Rencontres Russie 2011

Jeudi 15 décembre 2011 - Palais du Luxembourg - Paris

Ouverture du colloque

Patrice GELARD
Président du Groupe interparlementaire d'amitié France-Russie du Sénat

Au nom du groupe d'amitié France-Russie du Sénat, je suis très heureux d'ouvrir ces nouvelles rencontres consacrées à la Russie, organisées comme chaque année au Sénat en partenariat avec Ubifrance et la mission économique française en Russie, que je remercie d'ailleurs pour leur fidélité à notre assemblée.

Je voudrais également remercier de leur présence aujourd'hui M. Anatoli Artamonov, Gouverneur de l'Oblast de Kalouga, qui vient d'être décoré de la légion d'honneur par le Ministre M. Thierry Mariani, grand connaisseur et ami de la Russie, ainsi que le représentant du Gouverneur de l'Oblast d'Irkoutsk.

Enfin, je tiens à vous remercier de votre présence toujours aussi nombreuse qui témoigne de l'intérêt que continue à susciter, à juste titre, la Russie pour les entreprises françaises.

Avant d'évoquer les relations politiques et économiques entre la France et la Russie, je voudrais présenter brièvement les activités du groupe d'amitié France-Russie du Sénat, que j'ai l'honneur de présider.

La place essentielle et singulière de la Russie sur la scène internationale, les liens étroits qui l'unissent à la France et le vif intérêt que lui portent les Sénateurs font du groupe d'amitié France-Russie l'un des plus prestigieux, des plus anciens et des plus importants que compte le Sénat français.

Fort d'une soixantaine de membre, issus de toutes les sensibilités, le groupe d'amitié France-Russie du Sénat répond à sa vocation première de resserrer les liens avec les parlementaires de la Douma et du Conseil de la Fédération de Russie et de contribuer ainsi au développement des relations politiques avec la Russie.

Depuis quelques années, il s'est également assigné pour mission de développer la coopération décentralisée, de favoriser les échanges culturels et de contribuer au renforcement des relations économiques entre les deux pays.

Les sénateurs, qui exercent fréquemment des responsabilités locales, jouent, en effet, un rôle précieux d'intermédiation, de relais entre les entreprises, les collectivités territoriales et les autorités des deux pays.

En tant que parlementaires nous avons naturellement une responsabilité particulière en ce qui concerne l' « environnement des affaires », c'est-à-dire la définition du cadre légal permettant de favoriser les échanges économiques et les investissements étrangers.

Après le succès de l'année croisée franco-russe en 2010, qui a été marquée par de nombreuses manifestations culturelles, mais aussi par des rencontres au plus haut niveau, on aurait pu craindre cette année un essoufflement des relations, notamment à l'approche des prochaines échéances électorales en France et en Russie en 2012.

Or, il n'en a rien été, et les relations politiques entre la France et la Russie ont toujours été aussi denses, notamment dans le cadre de la présidence française du G20.

L'année 2011 a ainsi vu la conclusion de plusieurs grands projets, comme le lancement des fusées Soyouz à partir de la base de Kourou, la vente des bâtiments de projection et de commandement, ou encore l'inauguration du gazoduc Nord Stream.

Ainsi, lors du dernier séminaire intergouvernemental franco-russe, qui s'est tenu en novembre en Russie, en présence du Premier ministre, Vladimir Poutine, de nouveaux projets de coopération ont été lancés, par exemple dans le domaine médical, de l'énergie nucléaire ou encore du tourisme et des transports.

Alors que les relations économiques entre la France et la Russie étaient en retrait il y a encore quelques années, nos échanges ont beaucoup progressé ces dernières années.

Qu'il s'agisse de l'énergie, du spatial, de l'aéronautique, de l'automobile ou encore de la télévision numérique, nous avons déjà engagé des partenariats entre les grands groupes français et russes.

Mais beaucoup reste à faire dans les autres secteurs, en termes de diversification géographique ou vis-à-vis des petites et moyennes entreprises.

La plupart de nos grandes entreprises, comme Total, la Société Générale, Auchan ou Renault, sont aujourd'hui présentes en Russie.

En revanche, nos PME sont plus faiblement représentées dans ce pays, notamment par rapport à leurs concurrentes italiennes ou allemandes, même si on constate une forte progression ces dernières années. Or, nos PME disposent de nombreux atouts, comme leur savoir-faire technologique.

En outre, actuellement l'investissement direct étranger se porte sur un nombre limité de régions, grandes métropoles et zones de production pétrolière essentiellement, et en particulier Moscou et ses environs, à l'image du projet de Skolkovo.

Or, les régions de Russie constituent des acteurs majeurs du développement économique du pays et sont très désireuses d'accueillir les capitaux étrangers, à l'image de l'oblast de Kalouga.

A cet égard, je voudrais insister sur l'importance de l'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce, dont les derniers obstacles ont été levés récemment.

Cette adhésion devrait en effet faciliter considérablement les échanges économiques et les investissements étrangers, en favorisant notamment la sécurité juridique.

Enfin, je voudrais évoquer quelques pistes pour renforcer encore nos relations.

La première concerne les aspects linguistiques.

L'année 2012 devrait être l'année croisée de la langue et de la littérature russes en France et du français en Russie. J'espère que cette année croisée permettra de mettre un terme au recul de l'apprentissage du russe en France et du français en Russie et de donner un nouvel élan à notre coopération linguistique. Je me félicite à cet égard de l'accord conclu récemment concernant l'extension du lycée français de Moscou et j'espère que nous aurons un jour un ou plusieurs lycées russes en France.

Le deuxième sujet concerne le dossier sensible des couples mixtes divorcés ou séparés et les problèmes douloureux de droit de garde ou de visite des enfants binationaux. Là encore, j'espère que nous parviendrons à conclure un accord bilatéral en matière familiale entre nos deux pays.

Enfin, je suis profondément convaincu qu'il serait souhaitable de lever rapidement l'obligation de visas entre l'Union européenne et la Russie. Une telle mesure aurait certainement pour effet de faciliter considérablement les échanges économiques mais aussi humains entre nos deux pays. J'espère que le Sommet Union européenne-Russie, qui se tient aujourd'hui, parviendra à des avancées dans ce domaine.

Pour conclure, je voudrais vous souhaiter d'intéressants travaux et émettre le voeu que ces rencontres puissent contribuer à renforcer encore les échanges économiques entre nos deux pays et donc les liens d'amitié et de coopération entre la France et la Russie.

Christophe LECOURTIER

Directeur général d'Ubifrance

Je me réjouis de participer à l'ouverture de la nouvelle édition des rencontres Russie qui sont, pour ma part, les troisièmes que j'inaugure.

Dans le contexte de morosité actuelle, je soulignerai un point positif. La position économique et commerciale de la France en Russie n'a cessé de s'améliorer, au cours des dernières années, ce qui fait de nous, aujourd'hui, le 6 ème fournisseur de la Russie et le 5 ème investisseur en stock.

Nous déplorons toutefois un manque de PME françaises en Russie, même si cette tendance est en train de s'infléchir. Dès lors qu'elles savent se montrer innovantes, les PME et Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) françaises parviennent en effet à trouver leur place sur l'immense marché russe et le nombre de success stories portées à notre connaissance est là pour le démontrer.

Dans un tel contexte, nous souhaitons faire passer à la vitesse supérieure notre coopération avec la Russie, grâce au développement de la coopération avec les régions. En tout état de cause, la Russie ne se limite pas à Moscou, comme la France ne se limite pas à Paris. A cet égard, je signalerai simplement que j'ai récemment accompagné une délégation de producteurs de vins et de spiritueux à Ekaterinbourg, ce qui m'a donné une nouvelle occasion d'apprécier la qualité de l'accueil russe et l'intérêt porté par cette population pour notre pays.

Ubifrance souhaite participer à la modernisation de l'industrie russe, dans le cadre d'une démarche gagnant-gagnant.

La Russie sera, avec le Brésil, l'un des pays qui organisera une série de grands événements sportifs dans les prochains mois. Nous jouissons pour notre part d'une grande expertise dans tous ces domaines et il est temps de mieux faire connaître l'offre française, comme nous l'avons déjà fait, d'ailleurs, pour l'organisation des JO d'hiver à Sotchi.

Nous devons par ailleurs contribuer au fait que « l'équipe de France export » joue en harmonie, pour renforcer la coopération avec la Russie. A cet égard, je suis très heureux que nous soyons parvenus à mettre au point une convention qui sera signée tout à l'heure, ici même, entre la Chambre de Commerce et d'Industrie franco-russe (CCIFR) et la Mission Économique Ubifrance à Moscou. La signature de cette convention d'amitié permettra d'entériner une complémentarité fructueuse, qui existait déjà sur le terrain mais qui n'avait pas été formalisée officiellement.

Les équipes d'Ubifrance en poste à Moscou, Ekaterinbourg et Saint-Pétersbourg, n'ont de cesse de permettre aux entreprises françaises de trouver sur le sol russe de nouvelles opportunités de développement.

Nul doute que ces rencontres arrivent une nouvelle fois à point nommé. A cet égard, je tiens à remercier une fois encore le Sénat et tous les organisateurs de cette manifestation, qui permettent aux acteurs français et russes de se rencontrer et d'échanger. Le cocktail qui se tiendra à la suite de cette matinée sera d'ailleurs l'occasion d'approfondir les contacts entre les participants à ces rencontres.

Pavel CHINSKY, Directeur de la CCIFR

Notre convention ne se réduit pas à la signature d'un document ; elle vise à permettre la mise en place d'un outil commun pour les entrepreneurs français qui se lanceront à la conquête du sol russe. A cet égard, je tiens à remercier chaleureusement Elisabeth Puissant d'avoir permis la signature de ce document.

La convention d'amitié et de coopération entre la Chambre de Commerce et d'Industrie franco-russe et la Mission Economique d'Ubifrance à Moscou est signée en séance.