3. L'Europe doit accompagner les pays andins et les pays du cône sud sur la voie stabilisatrice de l'intégration régionale et du multilatéralisme.

Une autre conviction de la délégation sénatoriale est que l'Amérique du Sud doit absolument aller vers plus d'intégration, pour permettre son développement et prévenir la résurgence de conflits.

C'est pourquoi la France doit soutenir les initiatives susceptibles de renforcer l'intégration régionale et la résolution pacifique des conflits et ne peut que se féliciter de la décision de principe du Mercosur d'accueillir la Bolivie comme membre à part entière.

De la même façon, la délégation sénatoriale ne peut que se féliciter de la relance du dialogue entre la Bolivie et le Paraguay et de leur volonté respective de se désenclaver en favorisant l'intégration physique et énergétique des deux pays.

Pour autant, la délégation sénatoriale estime nécessaire que les pays andins, d'une part, et les pays du cône sud, d'autre part, précisent la manière dont ils conçoivent leur avenir commun, notamment dans la perspective de leurs relations avec les Européens.

En effet il n'est pas illégitime de s'inquiéter d'un alignement de la Bolivie sur un axe Cuba-Venezuela fondé principalement sur une hostilité à l'égard des États-Unis, aggravée par la priorité donnée par la diplomatie bolivienne à la légalisation de la feuille de coca dont les utilisations traditionnelles sont opposées à la cocaïne.

Dans ce contexte, la délégation juge opportun d'accompagner le Paraguay dans sa volonté d'affirmer sa participation au Mercosur. Ce pays dispose d'un atout qu'il convient de préserver : siège du tribunal permanent et pôle juridique du bloc régional, la France doit donc continuer à le soutenir régulièrement par l'envoi de juristes spécialistes de l'intégration régionale.

4. La France aurait tout intérêt à renforcer sa présence culturelle en Bolivie comme au Paraguay

La quatrième réflexion qu'inspire cette mission est la nécessité d'une coopération culturelle renforcée avec chacun de ces deux pays, où la langue française n'est plus désormais en position aussi forte qu'avant.

Certes, il faut saluer les réalisations très remarquables des centres culturels français établis dans les deux pays visités, tant dans le cadre du réseau des Alliances françaises que dans celui des établissements français d'enseignement à l'étranger. Leurs responsables et leurs personnels font preuve de très grandes qualités humaines et professionnelles que la délégation tient à saluer, car chacun à son niveau contribue très utilement au rayonnement de la langue et de la culture françaises dans un sous continent où on constate la montée significative d'autres influences -anglophone notamment- avec, comme horizon à moyen terme, les nouveaux positionnements économiques qu'elles peuvent induire.

Mais leurs efforts pourraient utilement être prolongés par d'autres actions de coopération, en fonction des besoins exprimés par les États ou les établissements culturels concernés.

Pour ce qui concerne la Bolivie , la délégation rappelle son attachement à l'enseignement du français qui concourt à l'idéal de diversité culturelle et de plurilinguisme de ce pays. Une posture radicale sur l'interdiction de l'enseignement des langues étrangères ne serait pas comprise ; elle pourrait même découragée ceux qui, à l'étranger, soutiennent sincèrement les évolutions sociales dans lesquelles la Bolivie est engagée.

Aussi se déclare-t-elle très attachée à la présence en Bolivie du lycée Alcide d'Orbigny (colegio franco-boliviano), dont le projet éducatif est basé sur l'ouverture culturelle et le plurilinguisme : son proviseur lui avait d'ailleurs fait savoir qu'il comptait mettre en place dès la rentrée 2007 des cours optionnels de quechua et d'aymara.

Redevenu un territoire privilégié des États-Unis face aux risques que représentent les Présidents Evo MORALES et Hugo CHAVEZ (devenu membre du Mercosur), le Paraguay mérite quant à lui une attention plus soutenue, surtout dans les domaines de l'éducation et de la culture.

Les interlocuteurs de la délégation sénatoriale ont d'ailleurs unanimement souhaité des formations en France, permettant le développement d'un esprit critique porté par le français et la francophonie.

Autant qu'à pu en juger la délégation, la demande de français dans les institutions publiques est en augmentation. Cette demande est directement liée à la promotion des études supérieures en France et à notre action de coopération dans les domaines où notre expertise est demandée : l'éducation, la culture, l'administration publique, l'environnement, l'intégration régionale, les sciences et techniques, la médecine, la justice ou l'État de droit.

C'est pourquoi, la délégation sénatoriale exprime le souhait que le projet de rénovation de la salle de conférence et de spectacles ''Molière'' de l'Alliance française, vétuste et qui n'est pas aux normes de sécurité, voit le jour très rapidement. L'activité de l'Alliance s'en trouve en effet bridée par rapport aux demandes croissantes des paraguayens, pour lesquels la culture francaise est -comme - elle l'a été pendant la période Stroessner- un symbole de liberté et de diversité.

Ce projet, certes ambitieux, a pour objet d'augmenter le nombre de salles de classes pour répondre au nombre croissant des élèves (2.000 étudiants attendus en 2007), et vise à améliorer les possibilités de la médiathèque et d'un espace d'exposition.

Financé en partie par la France avec l'appui des autorités paraguayennes (500.000 USD environ), ce projet serait ainsi l'emblème de la coopération culturelle franco-paraguayenne.

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