3. Le profil de l'enseignement actuel du journalisme.

Bien que le marché professionnel le plus prometteur pour les nouvelles générations de journalistes se trouve dans le segment que les économistes nomment extra rédaction, la plupart des écoles publiques, qui constituent, d'une certaine manière, la référence qualitative de l'enseignement, ne possèdent pas de formation spécifique tournée vers le segment service de presse ou communication institutionnelle. L'étudiant étudie le journalisme d'une manière générale et se prépare à exercer la profession dans n'importe quel média, espace ou territoire.

La formation en journalisme offerte peut être qualifiée de généraliste pour l'exercice de la profession. De la même façon que l'on ne suit pas une formation exclusivement pour être professionnel de la télé, de la radio ou de la presse écrite, ou pour travailler dans tel ou tel modèle de presse, on ne forme pas d'attachés de presse. La formation académique, même si elle peut mettre l'accent sur un segment déterminé, vise à permettre l'insertion du nouveau professionnel dans n'importe quelle position sur le marché. C'est même une exigence du cadre légal qui régit la profession et les formations.

Au Brésil, les formations universitaires sont majoritairement tournées vers des professions réglementées. Les activités professionnelles sont fortement encadrées par des lois définissant les spectres et des territoires de chacune d'elles. Certaines facultés privées, identifiant la niche mercantile, ont introduit dans leurs programmes académiques la discipline Technique de Service de Presse. D'autres présentent publiquement leurs cours de relations publiques comme étant de Communication Institutionnelle. Il ne s'agit que d'un emballage mercantiliste, puisqu'elles sont officiellement de RP et que la profession de Communicateur Institutionnel n'a pas d'existence légale. L'emballage de Communication Institutionnelle représente juste un appât pour les nouveaux étudiants. L'enseignement de RP a fait l'objet, à une période récente, d'un moindre intérêt auprès des jeunes en sortant du secondaire et au moment du choix d'une carrière professionnelle, ce qui a même provoqué la fermeture de certaines facultés. En 2003, on comptait dans tout le pays 54 cours de relations publiques, soit environ 12 % du total des formations en journalisme 420 ( * ) .

Cette formation journalistique a pour effet de pousser le professionnel qui travaille dans un service de presse à utiliser les techniques et les connaissances journalistiques acquises, et non pas des pratiques de relations publiques. Il se voit obligé d'adapter et d'appliquer à la communication institutionnelle ce qu'il a appris sur les bancs des facultés. L'étudiant apprend à rédiger des reportages. A éditer des journaux, à enregistrer des interviews, à produire des émissions radiophoniques. Il est donc naturel que la communication institutionnelle - jusqu'alors marquée par les techniques de relations publiques - ait mis à profit ces techniques, en allant jusqu'à créer ses propres médias.

* 420 Ceci équivaut à un contingent moyen de 4 450 nouveaux professionnels, dans un marché qui employait en 2002 environ 8 500 professionnels de relations publiques, dûment inscrits aux Conseils Régionaux de relations publiques. Cf. témoignage d'Elisabeth Brandão, ex-dirigeante du Conseil National des relations publiques - Conrep, par e-mail à l'auteur, daté du 14/11/2002.

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