II. LA DIFFÉRENCIATION DE TERRITOIRES

Au Brésil, les différences d'interprétation autour de l'activité des journalistes hors des entreprises journalistiques est pour une large part due au fait que dans ce pays, au lieu de chercher à crucifier l'activité pour des questions essentialistes - en considérant le journalisme institutionnel comme une action non éthique à la lumière des modèles traditionnels du journalisme -, les dirigeants syndicaux ont choisi de capturer ce territoire et d'y introduire une mentalité professionnelle similaire à celle existant dans les rédactions.

Sur le plan international, le classement dans la catégorie professionnelle de journaliste est effectué à partir de critères distincts : lieu de travail, revenu salarial prépondérant et profil de formation figurent parmi les plus connus. La relation avec l'employeur est le référentiel prépondérant, le journaliste est celui qui travaille, en tant que salarié ou en indépendant, pour un moyen d'information. Pour ce référentiel, on n'est pas, ou l'on ne devrait pas être, journaliste si l'on ne travaille pas pour un support de la presse 527 ( * ) .

Dans la législation brésilienne, depuis 1979, le paramètre de classification du journaliste est la formation académique 528 ( * ) et non plus le lien de travail, comme cela a été le cas par le passé. En réalité, le statut de journaliste est obtenu avant même de décrocher son premier emploi. Une fois le diplôme universitaire de journalisme obtenu, les personnes intéressées sollicitent auprès de l'État la reconnaissance de leur statut professionnel.

La loi définit légalement une série d'activités comme étant journalistiques (voir encadré 1.3) et l'exercice de ces dernières est exclusivement réservé aux détenteurs du registre professionnel de journalistes, indépendamment de la nature du contrat ou du profil de l'employeur. Les autres professionnels de la communication ont l'interdiction officielle d'exercer ces activités. Ainsi, les activités et les fonctions journalistiques sont définies a priori et leur exécution est confiée exclusivement à un groupement professionnel donné. En d'autres termes, la différence entre le modèle brésilien et celui des autres pays est que le premier repose sur la nature des fonctions et non sur le profil de celui qui contracte de tels services, s'il s'agit, ou non, d'une entreprise journalistique. Selon ce critère, la nature journalistique d'un texte, d'une information, n'est pas liée à l'entité qui les diffuse, mais à la nature de la tâche et au profil professionnel de celui qui les produit.

ENCADRÉ 1.3

FONCTIONS JOURNALISTIQUES SELON LE DÉCRET-LOI 972/69 ET LE DÉCRET 83.284/79. 529 ( * )

Fonctions réservées aux journalistes

a) rédaction, condensation, titrage, interprétation, correction ou coordination d'un produit destiné à la divulgation, qu'il contienne ou non un commentaire ;

g) collecte de nouvelles ou d'informations et leur préparation pour divulgation ; (le soulignement est de notre fait)

b) commentaire ou chronique, pour la radio ou la télévision ;

h) révision d'originaux de produit journalistique, en vue de la correction rédactionnelle et de l'adéquation du langage ;

c) interview, enquête ou reportage, écrit ou parlé ;

i) organisation et conservation d'archives journalistiques et recherche des données pour l'élaboration de nouvelles ;

d) planification, organisation, direction et éventuelle exécution de services techniques de journalisme, comme ceux d'archivage, d'illustration ou de distribution graphique d'un produit destiné à la divulgation ;

j) exécution de la distribution graphique de textes, photographies ou illustrations à caractère journalistique, en vue de leur divulgation ;

e) planification, organisation et administration technique des services mentionnés dans l'alinéa "a" ;

k) exécution de dessins artistiques ou techniques à caractère journalistique

f) enseignement des techniques du journalisme

Source : Élaboration personnelle à partir du Décret Ministériel 972/69 et du Décret 83.284/79.

L'alinéa «g» de l'article 2 du Décret Ministériel n° 972/69 attire l'attention. Il contient non seulement les tâches courantes d'un reporter, mais aussi celles qui sont compatibles avec un professionnel qui travaillent dans des structures de communication institutionnelle, avec la mission de collecter et de transmettre des informations à la presse. L'aspect philosophique de la règle nationale est mis en évidence lorsqu'on analyse d'autres dispositifs de la même législation, comme ceux qui définissent la catégorie entreprise journalistique et les espaces de travail qui sont considérés comme légalement équivalents. La réglementation professionnelle définit que l'exercice du journalisme peut se faire aussi bien au service d'entreprises journalistiques que d'entreprises non journalistiques (voir encadré 1.4)

Une autre législation ayant contribué à la présence des journalistes dans le monde des publications institutionnelles a été la Loi n°. 5.250, du 9 février 1967. Appelée Loi de la Presse, cette norme, éditée par les militaires et qui régulait la censure au niveau des médias, a établi le caractère obligatoire de l'inscription officielle de tous les types de publications périodiques. Cette inscription devait mentionner le nom du journaliste responsable et l'absence d'une telle identification classait automatiquement la publication comme clandestine et donc sujette aux rigueurs du régime de l'époque 530 ( * ) .

ENCADRÉ 1.4

DÉFINITION LÉGALE DE L'ENTREPRISE JOURNALISTIQUE 531 ( * )

Art. 3° - Est considérée comme entreprise journalistique, pour effets de ce Décret ministériel, celle qui a comme activité l'édition d'un journal ou d'une revue, ou la distribution d'informations, avec un fonctionnement effectif, une idonéité financière et un registre légal.

§ 1° - Sera égale à une entreprise journalistique la section ou le service d'entreprise de radiodiffusion, de télévision ou de divulgation cinématographique, ou d'agence de publicité, où sont exercées les activités prévues dans l'art. 2.

§ 3° - L'entreprise non journalistique sous la responsabilité de laquelle est éditée une publication destinée à la circulation externe assurera le respect de cette loi en ce qui concerne les journalistes qu'elle contracte.

Source : Élaboration personnelle à partir du Décret Ministériel 972/69 , du 17 octobre 1969.

Les normes contenues dans le Décret-Loi n° 972/69, en plus de garantir une infinité de postes de travail, a apporté de la respectabilité professionnelle à ceux qui souhaitaient travailler hors des rédactions. À partir de l'édition de ce dernier décret, les journalistes et les structures des services de presse ont commencé à occuper l'espace qui était auparavant celui des services de relations publiques, ou à intervenir en parallèle à ces derniers au niveau de structures multidisciplinaires, les coordinations de communication sociale.

RINGOOT et UTARD rappellent que dans certaines situations, le journalisme établit des barrières concrètes pour se séparer des autres formes d'information, alors qu'en d'autres occasions, il fait se déplacer cette frontière en direction de nouveaux territoires 532 ( * ) . Et c'est justement ce qui s'est passé avec les journalistes. Encouragé par cette charpente légale, à partir des années 1980 - quand les deux décrets de la réglementation professionnelle ont été appliqués de façon effective - ils sont partis à la recherche de nouveaux territoires pour travailler et de nouveaux instruments légaux pour en protéger les frontières. En 1989, à travers l'Arrêté n° 3.071/1989, le Ministère du Travail déclare le journaliste catégorie professionnelle différenciée. En d'autres termes, cet arrêté garantissait aux journalistes le respect des droits et des spécificités de la profession quelle que soit l'endroit où celui-ci l'exerçait, indépendamment du profil de l'employeur. Cette norme, traditionnellement utilisée pour les professions libérales comme les médecins et les avocats, garantit à leurs entités syndicales le droit de représenter le professionnel quel que soit son lieu de travail. Grâce à cela, les syndicats des journalistes ont réussit à maintenir un lien, y compris légal, avec la fraction de la catégorie partie travailler hors des rédactions.

A. LES FRONTIÈRES LÉGALES DU NOUVEAU TERRITOIRE JOURNALISTIQUE

La naissance d'une profession et sa reconnaissance par la collectivité est due, en premier lieu, à sa capacité à définir un territoire - explique RUELLAN 533 ( * ) . Au Brésil, les journalistes et leurs entités représentatives ont uni leurs efforts pour que l'État, la société et les journalistes eux-mêmes acceptent que les activités des services de presse soient des fonctions réservées aux journalistes professionnels. Dans ce cas, il ne s'agit pas exactement de la naissance d'une nouvelle profession, mais de l'absorption de nouvelles activités par une profession préexistante. La représentation syndicale de ces travailleurs devait aussi être la même que celle de leurs collègues des rédactions 534 ( * ) . Cela n'était pas demandé pour les fonctions considérées comme publicitaires ou de RP, mais pour celles où les activités de rédaction, de vérification, de diffusion des informations, d'édition de publications, etc., prédominaient. Des activités que le mouvement considérait comme incluses dans le champ journalistique, selon les normes légales.

Au Brésil, chaque profession du secteur de la Communication Sociale possède sa propre réglementation professionnelle, définie par des lois ou des décrets Ministériels fédéraux. Les règlements actuels de la publicité, des Relations Publiques, des Professions de la Radio et du journalisme ont été définis dans les années 1960, avec certaines modifications et adaptations durant la décennie suivante. L'accès au marché, à l'exception de certaines fonctions de publicitaires et de Professionnels de la Radio, n'est pas ouvert, il dépend d'un registre professionnel concédé uniquement à ceux qui détiennent une formation supérieure universitaires d'au moins quatre ans dans le champ spécifique de la profession désirée. Cette caractéristique pourrait faire penser qu'au point de vue légal, il n'existe pas de zones grises, de frontières mal délimitées entre les territoires professionnels. Elles persistent cependant, en dépit des efforts de séparation, non pas sous l'aspect légal, mais dans la pratique et la nature du résultat du travail.

Il a été nécessaire de séparer les actions journalistiques de celles de publicité et de propagande, de Marketing et de Relations Publiques. Dans les structures exclusivement de service de presse, la tâche s'est avérée facile, puisque les activités seraient celles qui étaient similaires à celles des rédactions, à savoir la rédaction et l'édition de publications, la production de textes informatifs, de photographies, etc. L'affaire est devenue plus complexe au niveau des coordinations multidisciplinaires de communication sociale. Dans la culture brésilienne, le terme Communication Sociale englobe précisément les techniques professionnelles citées ci-dessus 535 ( * ) .

Il existe au sein des actions de Communication Sociale une espèce de zone grise, comme sont populairement appelées les intersections mal clarifiées de deux ou plusieurs champs. Dans cette intersection, des rôles d'origines distinctes peuvent se confondre. Au début des années 1970, l'Uruguayen OLARREAGA a qualifié les attachés de presse d'informateurs intéressés. Ce sont ceux qui sont liés au fait et qui ont intérêt à ce qu'ils soient connus 536 ( * ) . Dans la même décennie, MOLOTCH et LESTER se sont emparés de la définition de promoteur de nouvelles - news promoters -, qui tendraient à profiter des routines en place dans les organisations d'information pour donner une dimension publique à un événement, à une opinion 537 ( * ) .

A ses débuts, l'intervention de ce professionnel - que nous préférons qualifier de journaliste de source - impliquait la production d'un support journalistique pour son employeur, il n'existait même pas d'interface directe avec le public. Tout passait par les moyens de communication. Ils cherchaient à sensibiliser les journalistes et/ou les supports sur l'importance de leurs faits, qu'ils soient originaires d'une entreprise, du gouvernement ou de la société civile. Les Canadiens DAGENAIS et SAUVAGEAU 538 ( * ) attribuent l'existence de cette zone grise au manque de formations spécifiques, à l'accès ouvert à la profession, à l'absence de statuts professionnels, entre autres raisons. Nous pensons que la réalité brésilienne, où existe une situation totalement opposée, à savoir l'existence d'une formation académique et de règlements professionnels, entre autres spécificités, contribue à la déconstruction de cette perspective.

Dans la réalité nationale, les zones grises ne sont pas fixes et elles se sont déplacées au cours du temps, en raison des transformations des compétences professionnelles découlant des conjonctures socio-économiques et culturelles. Selon RINGOOT et RUELLAN, dans la recherche d'une définition du territoire journalistique, il n'est pas possible d'ignorer la réalité sociale et le fait que la reconnaissance de la classification professionnelle en tant que journaliste tend à être plus ouverte et plus flexible.

Les médias se sont multipliés comme des pains, dans l'espace marchand habituel, mais aussi en lien avec des organisations (les administrations publiques, les associations, les syndicats, les entreprises) qui sont à la fois sources de médias et producteurs de ceux-ci. Or cette prolifération a été un choc pour les journalistes, ils ont dû inventer des stratégies de réponse à ce mouvement. La première fut l'anathème, le discours de la pureté journalistique résistant au viol de l'information par la communication ; ce discours parut de moins en moins pertinent à mesure que s'affirmait un « journalisme de source » (Sant'Anna, 2005) de qualité et servant de référence aux journalistes « traditionnels » 539 ( * ) .

Dans l'ambition de supprimer ces zones et de définir des frontières plus rigides, qui éclaircissent les limites de l'action journalistique et des espaces de la publicité et des Relations Publiques, une commission spéciale a été constituée. La tâche de démarcation a été confiée en 1984 à la Commission Nationale des Journalistes de Service de Presse (Conjai) 540 ( * ) , qui a cherché à travailler à partir de la cartographie préexistante, c'est-à-dire des territoires où les journalistes étaient déjà présents. Le travail final, matérialisé dans le Manuel de Service de Presse, est parti d'une perspective fonctionnaliste, en considérant les routines productives et la nature des produits développés. Cette méthodologie a divisé l'action professionnelle des communicateurs sociaux en trois champs.

a) service de presse

b) service de publicité et propagande,

d) service de relations publiques.

Les trois champs, selon ce qui a été mentionné dans la première édition du Manuel 541 ( * ) , doivent avoir des actions indépendantes et parallèles, mais aussi complémentaires. Dans le cas du service de presse, une subdivision interne a été définie : Domaine Éditorial et Domaine de Relations avec la Presse. Au champ journalistique ont été attribuées les fonctions couramment exécutées au niveau des rédactions et mentionnées par la législation datant de 1969 et de 1979 (voir encadré 1.5). Si, d'un côté, la Commission a réussi à définir le champ du service de presse, de l'autre, le texte n'établissait pas de barrières fixes pour éviter l'invasion des techniques des relations publiques dans la production journalistique et vice-versa. Dans un jeu de mots n'affirmant ni ne niant, le manuel laissait entrevoir que la formation de l'image publique positive, bien qu'entendue explicitement comme une activité réservée uniquement aux champs des relations publiques et de la publicité et propagande, est aussi l'une des finalités et l'un des engagements des services de presse - souligne REIS 542 ( * ) .

Selon l'interprétation de la commission, les activités incombant aux RP étaient liées aux questions d'identification des problèmes et de présentation de solutions visant à améliorer les relations entre les institutions (individus ou entités) et leurs publics, tels que les actionnaires, les employés, les membres, les partenaires, entre autres publics internes. Au niveau externe, ils devaient entrer en rapport avec les fournisseurs, les consommateurs, les électeurs et les autorités, entre autres, excepté les journalistes et la presse 543 ( * ) . Les tâches attribuées ne comprendraient plus la rédaction de textes considérés comme journalistiques. Les RP se concentreraient sur la question de l'organisation d'événements, de cérémonial, d'actions d'appui au secteur des ressources humaines (relations avec les employés, festivités etc.), ainsi qu'au domaine des campagnes institutionnelles, ce qui impliquerait des activités conjointes avec les professionnels du champ du journalisme et de la publicité, comme on peut le constater dans l'encadré 1.6.

ENCADRÉ 1.5

ACTIVITÉS DE COMPETENCE DES SERVICES DE PRESSE

Service de presse

Domaine Éditorial

Domaine des relations avec la Presse

Édition de publications

Contacts avec la presse

Édition de vidéos

Production d'informations pour la presse

Ciné et photoreportages

Production de synthèses, d'analyses, de dossiers

Opération de télévision en circuit fermé

Recherche d'informations et production de revues de presse

Laboratoire photographique et cinématographique

Organisation d'interviews collectives et individuelles

Archives de matériel photographique

Source : Élaboration personnelle à partir du Manuel de Service de Presse - FENAJ : 1986

Les conclusions de la Conjai n'avaient pas force normative, elles n'ont fonctionné que comme orientations syndicales. Pour cette raison même, les zones grises légales n'ont pas été éliminées. Avec l'inclusion, en 1967, de la diffusion d'information de nature institutionnelle à travers les médias dans les activités de RP 544 ( * ) , le statut de RP entrait en confrontation avec le territoire revendiqué par les journalistes. Juridiquement, le Décret 83.284, édité douze ans après la loi des RP, a cherché à éliminer la zone grise, en établissant comme fonction réservée aux journalistes le recueil des nouvelles ou de l'information et son traitement pour la diffusion. Le Décret implique aussi que les institutions non journalistiques qui diffusent des publications destinées à la circulation externe doivent employer des journalistes 545 ( * ) .

Face à l'existence de deux règles légales, l'interprétation juridique qui allait prévaloir est qu'une nouvelle loi modifie les normes préexistantes en conflit. Les législations réglementant la profession de Publicitaire et de relations publiques étaient plus anciennes 546 ( * ) et l'interprétation consistant à faire prévaloir les règles plus récentes a profité aux journalistes. Au début, les relations étaient très tendues avec les relations publiques, mais un accord entre la Fenaj et le Conseil National des Relationnistes, le Conrep, a encouragé une interprétation consensuelle selon laquelle tous les supports informatifs, bulletins, prêts à publier, informations en vidéo et photographies, etc., destinés à la diffusion publique, seraient confectionnés exclusivement par des journalistes 547 ( * ) . En bref, l'administration des informations journalistiques et leur flux entre les sources et le média et vice-versa sont restés avec les journalistes 548 ( * ) . Les ajustements légaux ont permis aux journalistes brésiliens de changer progressivement le profil et le territoire professionnels. La frontière s'est ainsi étendue au domaine des Relations Publiques 549 ( * ) .

ENCADRÉ 1.6

ACTIVITÉS DE COMPETENCE DES SERVICES DE RELATIONS PUBLIQUES

Relations publiques

Public externe

Public interne

Événements

En association avec le domaine des Ressources Humaines (RH)

Planification et exécution de :

• Envois directs institutionnels,

• Programmes communautaires,

• Programmes d'appui aux arts,

• Concours,

• Campagnes de nature sociale,

• Relations avec les autorités et les organes gouvernementaux,

• Relations avec les fournisseurs,

• Enquêtes d'opinion publique.

Création et implantation :

• Programmes d'intégration,

• Présentation de l'entreprise/direction,

• Réunions festives (Noël, Pâques, etc.),

• Ephémérides et journées allusives,

• Distinctions, ordre du mérite, etc.,

• Hommages,

• Félicitations (anniversaire, mariage, etc.),

• Concours,

• Visites (portes ouvertes).

Planification et organisation de :

• Symposiums, cours et séminaires

• Inaugurations et pose de Pierres fondamentales

• Visites et autres solennités

en association avec le domaine de service de presse et PP.

en association avec le domaine de service de presse et RH.

en association avec le domaine de publicité et propagande (PP)

Planification et mise en oeuvre de :

• Pièces de communication institutionnelle,

• Brochures, bulletins,

• Rapports,

• Audiovisuels.

Collaboration pour la création et la mise en oeuvre de :

• Programmes de communication interne,

• Correspondances

• Bulletins, brochures

• Rapports,

• Discours, messages.

Planification et mise en oeuvre de :

• Participation à des :

o salons,

o expositions et

o congrès.

en association avec le domaine de publicité et propagande (PP)

• Planification et mise en oeuvre de actions auprès des :

• Consommateurs,

• Revendeurs et représentants,

• Campagnes institutionnelles.

• Entretien et actualisation de :

• Références historiques,

• Cadastres et listes.

Source : Élaboration personnelle à partir du Manuel de Service de Presse - FENAJ : 1986

Le champ de la publicité et de la propagande au sein des services de communication sociale est celui qui a provoqué le moins de frictions, ou de zones grises (voir encadré 1.7). Bien qu'ils travaillent eux aussi avec des messages institutionnels, la technique, le langage et le format publicitaires sont bien différents et de perception facile. Ils ne se confondent pas avec les autres domaines car ils traitent, selon la législation propre, de la diffusion sous forme rémunérée d'idées, de marchandises, de produits ou de services par un annonceur identifié. Quant aux professionnels, la législation les définit comme étant ceux qui exercent des fonctions artistiques et techniques pour la conception, l'exécution et la distribution de propagande 550 ( * ) .

ENCADRÉ 1.7

ACTIVITÉS DE COMPETENCE DES SERVICES DE PUBLICITÉ ET PROPAGANDE

Service de Publicité et Propagande

Domaine de la publicité

Domaine de la propagande et promotion

Administration de la publicité

Planification et exécution de:

• Campagnes promotionnelles

• Campagnes institutionnelles

Administration de la publicité légale (avis, etc.)

Supervision et coordination des services rendus par des agences publicitaires.

Élaboration de campagnes et de pièces

Création et exécution de pièces de propagande et audiovisuelles.

Production de dessins publicitaires

Laboratoire photographique et cinématographique

Archives de matériel photographique

Source : Élaboration personnelle à partir du Manuel de Service de Presse - FENAJ : 1986

1. Nouvelles lois pour garantir l'occupation du nouveau territoire

Le maintien de la main d'oeuvre journalistique dans ce territoire du journalisme institutionnel se configure aujourd'hui pratiquement comme une exigence pour la survie des milliers d'étudiants qui suivent une formation de journalisme dans les facultés du Brésil. La presse traditionnelle n'a pas les moyens de tous les accueillir (voir Première Partie, item I-C-2 - Diplôme : de l'obligation à l'explosion de l'offre d'étudiants) et le marché du travail hors des rédactions est celui qui se révèle le plus prometteur. Dans l'idée de garantir cet espace et d'éviter de futurs problèmes de nature juridique, le mouvement syndical a sans cesse recherché un perfectionnement de la législation, de façon à rendre plus explicite le droit des journalistes à travailler hors des rédactions.

En 1985, à l'occasion de la Conférence Nationale des Journalistes, tenue à Rio de Janeiro, et lors de deux congrès de la catégorie réalisés à São Paulo (1986) et Goiânia (1987), elle a organisé le débat et l'élaboration d'une nouvelle version de la réglementation professionnelle. Objectif : éliminer tout doute légal sur la délimitation correcte de l'activité, dans le champ du journalisme ou dans celui des relations publiques.

La première proposition a abouti au projet de loi n°. 2.3041989, présenté par la journaliste et député fédéral Cristina Tavares (PMDB-PE), pour appréciation du Congrès National. Il proposait une actualisation de la liste des fonctions réservées aux journalistes, en incorporant la fonction d'Attaché de Presse. D'une manière générale, cette dénomination serait utilisée pour classer tous ceux qui travaillent pour les sources 551 ( * ) . Le projet a été archivé sans avoir jamais été voté, d'autres initiatives similaires lui ont succédé, dont au moins une, en 2006, a été approuvée par le Parlement, mais l'Exécutif y a mis son veto 552 ( * ) .

La corporation brésilienne estime avoir agrégé une facette différente du profil traditionnel du journaliste. Une interprétation qui renforce le concept de professionnalisme du flou, professionnalisme sans contours nets, exprimé par RUELLAN. De cette façon, on répondait à l'une des exigences, soulignées par l'auteur, pour la construction d'une profession - en l'occurrence pour lui donner un nouveau format -, et pour sa reconnaissance par la collectivité, quelle qu'elle soit : la définition d'un territoire d'action 553 ( * ) . Cette reconnaissance sociale, mise en évidence y compris par le profil du marché, se reflète dans les interprétations juridiques et les décisions judiciaires. L'interprétation juridique est la suivante :

Est considéré comme journaliste professionnel, le travailleur intellectuel, porteur d'un titre universitaire en journalisme, dûment inscrit au Ministère du Travail, [...] dont la fonction s'étend de la recherche d'informations orales, photographiques ou cinématographiques, à la rédaction de nouvelles, d'articles et à l'organisation, l'orientation, la révision, l'illustration, la mise en page et la direction de ce travail, personnellement [....] Il est constaté que les charges de la fonction d'attaché de presse sont les mêmes que l'activité réservée au journaliste professionnel, telles que: recherche d'informations orales, photographiques ou cinématographiques, jusqu'à la rédaction de nouvelles, d'articles et à l'organisation, l'orientation et la révision de textes comme le détermine le Décret Ministériel 972/69, dans le sens que seul un journaliste professionnel peut exécuter ces activités, et aucun autre professionnel, comme, par exemple, celui des relations publiques ou le publicitaire 554 ( * ) .

La justice du travail a répétitivement rendu des décisions favorables à ceux qui sont hors des rédactions, étendant ainsi aux professionnels les droits et les bénéfices de la réglementation professionnelle des journalistes. Dans une décision adoptée en octobre 2006, le Tribunal Supérieur du Travail (TST), la plus haute instance de la justice du travail brésilienne, a proféré une sentence contre deux entreprises bancaires, établissant que le journalisme, comme profession différenciée, peut être exercé dans les entreprises dont l'activité prépondérante n'est pas l'édition ou la distribution d'informations, comme dans le cas des entités publiques ou privées qui maintiennent un service de presse, dans lequel ils emploient des professionnels légalement habilités, chargés de fonctions spécifiques 555 ( * ) .

* 527 En France, par exemple, la concession de la carte de presse est conditionnée non seulement à l'exercice de la profession, mais aussi à l'obligation que l'activité représente au moins 51 % des revenus personnels. Le journaliste ne perd cependant pas son numéro d'inscription s'il change d'activité ou s'il accumule des revenus provenant d'autres origines.

* 528 Dans certains cas exceptionnels, comme dans les localités dépourvues de facultés, il est possible d'attribuer un registre de journaliste à une personne dépourvue du diplôme spécifique.

* 529 Cf. article 2 du Décret-Loi n° 972/69.

* 530 Cf. Chapitre II, Do Registro , Loi n°. 5.250, le 9/02/1967

* 531 Cf. art. 3 du Décret-Loi n° 972/69.

* 532 RINGOOT, Roselyne et UTARD, Jean-Michel, 2005, p. 23.

* 533 RUELLAN, Denis, 1993, p. 47.

* 534 Dans l'histoire des entités représentatives des communicateurs institutionnels, l'apparition de la première organisation représentative de communicateurs institutionnels connue, la Canadian Public Relations Society , basée à Montréal, date de 1948.

* 535 En France, où il existe une réaction radicale contre le fait d'accepter de telles activités en tant que Journalisme, on a créé une catégorie hybride, le journaliste d'entreprise, qui désigne les rédacteurs de journaux d'entreprise ou institutionnels (DAGENAIS, Bernard et SAUVAGEAU, Florian, 1995 : 8). Cependant, le modus operandi de ces professionnels se différencie peu de celui des journalistes traditionnels, comme le note CHARON, J.M. (1993 : 110/111). Dans l'exercice de leur activité, ces rédacteurs réaliseront des enquêtes, des reportages, des interviews. Ils rédigeront aussi bien de brèves, des billets; [...] Quant à la liberté de ton et à l'autonomie rédactionnelle, elles seront bien souvent équivalentes, sinon supérieures, à celles des hebdomadaires et des quotidiens régionaux).

* 536 OLARREAGA, Manuel, 1971, apud BELTRO, Luiz, 1980, p. 87.

* 537 MOLOTCH, H. et LESTER, M., 1974, p. 118-137.

* 538 DAGENAIS, Bernard et SAUVAGEAU, Florian, 1995, p. 5.

* 539 RINGOOT, Roselyne et RUELLAN, Denis, 2006.

* 540 La segmentation des activités de communication institutionnelle n'est pas un privilège brésilien. Au niveau international, elle date des années 1930. C'est à cette époque que débute la division des tâches entre relations publiques et attaché de presse. En Amérique du Nord, cette dernière fonction s'est beaucoup accrue avec la IIe Guerre Mondiale. Les gouvernements avaient besoin de divulguer au maximum leurs faits et pour ce faire, ils se sont mis à utiliser ce type de professionnel. Le conflit terminé, une armée de RP et d'attachés de presse ont du chercher une place dans le marché du travail. De nouvelles opportunités de travail ont surgi auprès des associations, des églises, des syndicats , des gouvernements municipaux, des moyennes et grandes entreprises. Tous ces secteurs se sont mis à déléguer, principalement à partir des années 1960, la responsabilité de leurs communications internes et externes aux agents de l'information. DE BONVILLE, Jean, 1991, p. 29.

* 541 FENAJ, 1986, p. 10-12.

* 542 REIS, Ruth, 1997, p. 10.

* 543 Idem.

* 544 Loi 5.377, du 11 décembre 1967.

* 545 SANT'ANNA, Francisco, 2006-C.

* 546 La profession de relations publiques a été réglementée au Brésil par la Loi n° 5.377, du 11/09/1967, et celle des publicitaires, le 01/02/1966, par le Décret n° 57.690, qui a réglementé la Loi 4.680, du 18 juin 1965.

* 547 CHAPARRO, Manuel C., 2003, p. 46.

* 548 FENAJ, 1986, p. 10-12.

* 549 En France, les professionnels et les entreprises qui interviennent dans le segment de la presse institutionnelle ont réclamé le droit d'être reconnus en tant que journalistes. L'Union des Journaux et Journalistes d'Entreprises (UJJEF) affirme qu'elle réunit 42 000 professionnels, embauchés de façon permanente ou temporaire, qu'elle possède 35 millions de lecteurs - la moitié de la population française - et qu'elle constitue un segment éditorial qui en 2004 représentait 344 millions d'EU$. L'organisation n'accepte pas la classification de ses professionnels comme étant des rédacteurs publicitaires et dénonce le fait que les professionnels venus de la presse traditionnelle elle-même, et déjà détenteurs de la carte de presse, courent le risque de perdre ce statut professionnel. Elle préconise la reconnaissance du journaliste de presse d'entreprise mais, à l'instar du Canada, le Syndicat National des Journalistes de France s'y oppose en alléguant qu'il existe une frontière entre les deux champs professionnels. (GIRARD, Laurence, 2004)

* 550 Articles 1 et 2 du Décret n° 57.690.

* 551 Selon la version du projet de loi n°. 2.3041989, la fonction d'assessor de imprensa (attaché de presse) était vue comme «le professionnel à qui incombe la rédaction et la divulgation d'informations, destinées à des publications journalistiques, qui assure un service d'assessorat relatif à l'accès mutuel entre support de communication, personnes juridiques, physiques, publiques (administration directe et indirecte) ou privées, incluant parmi ses fonctions la préparation de textes d'appui, de synopsis et de compte rendu et la fourniture de données et d'informations sollicitées par les supports de communication. »

* 552 Dans l'item XX de l'article 6, la définition de l'attaché de presse était la suivante: Attaché de Presse: le professionnel chargé de la rédaction et de la divulgation d'informations destinées à la publication journalistique, qui assure un service d'assessorat ou de conseil technique dans le domaine journalistique à des personnes physiques ou juridiques, de droit privé ou public, relatifs à l'accès mutuel entre ses fonctions, à la préparation de textes d'appui, de synopsis, de compte rendu, à la fourniture de données et d'informations sollicitées par les supports de communication et à l'édition de périodiques et d'autres produits journalistiques. Approuvé par la Chambre des Députés en 2004 et en 2006 par le Senado Federal, le projet actualisait aussi la liste de fonctions réservées au journalisme, y compris celles qui sont apparues avec les nouvelles TIC. La proposition a été la cible de critiques de la part des associations patronales, le Conseil Fédéral de relations publiques, qui contestait l'accord conclu dans les années 1980, et la Federação Interestadual dos Radialistas ; le président Luis Inácio Lula da Silva y a mis son veto et a déterminé la création d'une commission tripartite pour étudier une nouvelle actualisation de la loi.

* 553 RUELLAN, Denis, 1993, p. 47.

* 554 Considera-se jornalista profissional, o trabalhador intelectual, portador de título universitário em Jornalismo, devidamente registrado no Ministério do Trabalho, [...] cuja função se estende desde a busca de informações orais, fotográficas ou cinematográficas, até a redação de notícias, artigos e à organização, orientação, revisão, ilustração, diagramação e direção desse trabalho, pessoalmente [...] Verifica-se que os encargos da função de assessor de imprensa são os mesmos da atividade privativa do jornalista profissional, tais como: busca de informações orais, fotográficas ou cinematográficas, até a redação de notícias, artigos e à organização, orientação e revisão de textos como determina o Decreto-Lei 972/69, no sentido de que somente um jornalista profissional pode executar estas atividades, e nenhum outro profissional, como, por exemplo, o relações públicas ou o publicitário. SALVIANO, Mauricio de C., 2005.

* 555 TST, 2006. Avec la décision adoptée par l'accord RR-706.251/00.9, l'auteur de l'action judiciaire s'est vu reconnu tous les droits attribués par la législation professionnelle, en particulier la journée de travail journalistique de cinq heures.

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