toutefois d'un potentiel économique important, de par l'abondance de ses ressources naturelles et son accès à la mer, favorisant les perspectives de croissance du pays à moyen-long terme. Plusieurs grands projets énergétiques et miniers sont ainsi en cours de développement, bénéficiant d'investissements étrangers considérables : 5,5 Mds USD reçus en 2013, soit plus de 30 % du PIB. Si le pays affiche la meilleure performance de croissance de l'Afrique australe, la progression rapide des dépenses d'investissement pèse sur le déficit budgétaire, qui s'est nettement dégradé cette année, alors que l'aide budgétaire continue de se réduire rapidement.

1. Un pays très pauvre, mais affichant une croissance rapide soutenue par son fort potentiel énergétique

Avec une population de 25,8 M d'habitants et un PIB par habitant de 593 USD, le Mozambique figure parmi les pays les plus pauvres du monde (82 % de la population vit avec moins de 2 USD par habitant et par jour, en PPA). Au regard de l'indice de développement humain, le pays se classe au 178ème rang sur 187, en raison notamment des très mauvaises performances en matière d'espérance de vie (50 ans) et d'éducation. En dynamique, le Mozambique a toutefois enregistré depuis la fin de la guerre civile d'importants progrès en affichant notamment une progression moyenne supérieure à 2 % de son IDH depuis 2000.

Ces dernières années, la croissance a été particulièrement soutenue (et résiliente à la crise de 2008/09), avec une moyenne de 7,2 % entre 1994 et 2013, portée par plusieurs grands projets énergétiques et miniers. Ces derniers, qui captent l'essentiel des investissements, restent toutefois faiblement créateurs d'emplois (78 % des actifs occupés travaillent dans l'agriculture, celle-ci étant de subsistance pour les 2/3 des travailleurs concernés) et génèrent encore peu de recettes fiscales du fait des exemptions octroyées.

Hors grands projets, la base industrielle reste très faible, raison pour laquelle le Mozambique entend favoriser le développement du secteur privé formel et attirer les capitaux étrangers. Les atouts du pays sont en effet nombreux grâce à un potentiel de ressources naturelles important et varié -hydroélectricité (qui rend compétitives les exportations d'aluminium, ces dernières représentant la moitié des ventes totales), gaz, titane, or, charbon, produits de la pêche, de l'agriculture et de la sylviculture- renforcées par les récentes découvertes de gisements, a priori considérables, en charbon et en gaz naturel. Sa situation géographique lui confère enfin une place privilégiée (accès à la mer) par rapport aux pays voisins enclavés.

2. Une performance économique globalement favorable à court terme

En 2012, la croissance s'est élevée à 7,2 %, essentiellement portée par les industries extractives (+42 % en g.a) et la bonne performance de l'agriculture. En 2013, la croissance a légèrement ralenti à 7,1 %, bien en-deçà des projections initiales (8,4 %) du fait des fortes inondations du début d'année, qui, outre les conséquences pour la production agricole, ont limité les exportations de charbon.

Pour 2014, le FMI s'attend à une nette accélération de la croissance, à 8,3 %, reflet de la hausse attendue des ventes de produits miniers, de l'amélioration de la performance agricole (accroissement des surfaces arables en culture et progression de la productivité) et de la nouvelle progression de l'investissement (lancement effectif du chantier de l'usine de LNG). A moyen terme, le dynamisme de l'activité devrait perdurer : d'après le FMI, le PIB pourrait doubler d'ici à 2018, pour atteindre 30 Mds USD, rapprochant ainsi le pays de la limite des pays à revenu intermédiaire.

L'inflation, en large partie biaisée car se focalisant sur les principales zones urbaines du pays (Maputo, Nampula, Beira), a nettement accéléré l'an passé, avec une hausse moyenne de +4,2 % en g.a, après un seuil historiquement bas en 2012 (+2,1 %), les inondations ayant accentué les pressions haussières sur les prix des biens alimentaires. Les tensions inflationnistes sont néanmoins restées assez contenues, dans le sillage de la stabilité des prix administrés et du Metical face au Dollar américain (-1,5 % en rythme nominal en 2013). En 2014, l'inflation atteindrait +4,6 % en moyenne, selon le FMI.

Sur le plan externe, le solde courant se dégrade rapidement depuis 2007, du fait des mégaprojets énergétiques et miniers et de l'importance des importations (biens et services) qui leur sont rattachées (40 % des importations totales). En 2013, le déficit courant (dons inclus) s'est ainsi élevé à 39,5 % du PIB. Il devrait nettement se creuser cette année pour atteindre 48,4 % du PIB selon le FMI.

Son financement est cependant en très large partie couvert par les montants d'IDE nets reçus (5,5 Mds USD en 2013, soit près du tiers du PIB), qui représentent la contrepartie des importations massives, et, plus marginalement, l'aide au développement (en dépit d'un tassement régulier). A terme, les ventes issues de la production des mégaprojets actuels assureraient le retour à l'équilibre du solde courant. Fin décembre 2013, les réserves de change s'élevaient à 3,23 Mds USD, représentant 4,5 mois d'importations, un niveau jugé suffisant par le FMI pour exclure, a priori, le risque de crise de change.

3. Politique économique : priorité aux objectifs de moyen terme et à un soutien plus affirmé à la croissance

La persistance durable d'un déficit budgétaire et son probable accroissement dans les prochaines années traduisent les objectifs de moyen terme en matière de croissance et de lutte contre la pauvreté. Après une hausse des dépenses publiques de +5,3 % en termes réels en 2013 à 4 Mds USD (26 % du PIB), le Budget 2014 table sur une progression rapide des dépenses d'investissement (+25 %) et du traitement des fonctionnaires (dont la masse budgétaire équivaut à 11 % du PIB) en raison, notamment, de la revalorisation du salaire minimum à compter de mai 2014 (hausse de 3 à 20 % selon les secteurs d'activités). Le besoin de financer ces postes de dépenses limite de facto les marges d'actions en cas de retournement de la conjoncture, d'autant que l'aide budgétaire, qui représente environ 12 % du Budget de l'Etat, se réduit drastiquement (275 M USD promis en 2015 contre 396 M USD cette année et 309 M USD perçus en 2013). Les recettes budgétaires liées à l'exploitation du charbon et du gaz pourraient atteindre 9 Mds USD en 2032 pour la Banque mondiale, soit 7 % du PIB et 21 % des recettes fiscales. Néanmoins, à court terme, l'ampleur des dépenses d'investissement devrait nettement creuser le déficit budgétaire, qui passerait de 2,7 % du PIB en 2013 à 9,2 % cette année, et ce malgré des recettes fiscales supérieures aux attentes (dont 440 M USD sur les plus-values tirées de la vente par ENI d'actifs gaziers, près de 3 points de PIB).

Si les annulations de dette (6,3 Md USD) avaient ramené le ratio de dette publique à 37 % du PIB en 2006, l'accumulation de déficits budgétaires élevés se traduit par une nouvelle progression de la dette publique : estimée fin 2012 à 42 % du PIB (dont 36 % du PIB pour la dette publique externe), elle aurait atteint 48 % en 2013 et s'élèverait à 51 % du PIB en 2014 selon le FMI.

Sur le plan monétaire, la Banque centrale, qui a pour objectif principal la défense de la devise et comme objectif intermédiaire la stabilité des prix, a procédé à trois assouplissements (en juin, août et octobre) du taux directeur l'an passé, l'objectif étant de soutenir davantage le crédit aux entreprises, ramenant le taux de facilité de prêt marginal à 8,25 % et le taux de facilité de dépôt à 1,50 %. Si les taux directeurs ont été maintenus depuis, les résultats restent néanmoins mitigés, les banques continuant à pratiquer des taux d'intérêt élevés, signe du manque d'efficacité de la transmission de la politique monétaire due à la faible inclusion financière (seuls 40 % des adultes disposent d'un compte bancaire). Clause de non-responsabilité - Le service économique s'efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l'utilisation et de l'interprétation de l'information contenue dans cette publication.

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