Question de M. RENAR Ivan (Nord - C) publiée le 12/06/1986

M. Ivan Renar attire l'attention de M. le ministre de l'industrie, des P. et T. et du tourisme sur l'avenir de la plate-forme de Mazingarbe (Pas-de-Calais). En effet, la volonté des gouvernements successifs d'abandonner les activités chimiques considérables du bassin minier Nord - Pas-de-Calais avec leurs implications en aval et en amont remet en cause l'avenir de cette plate-forme, ainsi que de l'hydrogénoduc Dunkerque-Mazingarbe et la cokerie de Drocourt. Cette volonté est dans le droit fil de l'accélération de la fin de l'extraction du charbon, du démantèlement des sociétés et unités de C.D.F.-Chimie nordistes au profit des multinationales étrangères et plus généralement de mener une politique de liquidation de toute l'activité industrielle, en sous-sol et en surface, du bassin minier du Nord - Pas-de-Calais. Les implications de cette politique sont très graves pour l'ensemble de la région : les énergies de l'avenir sont sacrifiées, les matières premières de la chimie pour le court terme et les années 2000 et plus sont d'ores et déjà abandonnées (gaz des gazéifications en surface et à grande profondeur, suppression de toutes recherches sur la production industrielle à bas prix d'hydrogène). C'est tout l'engrais français qui est sacrifié, ainsi que l'ensemble de l'industrie chimique régionale et les industries en aval et alentour. Face à cette situation, la C.G.T. a élaboré les propositions suivantes : gaz des cokeries et produits de synthèse diversifiés de la carbonisation comme relais pendant les recherches sur les gaz de nouvelles extractions ; recherche coordonnée sur l'électrolyse de l'eau productrice d'hydrogène, matière première de la chimie d'avenir, et productrice d'oxygène nécessaire pour la gazéification ; cohérence et appui entre le vapocraqueur de Dunkerque, l'utilisation des gaz d'Usinor Dunkerque (cokerie et four) et le bassin minier ; appui de la chimie du bassin minier pour l'agriculture et la bio-industrie en vue d'une nouvelle industrie agro-alimentaire ; conséquences importantes de tout ce renouveau sur le développement de la mécanique, de la productique, des automatismes de la métropole, du Douaisis, du Valenciennois... de la nouvelle extraction du charbon jusqu'aux industries textiles de Roubaix-Tourcoing, avec l'aide des entreprises nationalisées fortes régionalement comme Renault, Péchiney (ou encore Fives-Cail). En conséquence, il lui demande quelles mesures il compte prendre pour assurer l'avenir et le développement de la plate-forme de Mazingarbe.

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Réponse du ministère : Industrie publiée le 24/07/1986

Réponse. -Le site de Mazingarbe, qui emploie plus de 1 000 personnes, en grande partie salariées du groupe C.D.F.-Chimie, bénéficie géographiquement d'une implantation intéressante vers les marchés nord-européens. Dans ce contexte, des études ont été engagées entre Usinor et C.D.F.-Chimie pour la réalisation d'un projet d'extraction d'hydrogène du gaz de la cokerie Usinor de Dunkerque. Pour être rentable, cet investissement entraîne l'obligation de s'assurer un approvisionnement fiable en gaz de cokerie correspondant à une production de coke de deux millions de tonnes par an. Des études menées séparément par Usinor, il ressort que les investissements atteindraient 1,2 milliard de francs pour la seule cokerie. Des études économiques et financières détaillées menées par les deux groupes ont démontré que, dans l'hypothèse d'une rénovation totale de la cokerie, le temps de retour du projet était trop important, de l'ordre de huit ans. En fonction de ces éléments, C.D.F.-Chimie A.Z.F. a décidé de na pas donner suite à ce projet. Si l'arrêt de la cokerie de Drocourt, qui alimente pour le moment Mazingarbe est confirmé en 1987, les unités aval de Mazingarbe (fabrication d'acide nitrique, de nitrate d'ammoniaque et d'engrais complexes) pourraient être alimentées par des transports d'ammoniac, en particulier à partir de la Basse-Seine. Des efforts sont par ailleurs poursuivis pour renforcer la compétitivité de cet ensemble important de production et améliorer le service au client par une modernisation des moyens de conditionnement et d'expédition. L'importance de la production d'acide nitrique sur la plate-forme de Mazingarbe (400 000 tonnes par an en quatre unités automatisées et relativement performantes), produit dont a besoin A.Z.F. pour sa production d'ammonitrate haut dosage et pour l'attaque nitrique des phosphates, justifie pour le moment la poursuite de l'activité sur cette plate-forme.

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