F. SOLU-KHUMBU

En avançant encore plus à l'Est, on gagne Solu-Khumbu, une région habité par les Sherpa, communauté de langue et culture tibétaines. Leur nom signifie « Gens de l'Est » : ils auraient quitté leur lieu d'origine, le Kham, province orientale du Tibet, au milieu du XVI e siècle et, après une longue migration, seraient parvenus au Népal.

La région de Khumbu, la plus élevée, s'étend de la frontière tibétaine, au Nord, jusqu'au confluent de la Bothé Kosi et de la Dudh Kosi, au Sud. Les principaux villages, Namché, et les villages jumeaux de Khumjung et Kundé, sont situés à une altitude d'environ 3 000 mètres, avec des pâturages d'été à plus de 5 000 mètres. Pharak, la région médiane, moins haute, est traversée par la Dudh Kosi. Les larges vallées et les forêts nombreuses de la région de Solu ne dépassent pas 2 600 à 3 200 mètres et s'étendent du village de Jiri à la Dudh Kosi. Cette région, plus fertile, se prête mieux à l'agriculture. Mais la plupart des Sherpa vivent aujourd'hui du tourisme et plusieurs d'entre eux sont devenus de grands alpinistes. Ils permettent ainsi à de nombreux Occidentaux de s'essayer à gravir la plus haute montagne du monde, quels que soient leur condition physique et leur entraînement.

Toute la région de Khumbu a été affectée par les séismes, surtout par le second dont l'épicentre était proche de l'Everest et qui est responsable des plus gros dégâts.

Le tremblement de terre du 25 avril 2015 a déplacé l'Everest de trois centimètres vers le Sud-Ouest, selon l'administration nationale chinoise d'études, de cartographie et d'information géologiques 56 ( * ) . Ce 25 avril, il y avait environ un millier de personnes sur l'Everest 57 ( * ) dont plusieurs centaines d'étrangers. L'avalanche qui a englouti le camp de base a été filmée par l'un des alpinistes et diffusée sur les médias du monde entier. Dix-huit grimpeurs sont morts au camp de base (douze Népalais et six Occidentaux), mais les secours ont été particulièrement rapides et efficaces puisque trois jours après le tremblement de terre, toutes les personnes des camps 1 et 2 étaient secourues, ainsi qu'un grand nombre de celles qui se trouvaient au camp de base, entraînant une controverse sur le sujet. Reinhold Messner, l'homme qui a gravi tous les sommets de 8 000 mètres, a parlé de « sauvetage à deux vitesses », rapides à l'Everest, mais beaucoup moins dans les zones reculées et non touristiques du Népal. Cette affirmation est contestée par Pasang Sherpa 58 ( * ) , qui se trouvait alors au camp de base. Il explique la rapidité des secours par la présence d'un hélicoptère à Pheriche et soutient que la gravité des blessures et non la nationalité a déterminé l'ordre des évacuations.

Namche Bazaar a été évacué après le second séisme, et si les villages de Namche, Pangpoche, Tengpoche et son monastère, n'ont connu que des dégâts mineurs après le premier tremblement de terre, le deuxième a entraîné des dommages plus importants. Les villages de Khumjung, Kunde, Chaurikharka et Thame ont été, eux, en grande partie détruits, tout comme plusieurs villages de Pharak 59 ( * ) . Néanmoins, le journal népalais The Kathmandu Post a annoncé le 8 août 2015 que « la majorité des chemins de randonnée et des auberges de Khumbu n'avaient subi que des dégâts minimes ».

La population craint désormais pour la stabilité de deux lacs glaciaires, Imja et Rolpa, mais pour le moment ces craintes ne semblent pas fondées.

La région de Solu, au Sud, a elle aussi beaucoup souffert et de nombreux villages sont en partie ou entièrement en ruines, tout comme la plupart des monastères et des stupa.

Seules les quelques maisons en bois du bourg de Jiri, départ du chemin de randonnée de l'Everest, ont résisté et on dénombre cinq morts. Les maisons du village de Shivalaya sont détruites ou gravement endommagées et le Gouvernement, craignant que les collines surplombant les habitations ne s'écroulent, voudrait que les habitants soient déplacés, un plan que ce derniers refusent formellement. Ils ont même commencé à reconstruire. Il n'y a aucune perte humaine. A Bhandar (Tib. Changma), maisons, stupa et monastère sont totalement en ruines ou très fortement endommagés. La population veut reconstruire les maisons le plus rapidement possible afin d'être prête pour la saison touristique. Les cinquante-huit maisons du VDC de Golila sont vouées à la destruction. La plupart des monastères et stupa y sont également très dégradés quand ils ne sont pas totalement démolis.

Une seule maison de Junbesi a résisté aux séismes. Toutes les cellules des nonnes et moines du monastère de Thubten Chöling - fondé par Trulshi Rinpoché en 1968 - sont totalement inhabitables, ainsi que les bâtiments servant à l'enseignement, mais aucun mort n'est à déplorer. Le monastère de Serlo, construit par un lama sherpa, Sangyé Tenzin, a lui aussi subi de très gros dégâts.

L'idée d'une reconstruction de maisons en bois qui, elles, ont résisté, est souvent évoquée en région sherpa, mais leur prix risque d'être un obstacle majeur.

Au total, plus de soixante monastères auraient été détruits dans la région de Solu-Khumbu.


* 56 http://www.lapresse.ca/international/asie-oceanie/201506/15/01-4878375-le-seisme-au-nepal-a-deplace-leverest.php, consulté le 18/08/2015.

* 57 http://www.abc.net.au/news/2015-04-26/bodies-recovered-from-mount-everest-base-camp-after-avalanche/64226122 consulté le 18/08/2015.

* 58 Entretien du 10 juillet à Katmandou.

* 59 Information de Pasang Sherpa (Katmandou, 12 juillet 2015). Voir aussi http://www.ksaa.org.np/newsdetails?newsid=55&newstitle=Khumbu%20Earthquake%20Relief consulté le 18/08/2015.

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