Question de M. LORIDANT Paul (Essonne - SOC) publiée le 12/03/1987

M. Paul Loridant attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur la situation des cirques en France. Il lui rappelle la cessation d'activité du Cirque national français Alexis Gruss, ainsi que celle momentanée du cirque Patoche. Ce dernier avait participé à une animation (pendant deux mois) organisée par la ville des Ulis. Il souhaite avoir communication des raisons qui ont amené ces cirques à cesser leur activité et que soit dressé un bilan de la situation des autres cirques français renommés. Il lui rappelle que, pour remédier à l'état de crises chroniques dans lequel se trouvait le cirque français depuis une quinzaine d'années, de nouvelles voies ont été recherchées dès 1982 et les bases d'une nouvelle politique ont été posées. Une commission consultative sur les arts du cirque a été mise en place en mars 1983 qui en dégagea trois priorités : 1° la constitution d'un cirque national confié à Alexis Gruss, en reconnaissance de la qualité et de la spécificité de ses spectacles ; 2° l'implantation à Châlons-sur-Marne d'un Centre national supérieur de formation aux arts du cirque ; 3° le maintien des activités de soutien gérées depuis 1982 par l'Association pour le soutien, la promotion et l'enseignement du cirque (A.S.P.E.C.). L'action de l'A.S.P.E.C. a incité par une nouvelle politique commerciale de nombreuses collectivités locales à s'intéresser au cirque et c'est dans le cadre de cette action, notamment, que la ville des Ulis avait accueilli le cirque Patoche alors en tournée. Politique qui, localement, avait connu un certain succès, un public nombreux venant aux divers spectacles produits avec des acteurs locaux, notamment les enfants des écoles. En conséquence, il lui demande quelles suites il entend donner à la politique engagée par son prédécesseur sur la promotion de l'art du cirque et l'interroge, à l'instar d'Umberto Eco, sur la spécificité et le rôle du rire dans la société.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 04/06/1987

Réponse. -Les difficultés économiques rencontrées par les cirques français trouvent leurs origines dans la convergence de plusieurs facteurs défavorables. Tels sont les transferts de population de la province vers les grandes villes, qui ont, depuis le début du siècle, profondément modifié la répartition géographique de la population française. Il convient également de citer la transformation des mentalités et des modes de vie, l'émergence de nouveaux médias, le nouvel aménagement des espaces urbains, la mobilité du public contemporain, l'évolution de la sensibilité de ce même public envers les animaux. La disparition progressive des cirques fixes, dont les derniers construits en province sont antérieurs à 1930, est une illustration de ce phénomène. Par ailleurs, l'organisation économique et financière des entreprises de cirque s'est avérée, jusqu'à cette date récente, déficiente, les établissements témoignant d'une très grande mobilité juridique et se présentant fréquemment sous la forme de structures " éclatées ", où l'enseigne est souvent louée, ainsi parfois que le chapiteau lui-même, et où la ménagerie peut appartenir à un tiers. Ces situations instables font que, bien souvent, l'entreprise de cirque n'est qu'un simple relais financier entre le public et la famille de l'exploitant. Dans ce contexte difficile, la politique du ministère de la culture et de la communication en faveur du cirque repose sur les orientations principales suivantes : la première est de développer l'enseignement de l'art du cirque, et notamment, donner au Centre national du cirque, à Châlons-sur-Marne, tous les moyens de remplir au mieux sa mission, aussi bien en ce qui concerne l'école supérieure des arts du cirque que le service de documentation et de recherche. Cet établissement constitue, en effet, un élément essentiel dans une politique de renouveau artistique du cirque en donnant aux futurs professionnels une formation de haut niveau. Il est appelé, en outre, à fournir des recrues de qualité au secteur du " jeune cirque " qui s'est affirmé ces dernières années. Le ministère de la culture et de la communication a porté à 11,6 millions son concours au Centre national du cirque en 1987, contre 8,6 millions en 1986 ; la deuxième orientation est le renforcement du soutien financier à la profession, notamment par l'intermédiaire de l'Association pour le soutien, la promotion et l'enseignement du cirque (A.S.P.E.C.), qui doit constituer un véritable fonds de soutien pour la profession. A cet égard, il a été demandé au nouveau président de l'A.S.P.E.C. de formuler des propositions, après concertation avec les professionnels, pour renforcer l'efficacité de cette association par un aménagement de ses statuts en vue de donner aux hommes du cirque eux-mêmes et aux collectivités locales, dont la ville de Paris, toute la place qui leur revient. Il est envisagé, d'autre part, une réorganisation des modalit és d'intervention financière avec, en particulier, la mise en place d'un mécanisme d'aide à la création. Les moyens de l'A.S.P.E.C. seraient, à cette fin, renforcés et le montant de la subvention sera porté dès 1987 à 5,2 millions. Le développement d'une véritable politique du cirque entraîne, bien entendu, un approfondissement des recherches et des études sur cette discipline avec tous les corollaires que de pareils travaux impliquent dans le domaine, notamment, de la bibliographie et de l'iconographie. C'est à cette mission qu'a commencé à se consacrer le service de documentation et de recherche du centre de Châlons. Une collaboration avec l'université de Paris-I s'est d'ailleurs établie en 1986 et un important programme de travail est actuellement envisagé dans les directions les plus diverses, telles que la préparation, à l'intention des enseignants et des animateurs, de répertoires bibliographiques sur le cirque adaptés à l'enfance et à la jeunesse. Par ailleurs, il est apparu nécessaire de reconsidérer les modalités de fonctionnement du Cirque national. Cet établissement, dont l'exploitation reposait sur la collaboration d'une association de soutien Le Cirque national français, et d'une société commerciale dirigée par M. Alexis Gruss, s'est imposé, ces dernières années, comme une entreprise artistique de haut niveau, qui a connu un grand succès, tant en France qu'à l'étranger. Toutefois, cette institution s'est heurtée à d'importantes difficultés causées par la perte de son implantation à Paris ainsi que par le rythme trop accéléré d'augmentation de ses dépenses, correspondant à une majoration de 50 p. 100 entre 1984 et 1986. A ce contexte préoccupant s'est ajoutée, fin 1986, la baisse de fréquentation généralement constatée dans les domaines du spectacle depuis l'automne dernier. C'est dans un souci de bonne gestion qu'il a été décidé de mettre fin à la mission de l'association Cirque national français et de suspendre provisoirement les activités du Cirque à l'ancienne, société d'exploitation du cirque national. Les crédits dégagés permettront le maintien du Cirque à l'ancienne en 1987 et son redémarrage dans des conditions satisfaisantes sous une forme nouvelle à partir de 1988. Enfin, le ministre attache une importance particulière à ce que soit menée une politique d'incitation des municipalités à l'accueil des spectacles de cirque en liaison avec l'association des maires de France. Sur tous ces points, une table ronde réunissant des personnalités du cirque doit avoir lieu prochanainement. ; l'université de Paris-I s'est d'ailleurs établie en 1986 et un important programme de travail est actuellement envisagé dans les directions les plus diverses, telles que la préparation, à l'intention des enseignants et des animateurs, de répertoires bibliographiques sur le cirque adaptés à l'enfance et à la jeunesse. Par ailleurs, il est apparu nécessaire de reconsidérer les modalités de fonctionnement du Cirque national. Cet établissement, dont l'exploitation reposait sur la collaboration d'une association de soutien Le Cirque national français, et d'une société commerciale dirigée par M. Alexis Gruss, s'est imposé, ces dernières années, comme une entreprise artistique de haut niveau, qui a connu un grand succès, tant en France qu'à l'étranger. Toutefois, cette institution s'est heurtée à d'importantes difficultés causées par la perte de son implantation à Paris ainsi que par le rythme trop accéléré d'augmentation de ses dépenses, correspondant à une majoration de 50 p. 100 entre 1984 et 1986. A ce contexte préoccupant s'est ajoutée, fin 1986, la baisse de fréquentation généralement constatée dans les domaines du spectacle depuis l'automne dernier. C'est dans un souci de bonne gestion qu'il a été décidé de mettre fin à la mission de l'association Cirque national français et de suspendre provisoirement les activités du Cirque à l'ancienne, société d'exploitation du cirque national. Les crédits dégagés permettront le maintien du Cirque à l'ancienne en 1987 et son redémarrage dans des conditions satisfaisantes sous une forme nouvelle à partir de 1988. Enfin, le ministre attache une importance particulière à ce que soit menée une politique d'incitation des municipalités à l'accueil des spectacles de cirque en liaison avec l'association des maires de France. Sur tous ces points, une table ronde réunissant des personnalités du cirque doit avoir lieu prochanainement.

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