Colloque Moyen-Orient



IV. Le facteur religieux

Historiquement, les divisions entre musulmans sont liées à la succession de Mahomet. Au sein de l'islam en effet, les chiites constituent une minorité numérique et politique. A l'exception de l'Iran, ce statut minoritaire se retrouve dans chaque pays du Proche et Moyen-Orient.

Aujourd'hui, certains observateurs mettent en évidence la formation d'un véritable « croissant chiite », notamment en raison de l'influence majeure de l'Iran dans la région, qui déploie ses soutiens au Hamas en Palestine, aux groupes chiites irakiens ainsi qu'au Hezbollah libanais. Le chiisme présente en outre une capacité de mobilisation de la rue beaucoup plus importante que le sunnisme dans la mesure où il prend en charge un grand nombre d'aspects sociaux délaissés par les gouvernements de la région.

Si cette montée d'un chiisme politique est avérée et qu'elle s'est vue renforcée par l'intervention occidentale en Afghanistan et en Irak, il s'agit surtout d'une vision sunnite de la situation, dans laquelle ses représentants craignent une forme de contestation de leur pouvoir. Il convient donc de rester prudent et d'éviter d'inventer des « fantasmes géopolitiques négatifs ». Il n'existe pas nécessairement de liens en effet entre tous les chiites de la région.

En guise de conclusion, j'évoquerai deux approches différentes du Moyen-Orient. La première, particulièrement néfaste et commune, représente la région par un « arc de crise », appelé « croissant musulman ». Cette représentation politique, qui finit par nous influencer et qui provoque la crainte, assimile des Etats qui ont des cultures, des climats, etc. très différents.

Une seconde approche, plus satisfaisante, spatialise correctement les différences existantes entre les peuples, les pratiques religieuses, les phénomènes d'influence des déserts, etc.

D'une manière générale, l'Irak, qui détient 9 à 10 % des réserves de pétrole, constitue aujourd'hui le coeur de la problématique du Moyen-Orient. Dans cette zone, le gouvernement américain est confronté à l'alternative suivante : retirer ses troupes, au risque d'augmenter les conflits entre sunnites et chiites, ou les maintenir, au risque d'accroître le ressentiment antioccidental. En définitive, la guerre en Irak, qui avait pour objectif de lutter contre le terrorisme, a plutôt contribué à le renforcer.